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4 novembre 2009

Revue de presse

Plus de 36 millions d'Américains reçoivent des bons alimentaires, Reuters-Yahoo! Actualités.
Le nombre d'Américains qui reçoivent une assistance sous forme de bons alimentaires a franchi pour la première fois la barre des 36 millions en août, a annoncé mercredi le département de l'Agriculture.

Selon le ministère, 36,492 millions de personnes sont bénéficiaires de ce "programme d'assistance nutritive additionnelle". En juillet, leur nombre s'établissait à 35,851 millions. Au rythme actuel, on estime qu'un Américain sur huit reçoit ce type d'assistance.

Le nombre des bénéficiaires du programme, qui aide les plus pauvres à acheter de la nourriture, a augmenté de 4,707 millions en 2009 dans un contexte de ralentissement économique, et de deux millions entre mai et août.

D'après les dernières statistiques, le montant individuel perçu en moyenne était de 132,99 dollars en août dernier, contre 101,31 dollars en août 2008.

Le fichage ethnique courant dans le logement et l'intérim , Reuters-Yahoo! Actualités.
Des offices HLM et des agences d'immobilier et d'intérim sont épinglées pour leurs pratiques de fichage ethno-racial dans un rapport rendu public mercredi par SOS Racisme.

Plusieurs grandes entreprises, dont Air France, établissent également une typologie raciale de leurs salariés, selon SOS Racisme, qui éprouve les plus grandes difficultés à faire condamner ces pratiques.

L'association déplore en outre que les victimes ne soient pas toujours au fait de l'illégalité de ces pratiques.

"Cette absence de prise de conscience résulte d'un discours obscur sur des thèmes tels que 'la diversité' ou de l'idée que l'instauration de statistiques ethniques permettrait de lutter efficacement contre les discriminations", écrit-elle.

Plusieurs motifs mènent au fichage ethno-racial. Le marketing pousse à choisir les individus car leur couleur de peau ou leur origine s'associerait mieux, dans l'esprit d'un employeur, à la clientèle ou au produit.

Ainsi, pour répondre aux requêtes de L'Oréal, qui souhaitait faire présenter ses produits par des jeunes femmes blanches, les agences d'intérim du groupe Adecco codaient ces dernières "BBR" (pour Bleu Blanc Rouge).

Les "non BBR", qui composaient près de 40% des intérimaires vendeuses de produits pour cheveux, n'étaient plus que 5% à présenter un produit de L'Oréal.

Eurodisney fixait à 20% maximum le pourcentage d'intérimaires "non BBR" pour son activité de restauration. Sur le site internet de recrutement, le candidat doit indiquer son pays d'origine en distinguant la métropole et les Dom-Tom.

QUOTAS DANS LES IMMEUBLES

Dans le secteur du logement, le fichage "est directement fondé sur l'idéologie raciste qui affecte aux individus des comportements en fonction de leur origine", écrit SOS Racisme.

Certaines personnes sont victimes d'une politique de quotas, visant à ce qu'il n'y ait pas trop d'étrangers dans un même immeuble.

"La politique des 'quotas' est à son tour fondée sur l'idéologie raciste qui proclame 'c'est quand ils sont nombreux qu'il y a des problèmes'", ironise SOS Racisme, en référence à une phrase prononcée en septembre dernier par Brice Hortefeux. Le ministre de l'Intérieur avait alors dit évoquer les Auvergnats et non les Maghrébins.

L'Opac de Saint-Etienne, condamnée en 2009, classait les personnes selon un code couleur attribué en fonction de la consonance des noms des locataires: vert pour l'origine maghrébine, rouge pour l'africaine et jaune pour l'asiatique.

A partir de ces fichiers, ordre était donné de "stopper" ou "d'infiltrer à dose homéopathique" les locataires dotés d'un code couleur pour qu'il n'y ait pas plus de 7% de noms à consonance étrangère dans les immeubles les plus prisés.

"En conséquence de quoi, 90% des locataires d'origine extra-européenne étaient concentrés dans les immeubles ghettos de l'organisme HLM", note SOS Racisme.

La société gérante de logements Logirep, mise en examen en juin 2009, allait même jusqu'à classer les Réunionnais blancs de peau dans le fichier "France" et les noirs dans le fichier "Réunion".

SOS Racisme a aussi enquêté sur un fichage ethno-racial dans une entreprise dont l'Etat est actionnaire: Air France.

La compagnie aérienne, dénoncée par la CFDT en 2008, a mis en place un formulaire pour identifier les personnels navigants aptes à servir sur les vols spécialement affrétés pour les voyages officiels ou les clubs sportifs.

Ce document, rempli par le supérieur des personnels navigants, mentionne la taille, la couleur des cheveux et des yeux et la "typologie raciale: africain, antillais, asiatique, eurasien, indien, méditerranéen, occidental".

Après une démarche vaine de SOS Racisme auprès de la Cnil (Commission nationale informatique et libertés), une enquête est en cours au tribunal de grande instance de Bobigny.

Un monde, des murs, Libération.
«Barrière de sécurité» israélienne, mur à la frontière mexico-américaine, «ligne verte» à Chypre... 20 ans après la chute du Mur de Berlin, d'autres séparations subsistent....

Hommage à Georges ROUQUIER

Du 18 au 30 novembre, la Cinémathèque française (Paris) réalise une rétrospective de l'œuvre de Georges Rouquier.
Auteur de plusieurs documentaires et de quelques fictions, Georges Rouquier est un précurseur du cinéma direct, auteur des célèbres Farrebique (1947) et Biquefarre (1983), chroniques d’une famille paysanne.

Cinémathèque française

Lire aussi :
• Georges Rouquier - Filmographie, AlloCiné.
• Georges Rouquier, Association Georges Rouquier.
• Georges Rouquier, Cinémathèque française.
• Georges Rouquier, Images documentaires.
• Georges Rouquier, Wikipédia.

L'arrogance de la finance

Henri Bourguinat, co-auteur de L’arrogance de la finance analyse les dérives du processus d’innovation financière qui ont conduit à la crise actuelle. Il met en lumière les causes profondes du dévoiement des modèles mathématiques de la finance moderne. Il s’entretient avec Jean-Louis Chambon.


L’ouvrage L’arrogance de la finance retrace, dans un style rigoureux et dépassionné, les dérives du processus d’innovation financière qui ont conduit à la crise actuelle. Il met en lumière les causes profondes du dévoiement des modèles mathématiques de la finance moderne. Il révèle la fragilité de leurs fondements, qui tient notamment à la nature artificielle des hypothèses de « normalité » qui ont été formulées par leurs concepteurs. Ils dévoilent « les petits et les grands arrangements », pris volontairement ou involontairement par ces derniers – dont certains ont reçu les plus hautes distinctions – afin de mieux servir les intérêts des investisseurs et des opérateurs des marchés. Il invite à clarifier et à refonder certaines notions applicables aux instruments financiers, comme les indicateurs browniens de mesure du risque, les coefficients d’actualisation, les coûts de transaction, les effets volumes-prix des transactions, les effets induits des réglementations… Les deux auteurs de ce livre sont des enseignants-chercheurs reconnus de la finance de marché. Ils montrent les dangers insoupçonnés d’une approche uniquement positiviste – et donc, insuffisamment constructiviste – de la réalité économique d’aujourd’hui… comme le dit Jean-Jacques Pluchart, administrateur du Cercle Turgot.

Source : Canal Académie

Lire aussi :
• Henri BOURGUINAT, Wikipédia
• Henri BOURGUINAT, La tyrannie des marchés - Essai sur l'économie virtuelle, Économica, 1995 [Alternatives Economiques - Le Monde diplomatique - Politique étrangère].
• Henri BOURGUINAT, Les intégrismes économiques - Essai sur la nouvelle donne planétaire, Dalloz, 2006 [Alternatives Economiques - L'économie en questions - Revue d'économie politique].
• Henri BOURGUINAT et Éric BRIYS, L'arrogance de la finance - Comment la théorie financière a produit le krach, Cahiers libres La Découverte, 2009 [Alternatives Economiques - La Tribune - Science publique].
• Éric BRIYS, Vox Academia

3 novembre 2009

Hommage à Hamida Ben SADIA


Lorsqu’elle prenait la parole, lors des nombreux meetings et manifestations qui ont rythmé sa vie politique, que ce soit, dernièrement, contre la loi anti-voile, contre le Traité européen, contre la répression des émeutiers de 2005 ou pour les sans-papiers, Hamida Ben Sadia en appelait souvent au « peuple de France, épris de justice et de liberté ». Nous étions nombreu-se-s autour d’elle à n’avoir pas ce vocabulaire et à être plutôt de celles et ceux qu’il fait ricaner, tant ces mots ont servi à justifier le pire : orgueil national, morgue franco-française, mépris du reste du monde, mythification d’une république bourgeoise, patriarcale et coloniale, et pourtant pas un de nous ne ricanait quand Hamida les prononçait. Les plus fatigué-e-s d’entre nous souriaient mais personne ne se formalisait, car tout le monde savait qu’il s’agissait chez elle de tout autre chose.

Un reste de légitimisme bien compréhensible ? Une stratégie rhétorique ? Le tribut à payer, de la part d’une femme française d’origine algérienne, pour s’autoriser une parole publique libre et à rebours de l’idéologie dominante ? Peut-être – car c’est en tout cas d’une parole libre qu’il s’agissait, à rebours de l’ordre assimilationniste, une parole juste et sans concession, une exigence radicale et opiniâtre d’égalité, une solidarité ostensible et décomplexée avec tous les parias de la république : sans-papiers, émeutiers, musulmanes voilées – mais là n’était pas l’essentiel.

Il y avait autre chose encore, dans cette invocation d’un peuple « épris de justice et de liberté », qui forçait le respect. Ce que nous y entendions, et qui étouffait aussitôt toute velléité sarcastique – et Dieu sait pourtant que les raisons sociales et politiques étaient nombreuses d’être sarcastique face à ces mots – c’était une sorte de ruse de la raison linguistique, symétrique d’une autre qui fait que nous ne nous formalisons plus d’être taxés de communautaristes ou de victimaires par les élites politiques et journalistiques : de même que nous avons compris que c’est d’elles-même que parlent en réalité ces élites, nous avons vite compris que l’appel d’Hamida au peuple de France ne disait au fond rien d’autre que sa propre exigence, viscérale, de justice et de liberté.

Ce qui précédait et suivait ces références au peuple de France, dans la parole d’Hamida, dissipait toute ambiguïté. Non, il ne s’agissait pas de flatter l’orgueil national, de narcissiser un État et une société qui se la racontent beaucoup en termes de droits humains et d’universalisme, et encore moins de faire allégeance au « pays des Lumières ». Ce n’était pas un peuple substantiel, existant, qui était invoqué, mais un peuple politique, virtuel, ce peuple qui, selon le mot profond de Paul Klee souvent cité par Gilles Deleuze, est toujours un peuple qui manque. À l’exact opposé des rénégats, bouffons et autres « indigènes de service » passés du col Mao au Rotary Club ou des cités de transit aux cabinets ministériels, Hamida était passée de SOS Racisme et du Parti Socialiste, auxquels elle avait commencé par accorder sa confiance, aux Alternatives citoyennes, aux Collectifs antilibéraux, à Une École Pour Tou-te-s et aux Féministes pour l’Égalité. À l’exact opposé des Fadela Amara, Gaston Kelman et autres Malek Boutih qui se répandent sur leur « amour de la France » et ne parlent du racisme que pour dire que « les Français ne le sont pas », Hamida ne parlait du peuple de France que pour l’appeler, l’interpeller. L’énonciation réfutait l’énoncé : ce peuple épris de justice et de liberté, elle demandait à le voir.

Aujourd’hui, alors que nous apprenons la disparition d’Hamida, ce peuple, plus que jamais, manque. Comme nous manque déjà le visage, la présence et la parole forte d’Hamida. Il nous reste son livre, Itinéraire d’une femme française, dans lequel elle raconte notamment son expérience du mariage forcé et de la violence conjugale mais aussi du racisme républicain, et dans lequel elle affirme, avec la force qui l’a toujours animée, son refus de voir l’une instrumentalisée au profit de l’autre. Il nous reste quelques traces vidéo (une présentation de son livre, une prestation télévisée sur les émeutes de 2005) et d’innombrables souvenirs d’une militante valeureuse, éprise – et là, il faut l’entendre au plus strict premier degré, sans même sourire – de justice et de liberté. Merci pour tout Hamida.

Lire la suite... LMSI - Les mots sont importants

Droit et cinéma II

Le lien de subordination dans l’oeil de la caméra
Avec Marie-France Mazars, conseiller doyen de la chambre sociale de la Cour de cassation
Comment le cinéma représente t-il la réduction du temps de travail ? La loi sur les 35 heures aurait-elle été mal interprétée ? Comment le lien de subordination est-il vu dans l’œil de la caméra ? Autant de questions auxquelles Marie-France Mazars, conseiller doyen de la chambre sociale de la Cour de cassation, a tenté de répondre lors de la deuxième rencontre à La Rochelle « Droit et cinéma : regards croisés ».


La deuxième rencontre « Droit et cinéma : regards croisés », organisée par la Faculté de droit, de Science politique et de Gestion de la Rochelle, en partenariat avec le Festival International du Film de la Rochelle, le centre Intermondes et l’espace culture de l’Université de la Rochelle, a réunit une nouvelle fois à la Rochelle les 28 et 29 juin 2009 les universitaires et le festival local de cinéma autour du thème du « Travail ». Sujet d’actualité, il constitue le fil conducteur des échanges en s’appuyant sur la projection de trois films.

Dans cette retransmission, Canal Académie vous propose l’intervention de Marie-France Mazars, conseiller doyen de la chambre sociale de la Cour de cassation, évoquer le lien de subordination dans l’œil de la caméra.

Elle rappelle dans un premier temps ce que sont les 35 heures. L’idée initiale était de permettre de nouvelles embauches grâce à la diminution de travail. Les premières lois qui ont permis l’aménagement du temps de travail datent de 1982. Ces accords ont permis de se rendre compte qu’il fallait des représentants syndicaux dans chaque entreprise. Les lois Aubry de 1998 et 2000 ont démontré la nécessité de modifier en France le système de la représentation syndicale. Suite à cela, on a constaté que certains syndicats n’étaient pas représentatifs dans l’entreprise. D’où le texte de la loi du 20 août 2008, qui a modifié les règles de la représentativité syndicale.

Dans un deuxième temps, Marie-France Mazars rappelle que la subordination dans le contrat de travail a été une question qui a agité la chambre sociale à propos de l’Ile de la Tentation. L’Ile de la Tentation est une émission appartenant à la filiale de TF1, dans laquelle des couples testent leur amour face à plusieurs tentateurs. Ce tournage se déroule dans un lieu paradisiaque et les protagonistes doivent être disponibles 24h/24 pendant 14 jours à travers des activités sportives, des animations et des interviews. La problématique était la suivante : ces couples et ces tentateurs étaient-ils des salariés au sens du droit du travail ? Le Conseil des Prud’Hommes ayant répondu par l’affirmative, la filiale de TF1 avait pourvu la Cour de Cassation pour répondre aux trois questions suivantes : S’agit-il d’une activité professionnelle ? Y a t-il rémunération ? Y a t-il subordination ? A cette dernière, la Cour a répondu que les intéressés étaient subordonnés puisqu’ils n’avaient pas accès à leurs passeports, n’étaient pas autorisés à appeler leur famille et pouvaient être sanctionnés d’une amende de 15 000€ s’ils ne respectaient pas les règles de la production.

La vraie question était la prestation de travail. La Cour de Cassation n’avait jamais jusqu’à présent défini le terme de travail. La définition du contrat de travail, c’est la prestation dans un lien de subordination consistant à être soumis à des directives, être contrôle dans ces directives et l’employeur ayant un pouvoir de sanction. Mais la prestation en elle-même n’a jamais été définie. Le travail est censé représenter une souffrance et non un plaisir. La Cour de Cassation n’a pas voulu répondre aux questions séparément. Ils ont conclu ainsi : « Travailler, c’est fournir son corps ! ».

Source : Canal Académie

Le déclin précipité de l’hégémonie américaine

Les prédictions sur un probable déclin de l’hégémonie américaine sont récurrentes. La CIA elle-même s’était récemment livrée à cet exercice, prévoyant qu’à l’horizon 2025, le statut des USA serait révisé à la baisse et leur latitude d’action diminuée d’autant. Mais la crise économique a dramatiquement accéléré la marche de l’histoire. Lors de son audition par les sénateurs américains au printemps dernier, l’économiste Martin Wolf avait annoncé que la crise allait « porter un coup dévastateur à la crédibilité et la légitimité des États-Unis à travers le monde. » Aujourd’hui, les indices de cet affaiblissement sont déjà sensibles sur tous les fronts. Michael Klare en recense six, parmi lesquels le remplacement du G7 par le G20, la remise en cause du dollar, le rôle accru du groupe BRIC, le renforcement des liens entre l’Iran et la Chine, et le refus des alliés d’envoyer des renforts en Afghanistan. A ce catalogue il conviendrait d’ajouter le récent refroidissement des relations avec le Japon, sans oublier la nouvelle orientation de la Turquie, qui elle aussi resserre ses liens avec l’Iran et s’éloigne d’Israël. Bienvenue donc, dès aujourd’hui, dans ce nouveau monde des années 2025.

Lire la suite... ContreInfo d'après TomDispatch repris par The Nation

Philippe Grasset, en reprenant cet article, va plus loin mais sans argumenter sa thèse :
La question centrale devient alors, aujourd’hui de savoir si, et si oui dans combien de temps, la situation présente ("la puissance des USA s’effondre") risque-t-elle de se transformer en cette situation hypothétique mais selon nous inéluctable ("les USA s’effondrent"). Notre première réponse est que, désormais, le "quand" a complètement supplanté le "si", désormais passé du stade de la question au stade de l’affirmation; notre seconde réponse est que le "quand" risque de concerner un délai très rapide, en fonction de la rapidité des événements et des pressions d’une communication qui continue à farder la réalité au profit du virtualisme en accentuant ainsi tension et pression. Notre constat est que les conséquences sur les relations internationales et, surtout, sur la perception psychologique du poids et de la légitimité du système de l’américanisme dans ces relations, avec sa mise en cause radicale, seront considérables, très rapides et bouleversantes. C’est notre thèse sur les effets de la disparition dans notre psychologie collective du mythe de l’American Dream.
Dedefensa

Lire aussi :
• Michael T. KLARE, Wikipedia.
• Michael T. KLARE, The Nation.
• Michael T. KLARE, TomDispatch.
• Michael T. KLARE, ContreInfo.
• Michael T. KLARE , Géopolitique de l’effervescence, Le Monde diplomatique.
• Après la chute de l'URSS, celle des USA ?, Monde en Question.
• Les empires ont une courte durée de vie, Monde en Question.
• La fin de l’Empire américain (1), Monde en Question.
• La fin de l’Empire américain (2), Monde en Question.

2 novembre 2009

Droit et cinéma I

Les films italiens : outils d'analyse d'une société complexe
Avec Françoise Thibaut, professeur émérite de droit public à l'Université de Poitiers, Correspondant de l'Institut
Comment le cinéma italien s'est-il imposé dans le monde du travail ? Comment s'est-il différencié des autres cinémas ? Françoise Thibaut, professeur émérite de droit public à l'Université de Poitiers et Correspondant de l'Institut, revient sur ce thème lors de la deuxième rencontre « Droit et cinéma : regards croisés ».


La deuxième rencontre « Droit et cinéma : regards croisés », organisée par la Faculté de droit, de Science politique et de Gestion de la Rochelle, en partenariat avec le Festival International du Film de la Rochelle, le centre Intermondes et l'espace culture de l'Université de la Rochelle, a réunit une nouvelle fois à la Rochelle les 28 et 29 juin 2009 les universitaires et le festival local de cinéma autour du thème du « Travail ». Sujet d'actualité, il constitue le fil conducteur des échanges en s'appuyant sur la projection de trois films.

Dans cette retransmission, Canal Académie vous propose l'intervention de Françoise Thibaut, professeur émérite de droit public à l'Université de Poitiers, Correspondant de l'Institut pour parler des films italiens : outils d'analyse d'une société complexe.

Si le cinéma français est celui du populisme romantique, le cinéma italien est sûrement celui de l'ouvriérisme pathétique. Notamment dans les années immédiates après le néoréalisme. Le cinématographe est un lien social.

Si le cinéma américain est si fantastique et tourné vers le rêve, c'est parce qu'il sort d'un contexte social où presque tout est illusion. Les européens ont sans doute produit les films les plus proches de la réalité du travail parce qu'ils ont fondé leur civilisation sur ce dernier. En fondant leur système sur le travail et l'enrichissement qu'il peut rapporter, ils ont entraîné tout un contexte créatif : littérature, peinture, architecture, artisanat industriel, musique ou cinéma.

Après la seconde guerre mondiale, l'Italie se retrouve dans un tel état et une telle pauvreté que le cinéma veut les montrer dans les années 50. Il les décrit dans une recherche esthétique, mais avec humour, refusant de se plaindre ou de dramatiser.

Dans les années 60, le cinéma italien passe à la comédie, succédant au néoréalisme. Les italiens veulent passer le message suivant : « Nous étions détruits, mais nous avons surmonté l'obstacle avec le sourire, même chômeurs ».

A partir des années 80, le cinéma italien s'exporte Outre-Atlantique et son côté social se videra totalement de son contenu et de sa signification.

Source : Canal Académie

Culture coloniale

Du 30 septembre au 2 octobre 2009 a eu lieu un colloque international organisé par l’Université de Lyon sur le thème Enseignement et colonisation dans l’Empire français :
Présentation
Programme
Résumés des communications
Liens

Lire aussi : Dossier documentaire & Bibliographie Colonialisme, Monde en Question.

1 novembre 2009

Le colonialisme



Paul LOUIS, Le colonialisme, Société nouvelle de librairie et d'édition, 1905 [Télécharger].

L'expansion coloniale n'est pas, de nos jours, un phénomène particulier à tel ou tel Etat. Elle est devenue en quelque sorte l'une des caractéristiques du monde contemporain, et apparaît, par suite, comme l'une des manifestations organiques du régime capitaliste.

Aussi longtemps qu'elle demeurait le fait d'une ou de plusieurs puissances isolées, il était permis, sinon de s'en désintéresser, du moins de la reléguer au rang des préoccupations et des événements secondaires. Tant que l'Angleterre, héritière des empires exotiques de la France, de la Hollande, de l'Espagne, ne compta point de rivales sérieuses, dans les continents ou les archipels lointains, le problème ne pouvait surgir en toute sa grandeur. Mais dans le dernier quart du siècle écoulé la répartition politique du monde a été renouvelée : les pavillons européens ont été plantés sur les îles de la Papouasie et dans les bassins lacustres de l'Afrique centrale. Tous les pays, ou peu s'en faut, ont affirmé des velléités de conquêtes ; des dizaines de millions de jaunes et de noirs ont été assujettis, astreints à l'impôt, incorporés aux milices, forcés au travaille plus pénible et le plus mal rétribué, si bien que leur sort a semblé plus lamentable et plus dur que la condition des prolétaires blancs les moins favorisés.

L'Europe et après elle l'Union américaine, issue de souches européennes, se sont déversées sur toutes les terres qui demeuraient disponibles. Cette occupation brutale évoque les souvenirs historiques des grandes migrations de peuples, des invasions barbares, — des avalanches humaines qui se succédèrent de l'apparition des Cimbres à la prise de Constantinople. Le phénomène est assez ample et assez saisissant pour secouer notre indifférence; il vaut d'être étudié en lui-même, dans ses causes, dans ses conséquences multiples.

Ce n'est pas uniquement parce qu'il s'est, à vrai dire, universalisé, et parce qu'il a brisé tous les cadres, qu'il mérite d'être examiné minutieusement. Il intéresse., au plus haut degré, la vie présente et auss-i l'avenir du prolétariat. Il importe de rechercher quelle influence le colonialisme peut et doit exercer sur l'évolution des sociétés, quels éléments pertubateurs il jette dans l'atmosphère., quels efl'ets économiques il engendre nécessairement.

Ces «quelques observations précisent le sens de ce petit livre, et en circonscrivent en même temps le domaine. La classe ouvrière, qui sera l'instrument d'unification de l'humanité future, ne saurait pourvoir à toutes ses lâches, si elle ne connaissait exactement le milieu où elle opère.

Or, l'on n'a pas défini tout le régime contemporain, lorsqu'on a signalé l'extension du machinisme, la concentration capitaliste, la ruine de la petite industrie, le déracinement des populations rurales, la crise agricole, le grossissement continu de l'armée prolétarienne, la croissance du chômage. Le développement colonial n'est pas le trait le moins significatif du système. Il pèse à celle heure sur les Allemands comme sur les Anglais, sur les Américains comme sur les Français. Il domine toutes les combinaisons de forces du lendemain, et commande déjà toutes les guerres d'aujourd'hui.

Les congrès socialistes ont inscrit, à plusieurs reprises, le colonialisme à leur ordre du jour; aux assises d'Amsterdam, en 1904, deux spécialistes en la matière, Hyndman et van Kol, ont remis des rapports qui offrent le plus haut intérêt, mais qui n'embrassent pas l'ensemble des questions posées, et il n'en pouvait être autrement, au surplus, puisque ces rapports devaient être des résumés.

Notre objectif est ici de montrer les sources profondes du mouvement colonial, les caractères généraux qu'il présente, les résultats qu'il a donnés et ceux qu'il engendrera fatalement, la répercussion qu'il aura sur la contexture économique du globe et sur les relations des classes en présence. Notre conclusion se synthétiserait assez bien en ces lignes : le colonialisme, issu du mécanisme capitaliste, déchaîné par les convoitises et par les besoins pressants des possédants, hâte l'effondrement de la société actuelle, exaspère et universalise les conflits sociaux.

Lire aussi :
• La géopolitique de la Revue Blanche avec Paul Louis, Le blog Revue blanche de Paul-Henri Bourrelier.
• Les combats républicains de la Revue Blanche, Revue Blanche.
• Henri Brunschwig, Colonisation - Décolonisation. Essai sur le vocabulaire usuel de la politique coloniale, Cahiers d'études africaines, Année 1960, Volume 1, Numéro 1 pp. 44-54
• Dossier documentaire & Bibliographie Colonialisme, Monde en Question.