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20 février 2010

L'im-Monde racisme social


Parmi les médias dominants, Le Monde emporte la palme de l'odieux. Ce quotidien, créé en 1944 par le général de Gaulle pour être «la voix de la France» c'est-à-dire l'instrument journaliste de sa politique étrangère, est aujourd'hui l'im-Monde [1] instrument journaliste non seulement de la politique étrangère du Président de la République, notamment contre le peuple afghan, mais aussi de sa politique intérieure, notamment en matière de sécurité.

Cet éditorial en est un exemple parmi beaucoup d'autres :
L'école agressée

Cela ressemble à une litanie de faits divers, dans les quartiers "sensibles" de la banlieue parisienne. 8 janvier : un élève de 18 ans meurt poignardé dans un couloir du lycée Darius-Milhaud du Kremlin-Bicêtre. 2 février : un élève de 14 ans est passé à tabac par sept personnes à l'intérieur du lycée Adolphe-Chérioux de Vitry-sur-Seine. 11 février : un élève de 12 ans est roué de coups à la sortie de son collège de Stains et hospitalisé. 16 février : un élève du lycée Guillaume-Apollinaire de Thiais est agressé au cutter par six personnes, pendant un cours de gymnastique.

Ce feuilleton d'une violence ordinaire n'est pas nouveau. Depuis des années, des décennies même, la chronique des lycées et collèges relate des histoires de règlements de comptes plus ou moins dramatiques, de viols, de rackets et parfois de meurtres, contre des élèves ou des enseignants. Depuis une vingtaine d'années, pas moins de dix plans gouvernementaux ont été annoncés. A chaque fois, sous le coup de l'indignation après un incident grave, l'intention était la même : "sanctuariser" l'école.

Peine perdue, à l'évidence. Car l'école reste le sismographe le plus sensible des fractures de la société française. Globalement, le nombre de ces agressions dans le cadre scolaire n'a pas explosé ces dernières années, si l'on en croit les statistiques du ministère de l'éducation nationale. Mais le phénomène se concentre dans quelques centaines de lycées et collèges (sur les 11 200 que compte la France) des banlieues les plus "difficiles" ; et il touche de plus en plus souvent des enseignants et des personnels de surveillance. Tout se passe comme si, après avoir longtemps été le creuset républicain de la promotion sociale par le savoir, l'école était devenue le symbole du rejet de la société, aux yeux d'une partie de la jeunesse la plus déshéritée.

Le ministre de l'éducation nationale, Luc Chatel, a annoncé des "états généraux" sur le sujet, en avril. Pourquoi pas ? Mais les solutions sont connues : suivi local et prévention sur mesure, renforcement de l'encadrement par des adultes (enseignants et surveillants). Elles réclament autant de patience que de détermination. Elles sont difficilement compatibles avec la diminution des personnels de l'éducation et la suppression de la police de proximité. Enfin, elles n'auraient d'effet durable que dans le cadre d'un effort de grande ampleur pour sortir les zones urbaines sensibles de leur misère. Un "plan Marshall" pour les banlieues avait été promis en 2007. Il a été oublié depuis. Hélas !

L'im-Monde
Le langage utilisé par ce média est symptomatique d'un mépris de classe. Ainsi, il utilise l'expression politiquement correct «quartiers "sensibles" de la banlieue» pour parler des quartiers pauvres laissés à l'abandon depuis plus de trente ans - c'est-à-dire par les politiques de droite comme de gauche.

Titrer «L'école agressée» relève de la pure démagogie car ni l'institution ni les bâtiments ne sont attaqués, mais bien des personnes - le plus souvent des élèves. L'im-Monde se délecte de tous les clichés sur les banlieues : «Tout se passe comme si, après avoir longtemps été le creuset républicain de la promotion sociale par le savoir, l'école était devenue le symbole du rejet de la société, aux yeux d'une partie de la jeunesse la plus déshéritée.»

L'éditorial politique de Thomas Legrand, lui, dit crûment que «si l'école est violente c'est que la société est violente».
La violence à l'école !

Et faut il entrer dans ce débat absurde de la «sanctuarisation» de l'école, comme si l'école devait être un havre, plus que la famille, plus que l'hôpital, que le stade, que le bureau, l'usine, les administrations, les commerces, les maisons de retraite, les maternités, plus que les salles de cinéma, plus que la cité ? Si l'école est violente c'est que la société est violente et cette drôle d'idée de vouloir sanctuariser l'école revient à accepter la violence ailleurs. Et puis que veut dire «l'école est violente» ? Est-elle plus violente qu'il y a 20 ans, personne ne peut l'affirmer, on ne sait pas mesurer la violence quotidienne, les insultes, les crachats, les incivilités. On ne savait mesurer avant les brimades, les racismes sociaux, les coups de règles sur les doigts, les effets parfois d'une pédagogie du dressage. La question de savoir si l'école est plus violente qu'avant est vaine puisque la société a fondamentalement changé, le taux de scolarisation d'une classe d'âge au lycée aussi. La question serait plutôt de savoir où l'école est elle la plus violente ? Dans quelle ville ? Dans quel quartier la violence atteint elle l'inadmissible ? L'école est de plus en plus violente, à l'évidence, dans les quartiers que l'on dit «difficiles» (on dit «difficile» pour ne pas dire «pauvre»)… plus, évidement que dans la plupart des villes moyennes, dans les quartiers «faciles» (tiens vous avez remarqué, on ne dit pas «faciles» pour les quartiers riches). Inversons le vocabulaire, juste pour voir. Quand c'est «riche», on dira «facile» et quand c'est «difficile», on dira «pauvre»…histoire de changer de lunettes!… un acte de violence dans une école de quartier «facile» c'est un fait divers, un acte de violence dans une école d'un quartier pauvre c'est un signe des temps, une plaie de la société, un drame social. On remarque que plus de 50% des violences constatées se déroulent dans moins de 10% des établissements. Ces 10% sont dans des cités pauvres… alors la vie scolaire est relativement calme dans les villes «faciles». Moralité ce n'est pas tant une question d'éducation, ce n'est pas tant une question de perte de je ne sais quelle valeur, qu'une question d'urbanisme et d'aménagement du territoire !

He bien, si la loi SRU était respectée il y aurait au moins 20% de logement sociaux dans chaque grande ville. De quoi largement raser les cités, les ghettos sociaux, les zones de non-droits. Les villes faciles (ça fait drôle, «les villes faciles») donc les villes faciles préfèrent payer l'amende qui leur permet de ne pas respecter la loi. C'est assez savoureux de constater qu'une partie de la raison de l'émergence de zones de non droit est dûe au non respect de la loi par beaucoup de villes bien sages et bien calmes. Donc la loi SRU n'est pas respectée. quand on en parle aux élus, on a l'impression que tendre vers 20% de logements sociaux partout c'est plus compliqué que d'installer une station balnéaire sur Mars. Ça ne se fera pas, dont acte. Nicolas Sarkozy avait proposé une autre solution, un plan Marshall pour les banlieues. Et là nous sommes au cœur de la question du rapport entre les mots et les faits en politique. Le plan Marshall n'est pas venu ! Quand on oppose cette vérité à certains ministres (nous l'avons fait récemment ici même face à Eric Besson) il vous répondent, en globalisant toutes sortes de crédit que 40 milliard ont été dépensés ou sont prévus pour la rénovation urbaine au sens large. C'est-à-dire qu'un plan Marshall a eu lieu ou est en cours et personne ne s'en rend compte. Plus généralement on nous répond quelque chose comme «entre l'annonce du plan Marshall et aujourd'hui, il y a eu la crise, il n'y a plus d'argent». En gros on ne fait pas de plan Marshall en temps de crise, c'est un peu comme si un médecin vous répondait, «je ne peux pas vous opérer pendant que vous êtes malade»… c'est assez inaudible pour ceux qui vivent dans les quartiers pauvres… surtout que le plan Marshall est au programme d'histoire au lycée…

France Inter
La violence à l'école est le produit du racisme social. Point barre.

18/02/2010
Serge LEFORT
Citoyen du Monde

Lire aussi :
• GOUTEUX Jean-Paul, Le Monde, un contre-pouvoir ? Désinformation et manipulation sur le génocide rwandais, L'esprit frappeur, 1999.
Dossier documentaire & Bibliographie Crise sociale des banlieues, Monde en Question.

[1] D'une immoralité extrême ; d'une bassesse ignoble et révoltante CNRTL.

19 février 2010

Hommage à Eugenio MERINO

Les artistes, du moins ceux qui ne se conforment pas au pouvoir, n'ont pas la cote dans les démocraties occidentales. Après l'artiste chinoise Ko Siu Lan censurée à Paris, le sculpteur catalan Eugenio Merino subit la colère d'Israël à cause de deux de ses dernières œuvres [1].

La première représente un pistolet mitrailleur de type Uzi, fabriqué en Israël, qui se transforme en chandelier à sept branches, un des symboles du judaïsme et de l'État sioniste.

La seconde, la plus critiquée, représente trois hommes en prière : un musulman courbé sur un tapis, à genoux sur son dos un prêtre catholique, sur ses épaules un juif debout.
Madrid (Agences) - L'ambassade d'Israël à Madrid a publié un communiqué soulignant son rejet des oeuvres que l'artiste catalan Eugenio Merino présente sur le stand de la galerie AND à la manifestation culturelle ARCOmadrid. Concrètement, elle expose son dégoût pour l'oeuvre intitulée Escalier vers le ciel, qui montre trois croyants (un musulman, un curé et un juif) priant empilés l'un sur l'autre.

L'ambassade israélienne considère que l'oeuvre de Merino comporte "des éléments insultants pour les Juifs, les Israéliens et certainement pour d'autres." "Des valeurs comme la liberté d'expression ou la liberté artistique servent parfois de simples déguisements pour les préjugés, les stéréotypes ou de la provocation pour le plaisir de provoquer," affirme-t-elle. Elle signale également qu'un message "offensant n'est pas moins douloureux quand ils se prétend être une oeuvre artistique." "Nous considérons que nous sommes devant un de ces cas et nous sommes conscients que ce type de provocation a du succès, c'est précisément pourquoi le bon sens ne peut les laisser sans réponse," dit-elle.

Il y a toujours le problème de où on met l'un [des personnages] et où on met l'autre, et il faut trancher," explique Merino.
Après avoir pris connaissance de la réaction d'Israël, Merino a affirmé que son oeuvre représentait une "image positive" et que "celui qui veut la voir comme négative, c'est son problème." L'artiste dit ne pas être "antisémite" et se consacrer uniquement à l'art. "Je me consacre à l'art et j'accepte qu'on pense ce qu'on veut. J'ai réalisé en tout cas une pièce qui est censée parler de l'unité des religions et de l'alliance des civilisations.

Dans le même ordre d'idée, il explique qu'avec la religion il y a toujours "problème" et il précise avoir essayé d'être "respectueux au maximum." "J'accepte leur critique mais ils doivent accepeter mon travail," déclare l'artiste qui considère que son oeuvre n'est pas "agressive" parce qu'elle a un "air certain de religiosité." "Il y a toujours une opinion ou une interprétation que je ne peux pas contrôler. Ce que les autres pensent dépend de nombreux éléments que je ne peux contrôler, comme le lieu où ils ont vécu. La lecture de l'oeuvre est très claire: c'est une tour où les trois grandes religions collaborent pour arriver à une même finalité. La même finalité est Dieu," explique Merino qui admet que "toute cette polémique" ne l'intéresse pas.

"Elles ont en commun un ensemble de livres et de prophètes qu'elles partagent, et j'ai simplement proposé une alliance et l'acceptation de toutes les valeurs des uns et des autres," déclare l'artiste pour qui la provocation "est en toute oeuvre d'art."

En ce qui concerne une autre oeuvre, installée aussi dans la galerie ADN et dans laquelle apparaissent un candélabre et une mitraillette, il reconnait qu'elle est peut-être un peu "plus agressive." Mais dans le fod, elle parle aussi de paix," insiste-t-il. "La mitraillette est un Uzi, une mitraillette israélienne. Je propose une vision où les éléments sont recyclés pour être transormés en quelque chose d'autre qui ne tue pas," explique-t-il. "Je peux accepter qu'on me dise que mon travail n'est pas exactement ce qu'il parait être, mais en fin de compte ce que j'ai dit, c'est ce que j'ai fait, et c'est ce qu'elle est," conclut-il.

Una escultura del catalán Eugenio Merino ofende a Israel, La Vanguardia
D'autres œuvres d'Eugenio Merino n'ont pas suscité les mêmes réactions.


Ben Laden

Che Guevara

Fidel Castro

Jésus de Nazareth dit le Christ

Dalaï Lama

Les médias dominants de l'hexagone franchouillard, qui avaient mené une campagne hystérique à propos des caricatures de Mahomet, se taisent... comme toujours quand l'État d'Israël est en cause. La Croix est le seul quotidien qui a publié la dépêche AFP, mais sans commentaires.

Serge LEFORT
Citoyen du Monde

Site d'Eugenio Merino

[1] 17/02/2010, Eugenio Merino y la ira de Israel, hoyesarte. Merci à Maria Teresa de México de m'avoir signalé cet article.

18 février 2010

Israël méprise du droit international

Soudaine agitation médiatique autour de l'armée d'Israël qui aurait commencé à exécuter un arrêt de la Haute Cour de Justice de septembre 2007 demandant de modifier le tracé d'un segment du mur érigé en Cisjordanie, près du village de Bilin. « Nous avons proposé un nouveau tracé de la barrière approuvé par la Cour suprême. Les travaux sont en cours », a déclaré à l'AFP le porte-parole du ministère de la Défense, Shlomo Dror. Le nouveau tracé permettra à des habitants de Bilin de récupérer une partie de leurs terres confisquées par la construction de la barrière. Tant mieux pour ceux qui vont retrouver une parcelle de ce qui leur appartient. L'eau, spoliée par Israël, suivra-t-elle ? Nous verrons.

Ce qui est sûr, c'est que décrire ce fait comme une victoire du droit est mépriser le droit. Parce que de ce point de vue, tout est bien clair : ce n'est pas telle ou telle portion du mur qui est illégale, mais le mur dans son ensemble. Et çà, c'est la plus haute juridiction du la planète qui l'a déclaré, la Cour Internationale de Justice, dans son avis du 9 juillet 2004 : le mur est implanté en dehors des frontières reconnues d'Israël, et il caractérise une politique d'annexion de territoires par la force armée.

Lire la suite... Actualités du droit
Lire aussi :
• Propagande et désinformation à l'israélienne (I), Les blogs du Diplo.
• Propagande et désinformation à l'israélienne (II), Les blogs du Diplo.
Dossier documentaire & Bibliographie Palestine/Israël, Monde en Question.
Dossier documentaire & Bibliographie Palestine/Israël - Résistance Palestine, Monde en Question.
Dossier documentaire & Bibliographie Propagande, Monde en Question.

17 février 2010

Le Dalaï Lama et Obama


La nouvelle est à présent officielle. Sous peu le Dalaï Lama sera reçu par Obama à la Maison Blanche. La rencontre entre ces deux âmes jumelles était inévitable : à vingt ans d'écart l'un de l'autre (1989 et 2009), tous les deux ont reçu le Prix Nobel pour la paix, et tous les deux ont reçu cette distinction ad maiorem Dei gloriam, ou, pour plus d'exactitude, pour la plus grande gloire de la « nation élue » par Dieu. 1989 était l'année où les USA obtenaient le triomphe dans la guerre froide et s'apprêtaient à démanteler l'Union soviétique, la Yougoslavie et aussi - comme ils l'espéraient - la Chine. Dans ces conditions, celui qui allait être couronné champion de la paix ne pouvait être que le moine intrigant qui depuis trente ans déjà, encouragé et financé par la CIA, se battait pour détacher de la Chine un quart de son territoire (le Grand Tibet).

En 2009, la situation avait radicalement changé : les dirigeants de Pékin étaient arrivés à éviter la tragédie qu'on voulait infliger à leur pays ; au lieu d'être renvoyés aux décennies terribles de la Chine, opprimée, humiliée et souvent condamnée en masse à la mort par inanition, à la « Chine crucifiée » dont parle les historiens, un cinquième de la population mondiale avait connu un développement prodigieux, tandis que s'avéraient clairement le déclin et le discrédit qui frappaient la superpuissance solitaire qui en 1989 avait cru avoir le monde dans ses mains. Dans les conditions qui avaient émergé en 2009, le Prix Nobel pour la paix couronnait celui qui, grâce à son habileté oratoire et sa capacité de se présenter comme un homme nouveau et venant d'en bas, était appelé à redonner quelque lustre à l'impérialisme étasunien.

En réalité, la signification authentique de la présidence Obama est à présent sous les yeux de tous. Il n'est de zone au monde dans laquelle ne se soient pas accentués le militarisme et la politique de guerre des USA. Dans le Golfe Persique a été envoyée une flotte, équipée pour neutraliser la riposte possible de l'Iran aux bombardements sauvages qu'Israël prépare fébrilement grâce aussi aux armes fournies par Washington. En Amérique Latine, après avoir encouragé ou promu le coup d'état au Honduras, Obama installe sept bases militaires en Colombie, relance la présence de la IVème flotte, profite de l'urgence humanitaire en Haïti (dont la gravité est aussi la conséquence de la domination néocoloniale que les USA y exercent depuis deux siècles) pour occuper massivement le pays : avec un déploiement de forces qui est aussi un lourd avertissement aux pays latino-américains. En Afrique, sous prétexte de combattre le « terrorisme », les USA renforcent leur dispositif militaire par tous les moyens : sa tâche réelle est de rendre le plus difficile possible l'approvisionnement en énergie et matières premières dont la Chine a besoin, de façon à pouvoir l'étrangler au moment opportun. En Europe même, Obama n'a pas du tout renoncé à l'expansion de l'OTAN à l'Est, et à l'affaiblissement de la Russie ; les concessions sont formelles et ne visent qu'à isoler le plus possible la Chine, le pays qui risque de mettre en question l'hégémonie planétaire de Washington.

Oui, c'est en Asie que le caractère agressif de la nouvelle présidence états-unienne émerge dans toute sa clarté. Il ne s'agit pas seulement du fait que la guerre en Afghanistan a été étendue au Pakistan, avec un recours aux avions sans pilotes (et sa suite de « dommages collatéraux) nettement plus massif qu'à l'époque de l'administration Bush junior. C'est surtout ce qui arrive à Taïwan qui est significatif. La situation allait s'améliorant nettement : entre la Chine continentale et l'île, les contacts et les échanges ont repris et se développent ; les rapports entre le Parti Communiste Chinois et le Kuomindang ont été rétablis. Avec la nouvelle vente d'armes, Obama veut atteindre un objectif bien précis : si vraiment on ne peut pas démanteler le grand pays asiatique, du moins faut-il en empêcher la réunification pacifique.

Et c'est en ce point là qu'annonce son arrivée à Washington une vieille connaissance de la politique du containment et du démantèlement de la Chine. Voici qu'au moment opportun entre de nouveau en scène Sa Sainteté qui, avant même de mettre les pieds aux USA, bénit à distance le marchand de cannons qui siège à la Maison Blanche. Mais le Dalaï Lama n'est-il pas universellement connu comme le champion de la non-violence ? Je me permets, à propos de cette manipulation raffinée, de renvoyer à un chapitre de mon livre (La non-violence - Une histoire hors du mythe). Pour le moment je me borne à anticiper un seul point. Des ouvrages ayant pour auteur ou co-auteur des ex-fonctionnaires de la CIA révèlent une vérité qui ne doit jamais être perdue de vue : la non-violence est un « écran » (screen) inventé par le département des services secrets étasuniens majoritairement engagé dans la « guerre psychologique ». Grâce à cet « écran », Sa Sainteté était plongé dans une aura sacrée, alors que depuis longtemps, après sa fuite hors de Chine en 1959, il a promu au Tibet une révolte armée, alimentée par les ressources financières massives, par la puissante machine organisatrice et multi médiatique et par l'immense arsenal états-uniens ; révolte qui a cependant échoué à cause du manque d'appui de la part de la population tibétaine. Il s'agissait d'une révolte armée - écrivent encore les ex-fonctionnaires de la CIA - qui a permis aux USA d'accumuler de précieuses expériences pour les guerres en Indochine, c'est-à-dire pour des guerres coloniales - c'est moi qui ajoute, cette fois - qui sont à ranger parmi les plus barbares du XXème siècle.

Maintenant, le Dalaï Lama et Obama se rencontrent. C'était dans la logique des choses. Cette rencontre entre les deux Prix Nobel du mensonge sera plutôt affectueuse comme seule peut l'être une rencontre entre deux personnalités liées entre elles par des affinités électives. Mais elle ne promet rien de bon pour la cause de la paix.

Domenico Losurdo
Mondialisation Traduction : Marie-Ange Patrizio

Lire aussi :
• L’empire américain est ruiné par ses guerres, ContreInfo.
Les USA se ruinent à vouloir maintenir leur statut de super puissance par de coûteuses guerres et un budget militaire gigantesque financés à crédit. Pour Eric Margolis, le complexe militaro-industriel, contre lequel le président Eisenhower avait mis en garde lors de son discours d’adieu, entraîne le pays vers sa chute et Obama, comme son prédécesseur, abuse ses concitoyens en recourant à l’emprunt pour continuer à maintenir l’illusion d’un empire aujourd’hui vacillant.
Dossier documentaire & Bibliographie Chine Tibet Xinjiang, Monde en Question.
Dossier documentaire & Bibliographie USA, Monde en Question.

16 février 2010

Ko Siu Lan

L'Ecole des Beaux-arts a décroché mercredi de sa façade l'œuvre d'une artiste chinoise détournant le slogan du candidat Nicolas Sarkozy "travailler plus pour gagner plus", estimant que cela pouvait porter "atteinte à la neutralité du service public".

"Je viens de Chine. Je ne peux pas croire que cela m'est arrivé en France. C'est une censure très brutale, sans discussion", a déclaré Ko Siu Lan.

Le directeur Henry-Claude Cousseau "m'a dit que ton travail était trop explosif pour rester in situ et que certains membres de l'école et des personnes du ministère de l'Education s'en offusquaient déjà", écrit Clare Carolin à l'artiste. La direction "m'a dit aussi que le moment était délicat car l'école est en train de renouveler sa convention de financement avec le ministère", a-t-elle ajouté.

AFP-Google Actualités

En France, il est interdit d'accrocher les mots "travailler", "gagner" "plus" et "moins", sur une façade. Comme a pu le constater, effarée, une jeune artiste chinoise, Siu Lan Ko, censurée alors qu'elle exposait ses slogans sur l'immeuble de l'école des Beaux-Arts, à Paris. C'est une blague ? Non.

C'est ironique, quand on est un artiste chinois, d'être censuré en France pour subversion politique. Critiquer Hu Jintao à Pékin, c'est possible. Mais Nicolas Sarkozy à Paris, ça non, c'est interdit.

Télérama
La censure sévirait à Paris ? Impossible ! Paris est la capitale des "droits de l'homme" et Pékin celle de la "dictature communiste". Tous les médias dominants vous le disent et le redisent. Rue89, après Libération, publie une rubrique entièrement consacrée à ce schéma idéologique.

Ainsi, comme le titrent L'Express et Le Point, les médias "débattent sur la censure d'une œuvre sur un slogan de Sarkozy" sans pour autant hurler à la dictature. La nuance, qui est de taille, échappe aux propagandistes pavloviens.

Le plus comique de l'histoire est la prétention de Rue89 et Le Monde d'avoir "réveillé Mitterrand" comme le prétendent Arrêt sur images et Rue89 :
Elle remercie tous ceux qui l'ont soutenue, « sans qui ce n'aurait pas été possible ». Parmi eux, Agnès Tricoire, son avocate, qui dès que la censure a été révélée par Rue89, s'est mobilisée et a envoyé une mise en demeure aux Beaux-Arts [...].
Rapportant les propos d'un manifestant en faveur de Ko Siu Lan «Une Chinoise qui nous donne des leçons de démocratie, c'est le comble», Rue89 note "ignorant sans doute que l'artiste était originaire de Hong-Kong". Ce qui laisse entendre que Hong-Kong n'est pas une ville chinoise, mais serait toujours la colonie anglaise qu'elle fut de 1842 à 1997, car une Chinoise n'est pas qualifiée pour donner "des leçons de démocratie" !

13/02/2010
Serge LEFORT
Citoyen du Monde

Lire aussi :
• De Paris à Dresde : Le poids des mots, le choc des images, Basta !
• Ko Siu Lan, Google Actualités - Site
Dossier documentaire & Bibliographie Chine Tibet Xinjiang, Monde en Question.

15 février 2010

Hommage à Malalaï JOYA

«Dans une étable, il y a des vaches qui donnent du lait et des ânes qui portent des fardeaux. Mais eux, ils sont pires que des vaches et des ânes, ils sont comme des dragons».
Après avoir prononcé à la télévision ces mots à propos de l'assemblée des députés afghans, le 20 mai 2007, Malalaï Joya, jeune députée afghane, a été exclue du parlement. Aujourd'hui, elle a 32 ans et critique ouvertement les seigneurs de la guerre, le gouvernement afghan, les taliban, les forces de la coalition, l'Otan...
Là-bas si j'y suis
Les médias dominants - Le Monde, Libération, Mediapart, NouvelObs, Rue89, etc. -, qui s'arrogent le droit de parler "au nom des femmes", ne leurs donnent pas la parole quand celles-ci dérangent. Ainsi, vous ne trouverez aucun article dans les médias cités sur Malalaï Joya à l'occasion de la publication de son livre Au nom de mon peuple - Une femme afghane contre les seigneurs de la guerre, Presses de la Cité, 2010.

Le discours de Malalaï Joya comme celui d'Ilham Moussaïd dérange beaucoup de monde.
Il existe en Afghanistan des groupes, des partis, des personnalités qui réclament la démocratie et la laïcité. Ces forces sont faibles et toujours menacées par les intégristes, et elles ne trouvent aucun appui auprès des pays occidentaux qui prétendent apporter la démocratie avec des missiles.
l'Humanité
Les médias dominants ne veulent pas entendre le discours de Malalaï Joya contre les seigneurs de guerre y compris Ahmed Chah Massoud, contre les narcotrafiquants y compris Hamid Karzai, contre la corruption y compris celle les ONG, contre Georges W. Bush, Barak Obama et toutes les forces d'occupation y compris celles de la France...
Ceci prouve que le sort des femmes afghanes n'est qu'un prétexte pour justifier l'occupation militaire, mais ne les concerne pas.

13/02/2010
Serge LEFORT
Citoyen du Monde
Publié par Defense Committee for Malalai Joya

Lire aussi :
Defense Committee for Malalai Joya - Français
Dossier documentaire & Bibliographie Malalaï JOYA, Monde en Question.
Dossier documentaire & Bibliographie Afghanistan, Monde en Question.