La crise financière que traverse le monde incite très naturellement à s’interroger sur l’avenir de la puissance américaine puisque c’est au fond son modèle financier qui est durement attaqué et donc remis en cause. L'heure du déclin américain a-t-elle sonné ?
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Sur le plan matériel, la puissance américaine connaît une impressionnante stabilité. En PPP (parité de pouvoir d’achat), le PNB américain représente 19 % du PNB mondial en 2008 contre 21,2 % en 1980. Or, pendant la même période, la part de la Chine est passée de 3,2 % à 16,6 %. Ce qui veut dire que matériellement la montée en puissance matérielle de la Chine affecte peu la puissance américaine. Elle affecte nettement plus l’Europe, dont le poids est passé de 29 % à 20 %, et bien évidemment tout le monde non asiatique (Amérique latine, Afrique). On est donc dans une logique de multipolarisation économique lente, que l’on retrouve à l’OMC. Là on est passé d’un monopole euro-américain (au sein du GATT) à une multipolarité complexe où, selon les sujets, les pôles dominants ne sont pas forcément les mêmes mais où, en tout état de cause, aucun pays ou groupe de pays ne peut plus imposer sa loi.
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Le caractère relativement apaisé de la compétition mondiale n'est pas exempt de réels déséquilibres. Mais ceux-ci ont un caractère fonctionnel. Prenons l’exemple du déficit courant américain qui atteint 5,5 % du PNB contre 1,6 % en 1996. On y a vu très souvent la marque d’un pays vivant au-dessus de ses moyens puisque consommant plus qu’il ne produit. On y a vu aussi la marque d’un processus intenable à long terme, qui obligerait un jour les États-Unis à s’ajuster comme un membre ordinaire du FMI. Or cet ajustement que l’on dit inévitable et qui, s’il se produisait, exposerait les États-Unis à un recul indiscutable, n’a toujours pas eu lieu. Non seulement il n’a pas eu lieu mais il n’a, pour le moment, aucune raison d’avoir lieu. À cela il y a une raison simple : le monde regorge d’épargne. Or les flux de cette épargne défient toutes les règles de l’économie classique. Au lieu d’aller des pays riches vers les pays pauvres ou émergents, où la rentabilité du capital est en théorie plus forte, ils se dirigent vers le pays le plus puissant du monde. Pourquoi ? Parce que les États-Unis sont un vaste marché où les opportunités sont considérables, où les garanties juridiques apportées à la création de valeurs ne sont pas moins grandes et où tous les facteurs économiques favorables à la création et à l’innovation sont renforcés par la croyance en la puissance politico-stratégique des États-Unis. Ces derniers sont donc à la fois un grand marché et une grande puissance et ces deux facteurs se renforcent mutuellement. Ils se renforcent aux yeux des investisseurs privés mais également des investisseurs publics, et en particulier des États étrangers qui placent leurs excédents en bons du Trésor américain. Le paradoxe est que cette confiance en l’Amérique est très largement déconnectée de l’image politique des États-Unis.
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Mais les statistiques n’expliquent pas tout. S’y ajoute un élément essentiel : la disponibilité économique et politique des deux grands bailleurs de fonds de l’Amérique, le Japon et la Chine, à accepter ce schéma. Or rien ne semble indiquer son altération rapide ou radicale. Le Japon a un intérêt stratégique vital à la stabilité des États-Unis pour recycler ses excédents colossaux et sa forte propension à l’épargne et pour garantir sa sécurité. Et ce n’est pas le fait d’être devenu le premier pays au monde où l’âge moyen atteint désormais 40 ans qui incitera Tokyo à prendre des risques politiques ou stratégiques nouveaux.
Source : Betapolitique
Quant à la Chine, elle a fait de sa croissance par les exportations le moteur de son développement. Ce modèle la rend naturellement vulnérable au ralentissement de la croissance mondiale et au protectionnisme. Mais en même temps, il lui permet de garder le contrôle sur le fonctionnement interne de son système économique et financier. Le paradoxe ici est que la puissance américaine repose moins sur la conversion du reste du monde à son modèle économique et financier qu’à l'existence d'immenses pays entretenant un rapport très différent des États-Unis à l'épargne (Japon) ou à la croissance (Chine). Le fait que les Chinois et les Japonais soient de « grandes fourmis » convient à une Amérique qui serait une grande cigale. La cigale américaine a besoin des fourmis asiatiques, mais celle-ci ont terriblement besoin d'elle. Ce qui nous ramène à la question de la multipolarité et de ses conséquences politiques. Structurellement la multipolarité, comprise au sens d’une répartition plus large de la puissance, est d’ores et déjà à l’œuvre. Et tout porte à penser qu’elle ne peut que s’intensifier. La vraie question est cependant de savoir quelles seront les conséquences politiques de cette redistribution. Et là, rien n’est acquis.
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Restent les cas de la Chine et de la Russie. Ces deux pays ont un point commun : ils ont du monde une vision stratégique de ses enjeux et souhaitent y contribuer en utilisant tous les instruments classiques de la puissance. Mais ce pouvoir intentionnel n’en fait pas des challengers irréductibles des États-Unis. La Chine par exemple cherche à s’affirmer sur le plan politique mondial, mais elle n’est pas stratégiquement mue par le besoin de contrecarrer ou d’affaiblir systématiquement la puissance américaine. Sa priorité est de sécuriser son territoire, son accès aux ressources énergétiques et au marché américain. Or, en dehors des questions de Taïwan et du Tibet qui sont à ses yeux politiquement non négociables, aucun de ces objectifs n’implique aux yeux de Pékin une confrontation directe avec les États-Unis. En matière économique et financière, on sent plus une Chine conservatrice qu’une Chine révolutionnaire décidée à tirer profit de la situation pour contrecarrer les États-Unis. La Chine a besoin de stabilité et tant que les États-Unis pourront y pourvoir elle n'a aucune raison de vouloir y faire obstacle.
Zaki LAÏDI
04 novembre 2008
Publié par Telos.
Les frontières géostratégiques mondiales se radicalisent
Constat inquiétant : depuis deux mois, nous assistons à une accélération des positionnements géostratégiques, des déploiements militaires, des alliances énergétiques. Une carte bipolaire se dessine nettement, et les pays qui s’y positionnent semblent placer leurs derniers pions. Jamais, dans l’histoire du monde, des engagements ne se sont conclus si rapidement.
Une géostratégie de l’énergie
Lors de la seconde invasion de l’Irak, les Etats-Unis, en dépit de toutes les « preuves » qu’ils avaient présentées pour justifier leur intervention, n’ont rien trouvé d’autre qu’un petit Saddam Hussein et un grand gisement de pétrole. Loin de faire profil bas, loin de s’expliquer sur la légitimité des preuves, non seulement l’ingérant s’installe, non seulement il demande l’aide internationale, après avoir court-circuité sa plus haute instance, l’ONU, mais il montre son appétit pour le voisin, l’Iran, dont le gisement de pétrole n’a rien à envier au premier. Et de venir brandir le même type de preuves, et de venir crier au loup à nouveau. Mais l’affaire est plus corsée, l’Iran n’est pas sans relation.
L’Iran a en effet signé avec la Russie, le 27 février 2005, la mise en route de la première centrale nucléaire, à vocation civile, début d’un programme énergétique, réaffirmé le 17 octobre 2007, pour lequel Poutine n’entend pas recevoir de leçons des Etats-Unis. La Russie a par ailleurs souhaité étendre ce type de programme à d’autres pays. L’Iran est aussi engagé dans la constitution d’un Cartel, avec la Russie et le Qatar, qui détiendrait le monopole mondial du gaz. Déjà en 2004, l’Iran avait confié l’exploitation de son gaz à la Chine, qui devient dès lors son premier client, rendant tout boycott commercial international dérisoire. En outre, la Chine, dont on connaît les besoins grandissants en pétrole, s’est déjà assuré 15 % de son approvisionnement en Iran.
La crise récente en Géorgie a montré la sensibilité du problème énergétique. La Russie, qui voit l’Otan comme une coalition contre ses intérêts, veut empêcher la Géorgie d’y entrer et renforcer sa présence dans cette région, véritable zone de transit énergétique. La Russie, ayant la mainmise sur ce pays, pourrait ouvrir une liaison avec le Proche-Orient et l’Iran. Le Caucase est une région riche en enjeux énergétiques, notamment en Azerbaïdjan, le Dubaï de la Caspienne, lié directement à l’Occident par un pipeline. Point d’intérêt central des Etats-Unis et de la Russie, empoisonné par le vieux conflit du Haut-Karabakh, qui n’est pas sans rappeler celui de l’Ossétie, en rivalité avec son voisin, l’Arménie (disposant de bases russes), le pays vient d’assister à la démonstration de force de Moscou en Géorgie et préfère adopter un profil bas en privilégiant les négociations sur fond d’achat d’armement israélien. Peut-être un second conflit du Caucase en vue, même si un pacte de stabilité est en cours d’élaboration.
Dans l’optique d’une crise majeure, la Russie et la Chine viennent de signer, pour alléger leur dépendance aux incertitudes mondiales, une série d’accords : en premier lieu sous forme d’un échange de pétrole russe contre un financement chinois de 25 milliards de dollars des réseaux d’oléoducs russes, ensuite sous forme de construction d’un oléoduc direct Sibérie-Chine, enfin sous forme d’un projet de coopération nucléaire. Ce partenariat enterre la désuète guerre froide qui pouvait encore subsister entre les deux pays, et annonce leur rapprochement par le biais de l’OCS, ou groupe de Shanghai, qui met les bouchées doubles pour mettre en place une indépendance énergétique régionale, fort de ses pays membres, la Chine, le Kazakhstan, le Kirghizstan, l’Ouzbékistan, la Russie, Tadjikistan, ainsi que de ses pays observateurs, l’Iran, l’Inde et le Pakistan. Selon une source russe, l’Iran pourrait être admise très prochainement à l’OCS.
Le spectre de l’abysse financier
Les organisations se concertent. Le Premier ministre chinois, Wen Jiabao, lors du conseil du groupe de Shanghai à Astana, a déclaré le 30 octobre : « La crise mondiale va s’amplifier, c’est pourquoi nous devons agir en nous concertant, notamment en renforçant le contrôle des finances ». D’après la Chine, « l’économie mondiale est sur le point de s’effondrer ». Lors de leur rencontre, Vladimir Poutine et Wen Jiabao ont même envisagé de « renoncer au dollar dans les transactions commerciales entre les deux pays ».
Devant le refus de l’Opep de consentir à des efforts (que l’on pourra comprendre, puisque des analyses affirment que cette crise était destinée à affaiblir les fonds souverains fruits du pétrole), c’est la Chine, déjà courtisée par l’Occident, qui pourrait devenir leader du sauvetage du système financier mondial, devant les faibles ressources du FMI, estimées à 250 milliards de dollars, et, par le biais de l’alliance de l’OCS et ses observateurs (dont l’Iran), la Russie, qui a déjà signé des accords bilatéraux avec la Chine. La coopération de la Russie avec la Chine, via l’OCS, pourrait lui être salutaire, car elle est réellement menacée de se faire emporter par la crise. Il est peu probable que la Chine accepte de se substituer au FMI sans compensation, et son appartenance à l’OCS, dans laquelle elle a des engagements, et dans laquelle l’Iran est en cours d’intégration, ne va pas arranger les affaires de Washington.
La course aux alliances s’emballe
Les ballets internationaux, d’ordre diplomatique, économique ou commercial, s’emballent, accentuant les tendances que le conflit entre la Russie et la Géorgie avaient révélées. Consciente des dangers qui pourraient survenir du prolongement de ces tendances, l’UE, grande consommatrice d’énergie russe, tente une marche arrière : Le 28 octobre, l’agence Reuters annonçait que l’Union européenne « étudiera un calendrier pour la relance des pourparlers sur un partenariat stratégique avec la Russie lors d’un sommet bilatéral ». Ceci en dépit « d’Etats-membres divisés » et d’une presse résolument diabolisante.
L’opéra commence le 20 août, lorsque Al Assad, président de la Syrie, proche de l’Iran, part à la recherche de la coopération militaire de la Russie, qui lui vend déjà de l’armement. La « coopération » porterait sur l’acquisition de missiles sol-air Pantsir-S1, ainsi que de missiles à moyenne portée BUK-M1. La Russie avait déjà envisagé, en juin, de réhabiliter le port de Tartous, en Syrie, pour y établir sa flotte. C’est dans ce cadre que les Etats-Unis ont établi des sanctions contre 13 entreprises ou organismes étrangers « susceptibles d’aider l’Iran, la Corée du Nord et la Syrie, à mettre au point des armes de destruction massive ou des systèmes de missiles », sanctions condamnées par la Russie.
Début septembre, « en réponse à l’intégration de la Géorgie et de l’Ukraine au sein de l’Otan », la Russie annonce la livraison de plates-formes anti-aériennes et anti-missiles à l’Iran, puis les deux pays annoncent le renforcement de leur « relation de bon voisinage ».
Les choses alors s’accélèrent : le Venezuela, dont on connaît la capacité à irriter la Maison-Blanche et dont on connaît la capacité de production de pétrole, s’allie avec la Russie et l’Iran dans le cadre d’un projet financier, engage avec la Russie un programme d’achats d’armes et des manœuvres militaires aériennes et navales. Pour rappel, l’armée de l’air vénézuélienne est largement équipée en Sukhoi Su-30, 24 au total, ce qui est énorme pour ce petit pays, tout comme la Chine, une centaine, qui les fabrique elle-même sous licence. Ces manœuvres ont, bien entendu, provoqué un froid sur les relations américano-russes, d’autant quand l’on sait que 15 % du pétrole américain dépend de Chavez. Celui-ci entame en octobre sa tournée diplomatique en Russie, en Chine et à Cuba, dont on apprendra qu’il va bénéficier de l’aide russe en matière de défense anti-aérienne.
A la fin du mois de septembre, Ban Ki Moon aurait signé un accord derrière le dos russe mettant l’ONU au service de l’Otan. La Russie a demandé une enquête, toutefois cet événement témoigne pour le moins de l’état de délabrement terminal dans lequel se trouvent les plus hautes instances mondiales.
Le 1er novembre, Kadhafi rencontre Poutine, en vue de résolutions de certains accords sensibles. En contrepartie de l’effacement de la dette de la Libye, la modique somme de 4,5 milliards de dollars, Moscou pourrait être autorisé à stationner des bâtiments de sa flotte dans le port militaire libyen de Benghazi. En outre, la Russie pourrait développer son commerce de nucléaire civil avec Tripoli, « en particulier dans la conception et la construction des réacteurs et leur approvisionnement en combustible nucléaire », ainsi que son commerce d’armement, notamment en missiles sol-air et en avions de chasse Mig 29 et SU-30
Annonce : « Un élément déclencheur est demandé à l’accueil »
Les tensions géostratégiques, à flux tendu, sont au taquet de leur marge d’élasticité. Le 28 octobre, Thom Shanker du New York Times publie un inquiétant article, qui fait mention de déclarations du secrétaire d’Etat à la Défense, Robert M. Gates. On y trouve la notion « d’auto-défense étendue » qui justifie n’importe quelle intervention américaine dans n’importe quel pays, comme celle du 26 octobre contre la Syrie, en regard de critères propriétaires et unilatéraux. La gâchette devient plus sensible, et les conflits passent les frontières, comme cela s’est déjà traduit au Pakistan. Avec cette belle cerise sur le gâteau : « Interrogé sur le fait de savoir si ces moyens pouvaient inclure l’usage d’armes non-conventionnelles et notamment nucléaires, Robert Gates a répondu que “toutes les options sont sur la table, nous n’excluons rien et ne nous soucions que de l’efficacité opérationnelle” ».
En novembre, la marine russe déploie sa flotte dans diverses parties du monde, l’océan Indien, la mer d’Oman, « après avoir visité une série de ports étrangers », et en Méditerranée, pour « des exercices conjoints avec des bâtiments de la Flotte de la mer Noire ». Selon une source russe, un système antiaérien soviétique serait en cours d’élaboration à Cuba, en réponse à l’ABM américain en Pologne.
Les Etats-Unis, quant à eux, sont en bout de course. Militairement enlisés en Afghanistan et en Irak, ils n’ont même pas pu apporter leur appui matériel à Saakachvili. Au bord du gouffre financier, et potentiellement tributaire de la Chine – et donc de l’OCS – qui pourrait se substituer aux carences du FMI (voir ci-dessus), ils sont condamnés à très court terme à perdre leur rôle de premier plan.
Devant l’issue de la crise financière, incertaine, voire incontrôlable, l’énergie prend une place de premier choix, en vertu de ses caractéristiques sonnantes et trébuchantes, autrement plus aguichante que l’économie virtuelle, devenue monnaie de singe. Il en va de même pour l’armement, monnaie bien physique fortement appréciée. La Russie vient de budgéter son enveloppe militaire : une augmentation de 50 %, rien que ça, sur la période 2009-2011, un budget astronomique et fortement inquiétant. C’est en ce sens que les alliances se sont multipliées ces deux derniers mois.
Les Etats-Unis n’accepteront jamais de modifier leur politique de fuite en avant. En ce jour du 2 novembre 2008, où j’écris cet article, la poudrière mondiale est en place, même si quelques alliances de dernière minute peuvent encore survenir. Il ne manque que l’allumette. Le premier qui tire la ficelle tire aussi tout le sac de nœuds. Il est malheureusement à craindre que le monde connaisse un incident international majeur dans les mois qui viennent, prétexte à mettre le feu aux poudres. Avec un inconvénient de taille, bien résumé par ce mot d’Emmanuel Todd : « Le gouvernement français me fait penser à un rat qui monterait sur un navire en train de couler ».
John LLOYDS
mardi 4 novembre 2008
Publié par Agoravox.
Source : Le Grand Soir
Immanuel Wallerstein : dans un moment de crise, tout, ou presque tout, est à saisir
Les choix, dans un moment de crise, sont plus importants parce que leurs répercussions peuvent être tout à fait décisives pour faire bouger les choses dans une direction ou dans une autre. Que le système-monde capitaliste ait atteint ses limites ne signifie pas qu’au sein même de ces limites il n’y ait pas des choix à effectuer. La création, l’innovation, l’imagination ont un rôle à jouer. Il importe donc d’analyser froidement quelles sont les possibilités réelles et quels sont les choix. Quand un système entre dans cette plage de temps qui marque l’époque de sa mort ou de sa mutation - et celle-ci, par définition, ne survient qu’à son terme -, tout ou presque tout est à saisir. Pour les acteurs sociaux, l’éventail des choix s’élargit. La liberté de décision prédomine sur la nécessité, mais l’issue reste indéterminée. Nous sommes aujourd’hui entrés dans une telle transition.
Immanuel Wallerstein
23 avril 1997
Publié par Le Grand Soir.
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