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18 octobre 2008

La crise d’une civilisation parasitaire

Les périodes de crise ne manquent pas de prophètes et de démagogues, à droite comme à gauche, qui ont LA solution miraculeuse. Un jour, c'est l'extrême-droite qui vend son sauveur suprême (Commentaire "Les pillards de la crise financière") et un autre jour, c'est un parti communiste qui lance un appel aux masses populaires qu'il a démobilisées (Les capitalistes sont en crise) ou les trotkystes qui ressortent le programme de 1938 (Trotsky et le contrôle de l'économie) !

Les partisans d'un capitalisme régulé, souvent perçus comme à gauche, s'activent pour “développer la culture économique et sociale des Français” comme si nous n'étions pas gavés, matin, midi et soir, de prévisions catastrophiques puis euphoriques (syndrome maniaco-dépressif).

Pendant ce temps-là, les sommets internationaux s'enchaînent les uns aux autres :
  • Sommet entre l'Union européenne et le Canada, AFP
  • Rencontre à Camp David entre Sarkozy, Barroso et George W. Bush, RFI - Libération
  • Sommets de l'ASEF (Fondation Asie-Europe) et de l'ASEM (Dialogue Asie-Europe), Xinhua
  • Sommet devrait réunir les pays du G8 élargi à cinq pays émergents Chine, Inde, Brésil, Afrique du Sud) et si possible un représentant du monde Arabe, JDD.

    La polémique prend de l'ampleur après la perte de 600 millions d'euros par la Caisse d'Epargne, RFI.
    Nicolas Merindol, directeur général des Caisses d'Epargne, juge "intolérable de considérer [les trois courtiers responsables de la perte de 600 millions d'euros de la banque] comme des traders fous", NouvelObs. Il cherche désespérément à coller aux promesses de la dernière campagne de publicité démenties par las faits : «En recherchant depuis toujours à vous aider à épargner plutôt qu'à spéculer notre gestion s'applique en permanence à la rigueur et à la prudence»...

    Revue de presse française, NouvelObs
    LE PROGRES DE LYON
    Lundi, il [le Président] dévoilait en grandes pompes une caisse de secours pour nos banques en perdition, une cagnotte replète de 360 milliards d'euros. Et hier, on apprend que trois traders de la Caisse d'Epargne ont brûlé 600 millions d'euros.

    LE COURRIER PICARD
    L'affaire est d'autant plus consternante que les dirigeants de la Caisse d'Épargne ne trouvent rien de mieux de ne la qualifier que "d'incident", et surtout que, lorsqu'ils l'ont découverte, à l'époque où justement Nicolas Sarkozy en appelait à un peu plus de sérieux dans la gestion des risques, ils s'étaient bien gardés de l'ébruiter. Ce nouvel épisode lamentable montre au grand jour quelle est l'attitude de l'ensemble des banquiers, qui, pour l'appât du gain, pour engranger de plus en plus de bénéfices, s'amusent à jouer avec l'argent de leurs clients, comme on joue au casino. Une désinvolture coupable, qui désoriente complètement leurs clients. Eux qui venaient parfois de vendre (à perte) des actions pour mettre leur argent sur le Livret A, ne savent plus à quel saint se vouer. Ils ne comprennent pas que leur banquier sait leur réclamer chaque mois de plus en plus de frais de gestion, tandis que dans le même temps il dilapide leur argent. Les réactions de ces petits épargnants pourraient du coup se retourner contre lui.

    LA REPUBLIQUE DES PYRENEES
    Quel symbole ! L'écureuil, figure emblématique de l'épargne française, avec ses noisettes, a perdu 600 millions d'Euros. Son fameux livret A représente l'épargne favorite des Français, avec près de 46 millions de livrets, 3 Français sur 4. Ces gens-là avaient mis leur argent au chaud. Un placement pépère, sans risque. (...) les dégâts psychologiques sont d'ores et déjà considérables, notamment pour les gens qui avaient été rassérénés par les déclarations gouvernementales apaisantes selon lesquelles "les banques françaises c'était du solide".

    L'EST REPUBLICAIN
    L'Ecureuil, aussi, était flambeur ! Au grand casino des Bourses mondiales, on connaissait le trader mégalomane, le parieur fou, le courtier indélicat, le cambiste dépassé par les événements. Mais le bon mammifère des familles, assis sur son tas de noisettes, l'emblématique figure du Livret A, le moins audacieux des spécimens de la faune bancaire n'était pas de ce monde-là. Il rassurait. On se disait que s'il n'en restait qu'un, robuste dans l'adversité, indifférent au yo-yo des cotations, ce serait lui, le gestionnaire prudent des économies de vingt-sept millions de Français, le parangon du placement infaillible. Jusqu'à cet "incident"... On saluera l'exquise ironie de la formule. Un incident boursier à 600 millions d'euros, c'est comme la douce violence, un oxymore sans doute bien troussé, mais qui alarme plus qu'il ne tranquillise. La Caisse d'Epargne peut jurer ses grands dieux que la perte n'affecte pas sa "solidité financière", elle plombe ses comptes et son image au plus mauvais moment".


    L'ordre moral :
  • Pendant que les banquiers se goinfrent en spéculant joyeusement, les députés européens sont privés de prostituées et de films pornographiques Libération.
  • Dominique Strauss-Kahn, directeur du Fonds Monétaire International (FMI), fait l'objet d'une enquête sur un possible abus de pouvoir dans le cadre de relations intimes avec une subordonnée, Eco89 - NouvelObs - Libération.

    «Et il monte en moi une haine féroce contre tous ceux qui, depuis des années, nous ont expliqué que ce système était le meilleur, le seul pour fabriquer de la richesse et la répartir au mieux, ceux qui nous ont vanté le socialisme à la Blair et qui ont réduit la Communauté Européenne à n’être que la pointe avancée du capitalisme financier.
    C’est un changement de paradigme complet qui s’amorce et les gauches européennes, qui depuis des années se sont vautrées dans le libéralisme du Consensus de Washington, disposent maintenant de la fourchette et du couteau si elles sont, ce qu’elles prétendent, autre chose que des lobbies d’élus et aspirants-élus.
    »
    Blog LeMonde

    La crise d’une civilisation parasitaire, Dedefensa
    Le Guardian révèle les données chiffrées des salaires et bonus des cadres dirigeants des principales banques de Wall Street, celles qui vont bénéficier du fameux “plan de sauvetage” Paulson. Le décompte que donne le Guardian porte sur une somme de $70 milliards, soit 10% du volume du plan Paulson. Dans certains cas de banques dont la valeur s’est effondrée, le volume des salaires et bonus des cadres dirigeants est supérieur à la valeur cotée en bourse de la banque, – cas de la JP Morgan la semaine dernière.

    Le même jour que le Guardian, l’Independent publie un article sur les salaires et bonus des dirigeants des banques de la City en temps de crise. Le chiffre de £16 milliards concerne l’“année financière” 2008, d’avril 2007 à avril 2008, période où la crise bat déjà son plein.

    C’est un étrange avatar de la structure de notre civilisation, dont on sait qu’elle est fondée sur l’affirmation enfiévrée, presque religieuse, du primat de l’économie. Il y a plusieurs exemples importants et respectables pour nous convaincre que ce processus s’avère en fin de compte, lorsqu’il se développe et qu’il peut être observé à loisir, comme une véritable transmutation bien plus qu’une évolution. Si nous voulions théoriser le phénomène, nous dirions qu’il s’agit d’une transmutation qui transforme l’accident (le parasite, la chose marginale, accessoire) en substance. Ou, de façon plus précise, en nous rapprochant des cas importants que nous allons citer, nous dirions qu’il s’agit du cas où les conséquences secondaires ou tertiaires d’un phénomène, qui n’ont presque plus de rapport avec la substance de ce phénomène, remplacent la substance de ce phénomène. Bien évidemment, on comprendra au travers d’un tel exemple que le cas nous en dit long sur la qualité et la puissance de cette substance.
  • La valse des millions

    Revue de presse française, NouvelObs
    LE COURRIER PICARD
    Les marchés boursiers n'en sont déjà plus à la crise des banques ; ils n'en sont plus à un manque de confiance. Ils en sont maintenant à une panique généralisée, à un raz-de-marée dont on ne sait où il va s'arrêter. La stratégie aujourd'hui est de tout mettre à l'abri, comment à l'approche d'un cyclone. C'est que, cette fois, la crise n'est plus due à un sentiment diffus de méfiance. Elle s'appuie sur des données objectives, qui sont du coup d'autant plus inquiétantes, et qui démontrent que la récession est bel et bien là. Le mécanisme est implacable : les banques souffrent, et souffriront encore. (...) La catastrophe enregistrée ces jours derniers sur les places boursières risque donc de n'être qu'un hors d'oeuvre de ce qui nous attend dans tous les domaines de la vie économique.

    L'UNION
    Prétexter que l'annonce d'une récession justifie la nervosité persistante des marchés est la dernière pitrerie des bouffons. Cela fait longtemps que les décideurs en sont conscients et s'entendent sur le diagnostic. Même s'ils ont l'art de manier la langue de bois, ce qui leur a interdit d'employer le mot qui douche les espérances, ils n'en pensent pas moins.

    L'EST REPUBLICAIN
    Personne n'ose encore prédire la fin du séisme. Mais sur les ruines fraîches d'un monde déjà vieux, la bataille des mots en “isme” se prépare. En clôture du sommet de Bruxelles, Nicolas Sarkozy a réitéré son appel à une refondation du système financier mondial. Décidé à porter l'avantage européen face à une administration Bush fantôme, le chef de l'Etat veut sans tarder réunir un cénacle extraordinaire à New York, capitale du désastre. Première victime annoncée : l'ultra-libéralisme et sa croyance absolue dans l'autorégulation des marchés. On voit mal comment l'Union européenne n'imposerait pas sa conception, faite de contrôles et de garde-fou. (...) Le tsunami financier doit être une occasion de pousser l'intégration via un vrai gouvernement économique. La route s'annonce longue.


    Nervosité sans précédent des marchés face à une crise appelée à durer, AFP - Yahoo! Actualités
    Les “hedge funds” (les fonds spéculatifs) sont au banc des accusés, avec leurs actifs évalués à 1.800 milliards de dollars. "Une partie de cette industrie est en train de mourir, peut-être la moitié", insiste Eric Galiègue: "Et ils liquident leurs actifs en catastrophe, dans une peur animale".

    Loin d'être passagère, la récession provoquée dans les pays riches par la crise financière "durera plus d'un an, entre un an et un an et demi", a affirmé vendredi le chef du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), Kemal Dervis.

    Et "le plus dur reste à venir", ont renchéri les économistes de BNP Paribas à Paris.

    Les Etats-Unis envisagent un plan de relance économique qui pourrait être adopté avant même l'entrée en fonction du prochain président en janvier.

    La présidente de la Chambre des représentants, la démocrate Nancy Pelosi, a demandé au Congrès de se réunir juste après la présidentielle du 4 novembre pour étudier un plan pour "reconstruire l'Amérique", d'un montant de 150 milliards de dollars.

    Face à cette crise, les appels se multiplient pour une réforme profonde du système financier international, à l'image de ce qui avait été décidé à Bretton Woods en 1944. Et les Européens demandent un sommet associant le G8 et les grands pays émergents.

    Quant aux représentants des patronats français, allemand, anglais, italien et américain, réunis vendredi à Paris, ils ont vigoureusement défendu le libre-échange, appelant les Etats à cesser leurs interventions dans l'économie une fois la crise internationale passée.

    La crise fait aussi des heureux. Ainsi, le milliardaire américain Warren Buffett multiplie actuellement les coups boursiers: "A court terme, les mauvaises nouvelles (économiques) sont les meilleures amies de l'investisseur. Elles vous permettent d'acheter au rabais", expliquait-il vendredi.


    Goldman Sachs : une influence potentielle sur le plan de renflouement ?, Chronique Agora
    Le gang Goldman -- plusieurs dirigeants de Goldman Sachs sont aux plus hauts postes financiers de la planète -- peut désormais décider de la composition du secteur financier américain. Vous ne le croirez pas -- nous avons nous-même du mal à le croire -- mais Gretchen Morgenson a déclaré dans le New York Times que la décision de sauver AIG avait été prise par un très petit groupe. Non seulement un récent directeur de Goldman était présent -- Hank Paulson -- mais le PDG actuel de la firme, Lloyd Blankfein, y était aussi -- le seul représentant de Wall Street. L'article continuait en expliquant que Goldman Sachs avait pas mal d'argent en jeu dans AIG -- environ 20 milliards de dollars.


    Caisse d'Epargne : trois traders avaient parié sur une hausse de la Bourse, NouvelObs.com
    Trois traders sont responsables de la perte de 600 millions subie par la Caisse d'Epargne. Ils ont parié sur un "rebond de la Bourse" juste avant qu'elle ne chute brutalement le 6 octobre et qui ne sont pas arrivés à se "refaire", a raconté vendredi 17 octobre à l'AFP un proche de l'Ecureuil.
    "Ils ont joué le rebond de la Bourse et la baisse de la volatilité" des marchés, mais les Bourses ont chuté lundi 6 octobre.
    Commentaires : Les traders jouent les millions des épargnants comme au casino.
    La ministre de l'Economie Christine Lagarde s'était déclarée dans la journée, "particulièrement frustrée et découragée" par l'annonce d'une perte de 600 millions d'euros à la Caisse d'Epargne, qui n'arrive pas "au meilleur moment".
    Commentaires : La réaction de la ministre de l'Economie est un encouragement aux traders à jouer encore et encore pendant que...


    «Nous, Africains, sommes dans la cale en train de nous noyer», Libération
    L’Europe veut parachever la libéralisation des économies africaines. Vous allez nous imposer des partenariats pour pouvoir inonder nos marchés de biens manufacturés qui vont ruiner le peu d’industrialisation que nous avons dans un contexte où les matières premières ne sont pas correctement rémunérées. Vous allez nous imposer la culture des OGM (organismes génétiquement modifiés, ndlr) et des agro-carburants. Vous allez exiger de nous, comme vous l’avez fait du Maghreb, de surveiller vos frontières. Et vous allez obtenir tout cela de nos dirigeants qui ne consultent pas leurs peuples.

    Face à la crise, nous sommes tous des naufragés, mais vous européens, vous êtes des passagers de première classe alors que nous, Africains, sommes dans la cale en train de nous noyer. Vous avez conduit le monde dans le mur et refusez d’entendre les cris de détresse des migrants.


    La crise, prétexte idéal pour imposer le travail le dimanche, Rue89
    En panne d’idées, les commentaires sur le Net des promoteurs de cette dérégulation supplémentaire accusaient de tous les maux de la terre et, tour à tour, les 35 heures, les syndicats archaïques, les vendeurs sur la Toile qui sont pourtant les mêmes enseignes, les mêmes empêcheurs de déréguler en rond.

    Avec la crise financière qui a démontré l’importance d’un cadre légal, ces arguments ont d'abord fait flop. Mais, miracle de la stratégie de communication, cette même crise financière a ensuite servi de prétexte à l’idée d’aller chercher la croissance en travaillant le dimanche. Il ne s’agit plus de créer des emplois, mais d’éviter leur destruction.

    La réalité est bien différente : la proposition de Richard Mallié ne contient même pas le doublement du salaire avancé comme argument. Luc Chatel se fait d’ailleurs fuyant, puisqu’il répond simplement au journaliste qu’elle prévoit des majorations, là où Xavier Bertrand semble mettre en avant le doublement du salaire.


    Une conférence de presse sur le Sommet d'Asie-Europe donnée à l'ambassade de France, Le Quotidien du Peuple
    Selon M. Ladsous (l'ambassadeur français en Chine), la lutte contre la crise financière sera au premier plan du Sommet d'Asie-Europe. Il s'agit de la première conférence où les dirigeants des pays asiatiques et européens se réuniront pour discuter des moyens à adopter pour lutter contre la crise financière mondiale.


    La crise économique vue de Chine, Aujourd'hui la Chine
    Chute des marchés boursiers, panique à tous les étages... La crise financière américaine s'est répandue comme une trainée de poudre dans le monde. Au milieu de la tempête, les acteurs chinois continuent, eux, d'afficher leur calme.

    Commentaires : Réalité ou intox ? Beaucoup d'articles, publiés en Europe et aux USA, montrent que le capitalisme chinois se porte bien : La Compagnie financière de Rothschild s'allie avec la Bank of China, Radio86 - Tout sur la Chine.


    La crise financière, un mois déjà, L'Express
    La faillite de Lehman Brothers, le 15 septembre, a déclenché une véritable panique sur les marchés boursiers. Un mois plus tard, le calme n'est toujours pas revenu sur les Bourses. Et la crise financière se propage à l'économie réelle.

    Commentaires : Le feuilleton de l'automne scénarisé par les médias.


    MONNET Éric, Le retour de la Grande Dépression ?, Nonfiction
    Libération et Le Monde ont tous les deux publié la semaine dernière des dossiers éclairants ; le premier faisant appel à l'historien Patrice Baubeau, le second proposant une comparaison avec cinq crises majeures du Xxe siècle (la panique bancaire de 1907 aux USA, le krach de 1929, la faillite des caisses d'épargnes des USA en 1987, l'éclatement de la bulle immobilière en Europe au début des années 1990, et la crise japonaise des années 1990). D'autres crises auraient pu apparaître dans cette étude - l'hyperinflation allemande de la république de Weimar, la crise mexicaine de 1994, la crise asiatique de 1997- puisque le capitalisme n'a cessé d'être rythmé par de tels chocs qui se distinguent tous par une crise financière suivie d'une récession économique. Les crises sont même évidemment antérieures au capitalisme – bien que plus rares et sous formes différentes- ; l'émission "La Fabrique de l'Histoire" sur France Culture est consacrée toute cette semaine aux crises financières, de l'empire romain à 1929.

    Mais il est beaucoup plus risqué de prétendre établir des points communs avec le passé en ce qui concerne les conséquences de la crise sur l'économie mondiale. Le présent est très différent des périodes précédentes de crise sur le plan institutionnel, politique et économique : l'ampleur mondiale et multisectorielle de la crise actuelle peut en effet la rapprocher de la crise de 1929, mais le développement des systèmes de protection sociale notamment, et la concertation politique internationale empêchent d'imaginer des conséquences identiques.

    • Tout d'abord, la crise actuelle est manifestement une des plus grave connue, du fait de son ampleur (nombre de banques en situation de faillite, montant des pertes) et de sa dimension internationale.

    • Il convient cependant de mettre en avant quelques arguments qui rendent très peu probable une réédition dramatique de la Grande Dépression. [...] Aujourd'hui, les leçons de ces erreurs ont été en partie tirées, et les États et les banques centrales semblent beaucoup plus à même d'intervenir pour éviter le pire, même si aucune solution miracle n'émerge pour relancer le système.

    • Les conséquences de cette crise seront donc probablement moins sévères, au niveau mondial, que celles de la crise de 1929. Mais la récession économique pourra avoir des effets très divers selon les pays, en fonction de l'état du marché du travail, du système de production, de la capacité d'innovation ou d'intervention publique. Sur le plan international, les conséquences risquent également d'être très différentes. Cette crise survient alors même que les États-Unis, pour la première fois depuis 1945, ne sont plus à même de soutenir à eux seuls le système financier mondial. Il n'y a plus de puissance hégémonique autour de laquelle un nouveau Bretton Woods pourrait être construit. Cette crise remet fondamentalement en cause un modèle de croissance que les États-Unis ont incarné. D'une certaine manière, l'occident connait aussi peut être une crise idéologique ; pour certains comme Joseph Stiglitz, le référent historique le plus judicieux pour comprendre la situation actuelle est ainsi la chute du mur de Berlin (cf l'entretien avec le Huffington Post). Les pays émergents, en premier lieu la Chine, pourraient être les grands gagnants de ces évènements. Sur ce point, la dimension historique de la crise actuelle est autant essentielle qu’insaisissable, et le passé offre peu de prise.

    16 octobre 2008

    Les pillards de la crise financière

    Revue de presse européenne, euro|topics
    La crise financière affecte-t-elle désormais l'économie réelle? Les chiffres croissants du chômage, la peur d'une récession imminente et la question des prestations sociales sont les sujets qui préoccupent la presse européenne.


    Les pillards de la crise financière, euro|topics
    Certains gouvernements de l'Union européenne se servent de la situation chaotique résultant de la crise financière pour jeter aux oubliettes les réformes nécessaires, écrit le quotidien Die Presse : "Ils saccagent le consensus social qui existait en matière de politique environnementale, monétaire et économique. Et c'est typique des pays qui n'ont pas réussi jusqu'à présent à mettre fin à un système économique corrompu, protectionniste et inerte. C'est ce qui explique pourquoi, ces derniers jours, la France et la Hongrie remettent en question les critères de la stabilité de l'euro, et l'Italie et la Pologne les objectifs climatiques. Pour les mêmes raisons, ils veulent prendre de nouvelles mesures visant à protéger leur industrie nationale. ... Il serait imprudent d'un point de vue économique de jeter le bébé avec l'eau du bain et de convenir de nouvelles règles. ... Une politique budgétaire sans bornes, un euro faible, un nouveau protectionnisme et un report des objectifs climatiques n'apportent finalement rien sur le plan économique, mais laissent plus de marge de manœuvre aux dirigeants actuels."


    Des milliards pour la finance, des miettes pour la faim, Libération
    Alors que les pays développés prévoient d’injecter jusqu’à près de 3 000 milliards d’euros dans le sauvetage du système bancaire et financier de la planète, 1 % de ce pactole - décidé en moins d’un mois - suffirait à sortir l’humanité de la faim. «Il ne faudrait investir que 30 milliards d’euros par an pour assurer la sécurité alimentaire d’une population qui atteindra 9 milliards en 2050», écrivait Jacques Diouf dans nos colonnes (Libération du 8 octobre).

    Un dernier chiffre, histoire de résumer l’ampleur des enjeux pour une autre mondialisation. «Les différences d’espérance de vie entre les pays les plus riches et les plus pauvres dépassent désormais quarante ans.» Des inégalités «criantes», résume l’Organisation mondiale de la santé (OMS), dans son rapport annuel, publié mardi. «Plus grandes aujourd’hui qu’elles ne l’étaient en 1978», dit Margaret Chan, la directrice générale de l’OMS. Obscènes, même : en trente ans, le monde fait marche arrière alors qu’il vient de connaître une croissance de ses richesses sans précédent en dix ans. Le monde fera-t-il mieux avec la longue récession qui s’annonce ?


    TOUSSAINT Éric, Une fois encore sur les causes de la crise alimentaire, CADTM
    De fausses explications de la crise alimentaire dominent la scène. La consommation des Chinois et des Indiens est une des fausses explications qui, à force d’être répétée, devient une évidence. Il est important d’identifier les véritables causes et les authentiques responsables.


    TOUSSAINT Éric, Interconnexion des crises capitalistes, CADTM
    L’explosion des crises alimentaire, économique et financière en 2007-2008 montre à quel point sont interconnectées les économies de la planète. Pour résoudre ces crises, il faut traiter le mal à la racine.


    Lire : Les oubliés de la crise.

    15 octobre 2008

    Les oubliés de la crise

    Les centaines de milliards de dollars qui ont été rapidement trouvés pour renflouer les grandes banques en Occident laissent perplexes les responsables et les spécialistes de la lutte contre la faim dans le monde.


    Trois milliards de dollars par an seraient suffisants pour éradiquer la malnutrition dans le monde.


    Ils mettent en parallèle la rapidité et la facilité avec lesquelles ces sommes sont mobilisées pour sauver banques et Bourses de la crise financière avec la difficulté à obtenir des fonds pour les 925 millions de personnes touchées par la faim dans le monde, notamment en Afrique.

    Des cris d’alarme et appels à la vigilance se sont multipliés récemment, rappelant que la faim dans le monde s’est aggravée du fait de la hausse des prix énergétiques et alimentaires. Selon ActionAid, une ONG basée en Afrique du Sud, le coût du bol alimentaire de base a augmenté en moyenne de 80 % en deux ans. En conséquence, 100 millions de personnes ont rejoint les rangs des affamés et 750 millions d’autres risquent de souffrir chroniquement de la faim. ActionAid estime que près de 1,7 milliard de personnes, soit un quart de l’humanité, pourraient se trouver désormais en situation d’insécurité alimentaire.

    Selon une autre ONG, Action Contre la Faim (ACF), un enfant âgé de moins de 10 ans meurt de faim ou de ses conséquences toutes les cinq minutes dans le monde. Traiter un enfant mal nourri coûte environ 60 dollars par an, mais au niveau des financements mondiaux, publics ou privés, la malnutrition est un secteur complètement négligé alors que 55 millions d’enfants sont mal nourris. L’enveloppe budgétaire mondiale actuelle ne permettant de traiter que 5 % seulement de la malnutrition sévère.

    Rapporteur spécial des Nations-Unies pour le droit à l’alimentation de 2001 à 2008, Jean Ziegler martèle que « la faim n’est plus une fatalité dans aucun endroit du monde ». Il rappelle que l’explosion récente des prix mondiaux des matières agricoles, qui a provoqué des émeutes de la faim dans une quarantaine de pays en avril 2008, est « une formidable agression » contre les populations les plus pauvres de la planète causée essentiellement par les agrocarburants et la spéculation qu’il serait facile d’interdire.

    Plusieurs spécialistes soulignent que la lutte contre la faim dans le monde souffre d’un manque de volonté politique de la part des pays les plus industrialisés, rappelant que selon les estimations, trois milliards de dollars par an seraient suffisants pour éradiquer la malnutrition dans le monde, alors que les Etats-Unis ont prévu à eux seuls de dépenser jusqu’à 700 milliards de dollars pour renflouer les banques américaines. Les gouvernements sont appelés à augmenter massivement leurs cotisations en faveur du Programme Alimentaire Mondial (PAM) qui a perdu 40 % de son pouvoir d’achat avec la dernière flambée des prix des denrées de base.

    Publié le 15/10/208 par Info-Palestine.

    Récession aux USA

    Revue de presse française, NouvelObs
    LIBERATION
    Mais tout de même: la célérité avec laquelle on a trouvé les crédits nécessaires tient du sortilège. Il n'y avait pas d'argent pour les chômeurs ou les smicards. Il y en a pour les banquiers. (...)

    L'ALSACE
    Plus c'est cher, moins les élus discutent ", nous a glissé un jour un président de communauté de communes. La crise bancaire illustre cet exemple. Il a fallu plus d'un an pour trouver 1,5 milliard d'euros afin de financer le Revenu de solidarité active (RSA). La taxe créée à cette occasion sème la zizanie au sein de la majorité. Il n'a fallu que quelques jours en revanche pour dégager, dans un quasi-consensus national, 360 milliards d'euros destinés à calmer la fièvre bancaire. Et en plus, François Fillon affirme que le budget ne sera pas impacté... Si on comprend bien, les banques vont coûter moins cher au Français moyen que les pauvres.

    LE PROGRES DE LYON
    Le soleil ne peut pas briller à la fois pour tout le monde. La faute à la Terre, qui est ronde, et au monde, qui n'est pas droit. Depuis des semaines, on nous parle des Bourses qui chutent et des banquiers qui avalent leur cravate. Ca va mieux, merci pour eux. Pour nous, c'est autre chose. Le chômage était annoncé à la baisse en juin, il a été redressé hier à la hausse, avec 120 000 chômeurs de plus. Evidemment, les experts nous expliqueront que ça n'a rien à voir. Ou que c'est bien plus compliqué. Et qu'il est normal de voir l'action d'une entreprise monter quand ses effectifs baissent... Mais cela pourrait changer, car on nous promet une moralisation du capitalisme. Imaginez qu'on fasse post mortem mentir Coluche, qui disait : "Il paraît que la crise rend les riches plus riches et les pauvres plus pauvres. Mais c'est pas la crise. Depuis que je suis petit, c'est comme ça".


    Le plan de renflouement coûtera bien plus de 1 800 milliards, Chronique Agora
    Pour revenir à une question clé : d'où viendra l'argent ?
    Le gouvernement va emprunter sur les marchés des capitaux pour financer les banques, répond-on.
    Mais à qui ? Et à quel taux ? Emprunter de l'argent n'ajoute rien aux ressources financières de la planète ; cela ne fait que prendre l'argent dans une poche pour le mettre dans une autre. En d'autres termes, cela prive les emprunteurs sensés (nous le supposons) pour remplir les poches des initiés et de leurs réseaux. Dans l'ensemble, il n'y a aucune augmentation du pouvoir d'achat ou du crédit disponible. De plus, à mesure que les autorités empruntent de plus en plus d'argent, cela devrait -- logiquement -- faire grimper les taux d'intérêt. Cela devrait ralentir plus encore l'activité économique, aggravant la situation.

    Commentaires : Cet article passe de la dénonciation du libéralisme
    Pourtant, on voudrait nous convaincre qu'ils créent un nouvel ordre financier mondial... et qu'il sera stable et prospère. Pour la première partie, nous n'avons aucun doute. Les gouvernements utilisent cet effondrement comme ils ont utilisé l'effondrement des tours jumelles en 2001 -- pour s'accaparer un peu plus de pouvoir. Le poing de la politique écarte la petite main "invisible" de M. le Marché. Les escroqueries subtiles laissent la place au vol grossier.

    à celle des interventions de l'État
    La seconde partie, par contre, est probablement archifausse. Le contrôle gouvernemental de l'économie n'a jamais mené à la stabilité ou à la prospérité. En fait, l'historique est assez clair : plus l'Etat s'en mêle, plus les résultats économiques empirent.


    Des effets à craindre pour l’économie réelle, RFI
    Des Etats-Unis à l’Europe, en passant par l’Inde et l’Afrique du Sud, les conséquences de la crise financière commencent à se faire sentir.

    Crise financière provoquée par les crédits hypothécaires à risques (« subprimes »), flambée des prix des denrées agricoles et du pétrole : la difficile situation économique commence à se faire sentir sur les plus pauvres. Le nombre d’Américains bénéficiant de bons d’aide alimentaire (« food stamps ») a approché un record cet été 2008. Quelque 29 millions de personnes aux Etats-Unis sont concernées. Ce chiffre est le plus élevé depuis que le programme a été mis en place dans les années 1960. De l’autre côté de l’Atlantique, en France, les permanences d’accueil du Secours populaire ont ainsi reçu 15 à 20% de demandes d'aides supplémentaires sur un an.


    L'économiste Vanessa Rossi peint un tableau particulièrement sombre de l'économie mondiale, Agefi
    Pour éviter une récession vraiment mondiale, alimentée par un "cocktail toxique" de hausses des prix, de bulles immobilières et de panique sur les marchés d'actions, elle ne voit d'espoir que dans les pays émergents et plus particulièrement la Chine, dont la performance dans cette crise "sera d'exceptionnelle importance", selon elle.

    "Une croissance régulière de la Chine offre le meilleur espoir pour limiter les dommages à l'économie mondiale", souligne-t-elle, tout en remarquant que ce pays connaît également "des signes inquiétants sur son marché immobilier", tandis que "l'effondrement de la Bourse (y) cause également des tensions grandissantes", tandis que "des problèmes similaires émergent en Russie et dans les Etats du Golfe".


    Aux Etats-Unis, le mot récession est lâché, Le Journal des Finances
    Les Etats-Unis seraient bel et bien entrés en récession, a avoué une responsable de la Réserve Fédérale américaine. Une première dans l’institution depuis le début de crise.


    Les réserves chinoises en devises étrangères atteignent 1 900 milliards de dollars fin septembre, Le Quotidien du Peuple en ligne
    Ce chiffre montre une hausse de 32,92% par rapport à la même période de l'année précédente, selon un rapport publié sur le site internet de la Banque populaire de Chine.


    Wen Jiabao : la Chine est confiante dans la stabilité de son marché financier, Le Quotidien du Peuple
    Wen Jiabao a apprécié les mesures prises par les pays concernés, dont la Grande-Bretagne, pour stabiliser les marchés financiers, et a souhaité voir des résultats rapides.

    Gordon Brown a indiqué pour sa part, que la communauté internationale appréciait le rôle de la Chine dans la stabilisation du marché financier international.


    La Chine continuera à jouer un "rôle positif", assure Wen à Brown, Aujourd'hui la Chine
    Le Premier ministre chinois Wen Jiabao a assuré mardi à son homologue britannique Gordon Brown que la Chine continuerait à "jouer un rôle positif" pour aider à résoudre la crise financière, a rapporté le ministère chinois des Affaires étrangères.

    Selon le ministère chinois des Affaires étrangères, Gordon Brown a affirmé que "la communauté internationale attache une grande importance et juge de manière positive le rôle de la Chine pour stabiliser le marché financier international".


    Gordon Brown, étonnant sauveur, euro|topics
    Le Premier ministre britannique eurosceptique, Gordon Brown, a longtemps été considéré comme un personnage secondaire au sein de l'Union européenne. Aujourd'hui, la crise bancaire a placé l'ex-ministre des finances au cœur de l'action. Tandis que les médias britanniques observent d'un œil critique sa nouvelle popularité, la presse européenne estime pour sa part que son plan de sauvetage annonce une réorganisation structurelle en Europe.


    Hommage à Gordon Brown, Boulevard Exterieur
    Le nouveau prix Nobel d’économie Paul Krugman, éditorialiste au New York Times, a rendu un hommage remarqué à l’action ’’claire et déterminée’’ de Gordon Brown dans la crise financière.

    Lire ou relire : Ils ont “socialisé” la City, Dedefensa


    Daniel Vernet sur les conséquences politiques de la crise financière, euro|topics
    Il n'est pas trop tôt pour s'interroger sur les conséquences géopolitiques de la crise. ... Les équilibres idéologiques, politiques et économiques en seront profondément changés. Ensuite, la crise va accroître le déclin relatif de la puissance américaine au profit de l'Asie, commencé bien avant. ... Dans un ordre international régi par le balance of power, le déclin d'une puissance pourrait profiter à d'autres. Ce n'est pas exactement le cas aujourd'hui.


    CHESNAIS François, Crise financière : quelques détours par la théorie, Fondation Copernic
    La crise qui a éclaté en août 2007 dans le compartiment financier des prêts hypothécaires à risque élevé (subprime) clôt le cycle économique états-unien débuté fin 2002. En cela elle a, comme toutes les crises, un aspect conjoncturel. Mais elle a plusieurs dimensions structurelles importantes. C’est d’abord la plus sérieuse des « crises financières systémiques » nées de la libéralisation et de la mondialisation financières qui ont eu lieu depuis 1987. Les États-Unis, déjà siège du krach boursier de 2001, en sont de nouveau l’épicentre. Cette fois-ci ce n’est pas un marché de titres, le Nasdaq, qui en est le champ, mais le système bancaire.

    L'OTAN face aux talibans

    Parler aux talibans avec des arrière-pensées ?, Dedefensa
    La crise financière avec ses répercussions budgétaires commence à faire admettre que les répercussions sur le budget du Pentagone seront réelles et peut-être profondes. Les conséquences envisagées porteraient sur les missions et les engagements US, selon divers experts.

    La réduction des engagements pour répondre à ces restrictions budgétaires probables pourrait effectivement impliquer la recherche d’un retrait très rapide d’Afghanistan, — et des négociations avec les talibans seraient une approche évidente de la question.


    GONTCHAROV Piotr, La crise, la Géorgie et l'Afghanistan : les trois fronts de l'OTAN, RIA Novosti
    Le problème afghan se pose quelque peu autrement. En effet, il s'agit de l'avenir de l'OTAN dans ce pays, c'est pourquoi Robert Gates avait une mission difficile à accomplir dans la capitale hongroise. Il fallait, d'une part, dissiper les humeurs défaitistes des "compagnons d'armes" et, de l'autre, les persuader de façon adéquate de la nécessité de revoir non pas la tactique des actions, mais toute la stratégie de l'opération antiterroriste.

    On peut comprendre l'inquiétude du Pentagone. Presque tout le monde ces jours-ci parle de l'impossibilité de remporter une victoire en Afghanistan. C'est même le général Mark Carleton-Smith, commandant des forces britanniques sur place, qui a ouvert la discussion sur ce thème, bientôt rejoint par le général Richard Blanchette, porte-parole de l'OTAN en Afghanistan, qui a exprimé presque mot à mot la même position: "nous savons que nous ne pouvons pas vaincre militairement". Ils ont été appuyés par le général français Jean-Louis Georgelin, chef d'état-major des armées, qui a jugé la réconciliation entre Afghans nécessaire.

    Le quotidien britannique The Guardian a cité vendredi certains détails intéressants d'un rapport du renseignement américain. D'après ces fuites, ce rapport contient une proposition destinée aux autorités américaines leur demandant de revoir immédiatement la stratégie des actions en Afghanistan. Les auteurs du rapport estiment désormais que le règlement du conflit passe par la voie politique, et non pas militaire.


    MAULNY Jean-Pierre, Afghanistan : la communauté occidentale en échec, iris
    Aujourd’hui, dans une Afghanistan à l’équation extrêmement complexe, la situation peut pourtant se résumer de manière simple : ceux que l’on appelle les « insurgés » recrutent des combattants, notamment dans les villages des tribus pachtounes au Sud du pays, parce que la population, après près de 7 ans de gouvernement Karzaï, ne voit toujours pas le décollage économique. La communauté internationale est ressentie comme complice de cette situation, puisque la logique de « la guerre contre le terrorisme » conduit les coalisés réunis dans l’Otan à être perçus comme des soutiens inconditionnels à un pouvoir jugé bien souvent comme défaillant et corrompu. S’ajoute à cela les bombardements aériens inconsidérés des Américains ou de l’OTAN faisant des victimes civiles, ce que les Talibans exploitent grâce à une communication remarquablement adaptée.

    Aucune autre solution qu’une négociation avec les talibans n’apparaît aujourd’hui possible : c’est d’ailleurs ce qu’a commencé à entreprendre le président Karzaï, qui voit dans cette négociation la possibilité d’assurer sa survie politique. Les Britanniques eux aussi se rendent bien compte que l’espoir d’une victoire militaire relève de l’illusion et ils l’ont fait savoir de manière officieuse. Pour les Américains, approuver la perspective d’une négociation avec les Talibans constituerait une volte-face et les propos martiaux des deux candidats à la présidence des Etats-Unis ne facilitent certainement pas cette démarche. L’implication de l’Iran, mais surtout du Pakistan, dans un règlement politique apparaît nécessaire.

    14 octobre 2008

    Capitalisme sous perfusion

    SETSER Brad, Quelle limite aux garanties illimitées ?, ContreInfo
    Nous avons suggéré que les risques n’avaient pas disparu mais changé de nature. Dans ce gigantesque et brutal « repli d’accordéon » auquel nous assistons, les formes de la monnaie - dépôts et épargne - que nous avons concédé à l’exercice du droit et de l’intérêt privé désormais dotés d’un privilège de liberté absolue, ont été à deux doigts de perdre toute valeur. Elles ont du chercher refuge in extremis auprès de la seule garantie qui vaille, au bout du compte, celle des contribuables et de la monnaie d’état. Ainsi, la faillite potentielle des uns est devenue la dette des autres, mettant semble-t-il un terme à la panique. Outre des dettes, nous avons cependant gagné du temps. Mais la situation nouvelle - inouïe - qui s’est créée est celle-ci. Chaque acteur du système financier, totalement dysfonctionnel, qui ne doit jusqu’à présent sa survie qu’à l’accès à des fonds distribués sans restrictions par les banques centrales, est désormais explicitement protégé contre la faillite. Les états ont donc accepté en deux temps de prendre la place des marchés monétaires moribonds, puis de garantir que tous les morts vivants de la place - ne les secouez pas, ils sont pleins de dettes - resteraient en vie. En d’autres termes, après la transfusion, l’entrée en service de soins intensifs. Fort bien. La sécurité sociale, finalement, nous rappelle ainsi ses incontestables mérites. Elle nous a évité l’infarctus généralisé. Restent plusieurs questions. Quand, comment, et à quelles conditions pourrons nous débrancher les sondes de ces grands malades qui seront sans doute un peu inquiets à l’idée de bénéficier à nouveau des bienfaits du grand air et de la libre concurrence du « struggle for life » qu’ils affectionnaient tant ? Et combien coûtera cette hospitalisation ? Faut-il par ailleurs accepter que soient encore versés des dividendes aux actionnaires d’établissements qui ne doivent leur survie qu’à la collectivité ? Voilà, en résumé, les thèmes que Brad Setser développe ci-dessous. Une dernière remarque. Nombre de nations des pays émergents ont eu à subir ce type de crise. Mais jamais auparavant - et de loin - le G7 n’avait fait preuve d’une telle magnanimité. Pour eux, il n’a jamais été question de fournir des liquidités « illimitées » pour les aider à traverser une mauvaise passe, et les Argentins, pour ne citer qu’eux, s’en souviennent à coup sûr fort bien. Mais sans doute est-ce là une illustration de la théorie de l’ « avantage comparatif ».


    CHOMSKY Noam, Le capitalisme contre la démocratie, ContreInfo
    La liberté de circulation des capitaux et les libertés démocratiques sont en relation inverse, affirme Chomsky. Le « droit de vote » accordé aux investisseurs, qui peuvent désormais faire tomber une économie en retirant leurs capitaux, équivaut à une interdiction de fait des politiques qui pourraient leur nuire. Keynes, qui fut le négociateur Britannique à Bretton Woods, considérait que le plus grand succès de la conférence avait été la possibilité donnée aux états de restreindre la circulation des capitaux. Le temps est sans doute venu de l’entendre à nouveau.


    ENGDAHL F. William, Derrière la panique, la guerre financière pour le futur pouvoir bancaire mondial, Mondialisation
    Comme je le documente dans mon prochain livre, Power of Money: The Rise and Decline of the American Century (Le pouvoir de l'argent : essor et déclin du siècle étasunien), dans toutes les grandes paniques financières aux États-Unis depuis au moins celle de 1835, les titans de Wall Street, surtout la Maison JP Morgan avant 1929, ont déclenché délibérément la panique bancaire en coulisses pour consolider leur emprise sur la banque des États-Unis. Les banques privées ont utilisé la panique pour contrôler la politique de Washington, notamment la définition exacte de la propriété privée de la nouvelle Réserve fédérale en 1913, et pour consolider leur contrôle sur l'industrie, comme US Steel, Caterpillar, Westinghouse et ainsi de suite. En bref, ils sont les vétérans de ce genre de guerre financière pour l’élargissement de leur pouvoir.

    Ils doivent maintenant faire quelque chose de semblable à l'échelle mondiale afin de pouvoir continuer à dominer la finance mondiale, le cœur de la puissance du siècle étasunien.

    Il devient évident que Paulson, et ses amis de Citigroup et JP Morgan Chase, ont une stratégie, de même que le parrain de la titrisation des hypothèques et de la déréglementation bancaire, l’ancien président de la Réserve fédérale, Alan Greenspan, comme je l'ai exposé en détail dans la partie IV de ma précédente série, Financial Tsunami.

    À présent, le plan Paulson fait manifestement partie d'un projet visant à créer trois géants financiers mondiaux colossaux : Citigroup, JP Morgan Chase et, bien entendu, la propriété de Paulson, Goldman Sachs, devenue maintenant assez opportunément une banque. Ayant utilisé avec réussite la peur et la panique pour arracher 700 milliards de dollars de renflouage au contribuable, désormais les trois grands essayeront leurs muscles hors du commun à ravager les banques européennes dans les années à venir. Tant que les plus grandes agences financières de notation du monde, Moody's et Standard & Poors, sont épargnées par les scandales et les auditions au Congrès, le pouvoir financier réorganisé de Goldman Sachs, Citigroup et JP Morgan Chase pourrait potentiellement se regrouper et accélérer leur ordre du jour mondial dans les prochaines années, en marchant sur les cendres de la faillite de l'économie étasunienne, mise en banqueroute par leurs folies.


    SAPIR Jacques, Trop peu, trop tard ? Les aventures du plan Paulson, Recherche en histoire visuelle - La crise financière et ses enjeux, ContreInfo
    Jacques Sapir analyse les mécanismes de la crise de liquidité paralysant l’activité bancaire, qui selon lui remet en cause le modèle standard de la théorie économique, incapable de rendre compte de la situation : « la gestion de la crise n’implique pas seulement une volonté politique, qui n’est pas toujours pleinement présente ou toujours cohérente... elle nécessite aussi une transformation radicale et fondamentale du cadre théorique. »

    Après la déprime, l'euphorie boursière

    Revue de presse française, NouvelObs
    LE DAUPHINE LIBERE
    Il reste tout de même une sacrée question en suspens dans cette histoire de vent qui tourne. Est-ce que le répit enregistré hier va durer ? Et jusqu'à quand ? Bien malin qui saurait le dire. Toujours est-il qu'on en est là ce matin, à guetter les températures de Wall Street et la grenouille du CAC 40. Non sans ressentir un certain vertige saisonnier face au chiffre affiché au cadran: 1.300 milliards au total - dont 360 pour la France - soudain tombés du ciel de crise pour sauver notre économie menacée de tsunami ! De quoi sortir de nos abris, sans doute, mais pas encore de replier nos petits parapluies personnels pas dorés pour un sou. Patience: on y verra sans doute plus clair très bientôt en scrutant le seul baromètre qui vaille: celui de la confiance populaire.

    DERNIERES NOUVELLES D'ALSACE
    Cette euphorie qui change radicalement la lecture de notre système économique nous permet d'oublier que les Etats tout à coup flambeurs spéculent à découvert (...) C'est un bluff extraordinaire pour restaurer la confiance. Un de ceux qui jalonnent les grands tournants de l'histoire. Et s'il fonctionne, il peut même être rentable, à terme, pour les caisses du pays qui pourra revendre bien plus cher des parts qu'il va acquérir à des cours dérisoires. Pour orchestrer cette manoeuvre en France quel meilleur acteur que Nicolas Sarkozy ? C'est au-delà de l'audace. Du culot. Et dans ce registre, il est imbattable (...) "La crise est peut-être derrière nous", entendait-on déjà hier soir dans l'élan du moment. Dangereuse illusion. Car si la tempête financière pourrait se calmer, la récession qu'elle annonce, elle, sera peut-être plus redoutable encore. Aggravée par une inconnue psychologique aux conséquences encore incalculables : l'argent a montré au monde entier qu'au fond, il ne valait rien.


    Hausse record à la Bourse de Tokyo, l'Etat annonce des mesures, Aujourd'hui le Japon
    La Bourse de Tokyo a terminé la séance de mardi sur une hausse record de 14,15%, les investisseurs saluant l'unité des grandes puissances pour lutter contre la crise financière et un train de mesures du gouvernement japonais pour enrayer la panique sur les marchés.

    Rebondissant après la semaine la plus désastreuse de son histoire, au cours de laquelle il avait plongé de 24,33%, l'indice Nikkei a pulvérisé à la clôture son précédent record de hausse (+13,24%) qui datait d'octobre 1990.


    Les bourses chinoises ouvrent en forte hausse mardi, Le Quotidien du Peuple
    Les bourses chinoises ont progressé de 3,16% pour atteindre 2 139,07 points lors de l'ouverture mardi, après le rebond des marchés mondiaux ces derniers jours à la suite des efforts déployés dans le monde pour lutter contre la crise financière.


    La crise du crédit ? Les Chinois ne connaissent pas, Les Echos
    La Chine compte désormais plus de cartes bancaires que d'habitants, selon la banque centrale chinoise, et le secteur du crédit continue de se développer à marche forcée sans que le pays semble touché par la crise qui frappe la finance ailleurs dans le monde.


    Les Russes et les Chinois ne perdent pas le nord !, L'Edito Matières Premières & Devises
    La Chine prépare la "guerre" de demain
    Personne n'en parle. Mais il faut que vous soyez conscient d'une chose : la Chine est en train de racheter massivement des minières à des prix défiants toute concurrence. Aussi bien en Afrique, sa terre de prédilection, qu'en Australie. Je parle ici d'un mouvement de grande ampleur. La Chine prépare la "guerre" de demain.

    Car quand ce krach et la crise économique que nous vivons ne seront plus qu'un vieux souvenir, les fondamentaux clés reprendront le dessus.

    En attendant, nos petites juniors passent sous pavillon rouge !
    Et dans les décennies à venir, l'une des problématique clé que nos sociétés auront à gérer est bien celle des ressources disponibles et limitées face à l'inexorable montée en puissance de la demande.

    En clair et sans décodeur : la Chine ne perd pas le nord. La priorité stratégique est à la sécurisation des approvisionnements. Elle assure aujourd'hui son avenir. Nous devrions en faire autant... mais nous sommes très occupés et, en attendant, nos petites juniors passent sous pavillon rouge !

    Les Russes réagissent ! Pour les beaux yeux de l'Islande ?
    A votre avis ? Pourquoi la Russie a-t-elle volé au secours de l'Islande en détresse ? Islande dont l'Etat a tout de même été à deux doigts de faire faillite ! Personne ne s'est pourtant précipité. Ni les Américains, ni les Européens.

    Lorsque soudain, du fond de sa Sibérie, l'ours russe arrive avec un chèque de quatre milliards pour les beaux yeux de l'Islande. Cela ne vous a-t-il pas semblé curieux ?

    Le secret islandais ...
    Vous voulez mon avis ? Ce qui intéresse les Russes pourrait bien être le savoir-faire des Islandais en matière d'énergie géothermique. Les Islandais sont très en avance dans ce domaine.

    Or pour moi, il ne fait aucun doute que la géothermie sera l'une des grandes sources d'énergie alternative du futur, avec le nucléaire. Les Russes le savent eux aussi. Et ils ont des sources géothermales à exploiter... A commencer par la région du Kamtchatka...


    Désormais sans eux, Dedefensa
    S’appuyant sur son jugement de l’importance peut-être décisive de l’action des pays européens, Anatole Kaletsky, commentateur du Times, signe, dans son commentaire du 13 octobre, ce qu’on perçoit aussitôt comme l’acte de décès de l’influence US prépondérante en matière de finance et d’économie. En d’autres termes, ce serait la fin de l’ère de Bretton Woods.


    Crise financière américaine / Pays émergents, Les Enjeux internationaux - France Culture
    La crise financière a révélé l’insertion des principales économies émergentes (Brésil, Russie, Inde, Chine), dans l’économie mondiale mais également la solidité de la plupart de ces économies à l’exception de la Russie, face à l’effondrement des bourses occidentales et du système bancaire américain. La leçon de 1997 où l’Asie avait été déstabilisée par les retraits massifs de capitaux, a été tirée : désormais des pays émergents possèdent des réserves conséquentes, qui ont joué un rôle primordial afin d’atténuer l’effet de la crise.

    Commentaires : Emission, bibliographie et liens.


    Martine Aubry soutient Sarkozy !, A écouter sur RFI

    13 octobre 2008

    Basculement idéologique

    Actualités Economie, Yahoo! Actualités

    La zone euro trouve un plan d'action, RFI
    Garantie des prêts interbancaires et recours possible à une recapitalisation des banques : si le plan annoncé dimanche à Paris n'a pas été chiffré, il fera l'objet d'annonces simultanées lundi dans plusieurs capitales européennes. Et se traduira rapidement en termes législatifs.

    L'Union européenne va par ailleurs demander aux Etats-Unis l'organisation d'un sommet pour «refonder le système financier international», a déclaré le président français à l'issue de cette réunion des pays de la zone euro.


    Psychologie au-delà de l'imagination, Dedefensa
    Evidemment, la réunion du G7 de Washington terminé par un communiqué martial fait de 5 points austères, sans les chichis insipides et habituels, avec comme mot d’ordre une marche sans faiblesse vers la nationalisation des banques sur fond d’interventionnisme étatique sans restriction, voilà un événement qu’il faut observer dans sa dimension la plus importante. Il s’agit d’un retournement formidable de la conception centrale qui fonde la pensée dominante aujourd’hui, – la pensée économique, – et d’une trahison roborative et sans la moindre précaution formelle de ce qui a gouverné cette pensée jusqu’ici, et de quelle façon impérative, – dito, le modèle anglo-saxon.

    Ce soudain basculement traduit pour les dirigeants par la nécessité d’un Etat puissant par rapport aux forces financières, sans préjuger du résultat de ce basculement, est un événement d’une force suffisante pour déclencher de tels changements chez ces mêmes dirigeants. La chose est particulièrement valable pour les Anglo-Saxons, essentiellement pour les Britanniques, dont on connaît la souplesse morale et leur souplesse d’esprit vis-à-vis de la morale, jusqu’au plus complet mépris pour les réalités douteuses qu’exposent leurs contradictions lorsqu’il s’agit de défendre leurs intérêts nationaux. Dans le cas qui nous occupe, les conséquences diverses, y compris politiques, sont à la fois considérables et imprévisibles.


    Eurogroupe : bonne distribution de bouées de sauvetage…, SERIATIM
    Alors que nous entrons dans une période de multiplication des centres de pouvoir à travers le monde, certains acteurs se mettent en ordre de bataille.

    L’émergence des méta-nations du BRIC (Russie, Chine, Inde, Brésil), des fonds souverains arabes sans oublier le poids du Japon, souligne l’âpreté avec lequel le combat se mènera.

    Ce soir, s’il n’y a pas une réponse mondiale à la résolution de la crise, il y a, par contre, la reconnaissance de la fin d’une période hégémonique américaine mise en place à Bretton Woods en 1944 et le début d’une phase transitoire vers un nouvel ordre financier planétaire.


    L'Islande, boule de cristal pour le reste de la planète ?, Chronique Agora
    Bref, l'Islande coule. Et l'on pourrait y voir un avant-goût de ce qui nous guette à l'échelle globale : nationalisations massives des banques et établissements financiers, faillites des états les plus fragiles... et, pourquoi pas, appels désespérés aux (rares) pays qui sont encore assis sur un tas de cash disponible, pour renflouer, au moins temporairement, un système au bord de l'asphyxie.


    L'Atelier du Monde est prêt à racheter la Planète, Le Mague
    Alors que les chefs d’État et de gouvernement de la zone euro se sont mis d’accord à Paris pour se débrouiller chacun de leur côté, que les Américains ont réservé une confiance limitée au plan Paulson, les communistes chinois sont prêts à mettre les bouchées doubles en vue d’assurer à la Chine la suprématie économique sur le monde de demain.

    Peer Steinbrück, ministre allemand des Finances, a brisé un tabou il y a quinze jours, en prédisant que les États-Unis allaient perdre leur statut de superpuissance du système financier mondial, qui va devenir multipolaire. Dans un éditorial publié dans The Observer, le politologue John Gray estime que nous vivons un tournant géopolitique historique, dans lequel l’équilibre des pouvoirs sur la planète est irrévocablement modifié. L’ère de la domination américaine commencée avec la Seconde Guerre mondiale est terminée.


    Les prospérités du vice, La Sociale
    Les évènements qui secouent l'économie mondiale depuis plusieurs semaines maintenant - en vérité depuis l'été 2007 mais on espérait qu'un miracle allait empêcher la crise des subprimes de produire ses effets - font dégouliner la "moraline" à grands flots. On oppose le capitalisme moral, celui qui s'occupe de produire au capitalisme immoral du pur spéculateur qui est prêt à prendre des risques inconsidérés pour amasser encore quelques sous, quitte à discréditer le "bon capitalisme". C'est le discours commun de la droite et de la social-démocratie. Il y a le feu et la cohorte des défenseurs de l'ordre capitaliste se mobilise pour sauver le système, le pouvoir et les profits qui vont avec. Car, si on laisse un peu le brouhaha médiatique, il ne peut qu'apparaître clairement aux yeux de tous que c'est le capitalisme lui-même qui est fondamentalement "immoral" -- n'en déplaise à quelques philosophes médiatiques qui, ces dernières années, se sont évertués à soutenir le contraire, le contraire de l'évidence.


    Déclaration finales de la Conférence Internationale d’Economie Politique : Réponses du Sud sur la Crise Economique Mondiale, Changement de société
    Tenue à Caracas, le 8, 9, 10 et 11 octobre 2008 avec la présence d’universitaires et chercheurs d’Argentine, d’Australie, de Belgique, Canada, Chili, Chine Corée du Sud, Cuba, Equateur, Espagne, Etats-Unis, France, Angleterre, Mexique, Pérou, Uruguay et Venezuela, la Conférence Internationales d’Economie Politique : Réponses du Sud à la Crise économique et financière de l’économie mondiale, les nouvelles perspectives, les défis pour les gouvernements et les peuples du Sud devant la crise fiancière internationale.
    La Rencontre a estimé que la situation s’est aggravée durant les dernières semaines. Des crises répétées des marchés financiers des pays centraux, nous sommes passés à une crise internationale d’une énorme gravité. Ce qui place les pays du Sud dans une situation très nuisible à leurs intérêts.
    La crise menace l’économie réelle et, si on ne prend pas des intiatives énergiques et effectives immédiates, cela peut être un drame accablant pour les peuple du monde, en particuler pour les secteurs déjà les plus exposés et marginalisés.


    Capitalisme : le dépôt de bilan ?, La Bataille socialiste
    Les masques tombent. Il y a peu, le simple fait d’employer le mot capitalisme pouvait passer pour un outrage aux bonnes mœurs. Ce nouveau krach permet d’y voir plus clair : le capitalisme est nu.

    Depuis des décennies, la classe sociale capitaliste était plus forte dans la lutte des classes que la classe travailleuse. C’est pourquoi la part des salaires réels a diminué, par l’augmentation du taux d’exploitation des travailleurs, au profit de la classe capitaliste.

    Ainsi, c’est le fonctionnement « normal » du capitalisme qui crée des inégalités criantes. Et c’est la pauvreté qui a été le déclencheur de la crise, quand aux états-unis les plus pauvres n’ont plus eu la possibilité de rembourser leurs prêts.

    Il est évident que la politique injuste menée par Sarkozy depuis un an et demi n’a fait qu’aggraver la situation en France. Et le constat est similaire dans les autres pays. Étant donné que les frontières étatiques existent, dans chaque État la classe travailleuse se doit de faire partir les dirigeants, pour arriver ensemble à l’abolition des frontières, par une révolution démocratique mondiale. Un mot d’ordre immédiat peut donc être : Sarkozy, Merkel, Berlusconi, Brown, Jintao, Chavez, Lula, Poutine, Bush : qu’ils s’en aillent tous !

    Le capitalisme peut être aboli, mais il faudra pour cela l’action consciente et auto-organisée de la majorité. Dès maintenant, participons là où nous sommes à la résistance contre les régressions sociales que les gouvernements veulent poursuivre et aggraver. Contribuons au développement d’un vaste mouvement à la base pour en finir avec le patronat et les hiérarchies, mettre en place des pratiques démocratiques et autogestionnaires, et en finir avec le travail salarié. C’est ainsi, par la mobilisation des travailleurs, des chômeurs et des jeunes, mobilisation créatrice parce que libre et démocratique, que l’on pourra concrètement abolir le capitalisme et construire un monde socialiste-communiste.

    12 octobre 2008

    Le capitalisme touche à sa fin

    Entretien avec Immanuel WALLERSTEIN

    Signataire du manifeste du Forum social de Porto Alegre ("Douze propositions pour un autre monde possible"), en 2005, vous êtes considéré comme l'un des inspirateurs du mouvement altermondialiste. Vous avez fondé et dirigé le Centre Fernand-Braudel pour l'étude de l'économie des systèmes historiques et des civilisations de l'université de l'Etat de New York, à Binghamton. Comment replacez-vous la crise économique et financière actuelle dans le "temps long" de l'histoire du capitalisme ?

    Fernand Braudel (1902-1985) distinguait le temps de la "longue durée", qui voit se succéder dans l'histoire humaine des systèmes régissant les rapports de l'homme à son environnement matériel, et, à l'intérieur de ces phases, le temps des cycles longs conjoncturels, décrits par des économistes comme Nicolas Kondratieff (1982-1930) ou Joseph Schumpeter (1883-1950). Nous sommes aujourd'hui clairement dans une phase B d'un cycle de Kondratieff qui a commencé il y a trente à trente-cinq ans, après une phase A qui a été la plus longue (de 1945 à 1975) des cinq cents ans d'histoire du système capitaliste.

    Dans une phase A, le profit est généré par la production matérielle, industrielle ou autre ; dans une phase B, le capitalisme doit, pour continuer à générer du profit, se financiariser et se réfugier dans la spéculation. Depuis plus de trente ans, les entreprises, les Etats et les ménages s'endettent, massivement. Nous sommes aujourd'hui dans la dernière partie d'une phase B de Kondratieff, lorsque le déclin virtuel devient réel, et que les bulles explosent les unes après les autres : les faillites se multiplient, la concentration du capital augmente, le chômage progresse, et l'économie connaît une situation de déflation réelle.

    Mais, aujourd'hui, ce moment du cycle conjoncturel coïncide avec, et par conséquent aggrave, une période de transition entre deux systèmes de longue durée. Je pense en effet que nous sommes entrés depuis trente ans dans la phase terminale du système capitaliste. Ce qui différencie fondamentalement cette phase de la succession ininterrompue des cycles conjoncturels antérieurs, c'est que le capitalisme ne parvient plus à "faire système", au sens où l'entend le physicien et chimiste Ilya Prigogine (1917-2003) : quand un système, biologique, chimique ou social, dévie trop et trop souvent de sa situation de stabilité, il ne parvient plus à retrouver l'équilibre, et l'on assiste alors à une bifurcation.

    La situation devient chaotique, incontrôlable pour les forces qui la dominaient jusqu'alors, et l'on voit émerger une lutte, non plus entre les tenants et les adversaires du système, mais entre tous les acteurs pour déterminer ce qui va le remplacer. Je réserve l'usage du mot "crise" à ce type de période. Eh bien, nous sommes en crise. Le capitalisme touche à sa fin.

    Pourquoi ne s'agirait-il pas plutôt d'une nouvelle mutation du capitalisme, qui a déjà connu, après tout, le passage du capitalisme marchand au capitalisme industriel, puis du capitalisme industriel au capitalisme financier ?

    Le capitalisme est omnivore, il capte le profit là où il est le plus important à un moment donné ; il ne se contente pas de petits profits marginaux ; au contraire, il les maximise en constituant des monopoles - il a encore essayé de le faire dernièrement dans les biotechnologies et les technologies de l'information. Mais je pense que les possibilités d'accumulation réelle du système ont atteint leurs limites. Le capitalisme, depuis sa naissance dans la seconde moitié du XVIe siècle, se nourrit du différentiel de richesse entre un centre, où convergent les profits, et des périphéries (pas forcément géographiques) de plus en plus appauvries.

    A cet égard, le rattrapage économique de l'Asie de l'Est, de l'Inde, de l'Amérique latine, constitue un défi insurmontable pour "l'économie-monde" créée par l'Occident, qui ne parvient plus à contrôler les coûts de l'accumulation. Les trois courbes mondiales des prix de la main-d'oeuvre, des matières premières et des impôts sont partout en forte hausse depuis des décennies. La courte période néolibérale qui est en train de s'achever n'a inversé que provisoirement la tendance : à la fin des années 1990, ces coûts étaient certes moins élevés qu'en 1970, mais ils étaient bien plus importants qu'en 1945. En fait, la dernière période d'accumulation réelle - les "trente glorieuses" - n'a été possible que parce que les Etats keynésiens ont mis leurs forces au service du capital. Mais, là encore, la limite a été atteinte !

    Y a-t-il des précédents à la phase actuelle, telle que vous la décrivez ?

    Il y en a eu beaucoup dans l'histoire de l'humanité, contrairement à ce que renvoie la représentation, forgée au milieu du XIXe siècle, d'un progrès continu et inévitable, y compris dans sa version marxiste. Je préfère me cantonner à la thèse de la possibilité du progrès, et non à son inéluctabilité. Certes, le capitalisme est le système qui a su produire, de façon extraordinaire et remarquable, le plus de biens et de richesses. Mais il faut aussi regarder la somme des pertes - pour l'environnement, pour les sociétés - qu'il a engendrées. Le seul bien, c'est celui qui permet d'obtenir pour le plus grand nombre une vie rationnelle et intelligente.
    Cela dit, la crise la plus récente similaire à celle d'aujourd'hui est l'effondrement du système féodal en Europe, entre les milieux du XVe et du XVIe siècle, et son remplacement par le système capitaliste. Cette période, qui culmine avec les guerres de religion, voit s'effondrer l'emprise des autorités royales, seigneuriales et religieuses sur les plus riches communautés paysannes et sur les villes. C'est là que se construisent, par tâtonnements successifs et de façon inconsciente, des solutions inattendues dont le succès finira par "faire système" en s'étendant peu à peu, sous la forme du capitalisme.

    Combien de temps la transition actuelle devrait-elle durer, et sur quoi pourrait-elle déboucher ?

    La période de destruction de valeur qui clôt la phase B d'un cycle Kondratieff dure généralement de deux à cinq ans avant que les conditions d'entrée dans une phase A, lorsqu'un profit réel peut de nouveau être tiré de nouvelles productions matérielles décrites par Schumpeter, sont réunies. Mais le fait que cette phase corresponde actuellement à une crise de système nous a fait entrer dans une période de chaos politique durant laquelle les acteurs dominants, à la tête des entreprises et des Etats occidentaux, vont faire tout ce qu'il est techniquement possible pour retrouver l'équilibre, mais il est fort probable qu'ils n'y parviendront pas.
    Les plus intelligents, eux, ont déjà compris qu'il fallait mettre en place quelque chose d'entièrement nouveau. Mais de multiples acteurs agissent déjà, de façon désordonnée et inconsciente, pour faire émerger de nouvelles solutions, sans que l'on sache encore quel système sortira de ces tâtonnements.

    Nous sommes dans une période, assez rare, où la crise et l'impuissance des puissants laissent une place au libre arbitre de chacun : il existe aujourd'hui un laps de temps pendant lequel nous avons chacun la possibilité d'influencer l'avenir par notre action individuelle. Mais comme cet avenir sera la somme du nombre incalculable de ces actions, il est absolument impossible de prévoir quel modèle s'imposera finalement. Dans dix ans, on y verra peut-être plus clair ; dans trente ou quarante ans, un nouveau système aura émergé. Je crois qu'il est tout aussi possible de voir s'installer un système d'exploitation hélas encore plus violent que le capitalisme, que de voir au contraire se mettre en place un modèle plus égalitaire et redistributif.

    Les mutations antérieures du capitalisme ont souvent débouché sur un déplacement du centre de "l'économie-monde", par exemple depuis le Bassin méditerranéen vers la côte Atlantique de l'Europe, puis vers celle des Etats-Unis ? Le système à venir sera-t-il centré sur la Chine ?

    La crise que nous vivons correspond aussi à la fin d'un cycle politique, celui de l'hégémonie américaine, entamée également dans les années 1970. Les Etats-Unis resteront un acteur important, mais ils ne pourront plus jamais reconquérir leur position dominante face à la multiplication des centres de pouvoir, avec l'Europe occidentale, la Chine, le Brésil, l'Inde. Un nouveau pouvoir hégémonique, si l'on s'en réfère au temps long braudélien, peut mettre encore cinquante ans pour s'imposer. Mais j'ignore lequel.
    En attendant, les conséquences politiques de la crise actuelle seront énormes, dans la mesure où les maîtres du système vont tenter de trouver des boucs émissaires à l'effondrement de leur hégémonie. Je pense que la moitié du peuple américain n'acceptera pas ce qui est en train de se passer. Les conflits internes vont donc s'exacerber aux Etats-Unis, qui sont en passe de devenir le pays du monde le plus instable politiquement. Et n'oubliez pas que nous, les Américains, nous sommes tous armés...

    Propos recueillis par Antoine Reverchon

    Publié le 11/10/2008 par Le Monde.