Il s’agit de l’adaptation cinématographique d’une comédie musicale, inspirée du roman de Victor Hugo, qui sent le coup marketing pour commémorer les 150 ans de la première publication des Misérables. Qu’apporte cette 42ème adaptation ? Rien. absolument rien.
Cette adaptation laborieuse ne rend pas compte en effet du souffle épique du roman de Victor Hugo . Il manque par exemple les multiples rebondissements de la longue traque de Javert sur les traces de Jean Valjean ou la complexité du triangle amoureux entre Éponine, Marius et Cosette. L’absence de ressort dramatique plombe totalement ce théâtre filmé.
La mise en scène est lourdement statique. Tom Hooper accumule les gros plans des principaux personnages figés dans une raideur hiératique. Les personnages, réduits à des icônes simplistes et caricaturales, n’ont aucune consistance. Les parties chantées, prenant le pas sur l’action, chacun fait son petit solo vocal dans son coin. On assiste donc à une juxtaposition de scènes sans lien entre elles.
Les décors miteux semblent sortis d’un fonds de studio en cours de démolition. Aucun acteur n’est crédible dans son rôle. Anne Hathaway beugle pour montrer ses amygdales. Hugh Jackman hésite entre les sourires niais et les torrents de larmes. Russell Crowe rejoue Maximus de Gladiator. Helena Bonham Carter et Sacha Baron Cohen jouent une version clownesque des Thénardier. Amanda Seyfried et Eddie Redmayne interprètent une Cosette et un Marius comme de jeunes débutants.
La première scène illustre tous les défauts du film. Elle montre un bassin de radoub noyé dans la brume et filmé en grand angle pour occulter les défauts d’un décor réduit au minimum. Le bateau, incliné selon un angle impossible, n’a aucun relief. On dirait une toile grossièrement peinte. Les bagnards, censés tirer ce bateau échoué, effleurent le cordage du bout des doigts de peur de se salir les mains. Enfin, Javert apparaît en surplomb – une contre-plongée tordue – pour pousser sa chansonnette sans beaucoup de conviction.
Parmi les huit adaptations des Misérables que je connais, la meilleure (ou moins mauvaise) est celle réalisée par Josée Dayan pour la télévision en 2000 (Liste des adaptations).
1933, Raymond Bernard, Télécharger FR partie 1 – partie 2 – partie 3 Film rare
1935, Richard Boleslawski
1952, Lewis Milestone
1957, Jean-Paul Le Chanois, Télécharger FR
1981, Robert Hossein, Télécharger FR
1994, Claude Lelouch, Télécharger FR
2000, Josée Dayan, Télécharger FR. Elle a aussi réalisé la meilleure adaptation du Comte de Monte-Cristo d’Alexandre Dumas.
2012, Tom Hooper, Télécharger VOSTFR
1935, Richard Boleslawski
1952, Lewis Milestone
1957, Jean-Paul Le Chanois, Télécharger FR
1981, Robert Hossein, Télécharger FR
1994, Claude Lelouch, Télécharger FR
2000, Josée Dayan, Télécharger FR. Elle a aussi réalisé la meilleure adaptation du Comte de Monte-Cristo d’Alexandre Dumas.
2012, Tom Hooper, Télécharger VOSTFR
12/02/2013
Serge LEFORT
Citoyen du Monde
Tom HOOPER, Les misérables, 2012, Site du film – Wikipédia.
Critiques :
• Fait la promotion du film sans arguments convaincants, In the mood for cinema. :
L’auteur loue par exemple « la puissance
de la musique », ce qui est son droit, mais ajoute « tant pis si
certains esprits cyniques et sinistres la trouvent sirupeuse ». Navrant.
• Argumente son « je n’aime pas », Critikat :
À force de fétichiser « la mise en scène
», ce temple sacré de la cinéphilie, de se réfugier derrière cette
croyance indéfectible dans le découpage, cette obstination à considérer
qu’un film sans personnalité visuelle est un film sans personnalité tout
court, notre vision du cinéma a été considérablement altérée ainsi que,
par ricochet, le travail des cinéastes. Un homme qui glisse sur une
peau de banane, filmé en plongée ou en contre-plongée, reste un homme
qui glisse sur une peau de banane. Il aura l’air aussi con en courte
qu’en longue focale. La question qu’il faut se poser n’est pas « comment
filmer ? » mais « pourquoi ? ». Pourquoi filmer telle chose et pourquoi
la filmer de telle façon ? La distance indispensable qui s’opère entre
un réalisateur et son film se joue entre ce qu’il choisit de montrer et
de ne pas montrer. C’est là qu’on définira s’il est un auteur ou pas.
Hooper se demande comment filmer Anne Hathaway en Fantine, le crâne
rasé, le maquillage coulant, grimée des signes de la déchéance humaine,
hurlant en gros plan sa peine comme pour mieux réclamer son Oscar. Mais
l’obscénité de faire jouer à une star richissime le rôle d’une
pouilleuse avilie n’entre jamais en compte dans cette mise en image, il y
a même fort à parier que ça n’a pas effleuré l’esprit du réalisateur
une seule seconde. Cette seconde aurait pourtant suffi à faire toute la
différence entre son film et la façon dont on adapte habituellement ce
roman. D’où un film qui vient s’ajouter à la morose liste des
adaptations précédentes, sans valeur ajoutée, même pas les chansons
(pompières mais pas forcément désagréables). Les vrais misérables devant
un tel spectacle, c’est nous.
Lire aussi :
• Victor HUGO, Les misérables, Texte intégral – Wikipédia
- 1ère partie
- 2ème partie
- 3ème partie
- 4ème partie
- 5ème partie
• Comédie musicale Les misérables, Wikipédia.
• Revue de presse Cinéma 2013, Monde en Question.
• Veille informationnelle Cinéma, Monde en Question.
• Dossier documentaire Cinéma, Monde en Question.
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