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23 janvier 2015

Liberté d'expression vs Apologie du terrorisme


Source : Mundiario


La caricature de Charly Hebdo est jugée comme une « apologie du terrorisme », mais celle de Charlie Hebdo, suite à une tuerie en Egypte, comme le droit à la « liberté d’expression »… droit à géométrie variable.

Un adolescent de 16 ans est poursuivi pour avoir publié sur sa page Facebook un dessin faisant « l’apologie du terrorisme », le parquet des mineurs de Nantes a décidé de le poursuivre et a requis son placement en liberté surveillée préjudicielle à sa mise en examen.

Le jeune garçon est soupçonné d’avoir publié sur son compte Facebook un dessin « représentant un personnage avec le journal Charlie-Hebdo, touché par des balles, en l’accompagnant d’un commentaire ironique ».

Depuis une semaine, un raidissement s’est opéré en France avec l’apparition de plusieurs dizaines d’actions en justice reposant sur le délit d’apologie du terrorisme, qui prévoit une peine maximale de 5 ans de prison ferme et 75 000 euros d’amende (ou 7 ans de prison et 100 000 euros d’amende si Internet est impliqué, car ce dernier est devenu une circonstance aggravante).

L’Associated Press a par exemple recensé en milieu de semaine 54 procédures en cours sur ce motif, avec parfois d’autres griefs retenus contre les personnes interpellées. Dans certains cas, le jugement a d’ores et déjà été rendu : quinze mois de prison ferme pour cet Ardennais, trois mois de prison ferme pour ce Toulonnais ou encore un an de prison ferme pour ce Nanterrois.

23/01/2015
Serge LEFORT
Citoyen du Monde

De la servitude volontaire


Brueghel, L'homme au sac d'écus et ses flatteurs, 1546


Chose vraiment surprenante (et pourtant si commune, qu'il faut plutôt en gémir que s'en étonner) ! c'est de voir des millions de millions d'hommes, misérablement asservis, et soumis tête baissée, à un joug déplorable, non qu'ils y soient contraints par une force majeure, mais parce qu'ils sont fascinés et, pour ainsi dire, ensorcelés par le seul nom d'un qu'ils ne devraient redouter, puisqu'il est seul, ni chérir puisqu'il est, envers eux tous, inhumain et cruel.
p.12

C'est le peuple qui s'assujettit et se coupe la gorge : qui, pouvant choisir d'être sujet ou d'être libre, repousse la liberté et prend le joug, qui consent, qui consent à son mal ou plutôt le pourchasse.
p.16

Pauvres gens et misérables, peuples insensés, nations opiniâtres en votre mal et aveugles en votre bien, vous vous laissez enlever, sous vos propres yeux, le plus beau et le plus clair de votre revenu, piller vos champs, dévaster vos maisons et les dépouiller des vieux meubles de vos ancêtres ! vous vivez de telle sorte que rien n'est plus à vous. Il semble que vous regarderiez désormais comme un grand bonheur qu'on vous laissât seulement la moitié de vos biens, de vos familles, de vos vies. Et tout ce dégât, ces malheurs, cette ruine enfin, vus viennent, non pas des ennemis, mais bien certes de l'ennemi et de celui-là même que vous avez fait ce qu'il est, pour qui vous allez si courageusement à la guerre et pour la vanité duquel vos personnes y bravent à chaque instant la mort.
p.17

Les médecins disent qu'il est inutile de chercher à guérir les plaies incurables, et peut-être, ai-je tort de vouloir donner ces conseils au peuple, qui, depuis longtemps, semble avoir perdu tout sentiment du mal qui l'afflige, ce qui montre assez que sa maladie est mortelle. Cherchons cependant à découvrir, s'il est possible, comment s'est enracinée si profondément cette opiniâtre volonté de servir qui ferait croire qu'en effet l'amour même de la liberté n'est pas si naturel.
p.19

Car pour que les hommes, tant qu'il reste en eux vestige d'homme, se laissent assujettir, il faut de deux choses l'une : ou qu'ils soient contraints, ou qu'ils soient abusés […]. Abusés, ils perdent aussi leur liberté ; mais c'est alors moins souvent par la séduction d'autrui que par leur propre aveuglement.
p.22

[…] la première raison pour laquelle les hommes servent volontairement, c'est qu'ils naissent serfs et qu'ils sont élevés dans la servitude.
p.30

Parmi les hommes libres, c'est à l'envi, à qui mieux mieux, tous pour chacun et chacun pour tous : ils savent qu'ils recueilleront une égale part au malheur de la défaite ou au bonheur de la victoire ; mais les esclaves, entièrement dépourvus de courage et de vivacité, ont le cœur bas et mou et sont incapables de toute grande action. Les tyrans le savent bien : aussi font-ils tous leurs efforts pour les rendre toujours plus faibles et plus lâches.
p.31

Mais cette ruse des tyrans d'abêtir leurs sujets, n'a jamais été plus évidente que dans la conduite de Cyrus envers les Lydiens, après qu'il se fut emparé de Sardes […]. On lui apporta la nouvelle que les habitants de Sardes s'étaient révoltés. Il les eût bientôt réduits à l'obéissance. Mais en voulant pas saccager une aussi belle ville, ni être toujours obligé d'y tenir une armée pour la maîtriser, il s'avisa d'un expédient extraordinaire pour s'en assurer la possession : il établit des maisons de débauches et de prostitution, des tavernes et des jeux publics et rendit une ordonnance qui engageait les citoyens à se livrer à tous ces vices. Il se trouva si bien de cette espèce de garnison, que, par la suite, il ne fût plus dans le cas de tirer l'épée contre les Lydiens. Ces misérables gens s'amusèrent à inventer toutes sortes de jeux, si bien, que de leur nom même les latins formèrent le mot par lequel ils désignaient ce que nous appelons passe-temps […]. Les théâtres, les jeux, les farces, les spectacles, les gladiateurs, les bêtes curieuses, les médailles, les tableaux et autres drogues de cette espèces étaient pour les peuples anciens les appâts de la servitude, la compensation de leur liberté ravie, les instruments de la tyrannie. […] Ainsi, les peuples abrutis, trouvant beau tous ces passe-temps, amusés d'un vain plaisir qui les éblouissait, s'habituaient à servir aussi niaisement mais plus mal encore que les petits enfants n'apprennent à lire avec des images enluminées.
p.32 et 33

Mais ils ne font guère mieux ceux d'aujourd'hui, qui avant de commettre leurs crimes, même les plus révoltants les font toujours précéder de quelques jolis discours sur le bien général, l'ordre public et le soulagement des malheureux.
p.35

J'arrive maintenant à un point qui est, selon moi, le secret et le ressort de la domination, le soutien et le fondement de toute tyrannie. Celui qui penserait que les hallebardes des gardes et l'établissement du guet garantissent les tyrans, se tromperait fort. Ils s'en servent plutôt, je crois, par forme et pour épouvantail, qu'ils ne s'y fient. Les archers barrent bien l'entrée des palais aux moins habiles, à ceux qui n'ont aucun moyen de nuire ; mais non aux audacieux et bien armés qui peuvent tenter quelque entreprise. […] Ce ne sont pas les bandes de gens à cheval, les compagnies de gens à pied, en un mot ce ne sont pas les armes qui défendent un tyran, mais bien toujours (on aura quelque peine à le croire d'abord, quoique ce soit exactement vrai) quatre ou cinq hommes qui le soutiennent et qui lui assujettissent tout le pays. […] ils tiennent sous leur dépendance six mille qu'ils élèvent en dignité, auxquels ils font donner, ou le gouvernement des provinces, ou le maniement des deniers publics […]. Grande est la série de ceux qui viennent après ceux-là. Et qui voudra en suivre la trace verra que non pas six mille, mais cent mille, des millions tiennent au tyran par cette filière et forment entre eux une chaîne non interrompue qui remonte jusqu'à lui.
p.40

Étienne de LA BOÉTIE, Discours de la servitude volontaire, 1549 [Texte en ligne en français ancien du XVIe siècle et en français moderne et du XIXe siècle - Wikipédia].

Lire aussi :
Dossier documentaire Psychologie sociale, Monde en Question.

22 janvier 2015

La terrorisation démocratique



Après les arrestations dans l’affaire dite de Tarnac, le 11 novembre 2008, trente-deux personnalités s’interrogeaient dans Le Monde : « Les lois d’exception adoptées sous prétexte de terrorisme et de sécurité sont-elle compatibles à long terme avec la démocratie ? »

C’était poser bien tard une question mal formulée. En effet, à moins de considérer la « démocratie » comme une abstraction morale et non pour ce qu’elle est – un mode de régulation politique du capitalisme -, force est de constater qu’elle s’est nourrie d’un arsenal législatif « antiterroriste » sans cesse enrichi, surtout depuis 1986. En 2008, à l’heure où les signataires semblent le découvrir, cet arsenal a vingt-deux ans d’âge et il se confond avec le système démocratique qui l’a engendré, dans un consensus politique qui, avec le temps, approche la perfection de l’Union sacrée.

En 1982, après une série d’attentats, le secrétaire d’État à la Sécurité publique Joseph Franceschi proposait de faire du « terrorisme » la métaphore d’une vie sociale où chaque être humain devrait craindre son semblable comme un prédateur, mais d’où la violence de classe aurait miraculeusement disparu : « Les agressions contre les personnes âgées et les femmes seules, vols divers, cambriolages, en bref toutes les atteintes aux personnes et aux biens [font partie] du terrorisme au quotidien. »

Sachons lire entre les lignes : qualifier de « terrorisme » le vol à la tire, les graffitis ou le tapage nocturne, c’est associer dans l’esprit du public le poseur de bombes, l’étranger et le jeune. Ces trois « figures dangereuses » – au sens où l’historien Louis Chevalier parlait des « classes dangereuses » – resteront étroitement mêlées dans les décennies suivantes. Le durcissement de l’arsenal « antiterroriste » s’accompagnera d’une répression accrue de l’immigration et de la délinquance des mineurs. Il ne s’agit pas simplement de phénomènes concomitants, traduisant un raidissement autoritaire de la société, mais bien d’une stratégie sociale cohérente qui, comme nous le verrons par de nombreux exemples, s’annonce comme telle, et que nous nommons terrorisation.

C’est qu’en effet les gouvernants ne se contentent pas de « terroriser les terroristes », selon la formule attribuée au ministre de l’Intérieur Charles Pasqua, qui en usa en 1986. Il n’en est pas l’inventeur, puisqu’elle se trouve sous la plume du démocrate chrétien Georges Bidault, en 1937, après une série d’attentats à la bombe, fascistes ou d’extrême gauche. Vieille rodomontade, donc, qui inspira, dès la deuxième moitié des années 1930, des mesures contre l’immigration clandestine.

On le sait, la bourgeoisie moderne a noyé les valeurs traditionnelles de compassion et d’entraide dans les eaux glacées du calcul égoïste, mais l’objectif qu’elle s’assigne c’est faire de la vie entière un objet de gestion économique. Las ! la « politique du chiffre » est parfois trop claire. Le gouvernement ayant affiché, pour l’année 2011, un objectif d’interpellations d’aidants au séjour irrégulier d’étrangers « supérieur à 5 500″, le ministre Éric Besson dut, pour obscurcir une telle clarté, produire au plus vite des mensonges contradictoires entre eux. L’État ne s’en était jamais pris qu’aux passeurs ! Notons, avant d’y revenir à propos de la terrorisation des immigrés, que l’objectif de plus de 5 500 interpellations se combinant avec celui, pour la même année, de 30 000 reconduites à la frontière, suppose au moins un passeur pour six clandestins, rapport qui fera pâlir d’envie les personnels de l’Éducation nationale… N’étaient les dramatiques implications pour des êtres de chair et de sang de ces délires policiers et comptables, on serait tenté d’en rire. Mais, comme le dit un Premier ministre dans Hamlet : « Quoique ce soit folie, il y a pourtant en elle de la méthode ».

Nous tenterons, dans les pages qui suivent, d’apporter quelques éléments d’analyse de cette folie, de sa méthode et de ses conséquences.

Claude GUILLON, La terrorisation démocratique, Libertalia [IntroductionArticles].



Lire aussi :
Dossier documentaire Claude GUILLON, Monde en Question.
Dossier documentaire 11 septembre 2001, Monde en Question.

21 janvier 2015

"Il faut repérer et traiter ceux qui ne sont pas Charlie"



Lundi 12 janvier 2015. France 2, journal de 13h. Nathalie Saint-Cricq, responsable, depuis juin 2012, du service politique de la chaîne, est interrogée par Elise Lucet sur la marche républicaine qui a eu lieu la veille un peu partout en France et sur ses conséquences.

Elise Lucet : On parle beaucoup depuis quelques jours, Nathalie, d’unité nationale mais attention toute la France n’était pas dans la rue hier.

Nathalie Saint-Cricq : Ah non Elise faut pas faire preuve d’angélisme. C’est justement ceux qui ne sont pas « Charlie » qu’il faut repérer, ceux qui, dans certains établissements scolaires ont refusé la minute de silence, ceux qui « balancent » sur les réseaux sociaux et ceux qui ne voient pas en quoi ce combat est le leur. Eh bien ce sont eux que nous devons repérer, traiter, intégrer ou réintégrer dans la communauté nationale.

Source : Mediapart




La Charlie-gestapo va avoir du boulot !


À une question rappelant que « certains musulmans se sentent blessés ou agressés par la publication de caricatures du prophète Mahomet », 57% répondent qu’il faut « ne pas tenir compte de ces réactions et continuer de publier ce type de caricatures » contre 42% qui pensent qu’il « faut tenir compte de ces réactions et éviter de publier ce type de caricatures » (1% sans opinion).

En revanche, 57% ne sont pas favorables à « d’autres interventions militaires françaises en Syrie, au Yémen ou en Libye », et 63% ne sont pas non plus pour « une intensification des opérations militaires françaises en Irak ».

Source : Le Parisien

Lire aussi :
• A la recherche des " je ne suis pas Charlie"  ?, Bondy Blog.
J'entends la chef du service politique de France 2 dire, devant des millions de Français : "Ceux qui ne sont pas Charlie, il faut les repérer et les traiter." J'entends les plus grands journaux français envoyer des reporters partout en banlieue, pour aller voir ces jeunes qui ont dit ne pas être Charlie, qui ont dit, à leur manière, qu'ils ne se retrouvaient pas dans l'indignation collective. J'entends Eric Ciotti, un député UMP, appeler à "supprimer les allocations familiales" pour les parents des enfants qui n'ont pas respecté la minute de silence.
J'entends tout cela, et je repense, inlassablement, au discours de George W. Bush après les évènements du 11 septembre 2001. Le président américain y appelait à une "guerre contre le terrorisme", en assénant au peuple américain : "Soit vous êtes avec nous, soit vous êtes contre nous." Aujourd'hui, le message est limpide, sensiblement identique. Aujourd'hui, ce que l'on nous dit, c'est : "Soit vous êtes Charlie, soit vous êtes contre nous."
• Elise Lucet et les bagagistes de Roissy :
- La crédibilité des médias, Monde en Question
- Elise Lucet, le pomerol et le bagagiste, Le Monde
- Bagagistes de Roissy : un racisme d'État !, Monde en Question
Dossier documentaire Racisme, Monde en Question.

20 janvier 2015

Charlie - Israël



En hébreux, « Charlie » est l'anagramme de « Israël » : שארלי Charlie ישראל Israël. Donc, lorsque quelqu'un affiche « Je suis Charlie », il dit aussi - à l'insu de son plein gré - « Je suis Israël » !

Benyamin Netanyahou fut l'invité d'honneur de la manifestation "œcuménique" car il est le champion du terrorisme contre la population palestinienne qu'il massacre dans l'indifférence - complice - générale.

Lire aussi :
• Ce qu'ont perdu les Palestiniens avec les attaques de Paris, CCIPPP.
• Articles Benyamin Netanyahou, Monde en Question.
Dossier documentaire Palestine/Israël, Monde en Question.

19 janvier 2015

Charlie et les "nègres"


Charlie Hebdo n°335                                     Charlie Hebdo n°498


Le racisme ordinaire de Charlie Hebdo, ce torchon qui défend les valeurs de la "civilisation" occidentale, fondée sur le pillage colonial des Amériques, de l'Afrique et de l'Asie.

Lire aussi :
Dossier documentaire Afrique, Monde en Question.
Dossier documentaire Racisme, Monde en Question.