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1 novembre 2008

Les pauvres dans la tourmente

Controverse après un vote des députés sur l'âge de la retraite, Reuters - Yahoo! Actualités
Un vote nocturne à l'Assemblée nationale entérinant la possibilité que la retraite soit repoussée à 65 ans dans le transport aérien et 70 ans dans d'autres secteurs suscite samedi les protestations de la gauche et des syndicats.


Les salariés, face aux faibles retraites, pourront travailler jusqu'à 70 ans, AFP - Yahoo! Actualités
Les salariés, confrontés au risque de percevoir une faible retraite, pourront continuer à travailler jusqu'à 70 ans, si une mesure votée dans la nuit de vendredi à samedi par les députés, et critiquée par la CGT et l'opposition, est définitivement adoptée par le Parlement.


Les pauvres dans la tourmente aux Etats-Unis, OFCE
Qu’en est-il de la crise actuelle ? La récession économique annoncée va de pair avec une montée du chômage et cette fois-ci c’est bien l’ensemble du marché du travail qui est touché. Entre septembre 2007 et septembre 2008, le taux de chômage est passé de 4,7% à 6,1% et les durées de chômage s’allongent (environ 17 semaines contre 12,5 en 2000). Les personnes les moins qualifiées sont en première ligne car elles sont les plus sensibles aux cycles économiques. La montée du chômage est suivie de près par celle de la pauvreté. Selon Rebecca Blank (2008), une augmentation de 2 points du taux de chômage devrait conduire à un accroissement de 0,9 point du taux de pauvreté, soit environ 2,7 millions de pauvres en plus.

Géopolitique et géostratégie de la Chine

Les jeux olympiques de Beijing d'août 2008 auront eu pour objectif de faire rentrer la Chine dans le système international du XXIème siècle en tant que grande puissance partenaire. Cependant, la préparation de l'événement, avec de nombreuses crises régionales et internationales, aura permis de déceler plus facilement les failles géopolitiques actuelles du pays. De plus, la participation de la Chine à de nombreuses crises externes et internes de manière quasi-simultanée (Corée du Nord, Soudan, Zimbabwe, Tibet, Birmanie, Sichuan, Xinjiang), et les relations diplomatiques évolutives avec ses principaux partenaires (Taïwan, Japon, Russie, Etats-Unis, UE, UA et Unasur), auront transformé la position géostratégique de la Chine au cours du premier semestre 2008. Dire que cette année est charnière pour la Chine, marquant le début d'une nouvelle ère, avec l'affirmation de la présence d'un géant géopolitique, à l'échelle mondiale, et non plus seulement régionale, n'est donc pas une exagération. Cependant, les actions géopolitiques (au sens large) menées par la Chine actuelle ne peuvent être dissociées de sa longue et complexe histoire. Nombre de réflexes politiques actuels découlent du "géojuridisme intérieur" et de la géoéconomie.

Ce billet a pour objectif de décrire les différents niveaux d'analyse géopolitique nécessaires pour comprendre la Chine, qu'il soient nationaux (un pays, cinq systèmes, onze langues, et les crises identitaires), régionaux (avec six zones de tension, une stratégie de gestion des détroits de la région, une diaspora chinoise conséquente dans la sous-région, et un phénomène d'intégration en cours avec l'ASEAN Plus Trois, l'OCS, l'ASEM et l'APEC), et internationaux (les intérêts chinois sont mondiaux et se font sentir dans toutes les crises internationales de ce début de siècle). Contrairement à une idée répandue, la Chine n'use pas uniquement de son hard power, mais plutôt d'un soft power, dont elle se sert pour élargir son influence mondiale, et s'ouvrir progressivement aux pratiques internationales, en gardant l'option de revenir en arrière sans jamais devoir remettre en cause l'assise du pouvoir politique post-communiste... (en cas de crise, si les occidentaux, les démocrates des zones spéciales, les forces non étatiques des "zones autonomes", et/ou les nouvelles puissances financières du pays la poussent trop loin, ou à l'inverse, si les contre-pouvoirs du parti communiste résistent). Phénomène de plus en plus visible, la réintégration de la Chine dans le système international (dont son histoire nationale et régionale si particulière l'avaient tenu à l'écart au cours du dernier demi-siècle), remet au devant de la scène sa géopolitique singulière (avec ses composantes géoéconomiques et géojuridiques) et les phénomènes identitaires régionaux (ou nationaux, ethniques, religieux, selon la perspective). Une analyse détaillée de ces phénomènes permettra de prévoir les multiples évolutions de ce géant géopolitique. La réintégration de ces facteurs dans l'analyse géopolitique intérieure, avec une gestion globale de la question des "nationalités" et des "régions autonomes", sans buter exclusivement sur la question tibétaine, usant des différents acteurs régionaux, permet d'envisager une politique étrangère européenne cohérente envers la Chine, celle d'un partenariat stratégique (dans les domaines de la sécurité régionale, alimentaire, sanitaire, environnementale, énergétique, financière, de l'administration publique et des coopérations en tous genres) et non pas uniquement d'une concurrence stratégique (sécuritaire, commerciale, et monétaire); une politique étrangère européenne faite de hard power et soft power, réalisme et multilatéralisme, et usant pleinement les acteurs étatiques, régionaux, et non-étatiques prônant des réformes (démocratiques, sociales, environnementales et de gestion des minorités) sans déstabilisation de la puissance chinoise, avec toutes les conséquences imprévisibles que cette dernière impliquerait.

Géopolitique et géostratégie d'une puissance mondiale qui se dévoile: la Chine du début du XXIème siècle, Quindi.

Les fronts de la guerre

La crise financière mondiale est en train de provoquer un exode sans précédant des Mexicains qui travaillaient aux Etats-Unis et qui retournent chez eux. Depuis août dernier 150 000 Mexicains sont déjà revenus au pays ce qui inquiète terriblement le gouvernement qui ne sait que faire de cette main d'œuvre en pleine récession économique.
RFI

L'engagement des Etats-Unis en Afghanistan et en Irak génère de l'activité économique. Les dépenses liées au militaire ont progressé de 5,8%, apportant 1,15 point à la croissance.
Le Temps

Le général américain David Petraeus, crédité des progrès réalisés en Irak, s'est vu confier vendredi le commandement chargé de superviser de concert les guerres en Irak et en Afghanistan.
RTL

Présent à la cérémonie, le secrétaire à la Défense, Robert Gates, a salué en Petraeus "l'homme qu'il faut en ce moment à ce poste".
"Sous son commandement, nos soldats ont porté des coups terribles à nos ennemis en Irak. Maintenant, nous allons nous occuper de nos adversaires en Afghanistan", a-t-il ajouté.
Reuters - Yahoo! Actualités

Le 30 septembre 2008, The Army Times révélait que la 1ère brigade de combat de la 3ème division d’infanterie US avait été rapatriée d’Irak et affectée au maintien de l’ordre intérieur aux États-Unis. Devant le tollé général, le journal a publié un démenti de son propre article.
Voltaire

Le monde vote Obama ! déclarait il y a quelques semaines un grand quotidien international. Le même monde qui dans sa majorité est analphabète, illettré et perdu dans les fouillis du zapping politique. Ce monde-là, sans s’en rendre compte, se cherche des héros, des idoles pour croire en quelque chose et fuir la misère de son quotidien. Le brouhaha autour de cette élection est affligeant surtout qu’à côté les souffrances des marginaux sociaux sont toujours sévères, mais restent inaudibles. On parle trois secondes du tremblement de terre au Pakistan avec ses centaines de morts, on passe furtivement sur les atrocités au Congo, l’euphorie atteint des sommets vertigineux, ainsi que les donations massives en direction de deux candidats, qui seront élus pour renforcer l’impérialisme américain, sont de plus en plus importantes. Le changement a un prix, il faut donc se serrer la ceinture et vider son épargne pour envoyer son champion s’asseoir dans un siège appartenant à l’establishment. Le plus dramatique dans cette histoire c’est que tout ce carnaval traduit au fond l’état de ce monde définitivement atteint d’une sorte d’ivresse du désespoir.
AgoraVox

Les énormes réserves en dollars dans le Golfe et en Chine pourraient être utilisées pour renflouer le front est européen et dans d’autres pays émergents qui sont devenus dépendants de leur dette extérieure durant la dernière décennie.
Mais cet argent ne sera pas accordé sans contreparties. Les nouveaux contributeurs voudront disposer d’une voix au chapitre au sein de l’institution. Le FMI était un club composé des Américains, des Européens et des Japonais. Mais les réserves de dollar se trouvent aujourd’hui dans les États pétroliers et en Chine, et désormais ils s’attendent à obtenir plus de poids dans la gestion de l’économie mondiale.
ContreInfo

Le premier ministre chinois a déclaré que la Russie et la Chine pourraient lutter contre la crise financière mondiale en conjuguant leurs efforts. Vladimir Poutine a invité, pour sa part, à renoncer au dollar dans les transactions commerciales entre les deux pays.
Cette idée ne date pas d'hier. Un accord "cadre" à ce sujet était déjà intervenu entre la Russie et la Chine fin novembre 2007. [...] Au premier semestre de cette année, ce fut au tour du président iranien Mahmoud Ahmadinejad et de son homologue vénézuélien Hugo Chavez de partir en guerre contre le dollar, en invitant leurs partenaires au sein du cartel pétrolier à renoncer à la monnaie américaine dans le commerce du pétrole, affirmant que le billet vert était en bout de course et que l'heure était venue de songer à une monnaie plus stable et prévisible.
RIA Novosti

La forte hausse des taux décidée par la Hongrie pourrait enclencher un processus où, en tentant de rivaliser en ordre dispersé pour attirer les capitaux, l’ensemble des pays de l’Europe de l’Est aggraveraient la récession. Avec des ratios d’endettement à court terme qui dépassent pour certaines nations les 50% du PIB, le risque d’hécatombe est bien réel.
ContreInfo

Les Israéliens se trouvent enfermés dans un cercle vicieux: des dirigeants prêts à tels ou tels compromis, mais n'ayant aucune chance de faire adopter leurs promesses par la Knesset sont remplacés par d'autres, plus réservés au cours des négociations, mais qui, en fin de compte, cédant à la pression des circonstances ou des Etats-Unis (le plus souvent), en arrivent à la nécessité de rechercher des compromis. Le nouveau leader israélien parviendra-t-il à rompre ce cercle vicieux? Personne ne le sait vraiment.
RIA Novosti

Où est la gauche ? L’officielle, celle qui a accompagné le libéralisme, déréglementé la finance pendant la présidence du démocrate William Clinton, désindexé les salaires avec François Mitterrand avant de privatiser avec MM. Lionel Jospin et Dominique Strauss-Kahn, taillé à la hache dans les allocations versées aux chômeurs avec M. Gerhard Schröder, n’a à l’évidence d’autre ambition que de tourner au plus vite la page d’une « crise » dont elle est coresponsable.
Le Monde diplomatique

Crimes de guerre en Afghanistan

Afghanistan : la logistique française est aussi en première ligne, AFP - Yahoo! Actualités
"Ca n'a rien à voir avec la Bosnie, le Kosovo, le Liban ou le Tchad. Ici en Afghanistan, le danger est permanent" : l'adjudant-chef français Pascal X. vient de conduire son convoi jusqu'à la base avancée de Nijrab, une mission logistique parmi 700 menées depuis juin.

Commentaires : Le récit de ce militaire, qui découvre que la guerre est dangereuse, est involontairement drôle : «l'imagination des insurgés sans limite : jeudi, un âne piégé a tué un policier afghan à Kandahar, dans le sud».


La guerre en Afghanistan est une "impasse", estime un rapport parlementaire français, AFP - Yahoo! Actualités
La guerre en Afghanistan est dans "une situation d'impasse", a estimé jeudi le député UMP Pierre Lellouche, co-rapporteur de la mission d'information et d'évaluation de l'Assemblée nationale.

"Sur le plan purement militaire, ça s'apparente à une situation d'impasse", a noté le député parisien lors de la présentation d'un rapport d'étape sur la situation en Afghanistan. Une coalition internationale d'une quarantaine de pays affronte dans ce pays des insurgés afghans et fondamentalistes musulmans. "Nous les empêchons de se regrouper et donc de prendre Kaboul et d'amener dans leurs valises Al-Qaïda (...), mais nous ne sommes pas aujourd'hui capables de les réduire", a-t-il observé.

Pour Pierre Lellouche et François Lamy (PS), la "guerre anti-insurectionnelle difficile" menée dans le pays n'a pas de solution militaire mais politique, qui ne peut s'appuyer que sur la reconstruction du pays, la coopération du Pakistan voisin et la lutte contre la production d'héroïne qui alimente les combattants.

Commentaires : Le point de vue de Pierre Lellouche est d'autant plus intéressant qu'il fut un ardent partisan de la guerre contre l'Afghanistan en 2001 et contre l'Irak en 2003.
Les résistants à l'occupation militaire sont naturellement désignés comme «des insurgés afghans et fondamentalistes musulmans» puis curieusement comme des «combattants».


Sur qui tirent les soldats français en Afghanistan ?, Investig’action
300 soldats français se sont retrouvés encerclés par la résistance afghane le week-end dernier dans la province de Kapisa en Afghanistan. Ils ont dû battre en retraite et abandonner deux missiles anti-tanks Milan et le lanceur.

Ce qui n'est pas très clair dans ces articles relatant toute cette opération, c'est comment 14 Talibans ont pu encercler 300 soldats français, et pourquoi ces soldats d'unités de forces spéciales françaises ont dû battre en retraite après avoir tué tous leurs assaillants ?

Ce qui n'est pas non plus très clair c'est pourquoi ils étaient équipés de missiles anti-tanks Milan inefficaces contre des tanks "fantômes" puisque les Talibans n'en utilisent plus. Les Talibans avaient des tanks mais ils ont tous été détruits en 2001 lors de l'invasion US/OTAN de l'Afghanistan. Et depuis, personne n'a fait état d'attaques menées par la résistance afghane à l'aide de tanks.

Les soldats français sont équipés de missiles anti tanks Milan non pas pour tirer contre des tanks inexistants mais bien pour tirer contre des maisons, les missiles anti tanks Milan étant particulièrement efficaces pour détruire le genre de constructions qu'on trouve en Afghanistan, provoquer leur effondrement et tuer toutes les personnes qui se trouvent à l'intérieur.


Le plan média des Talibans, Mediapart
Quelle agence de communication conseille les Talibans ? Devant les progrès de la propagande des combattants afghans, la question est presque posée dans ces termes par les stratèges de l’OTAN et de ses gouvernements impliqués en Afghanistan qui voient les Talibans gagner la bataille de l’image.

Sur le même thème :
• Les talibans qui ont tué les soldats français vivent au Pakistan, Le Monde.
• Pakistan : rencontre avec les talibans d'Uzbin - «Nous avons achevé les blessés français», Nouvelobs.

Commentaires : La question du journaliste signe un point de vue typiquement colonialiste. Toute guerre s'accompagne de propagande, mais les médias dominants découvrent avec effroi que les résistants afghans, qu'ils nomment «insurgés afghans et fondamentalistes musulmans» ou «islamistes aux allures préhistoriques», sont des combattants et qu'ils utilisent les mêmes armes que les troupes d'occupation.


Récit de Florence Aubenas de l'embuscade d'Uzbin, Nouvelobs.
En Afghanistan, l'obsession de tout soldat français est de se démarquer des Américains. Ils répètent sans cesse qu'ils ne feront pas comme eux. Ils ne fouilleront pas les maisons, ce qui effraie, humilie et radicalise la population. Ils ne pratiqueront pas la politique de la terre brûlée en détruisant les villages. Ils ne feront pas de prisonniers qui «disparaissent dans des centres secrets, style Guantanamo, ma femme l'a vu sur internet», dit un sous-officier. Ils expliquent qu'ils vont conquérir «les coeurs et les esprits».

Commentaires : «conquérir les coeurs et les esprits» fut, mot pour mot, le slogan de l'armée française en Algérie pour justifier la guerre coloniale. La riposte de l'armée française à une attaque de la résistance est aussi la même aujourd'hui en Afghanistan que hier en Algérie : par un crime de guerre.

Quatre missiles Milan ont été tirés contre le village, deux autres hameaux ont été détruits dans un raid aérien le lendemain. L'agence Pajhwok estime qu'il y aurait plusieurs dizaines de civils morts. «Je ne suis pas certain qu'ils étaient directement impliqués dans l'attaque contre les Français, dit le colonel Rumi Nielson-Green, porte-parole de la coalition. Ca n'a aucune importance. Ils étaient certainement au moins complices.»


Pour aller plus loin :
• Afghanistan, Yahoo! Actualités.
• Mission d'information en Afghanistan, Assemblée nationale.
• Rapport sur la situation en Afghanistan, Rapport d’étape (PDF).
Évaluation de l'opération militaire en Afghanistan
La mission veut s’attacher à informer nos concitoyens sur le pourquoi, le comment, la durée de l’engagement des troupes françaises dans ce pays.
Trois axes de réflexion sont privilégiés : l’examen des moyens de notre armée ; l’appréciation de la stratégie et des objectifs poursuivis tant par l’OTAN que par les États-Unis ; la recherche des voies de sortie du conflit qui implique d’évaluer la reconstruction du pays (au plan politique, social, économique), les possibilités d’une réconciliation nationale, et enfin les enjeux stratégiques régionaux.

Chine-USA

La Chine est devenue le deuxième pays du monde en termes de part des publications scientifiques mondiales, Sciences Blogs.liberation
Avec près de 8% du total, la Chine n'est dépassée que par les Etats-Unis, dont la part se situe à près de 27%, bien loin des 34% d'il y a 20 ans. Dans son sprint de longue durée - entamé au début des années 1980 alors qu'elle ne pesait que 1% du total mondial - la Chine a d'abord rattrapé des petits pays. Puis laissé sur place des pays moyens. A rattrapé le peloton de tête - grands pays européens, Japon - pour enfin les dépasser. L'Allemagne (6,1%), le Japon, (7,6%), le Royaume-Uni (6,2%), la France (4,4%)... aucun n'a résisté, tous perdant du terrain. Pendant ce temps, d'autres ont aussi augmenté leur part des publications mondiales. L'Espagne (2,7%), la Corée du Sud (2,5%), l'Italie (3,6%)... mais aussi l'Inde (2,5%) et le Brésil (2%).
[...]
Quelle leçon de long terme, concernant les relations internationales, faut-il tirer de cette évolution majeure ? La première, celle qui sera d'abord mise en avant par la plupart des responsables politiques, sera de l'analyser en termes de concurrence, de jeu à somme nulle où si l'un gagne l'autre perd. Bref, on nous dira : il faut craindre les Chinois, et c'est pour cela qu'il faut réformer le système de recherche français, archaïque, trop libre, où le mérite n'est pas assez récompensé. Un raisonnement fondé sur l'idée que les relations internationales ne peuvent être que rapports de forces, intérêts divergents, opposition éternelle entre dominants et dominés.

Il existe une autre leçon possible, plus délicate à mettre en oeuvre. Celle qui nous dit que la seule solution viable à long terme, c'est la coopération et non la concurrence. Alors que la problématique de la finitude d'une part au moins des ressources naturelles s'impose, il s'agit de savoir si l'on va se battre pour en accaparer la meilleure part où si l'on va coopérer pour trouver des solutions qui permettent de les économiser au maximum dans une répartition la plus égalitaire possible.


La mort de l’Empire américain, Mondialisation
Tout a commencé au début du 20e siècle. En 1907, J.P. Morgan, un banquier privé de New York, a propagé une rumeur voulant qu’une grande banque concurrente, sans dire laquelle, était sur le point de sombrer. C’était une fausse accusation, mais les gens sont tout de même accourus à leur banque pour retirer leur argent, craignant que celle-ci ne soit l’objet de la rumeur. Comme ils retiraient leurs fonds, les banques ont perdu leurs dépôts en argent et ont dû rappeler leurs prêts. Les clients devaient alors payer leurs hypothèques afin que les banques aient des revenus, un processus qui les menait à la faillite. La panique de 1907 a provoqué un krach incitant à la création de la Réserve fédérale, un cartel bancaire privé avec le vernis d’une organisation gouvernementale indépendante. En réalité, c’était un coup des banquiers d’élite dans le but de contrôler l’industrie.

Le tiers-monde face à la crise financière

Les pays pauvres risquent d'être les plus touchés par la crise financière, AFP - Yahoo! Actualités
Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, en visite en Inde, a dit jeudi redouter que les pays les plus pauvres soient les plus frappés par les conséquences de la crise financière mondiale, notamment si l'aide au développement devait se réduire.

"Les pays les moins avancés, les plus pauvres du monde pauvre, leurs enfants et leurs personnes âgées, risquent de souffrir le plus", a dit M. Ban dans un discours devant le mémorial Rajiv Gandhi à New Delhi, du nom de l'ancien Premier ministre assassiné en 1991.

"Je suis très inquiet que l'aide au développement pâtisse (de la crise) et que des investisseurs se retirent des marchés émergents", a ajouté M. Ban, craignant que "des populations qui se sont battues si durement pour se sortir de la pauvreté retombent dans le dénuement".


Conséquences de la crise des marchés financiers, AFP - Libération
American Express supprime 7.000 emplois.
Zone euro : la confiance économique au plus bas depuis quinze ans.
Crise de l'automobile : une fonderie bretonne bloquée.
BASF va supprimer 1.000 emplois dans le monde.
Hugo Boss fait moins de bénéfices et baisse ses prévisions.
Pioneer : la perte nette annuelle sera 4 fois pire que prévu.


Effets de la crise sur le tiers-monde, Investig’action
Il va sans dire que les pays développés imposeront des mesures encore plus restrictives à l’encontre des immigrants, punissant les pays qui dépendent de l’argent envoyé par ceux-ci à leurs proches. En 2004, les transferts vers l’Amérique latine et les Caraïbes s’élevaient à 45 milliards de dollars (Mexique, Brésil et Colombie: 60%; Salvador, Guatemala et République dominicaine: 20%; autres: 20%). Ils représentaient 24% du PIB de Haïti, 11% de celui du Honduras, 14% de celui du Salvador et 10% de celui de la République dominicaine (CEPAL 2005,13). Les envois d’argent depuis l’Union européenne – deuxième source de revenus de l’Equateur – diminueront également. En conséquence, de nombreuses entreprises vont fermer leurs portes et congédier leurs employés.

31 octobre 2008

Les petits secrets du sauvetage des banques américaines

Les petits secrets du sauvetage des banques américaines, WSWS
Dans un article exceptionnellement honnête publié dans le New York Times de samedi, l’éditorialiste de la section économique, Joe Nocera, a révélé ce qu’il qualifie de « petits secrets de l’industrie bancaire », soit « qu’elle n’a pas l’intention d’utiliser l’argent [du sauvetage gouvernemental] pour faire de nouveaux prêts ».

Comme l’explique Nocera, le plan annoncé le 13 octobre par le secrétaire du Trésor Henry Paulson qui consiste à offrir 250 milliards $ d’argent des contribuables aux plus grandes banques, contre des actions non-votantes, n’a jamais vraiment eu pour objectif d’inciter ces dernières à recommencer à prêter aux entreprises et aux consommateurs, le but officiel du sauvetage. Son but premier était plutôt d’engendrer une rapide consolidation du système banquier américain en subventionnant une série d’acquisitions de plus petites firmes financières par les plus puissantes banques.

[...]

Toutes les raisons invoquées pour justifier le sauvetage des banques ont été exposées comme étant des mensonges. Les dirigeants démocrates au Congrès et Barack Obama se sont joints au président Bush, au président de la Réserve fédérale Ben Bernanke, et à Paulson pour insister que le sauvetage devait être accepté par le Congrès, et accepté immédiatement, malgré l’immense opposition populaire. Ceux qui se sont opposés au plan ont été dénoncés comme une menace pour le bien commun de la population américaine.

Dans un discours télévisé de par tout le pays le 24 septembre, avant que le Congrès ne vote sur le plan de sauvetage, Bush a dit que ce plan « aiderait les consommateurs et les hommes d’affaires américains à obtenir du crédit d’après leurs besoins quotidiens et afin de créer des emplois ». Si le plan était rejeté, a-t-il averti, « [d]’autres banques pourraient faire faillite, y compris certaines dans votre communauté. La bourse pourrait perdre encore plus de valeur, ce qui diminuera la valeur de vos épargnes en vue de la retraite… D’autres compagnies pourraient être forcées de fermer leurs portes et des millions d’Américains pourraient perdre leur emploi… au bout du compte, notre pays pourrait connaître une longue et douloureuse récession. »

Un mois plus tard, le sauvetage était voté et tous les sombres développements dont Bush avait menacé le peuple américain et dont ce dernier devait être protégé, la fermeture de banques et de compagnies, l’effondrement de la bourse, l’augmentation en flèche du chômage, tout cela est arrivé et s’accélère.


Commentaires : Dedefensa (De la difficulté de ne plus être) reprend cette information, la croise avec un texte de Paul Jorion
Les citoyens américains dans leur quasi-totalité considèrent le système économique qui est le leur comme idéal, n’envisageant sa réforme possible que sur des aspects mineurs. Suggérer à un Américain que certaines des institutions de son pays pourraient être améliorées si l’on s’inspirait de l’expérience d’autres nations, produit toujours chez lui la même consternation: s’il lui paraît admissible que certains détails soient révisables, l’idée que d’autres nations auraient pu faire mieux à ce sujet est pour lui inacceptable. Et c’est pourquoi on pourrait être tenté de qualifier le capitalisme tel qu’on le trouve aux États-Unis non pas de “sauvage”, mot qui suggère un certain archaïsme, mais de “fondamentaliste”.

et poursuit l'analyse
Quoi qu’il en soit, l’épisode décrit par Joe Nocera est caractéristique de la réalité de la situation. D’une part, il nous dit que, jusqu’à maintenant, le système n’a pas lâché un pouce de son terrain idéologique malgré la formidable pression de la catastrophe.
[...]
D’autre part, ce même récit de Nocera nous dit parfaitement que la même catastrophe continuera à être alimentée par les agissements que nous nommons “marginaux” ou parasitaires (combines, irresponsabilités, etc.) des acteurs bancaires et autres, qui, eux aussi, maintiennent ferme le cap idéologique et entendent en profiter sans aucun esprit de culpabilité.
[...]
Les conséquences vont se poursuivre à bon train, sur un double plan:

• A l’intérieur des USA, où la crise va se poursuivre, mettant de plus en plus à l’épreuve l’idéologie, les défenseurs de l’idéologie, contre les partisans d’une réforme de l’idéologie (sorte de “pré-gorbatchéviens” du système), – accentuant “la discorde chez l’ennemi”, selon le mot de De Gaulle.

• Entre les USA et leurs alliés, ou bien entre les USA et le reste. Cela vaudra évidemment pour Sarkozy, de plus en plus maintenu en état de surpression qui le pousse à développer une politique du plus grand intérêt pour nos esprits ébahis de plaisir ironique. Dans ce cas, l’axe de confrontation entre la France (l’Europe) et les USA est tracé droitement. Sarkozy se fera sans doute réélire sur un programme anti-américaniste de belle facture, et sans doute le soupçonnera-t-on alors d’être un ex-appointé du KGB.

…En attendant quoi, le débat a de fortes chances, au rythme des tambours de la crise, et en présence sans doute des mésententes persistantes, de se diriger vers des mises en cause fondamentales. Là aussi, c’est un de nos classiques : la montée aux extrêmes. Si le réflexe idéologique est aussi fort que nous le croyons aux USA, alors que les USA sont nécessairement des acteurs du monde “globalisé” (sic), le débat sur le fondement de la doctrine ne pourra être écarté dans un geste d’apaisement. Les positions vont se polariser, monter aux extrêmes. C’est la meilleure chose qui puisse arriver.

Crise financière ou guerre secrète ?

Le 14 octobre 2008, le gestionnaire de fonds et analyste financier Mostafa Belkhayate a accordé une interview au site Capital.fr.
Curieusement l’une des questions et l’analyse de Mostafa Belkhayate sur des possibles causes profondes de cette crise, a complètement disparu sur le site de Capital ! Cependant, Capital a laissé un lien vers le site de Belkhayate où l’on peut lire ce qui suit :

Capital.fr : Qu’est ce qui vous fait penser que la chute n’est pas terminée ?

Mostafa Belkhayate : Lorsqu’il y a un crime, cherchons le coupable du côté de celui qui en profite. Washington a résolu en moins d’une semaine le grave problème des créances américaines : en faisant croire que Freddie Mac et Fannie Mae, deux organismes américains de financement, risquaient la faillite, les financiers yankee ont coupé l’herbe sous les pieds des Chinois, qui possèdent près de 400 milliards de dollars d’obligations émises par ces institutions. Ces dernières, aujourd’hui loin de leur valeur initiale, ne peuvent plus être revendues. Tous ceux qui pourraient en acheter en ont déjà ; les Japonais, les Européens, les Russes, les Arabes,… Voilà comment on peut dissoudre des milliers de milliards de dollars de dette. Pour moi, c’est la seule explication du sacrifice de Lehman Brothers. C’est ingénieux, d’autant plus que Washington a manipulé le prix du pétrole à la hausse à partir d’avril 2008 pour "offrir" sur un plateau venimeux un maximum d’obligations aux Arabes, qui leur ont toujours fait une confiance aveugle. Une fois le plein fait, on lâche le pétrole et les obligations. Le mécanisme a parfaitement marché puisque aujourd’hui les créanciers amis de l’Amérique n’ont que du papier sans valeur entre les mains. Voilà la vraie guerre ! Sauf qu’il me semble qu’on ait sous-estimé la réaction de "ces amis". Leur réaction sera violente, foudroyante…car ils ne vont pas se laisser faire. La crise boursière ne fait que commencer. On va assister à une attaque en règle sur le billet vert…

Source : Tlaxcala.

La (périlleuse) métamorphose du monde

En février de cette année [2008], la revue nord américaine Forbes a publié un long article qui qualifiait la Chine de «pays le plus important de la planète», non seulement à cause de son énorme population, mais du développement accéléré de son économie, en citant comme exemple de sa puissance, le fait qu’une entreprise d’État, Petrochina, s’était convertie en la plus grande entreprise du monde, et que selon toute probabilité la Chine dépasserait, à la fin de 2008, l'Allemagne en devenant le plus grand pays exportateur du monde. Il aurait pu ajouter que les réserves de devises chinoises sont les plus grandes du monde (1.550.000 millions de dollars) et que de ses universités sortent chaque année plus de quatre millions de diplômés. De même la Chine compte la plus grande banque du monde (ICBC), la plus grande entreprise de téléphonie mondiale (China Mobile), le plus grand nombre d’internautes et de téléphones de la planète, elle est le principal fabriquant mondial de téléviseurs plats et d’ordinateurs, et elle a le plus élevé taux de croissance annuel du PIB. Si en 2007, l’économie nord-américaine dépasse 21,36% du PIB mondial et l’économie de la Chine 10,83% (toujours en parité de pouvoir d’achat), on calcule que dans cinq ans les États-unis produiront 19,22% du PIB mondial et la Chine 14,69%. Tandis que les États-unis déclinent, la Chine continue de croître.

Forbes a conclu sons article en affirmant que le XXIe siècle va être celui de la Chine. Cette conviction, qui fait son chemin dans la pensée politique nord-américaine, est très présente dans les objectifs stratégiques de Washington et s'accompagne de plaintes constantes de la part des États-Unis contre la puissance asiatique. Ainsi, le déficit commercial avec la Chine est utilisé pour justifier les problèmes croissants de l’économie nord-américaine et l’augmentation du chômage aux États-unis (bien que la Chine s’acquitte scrupuleusement de ses obligations envers l’OMC) ; l’augmentation du prix du pétrole est justifié par la croissance des importations chinoises, malgré l’évidence de l’auto-approvisionnement chinois. De plus, la Chine a cessé d’être exclusivement un pays exportateur de produits bon marché pour se convertir aussi en exportateur de biens de haute technologie.

Cette nouvelle réalité économique commence à avoir des répercussions politiques et elle induit des changements dans les relations internationales et dans la force militaire relative des grandes puissances planétaires. Ainsi le mois de juin dernier, le Stockholm International Peace Research Institute, SIPRI, a publié son rapport 2007 où il déclaré que le budget militaire chinois est le troisième en importance du monde. Le IISS (The International Institute For Strategic Studies, de Londres), avance des opinions similaires. De ce fait, en 2007, toujours selon le rapport du SIPRI, pendant que les États-unis consacrent 547.000 millions de dollars à leur budget militaire, suivi de la Grande Bretagne avec 59.700 millions, la Chine apparaît déjà derrière ces deux pays, en destinant à sa défense 58.300 millions. La conclusion la plus importante de ce rapport était l’émergence de la Chine était justement la nouvelle d’une Chine en troisième position des dépenses militaires mondiales. Il ne faut pas oublier que ces deux instituts forment la partie du conglomérat idéologique occidental que dirige Washington, et que sous couvert d’un langage académique, ils appuient la vision nord américaine du renforcement militaire chinois.

En 2000, les États-unis ont commencé à publier un rapport annuel sur la force militaire de la Chine (Annual Report to Congress, du secrétariat de la Défense, sur le Military Power of the People’s Republic of China), qui dans ses dernières éditions, s’emploie à souligner fortement l’augmentation du potentiel militaire et stratégique chinois, la modernisation et le développement de sa technologie spatiale. Robert Gates, secrétaire de la Défense nord-américaine, a souligné dans la présentation du rapport 2007 les risques de renforcement de Pékin, en donnant corps à la “menace supposée militaire chinoise”, idée qui court toutes ces dernières années dans les rapports du Département de la Défense, dans les think tank conservateurs et dans beaucoup de publications académiques.

En effet, la Chine a augmenté son budget de la Défense et sa force militaire s’est renforcée, mais la “menace supposée militaire chinoise” est un mensonge total. Il est certain que les changements dans l’équilibre militaire en Asie, avec la consolidation de l’Organisation de Coopération de Shanghai et les sommets des pays d’Asie centrale et du sud-est asiatique avec la Chine, les accords de coopération avec Moscou et les efforts de la diplomatie chinoise jusqu’en Afrique, qui se sont concrétisés par un sommet sino-africain à Pékin, constituent des motifs d’alarme pour Washington, mais Pékin n’est absolument pas intéressé par l’idée de commencer un affrontement stratégique avec les États-unis et préfère suivre une politique internationale prudente qui vise à son renforcement économiques, ce qui nécessite des relations pacifiques et pas de tensions internationales et de guerres, bien que la Chine n’en néglige pas pour autant les impératifs défensifs du pays : rien à voir par conséquent, avec l’urgence d’une “menace militaire chinoise”, dont les inventeurs ont objectifs politiques évidents en vue de la contention du géant asiatique.

Washington ne craint pas de critiquer la politique extérieure chinoise avec des mensonges grossiers en expliquant que, pour réussir à être approvisionné en ressources énergétiques, Pékin a des relations «avec les pays qui violent les droits de l’homme», qui «soutiennent le terrorisme international» et qui «impulsent la prolifération nucléaire». Avec une bonne dose d’hypocrisie, en passant sous silence la complicité évidente nord-américaine avec des dictatures féroces, comme l’Arabie saoudite, plus encore l’occupation militaire d’un pays riche en pétrole comme l’Irak, son appui aux organisations terroristes qui favorisent ses intérêts (comme les groupes des muyahidin iraniens), et sa complicité ou son acceptation tacite avec l’augmentation des arsenaux atomiques d’Israël ou du Pakistan, Washington se permet des références critiques aux accords énergétiques des Chinois avec l’Iran et de sa recherche de conventions avec les nations africaines. Malgré sa prudence, Pékin en est arrivé arrivé à dénoncer publiquement la “grossière ingérence [américaine] dans les affaires internes chinoises”. Hong Yuan, le responsable de l’agence qui contrôle la prolifération des armements dans l’Institut d’Études Nord-américaines de l’Académie chinoise de Sciences, a souligné que les États-Unis s’en prenaient avec véhémence aux “nouvelles armes chinoises”, sans tenir en compte de la différence du potentiel militaire entre les deux pays, et le fait que la supposée «menace de la Chine» que décrit le rapport du Département de la Défense a omis de souligner que la Chine poursuivait la politique de ne pas être la première à utiliser les armes nucléaires.
À son tour, le gouvernement chinois a rappelé que, entre 2001 et 2007, les États-Unis avaient augmenté presque de soixante pour cent leurs dépenses militaires, et que celles-ci étaient passé de trente-six pour cent du total des frais militaires de la planète à presque moitié du total mondial. Pékin mettait le doigt sur la plaie après avoir remarqué que les États-Unis dépensent dans leur armement et leurs armées autant que presque le reste des deux cents pays du monde réunis. Il faut remarquer que la dépense militaire chinoise représente, à peu près, neuf pour cent du budget militaire américain, et que 1,4 pour cent du PIB chinois est consacré à la défense, en face d’une moyenne de 3 pour cent des pays principaux capitalistes [Dépenses militaires, Wikipédia - SIPRI].

En novembre 2007, le secrétaire nord-américain de Défense, Robert Gates, a voyagé à Pékin pour aborder avec le gouvernement chinois la situation en Asie, les conflits internationaux et la relation bilatérale centrée sur les questions militaires. Sa mission n’a pas contribué faire baisser le ton des accusations nord-américaines. Au contraire, en mars 2008, Gates déclarait que le budget militaire chinois était plus élevé que ce que Pékin reconnaissait, sans autres précisions. Le journal The Washington Post, en arrivant à la rescousse de son gouvernement, répandait en même temps l’idée de ce que l’investissement chinois dans sa défense était “deux ou trois fois plus grand que ce qui était déclaré”, bien qu’il s’abstînt d’offrir des preuves et de tirer des conclusions pertinentes, puisque même si la dépense militaire chinoise eut été le triple de celle déclarée par Pékin, et elle représenterait encore à peine trente pour cent du budget militaire nord-américain. C’est ainsi, qu’en utilisant comme preuve leurs propres chiffres et arguments, et en leur octroyant le rôle de juge et parti, les États-Unis proclamaient, de nouveau, le danger de la “menace chinoise”. La présentation d’un nouveau Rapport du Pentagone, en mars 2008, avec des idées similaires aux antérieures, suggérait à de plus que Pékin réalisait une politique d’intrusion dans les réseaux informatiques du gouvernement nord-américain et des occidentaux, et on a laissé filtrer dans la presse internationale des nouvelles qui spéculaient même sur l’idée que Pékin pourrait avoir engagé des pirates informatiques pour saboter les systèmes des pays occidentaux, accusation qui a amené le gouvernement chinois à présenter une protestation formelle à Washington, en insistant sur le fait que la Chine, comme cela peut être vérifié dans les relations internationales, ne représente une menace pour aucun pays. Le Ministre chinois des Affaires extérieures a fait publier un communiqué où il exhortait les États-unis à respecter l’idée de «Une seule Chine», de cesser la vente d’armes à Taiwan et d’abandonner sa politique erronée face au séparatisme taïwanais. Il n’y avait pas encore eu la dernière opération conçue à Washington pour nuire au prestige et aux relations de la Chine avec le reste du monde : la campagne internationale sur le Tibet, en mettant à profit la répercussion des Jeux Olympiques de Pékin.

Dans le même mois de mars dernier, à l’occasion de la réunion du parlement chinois, l’Assemblée populaire Nationale, le président Hu Jintao (qui dirige également la Commission centrale Militaire et qui portai, significativement pour l’occasion, un habit militaire Mao) s’est réuni avec la délégation de l’armée pour insister sur la nécessaire modernisation militaire de son pays pour «garantir le progrès du socialisme chinois» et pour «contribuer au maintien de la paix mondiale». Conscient des accusations nord-américaines, les références que Hu Jintao a faites à l’utilisation progressive d’une technologie plus moderne pour répondre aux menaces possibles contre son pays, étaient la conséquence de l’analyse chinoise des dernières guerres menées par les États-Unis, depuis la première guerre du golfe contre l’Irak, jusqu’à l’invasion de l’Afghanistan et de l’Irak, en passant pour l’agression contre la Yougoslavie, où l’ambassade chinoise elle-même a été détruite par les missiles nord-américain, conséquence d’une «erreur» supposée.

En avril, à partir de sources des services secrets nord-américains a filtré dans les médias une alarmante nouvelle, où, à partir d’une image obtenue par le satellite par la compagnie nord-américaine DigitalGlobe et reproduite sur des publications spécialisées en questions militaires, on spéculait sur l’agrandissement d’une base supposée de porte-avions et sur la construction de hangars et de quais pour des sous-marins nucléaires chinois dans l’île de Hainan, au sud de la Chine. La photographie, où à peine le profil de quelques quais était aperçu, était censée apporter la preuve du renforcement militaire chinois et l’émergence d’une nouvelle menace dans la mer de Chine méridionale. Ce n’était pas un hasard, si le mois précédent, les États-Unis et le Japon avaient organisé à Washington une réunion pour examiner le renforcement de leur déploiement militaire dans la zone … pour boucler les issues de la Chine dans l’Océan Indien depuis de la Mer de Chine Méridionale. Il faut rappeler que cette mer, qui baigne presque moitié des côtes chinoises, est fermée en grande partie par l’arc que forment Taiwan, les Philippines (les deux territoires facilitent le déploiement militaire nord-américain y compris avec des bases), la grande île de Bornéo et la péninsule de Malacca, où les États-unis sont en train de renforcer leur base dans Singapour. Par le Nord, la base nord-américaine de l’île japonaise de Okinawa et l’archipel japonais lui-même érigent une barrière pour le développement de la marine chinoise et le passage de ses sous-marins. Un des accords de la rencontre entre les États-unis et le Japon a porté sur l’établissement permanent dans l’archipel nippon du porte-avion nord-américain Washington et le renforcement des patrouilles de la VIIe flotte des États-Unis agissant dans la zone. Il est évident que Pékin observe avec préoccupation ces mouvements.

En mai, le directeur de la CIA, Michael Hayden, faisait remarquer à Washington que la Chine (un “pays communiste et une puissance nucléaire” selon ses mots) était un rival sérieux économique et politique des États-Unis et alertait sur le développement de sa puissance militaire, bien qu’il considérât que cela n’impliquait pas nécessairement un affrontement à court terme. Peu de jours après que Hayden ait prononcé ces paroles, le responsable du Commandement Stratégique nord-américain, le général Jeffrey Horne, dans la réunion de un des groupes d’étude du Congrès, accusait la Chine de développer «des technologies spatiales dans des buts agressifs». Horne a alerté sur la capacité chinoise d’abattre des satellites et de développer des systèmes militaires d’alerte pour “rendre aveugle” et “ensorceler” l’ennemi et il a suggéré la nécessité que les États-Unis “protègent ses unités spatiales”. Il était évident que les mots de Horne (avec en toile de fond de la preuve fournie par la Chine, en janvier 2007, qui avait alors abattu un satellite avec un missile balistique) n’étaient pas seulement la réflexion d’un général, outrepassant un peu son rôle militaire, mais un avis du gouvernement nord-américain à la Chine et une espèce de pression sur les alliés nord-américains en Asie orientale et en Europe, devant la nouvelle force chinoise. La délibérée et systématique pression nord-américaine s’est accompagnée, à la fin de mai, de la présentation publique du rapport du département d’État sur la démocratie et les droits humains, dans lequel Washington critiquait avec dureté la politique gouvernementale chinoise, décision qui a entraîné la réplique du Ministère des Affaires Etrangères Chinoise en recommandant aux États-unis qu’ils se préoccupent de la violation des droits humains sur leur propre territoire et qu’ils cessent de les utiliser comme prétexte à propagande pour intervenir dans les affaires internes d’autres pays.

Au milieu du dernier mois de juin, le vice-président lui-même, Richard Cheney, proclamait dans une séance de la Chambre nord-américaine de Commerce que la Chine extrayait du pétrole à soixante milles de la Floride, grâce à un accord avec Cuba. Avec son orgueil habituel, Cheney s’est permis de mépriser au Parti communiste Chinois et ses mots furent interprétés comme un sérieux avis sur la croissante agressivité chinoise, qui opérait déjà à proximité des côtes nord-américaines. Malheureusement pour Cheney, et devant l’évidence du caractère erroné de ses informations, étant donné qu’aucune compagnie chinoise n’est en train de perforé des puits pétrolifères dans cette zone des Caraïbes, le vice président s’est vu obligé de rectifier quelques jours après. Mais ses paroles furent révélatrices de l’attitude du gouvernement nord-américain face à la Chine. L’ancien secrétaire nord-américain à la Défense, Donald Rumsfeld, était partisan d’une politique agressive contre la Chine, qui a été suivi, pour l’essentiel, par son remplaçant, mais Pékin ne veut pas répéter les erreurs de l’URSS et n’a pas l’intention de se laisser entraîner dans une nouvelle course aux armements mais veut concentrer ses ressources dans son développement économique.

A l’ “hypothétique menace militaire chinoise” mise en circulation par Washington Pékin a répondu en parlant de la défense de la paix et de la collaboration internationale, et de son appui aux principes de sécurité et de confiance mutuelle. De fait, depuis les années de Deng Xiaoping, la Chine a impulsé une politique extérieure de coexistence pacifique, basée sur cinq principes : premièrement, le respect mutuel de la souveraineté et l’intégrité territoriale ; secundo, l’adoption d’une politique de non agression ; tertio, la non ingérence dans les affaires internes des autres pays ; quarto, l’égalité dans les relations ; et cinquo, le mutuel avantage. Le président Hu Jintao applique ces principes, qui, avec le renforcement du pouvoir économique global de Pékin, a porté la conception stratégique chinoise à formuler la thèse de «l’émergence pacifique» de la Chine. Si historiquement la naissance de nouvelles puissances planétaires est toujours allée avec la conquête, la guerre et du colonialisme, Hu Jintao nourrit la thèse de ce que la Chine a besoin d’un climat pacifique de concorde internationale pour assurer son développement économique, parce que, dans les relations avec les États-Unis, elle opte pour une politique qui a promu la confiance entre les deux pays, sur des bases égalitaires, dans une tentative de compréhension des intérêts stratégiques d’une autre partie. Au XVIIe Congrès du Parti communiste Chinois, Hu Jintao a répondu aux accusations sur la supposée «menace chinoise», en optant pour une politique de développement pacifique, en défendant le multilatéralisme, et en repoussant la tentation de chercher les seuls intérêts chinois.

Face aux accusations nord-américaines, il est certain que la Chine prend en compte les intérêts stratégiques étasuniens, dans la conviction qu’il s’agit là de l’unique chemin susceptible de consolider les relations pacifiques internationales (bien qu’elle n’ait cessé de répondre avec fermeté aux tentatives extérieures pour stimuler des processus d’indépendance au Taiwan, au Tibet et Xingjiang : ce sont les lignes rouges que Pékin ne permettra pas qui que ce soit de franchir). Elle continue de faire délibérément profil bas dans la politique internationale (malgré une plus grande présence diplomatique chinoise dans tous les forums) pour assurer la paix. C’est une évidence que face aux guerres nord-américaines de conquête et son expansion militaire constante dans le monde (de nouvelles bases pour son armée en Europe, en Asie et à l’Afrique, un agrandissement de l’OTAN, une augmentation du budget de Défense, etc.), mêmes les stratèges les plus durs de la «supposée menace militaire chinoise» ne peuvent alléguer un seul cas d’acte agressif (et encore moins militaire) de Pékin envers d’autres pays, puisqu’ils se voient obligé de recourir à la “question du Taiwan” qui, évidemment a une claire dimension interne chinoise a pour spéculer sur les propos de Pékin.

À la fin juin, lors de la réunion récente de Condoleezza Rice et de son homologue chinois, le ministre des Affaires Etrangères Yang Jiechi, Rice a déclaré publiquement l’opposition nord-américaine à l’“indépendance du Taiwan”, mais les États-Unis ne renoncent pas à utiliser cette carte à leur convenance dans leurs relations avec Pékin. Tandis que, une fois de plus, Yang Jiechi démontrait l’effort chinois pour améliorer sa communication avec les États-Unis, en contribuant ainsi au développement de relations pacifiques internationales, Rice ne s’est pas privée de rappeler les différences qui subsistent entre Washington et Pékin. Cependant, la réalité têtue complique, bien qu’elle ne l’empêche pas, l’effort de propagande nord-américain. La CIA elle-même, qui élabore une partie des programmes de harcèlement vers la Chine (au Tibet, Xingjiang, en Afrique et dans d’autres lieux) s’est vu obligée d’admettre le budget de défense de Pékin pour 2008 (d’environ 65.000 millions de dollars, selon l’agence), est à peine la dixième partie du budget militaire nord-américain. Il n’y a pas il doute malgré tout que la grande lutte pour la supériorité entre les États-Unis et la Chine explique les différentes opérations de propagande (conçues par les services secrets nord-américains). Les accusations, portées contre la Chine pour sa responsabilité supposée dans la crise du Darfour au Soudan, occultent le fait Pékin a conseillé au gouvernement soudanais la pleine collaboration avec l’Union Africaine et avec l’ONU pour la résolution de la crise et qu’elle a nommé même un représentant spécial pour le Darfour avec une fonction semblable à la médiation que Tony Blair réalise sur la question palestinienne. Sans oublier que la présence croissante chinoise en Afrique trébuche sur des incidents confus et des provocations : en janvier 2007, neuf travailleurs chinois d’une entreprise pétrolière sont morts au Nigeria, et en avril de la même année, un groupe obscur querillero de Somali a attaqué les installations de la société pétrolière chinoise Zhongyuan Petroleum Exploration à Abole, Ogaden éthiopien, en causant soixante et quatre morts [Abole oil field raid]. Ce sont quelques exemples, mais il est évident que ces incidents et d’autres semblables d’origine confuse, cherchent à rendre difficile la présence chinoise en Afrique et la consolidation de sa présence internationale.

Washington a eu une réaction alarmiste contre l’essai d'un satellite météorologique réalisé par la Chine au début de 2007, sans se préoccuper du fait que les États-unis ont depuis plus de vingt ans fait la preuve, avec des armes similaires, qu’ils avançaient de fait dans la militarisation de l’espace, et en se refusant à considérer la proposition chinoise et russe de négocier un traité pour limiter la recherche en matière d’armement spatial et pour empêcher le déploiement de ces systèmes dans le cosmos. A la critique de l’essai chinois, lié au refus de négocier l’interdiction, Washington était en train d’exiger, de fait, de la Chine et de la Russie leur assentiment au monopole spatial nord-américain, ce qui évidemment était inacceptable pour Pékin et Moscou. Cette politique du fait accompli, poursuivi par Washington, cherche l’avantage stratégique sans se préoccuper des intérêts du reste des puissances mondiales. En février 2008, on a pu le constater à l'occasion de la destruction d’un satellite espion nord-américain par un missile lancé depuis un croiseur étasunien, dans l’océan pacifique à proximité de Hawaii. Pour réaliser le lancement, conçu comme un essai pour l’installation du système antimissile nord-américain, Washington a utilisé l’excuse de ce que son satellite espion courrait le risque de choir à terre. C’est-à-dire, qu’il exige que Pékin et Moscou s’abstiennent de faire la même chose que Washington considère légitime de développer.

Pour cela, les États-Unis poursuivent leurs plans pour déployer un système antimissile centré sur leur propre territoire, avec des bases en Europe centrale (la Pologne et Tchéquie) et en Asie orientale (le Japon et la Corée), et avec des installations pour le lancement de missiles stratégiques. Ce plan peut détruire l’architecture stratégique de contrôle des arsenaux atomiques et impulser une nouvelle course aux armements, qu’aussi bien Moscou que Pékin ne veut pas entamer. Dans le même temps, les États-unis se refusent à ratifier le Traité de prohibition des essais nucléaires et rejettent l’adoption de la résolution de ne pas être le premier pays à utiliser les armes nucléaires, à la différence de ce qu’ont proclamé la Chine et la Russie. Au contraire, ils se réservent le droit du «recours préventif» de l’utilisation de la bombe atomique. Face à cette réalité, lors du sommet entre la Chine et la Russie organisé en mai à Pékin, Hu Jintao et Dmitri Medvédev ont signé un communiqué en avertissant que «la création du système global de défense antimissile nord américain altérera l’équilibre stratégique et la stabilité dans le monde», alors qu’eux établissaient les relations internationales sur le respect des «buts et des principes de la Charte des Nations Unies» sur la coexistence pacifique. Le renforcement des noeuds entre Moscou et Pékin et leur exigence de respect de la souveraineté et de l’intégrité de tous les pays était une critique implicite faite aux États-Unis, sans les citer, étant donné qu’ils sont le seul pays, dans dernières années, qui a envahi et occupé d’autres pays. Parmi les questions sur lesquelles Hu Jintao et Medvédev Hu ont manifesté l’accord de leur gouvernement, il y avait aussi le rejet de ce que les droits de l’homme soient invoqués comme prétexte pour intervenir dans les affaires internes d’autres pays, leur appui au maintien de la politique de non prolifération nucléaire au monde, à l’utilisation pacifique de l’espace, et son opposition à ce que des systèmes d’armes se déploient dans le cosmos. Il était évident que ces positions sont contradictoires avec la thèse de la «menace militaire chinoise».

En dernière instance, la périlleuse métamorphose du monde cache la tentative nord-américaine d’arrêter sa décadence constante mais lente et de limiter l’avancement chinois. Par cela, ils perçoivent avec hostilité l’appui ouvert de Pékin à Cuba, ses relations avec le Venezuela et d’autres pays de l’Amérique latine, et le développement d’échanges avec l’Afrique, où la Chine s’est engagée à donner des aides de la valeur de dix milliards de dollars. A cela il faut ajouter, les difficultés nord-américaines avec l’Inde, où le gouvernement de Manmohan Singh n’a pas pu approuver l’accord de coopération nucléaire avec les États-Unis grâce à l’opposition communiste indienne (qui considère le dit accord comme contraire aux intérêts nationaux et à une politique extérieure indépendante), font douter de la viabilité du plan nord-américain d’être appuyé en Inde pour limiter la puissance chinoise.

La Chine bouge. Après les avancée sur la “question dite nucléaire dans la péninsule coréenne”, où ils participent aux négociations la Chine, les États-Unis, la Russie, le Japon et les deux Corée, le gouvernement de Pékin a recommencé à avancer un pion. La proposition chinoise à Séoul d’ouvrir des conversations avec la Corée du Sud pour consolider la paix dans la région, a été accompagnée par le porte-parole chinois des Affaires Extérieurs de la considération de ce que la présence militaire nord-américaine dans la zone est «obsolète». Pékin poursuit l’amélioration des relations de la Chine avec le Japon (qui est son principal partenaire commercial) depuis la visite de Weng Jiabao a Tokyo en avril 2007.

Malgré tout, la Chine comprend qu’elle continue d’avoir un développement insuffisant de son industrie militaire et que ses ressources ne peuvent pas être comparées à celles des Nord-Américains et des Russes. Son Aviation et sa Marine ont peu d’ importance en regard d’un pays de la taille de la Chine, mais elle compte sur des sous-marins nucléaires et sur une force appréciable de missiles balistiques intercontinentaux, bien qu’en nombre beaucoup plus réduit que les arsenaux russes et nord-américains. Pékin dispose d’environ quatre cents ogives nucléaires, alors que les États-Unis possèdent environ cinq mille quatre cents, qui se réduiront à quatre mille cinq cents à la fin de 2012 (bien que celles qui sont retirées ne seront pas détruites mais seront stockées !). Au contraire du passé, quand elle considérait la collision inévitable, aujourd’hui la pensée stratégique chinoise ne table pas sur la possibilité d’affrontements militaires avec d’autres pays, sans que par autant Pékin perde de vue que le harcèlement en Iran, et la guerre secrète qui y a déjà commencé, peut altérer la situation mondiale.

La Chine représente un double défi pour les États-unis : par sa condition de pays émergent appelé à devenir, si Washington ne peut pas l’empêcher, l’économie la plus puissante de la planète, et par son pari, qui se maintient en vigueur, pour un “socialisme avec des caractéristiques chinoises”. Si la réforme initiée par Deng Xiaoping présente des risques évidents et des contradictions selon la théorie traditionnelle du socialisme que nous ne pouvons pas traiter ici on ne peut nier que son succès a porté le développement et la consolidation du pays et l’émergence de la Chine comme nouvelle grande puissance, dans un monde dangereux qui observe en retenant son souffre sa propre métamorphose.

Higinio Polo
20/10/2008
Traduit par Danielle BLEITRACH pour Changement de société.
Traduction modifiée par Serge LEFORT pour Monde en Question.
Publié par Rebelión.

30 octobre 2008

L'Amérique latine face à la crise financière

Une position commune face à la crise, RFI
Les 22 chefs d'Etat et de gouvernement participant au 18e Sommet ibéro-américain, qui s'est ouvert mercredi soir, au Salvador, vont tenter de préparer une réponse unie à la crise financière mondiale. Ce sommet, réuni jusqu'à vendredi, était initialement consacré au thème « jeunesse et développement », mais la crise s'est imposée aux dirigeants ibéro-américains.


Crise financière : l'Amérique latine envisage la réunion d'un sommet à l'ONU, Yahoo! Actualités
"Aujourd'hui nous nous sentons tous concernés par la nécessité d'édifier un nouvel ordre financier international", qui soit "capable de prévenir les crises comme celle que nous subissons actuellement", a déclaré à la tribune le Premier ministre espagnol Jose Luis Rodriguez Zapatero, en proposant de "redéfinir" le rôle du Fonds monétaire international (FMI) pour qu'il puisse "intensifier" sa fonction de prévention.

La présidente chilienne Michelle Bachelet a appelé à éviter "l'effondrement social" qui risquerait d'être provoqué par la crise financière.

"Une diminution de l'aide au développement serait incompréhensible" lors du sommet du financement du développement, en décembre prochain au Qatar, a-t-elle affirmé.


Pour aller plus loin :
• Sommet ibéro-américain, Wikipédia
• Sommet ibéro-américain, Google Actualités
• Sommet ibéro-américain, Yahoo! Actualités

La Chine face à la crise financière

OCS : la Chine prône un front commun contre la crise, RIA Novosti
La Chine compte intensifier sa coopération avec les Etats membres de l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS), et appelle à mobiliser gouvernements, entreprises et banques afin de limiter le contrecoup de la crise financière, a annoncé jeudi le premier ministre chinois Wen Jiabao.

"Le maintien de la stabilité économique et financière et du marché des capitaux chinois, ainsi que le maintien d'un développement stable et rapide de l'économie sont le principaux axes de Pékin afin de juguler la crise actuelle", a-t-il déclaré lors de la réunion du Conseil des chefs de gouvernement de l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS) à Astana (Kazakhstan).

Le chef du gouvernement chinois a dévoilé une série de propositions en vue d'intensifier la coopération avec les Etats membres de l'OCS, visant à simplifier le commerce et les investissements, à créer un réseau régional d'infrastructures (énergie, transports, communications) et à resserrer les liens entre les cercles d'affaires.

"Les cercles financiers doivent analyser et prévoir conjointement les processus macroéconomique mondiaux, harmoniser leur politique monétaire, tout en renforçant et en perfectionnant leur contrôle afin de mieux contrer les risques dans ce domaine", a indiqué le premier ministre.

Selon lui, des crédits préférentiels seront alloués afin de mettre en oeuvre des projets économiques conjoints au sein de l'Organisation. "Nous voyons d'un bon oeil la constitution d'un fonds de développement de l'OCS", a-t-il fait savoir.

"Le développement de la Chine est indissociable de celui du monde. La prospérité et la stabilité mondiale ne peuvent exister sans la Chine, et Pékin poursuivra sa politique de réforme et d'ouverture, en restant fidèle au bon voisinage et au partenariat avec nos voisins", a-t-il conclu.

La Chine, dont les échanges avec les pays de l'OCS entre janvier et août ont atteint 55,8 milliards de dollars (+35% en glissement annuel), espère que cet indicateur atteindra 80 à 100 milliards de dollars à la fin de l'année.

L'OCS regroupe la Chine, le Kazakhstan, le Kirghizstan, l'Ouzbékistan, la Russie et le Tadjikistan. L'Iran, le Pakistan, l'Inde et la Mongolie ont le statut d'observateurs.


La Chine face à la crise financière, Le Blog du Milieu
Les entreprises chinoises ne font appel aux marchés financiers que pour 25 % environ de leur financement extérieur, les 75 % restants étant assurés par l’intermédiation bancaire traditionnelle. A titre de comparaison, ces proportions sont quasiment inversées (80 % et 20 %) pour des pays comme les Etats-Unis et le Royaume Uni.

Par ailleurs, non seulement les entreprises chinoises font peu appel aux marchés financiers pour leur financement extérieur, mais elles font peu appel au financement extérieur tout court : le taux d’épargne et d’autoinvestissement des firmes chinoises est parmi les plus élevés du monde, et se trouve, par exemple, presque quatre fois plus élevé que celui des entreprises indiennes. Au final, la déconfiture des marchés boursiers chinois n’a qu’un impact limité sur les possibilités de financement des entreprises.

[...]

Ainsi, si la crise financière internationale a emporté les marchés financiers chinois, le rôle de ces derniers pour l’économie réelle reste limité, tandis que les banques sont elles-mêmes peu touchées par la crise des subprimes. Faut-il en conclure que la République Populaire va se trouver épargnée par la crise actuelle ? Non, et loin de là. Les conséquences pour l’économie chinoise ne viendront pas directement, contrairement à ce qui se passe aux Etats-Unis et en Europe, de la crise financière et de la contraction du crédit. Ce seront, ou plutôt ce sont déjà, des conséquences indirectes dues à la récession mondiale et tout particulièrement au ralentissement de l’activité et de la baisse de la demande aux Etats-Unis et en Europe.

[...]

A l’heure actuelle, il est donc difficile de dire quelles seront les positions adoptées par la Chine. On peut néanmoins noter que cette crise offre à la République Populaire deux opportunités. Tout d’abord, cette crise mondiale peut constituer l’occasion pour l’économie chinoise de réduire sa dépendance vis-à-vis de la demande internationale et de remplacer celle-ci, comme moteur de la croissance, par la consommation intérieure, aujourd’hui bien trop faible. Les décisions du Conseil d’Etat, annoncées dans le week-end du 18-19 octobre, de développer le système de protection sociale, par exemple, vont dans ce sens. Ensuite, les mois qui viennent verront probablement d’intenses négociations autour de la nécessaire refonte du système financier international et de la redéfinition de ses règles. La Chine, qu’on peut considérer comme plutôt proche des conceptions européennes favorables à plus de régulation, voudra probablement faire entendre sa voix, comme le Premier Ministre Wen Jiabao l’a souligné lors de la session d’ouverture du Sommet Europe-Asie le 25 octobre. Et la masse d’actifs et de devises que la République Populaire a accumulées devrait pouvoir donner du poids à ses positions.

American Gorbatchev

L’URSS et les USA sont tous deux des régimes de type disons “totalitarisme systémique”, avec une manifestation dictatoriale de type systémique de la bureaucratie. En URSS, la brutalité terroriste et policière des normes faisait qu’on était prisonnier du système, et réalisant cette situation. Aux USA, il y a des prisonniers consentants, variante extrême de la “servilité volontaire”. (L’expression est donnée comme référence: il n’y a pas volonté consciente mais volonté inconsciente d’une psychologie formée, ou formatée, avant même la conscience du jugement sur soi, si bien que l’on juge de soi avec une psychologie déformée. Cette psychologie américaniste, déformée, s’exprime notamment par des conceptions fondamentales faussées comme l’indéfectibilité et, surtout, l’inculpabilté.) La contrainte en URSS était d’abord policière (avec une propagande grossière) ; la contrainte aux USA est d’abord celle de la communication (virtualisme plus que propagande). Le système US est beaucoup plus efficace lorsqu’il marche, lorsqu’il est isolé (vertu de l’isolationnisme) ; sa fragilité est immense lorsque la virtualité de son affirmation, le virtualisme, ne parvient plus à contenir la réalité en étant confronté à elle. On se trouve alors devant la possibilité d’une crise psychologique (ce qui fut évité de justesse en 1933, grâce à FDR), alors que l’URSS se dilua à cause d’une crise politique engendrée par la libération d’une psychologie qui désirait cette crise. Lorsque et si les psychologies découvrent cet état de “servilité volontaire” qu’elles entretiennent, la crise est terrible. Un facteur primordial est que les USA ont été construits dès l’origine de cette façon, sans nation préexistante, — donc, que la “nation américaine” n’existe pas, non plus que l’“identité nationale” qui dépend d’artefacts symbolique (drapeau, Constitution, etc.). L’URSS fut bâtie sur la nation russe, et une forte identité nationale, très spiritualisée ; la nation ne mourut pas et c’est elle qui a permis le sauvetage de la Russie après l’effondrement du communisme et l’expérience d’américanisation par la déstructuration d’Eltsine.

A une question récente qu’on nous posait, nous situions à 10%-15% la possibilité qu’un Obama devienne un “American Gorbatchev”… Mais le dîner avait été arrosé. Revenons de nos vapeurs et à plus de raison, pour situer cette possibilité entre 1% et 2%. Si Obama n’est pas cet “American Gorbatchev”, la chute sera totalement déstabilisante et déstructurante. Ce sera la chute d’un système total qui prétend être une civilisation, et qui exerce effectivement une influence quantitative à cette mesure ; ce sera la crise d'une “civilisation” (cela ne fut certainement pas le cas avec la chute de l’URSS) qui est arrivée à constituer un système de destruction de la civilisation. Mais l’emploi du futur est peut-être de trop et le présent devrait commencer à faire l’affaire.

American Gorbatchev, Dedefensa

Lire sur le même thème :
• Après la chute de l'URSS, celle des USA ?, Monde en Question.
• Obama, Gorbatchev, Orwell et la liberté, Dedefensa.

Moscou et Pékin resserrent leurs liens

Oléoduc Sibérie-Chine : Moscou et Pékin resserrent leurs liens énergétiques, Aujourd'hui la Chine
Moscou et Pékin ont signé mardi un accord sur la construction d'une branche de l'oléoduc russe Sibérie-Pacifique vers la Chine, grande consommatrice d'énergie, qui aura ainsi directement accès aux immenses ressources de son grand voisin.
[...]
"Nous devons approfondir notre coopération dans l'énergie (...) qui contribuera au développement économique et à la stabilité des marchés mondiaux", a déclaré M. Wen, en ouvrant aux côtés de M. Poutine une conférence économique russo-chinoise à Moscou.


Russie-Chine : le pétrole russe coulera aussi vers l'Orient, RIA Novosti
La menace de la Russie de rediriger ses exportations de pétrole vers la Chine pourrait bien devenir une réalité, lit-on mercredi dans le quotidien Vedomosti.

Cette menace a jusque-là été plutôt rhétorique et n'a jamais laissé entrevoir de possible réalisation à court terme. La crise financière, qui pourrait entraîner une récession économique, a cependant brouillé toutes les cartes. Aux divergences politiques entre la Russie et l'Occident se sont ajoutés de nouveaux risques, liés à la baisse de la demande solvable en Europe, et à l'endettement important des fournisseurs de matières premières. Compte tenu de tous ces facteurs, la voie orientale pour les livraisons russes pourrait s'imposer comme une nécessité dans un avenir assez proche, c'est-à-dire que les positions de Pékin dans ses relations avec Moscou ne feront que se renforcer.
[...]
Vladimir Poutine a proposé au premier ministre chinois de réfléchir à une utilisation plus large des deux devises nationales dans le commerce bilatéral, critiquant une nouvelle fois le dollar. Il s'agit d'une stricte question de politique extérieure : la Russie et la Chine désignent presque dans les mêmes termes les Etats-Unis comme le principal responsable de la crise. Cependant, le dollar est actuellement en train de remonter, et il reste toujours la devise la plus fiable du monde, dont personne ne peut se passer. C'est pourquoi Wen Jiabao n'a pas souhaité évoquer cette question.


Commentaires : Il est intéressant de croiser la communication de cette information : sèche et factuelle à Pékin, enthousiaste voire menaçante (vis-à-vis de l'Europe) à Moscou, qui poursuit aussi son offensive contre le dollar.

L'économie en question

Crise financière : pas question de nationaliser l'économie russe, RIA Novosti
Il n'est pas question de nationaliser l'économie nationale malgré la crise financière mondiale, a déclaré mercredi le premier ministre russe Vladimir Poutine lors d'une conférence consacrée aux questions économiques qui se déroule dans sa résidence de Novo-Ogarevo (région de Moscou).

"Je voudrais souligner que nous n'avons pas et ne pouvons pas avoir comme mission la nationalisation de l'économie russe et nous ne le ferons pas. L'élargissement de la présence de l'État dans la vie économique est une mesure forcée et provisoire", a indiqué le premier ministre.

Commentaires : En Russie comme ailleurs, l'intervention de l'État dans la vie économique n'a rien à voir avec une nationalisation et encore moins avec le socialisme. Il s'agit, comme tout le monde l'a compris, de renflouer les spéculateurs avec l'agent des impôts au détriment donc des investissements sociaux (et non dépenses sociales comme les économistes l'affirment trop souvent) dans les domaines de l'éducation, la santé, la culture, etc.


Aide financière pour la Hongrie et l'Ukraine, euro|topics
Magyar Nemzet - Hongrie
os pires cauchemars [deviennent toutefois] réalité. Nous avons en tout cas perdu notre indépendance économique, comme l'a récemment indiqué le chef de l'opposition, Viktor Orbán. Et si nous devions entendre à l'avenir qu'il nous faut entreprendre toujours plus de mesures de restrictions en raison de l'aide du FMI, il faudra se rappeler de cette curiosité historique : le fait que la Hongrie est le seul pays de l'UE à être une colonie du Fonds monétaire international.

Der Standard - Autriche
La Hongrie réduit massivement ses dépenses sociales pour obtenir un crédit auprès du FMI.

Commentaires : Après la faillite de l'Islande, sauvée par la Russie, des pays européens hypothèquent leur avenir économique et social en empruntant auprès du FMI, qui oblige les États emprunteurs à réduire dramatiquement leurs investissements sociaux.


Le Livret A bientôt à 3,5% ou 3% ?, Libération
e directeur général de la Caisse des Dépôts n'a pas démenti l'information de «La Tribune» selon laquelle le taux de rémunération pourrait être modifié le 1er février.

Commentaires : Seul un esprit mal intentionné verrait dans cette mesure la conséquence de la perte de 751 millions d'euros subie par la Caisse d'épargne entre la mi-septembre et la mi-octobre.


Qui a perçu 310 fois le Smic chaque mois en 2007 ?, AFP - Libération - AP - Yahoo! Actualités
Le salaire moyen des 50 premiers patrons français, qui s'établit à 383.000 euros par mois, a augmenté de 20% en 2007, et représente 310 fois le Smic, selon une enquête à paraître jeudi dans le magazine Capital.

Commentaires : Les revenus des épargnants sont mis à la portion congrue, mais pas ceux des grands patrons. Coïncidence ?
Lire aussi : Crise financière : On achève bien l’épargne populaire, AgoraVox.


Pompiers incendiaires : les autorités politiques et économiques sont responsables de la crise qu'ils combattent, Chronique Agora
Ils [les gens] pensent que les autorités vont tout arranger... Et dans le monde entier, les autorités font semblant de le faire. Le G7, le FMI, les banques centrales, les ministres des finances et les secrétaires du Trésor – ils ont tous mis leurs propres masques... ils se pavanent, et prétendent savoir de quoi ils parlent. Curieusement, le président français Nicolas Sarkozy est un de ceux qui dirigent la parade. Il tente d'organiser un Nouvel Ordre Financier Mondial... basé sur autre chose que le dollar.

Ces poseurs n'ont pas si mauvaise allure – tant qu'ils gardent leurs masques. Enlevez-les, et vous verrez ces clowns idiots qui sont responsables de la crise.

Commentaires : Ne nous trompons pas, si l'auteur pleurniche sur «le mauvais capitalisme» (voir l'article précédent) il reste partisan du "laisser-faire" : «[...] la presse mondiale, les experts et les politiciens ont réussi à se convaincre que ce n'était pas de leur faute... mais de celle du capitalisme. Et maintenant, ils attendent des autorités qu'elles fassent quelque chose.»


A marché forcée, Dedefensa
Les récents événements ont mis à jour la fabrique d’une étrange évolution économique. Il ne s’agit même plus de la fable de la grenouille qui voulait se faire plus grosse que le bœuf mais de celle de ces oiseaux escortant parfois les éléphants, nichant presque sur eux et picorant les parasites installés dans les plis de la peau de l’énorme et majestueux animal, qui prétendraient se faire plus gros que leur hôte temporaire. Encore ces oiseaux, selon l’immense sagesse de ce que les Américains nomment Mother Nature, ont-ils un rôle fondamentalement utile puisqu’ils s’occupent des parasites de l’éléphant. Dans notre économie, les parasites eux-mêmes prétendent se faire plus gros que l’éléphant, et ils ne sont plus loin de l’être.

C’est un étrange avatar de la structure de notre civilisation, dont on sait qu’elle est fondée sur l’affirmation enfiévrée, presque religieuse, du primat de l’économie. Il y a plusieurs exemples importants et respectables pour nous convaincre que ce processus s’avère en fin de compte, lorsqu’il se développe et qu’il peut être observé à loisir, comme une véritable transmutation bien plus qu’une évolution. Si nous voulions théoriser le phénomène, nous dirions qu’il s’agit d’une transmutation qui transforme l’accident (le parasite, la chose marginale, accessoire) en substance. Ou, de façon plus précise, en nous rapprochant des cas importants que nous allons citer, nous dirions qu’il s’agit du cas où les conséquences secondaires ou tertiaires d’un phénomène, qui n’ont presque plus de rapport avec la substance de ce phénomène, remplacent la substance de ce phénomène. Bien évidemment, on comprendra au travers d’un tel exemple que le cas nous en dit long sur la qualité et la puissance de cette substance.

Les deux cas principaux que nous envisageons sont cités ici pour éclairer notre propos théorique, avant de développer plus précisément la situation qu’ils éclairent. (Il y a bien d’autres cas dans d’autres domaines, de même nature, de même ampleur et dans le même rapport.)

• Le cas de l’effondrement du système des banques américanistes, où l’on s’aperçoit que les primes, bonus et autres golden parachutes pour dirigeants congédiés pour erreurs de gestion ($39 milliards l’année dernière), tiennent une place importante dans le volume de la déroute financière. L’extraordinaire affaire de la fraude aux dépens de la Société Générale doit être impérativement placée dans ce même domaine.

• Le cas du Pentagone, où les fraudes, gaspillages, commission et actes de corruption, sont estimés officiellement (les estimations officieuses vont bien plus loin) à $20-$50 milliards pour le seul budget annuel des R&D du département (soit 12%-29% de ce budget).

[...]

Si l’on constate que ce phénomène de montée aux extrêmes, et au centre de la crise, des marges des secteurs en crise n’est pas nouveau, il a pu être remarquablement identifiée avec la crise financière. En cela, la crise financière est d’un apport précieux pour comprendre la situation où nous nous trouvons. Elle nous a donné des repères quantitatifs particulièrement accablants, permettant effectivement de comprendre la substance de la crise générale. Cette puissance extraordinaire des éléments marginaux prenant le centre de la scène pour précipiter ce qui est perçu comme une crise systémique mondiale, – c’est-à-dire une crise du système mondial de notre civilisation, rien de moins, – nous donne une sorte de raccourci de l’archétype de la crise (l’archétype restant toujours le “modèle-1929“).

La symbolique de cette situation nous a été fournie par l’aventure du “rogue trader” de la Société Générale, Jérôme Kerviel. Ce personnage psychologiquement à l’inverse des “traders” arrogants de Wall Street (tel que l’incarne Michael Douglas dans le Wall Street d’Oliver Stone, sur les années 1980) a enflammé tout un pays pour sa cause. Kerviel, pourtant personnage typique de la marge de la crise, s’est révélé sans y avoir songé une seconde comme son dénonciateur. Il a été aussitôt transformé en capitaine Dreyfus postmoderne par l’interprétation médiatique (image aussitôt trouvée par le quotidien L’Humanité), considéré par le bon sens populaire autant que par les journalistes soupçonneux des explications de la direction de la banque, comme le bouc-émissaire d’un système enivré et pris au piège de sa propre folie financière. Sa popularité instantanée, alimentée par son caractère sombre et taiseux, sa psychologie fragile, a fait de lui l’accusateur symbolique des outrances du système, de la monstruosité de la puissance de ses marges, qu’il a mises en évidence par l’absurde. Kerviel a mis le système en accusation. Il a été l’“imprécateur” sorti des entrailles sombres de la banque pour en afficher publiquement les outrances.

Le cheminement même de cette affaire, la cohabitation d’aspects complètement dérisoires au niveau d’un personnage qui semblerait banal et anonyme, et d’aspects monstrueux comme l’onde de choc de cette affaire secouant Davos et un système financier déjà en folie, – voilà bien une illustration symbolique de cette situation où les marges déclenchent des tsunamis. L’affaire Kerviel n’est qu’un épisode dans une crise déjà bien en cours et qui nous réserve bien des surprises et d’autres chocs encore. Mais c’est une affaire tellement révélatrice qu’elle mériterait d’être le symbole de la crise. Qui comprend le personnage Jérôme Kerviel et la mécanique de son action, et l’utilisation faite de son action, et l’écho qu’a recueilli son action, celui-là comprend les aspects monstrueusement dissymétriques de la crise. Comme les guerres que nous voyons aujourd’hui, nous vivons une crise systémique de type G4G (Guerre de la 4ème Génération), marquée par une dissymétrie au-delà de toute description, mettant à jour la pathologie du système.

[...]

Il s’agit de “penser l’apocalypse”, c’est-à-dire d’accepter une accumulation d’événements à potentiel catastrophique, mélange d’événements naturels et d’événements artificiels (créés par les humains). Cette nécessité est d’autant plus pressante que nous possédons le redoutable privilège, – c’est une idée centrale que nous répétons souvent, – de vivre une époque apocalyptique et, en même temps, de mesurer parfaitement l’aspect apocalyptique de cette époque, – et encore plus, en même temps de pouvoir nous regarder en train de vivre cette époque apocalyptique. La lucidité face à ces phénomènes ce paye effectivement d’un “retournement de la pensée”.

En nous fixant comme but de “penser l’apocalypse” nous ne désignons pas un rôle de témoin, de spectateur ardent. Nous devons aller plus loin et admettre que cette “apocalypse” est le produit indubitable de notre civilisation. Cela signifie que l’acte intellectuel audacieux de “penser l’apocalypse” signifie également, pour notre compte, “penser notre décadence”, – et, dans ce cas, une décadence qui ne cesse d’accélérer, comme si le poids même de ses capitulations et de ses perversions en augmentait le rythme et la vitesse.

C’est dire qu’il faudra au bout du compte écarter l’esprit partisan, l’engagement qu’on jugeait être, d’ailleurs avec bien des arguments, politique et moral. La chute est tellement abrupte que nul n’est épargné. Certes, l’Amérique peut être désignée par certains comme la fautive, mais ce n’est que la fautive principale et nous sommes tous à la fois entrainés par elle et complices d’elle. La France elle-même, qui s’est distinguée si souvent par ses différences, a aujourd’hui des caractères et des comportements qui ne déparent en aucune façon le phénomène général de décadence. D’une certaine façon, le déclin accéléré de la puissance US met en évidence combien le mal général que l’on mesure, la “crise systémique” qui se concrétise par autant de crises systémiques sectorielles, est le mal d’une civilisation dans son ensemble et non le mal d’une influence et d’une puissance, – même si l’on juge que cette influence et cette puissance sont la matrice de la chose. Nous sommes tous, à la fois complices et victimes, et historiquement solidaires d’un développement que nous avons tous, peu ou prou, avec plus ou moins de réticence, favorisé depuis plusieurs siècles. Il s’agit bien d’une civilisation qui est en cause, et du temps qui en a le mieux caractérisé l’achèvement, ce temps que nous nommons “modernité”.

[...]

La domination de l’Ouest est aujourd’hui de type totalitaire, n’épargnant aucun domaine ; encore plus qu’une hégémonie, il s’agit d’un phénomène osmotique qui ne se ferait que dans un sens. L’Ouest ne peut être vaincu selon la définition courante du terme “défaite” dans la mesure où, pour chaque candidat à une “victoire” sur l’Ouest et en admettant qu’une telle “victoire” fût possible, cette “défaite” de l’Ouest serait également une sorte de “défaite” pour lui-même. La démonstration en a été faite d’une façon paradoxale depuis le 11 septembre 2001. Le paradoxe est en ceci que les événements tragiques depuis 9/11 n’ont finalement démontré qu’une chose: notre seul Ennemi, notre vrai Ennemi est en-dedans de nous-mêmes. De toutes les crises qui frappent l’Occident depuis 9/11, aucune (sauf la “crise du terrorisme” évidemment, dont la réalité est bien contestable) n’est le produit du terrorisme. Les crises du système financier, de l’énergie, de l’environnement, etc., voire des crises plus diffuses encore comme celles des bureaucraties, des structures militaires, ont été précipitées par 9/11 mais n’en sont certainement pas l’effet direct. L’attaque du 11 septembre n’a eu d’importance qu’à cause des effets indirects, secondaires mais colossaux, qu’elle a déclenchés.

En quelques années a été mis à jour le vice fondamental de notre système, – une sorte de montée aux deux extrêmes contraires si l’on veut. Ce vice fondamental tient en un paradoxe, qui est celui que la montée automatique de la puissance de la civilisation occidentale augmente proportionnellement sa vulnérabilité interne. Certains percevaient déjà, souvent par intuition, ce déséquilibre, qu’ils exprimaient d’une autre façon: la civilisation occidentale augmentant irrésistiblement sa puissance montre corrélativement et proportionnellement une absence de sens qui devient de plus en plus déstabilisante. L’attaque du 11 septembre, elle-même ô combien déstabilisante, a traduit cette intuition en une réalité concrète. Nous voyons aujourd’hui cette réalité se marquer dans des événements bien identifiables.

Il n’y a pas de domaine où ce paradoxe se marque plus fortement que dans l’activité militaire, qui est devenu ces dernières années une des manifestations principales de la puissance occidentale (américaniste, certes, mais également d’autres puissances, notamment européennes). Il s’agit du paradoxe de l’invincibilité impuissante.

[...]

En apparence, l’Afghanistan n’a rien à voir avec la crise des subprimes magnifiée par l’aventure de la Société Générale. En réalité, une crise succède à l’autre, dans cet enchaînement qui lui-même paraît systémique de crises qui peuvent toutes justifier ce qualificatif pour elles-mêmes. Il s’agit d’une suite ininterrompue de paroxysmes successifs de crises ininterrompues, endémiques, l’une prenant le relais de l’autre. Un week-end, nous assistons aux prémisses d’un krach boursier, le week-end d’après c’est l’annonce du rejet de la nomination de Lord Ashdow comme représentant de l’ONU par le président afghan Karzaï, – à Davos, justement, où l’on ne parlait que du krach. Ainsi le lien est-il fait. Londres et Washington avaient oublié de consulter Karzaï. Le président afghan est une marionnette accessoire mais c’est aussi un Afghan ombrageux. Il s’est invité dans le jeu, pour en troubler la donne.

[...]

Après l’Irak, annoncent à grand fracas les stratèges washingtoniens, l’Afghanistan est devenu le “front central”. De quoi? Mais de la “Long War” que conduit l’Occident, est-on tenté de répondre ingénument. On proposera évidemment l’autre interprétation, déjà évoquée précédemment, cette fois à la lumière de cette idée d’enchaînement des crises comme autant de signes spasmodiques s’enchaînant en paroysmes successifs. La longue chaîne de l’impuissance de notre invincibilité se marque de tel à tel événement, s’enchaînant d’une semaine l’autre. La crise financière et boursière, illustrant un mal endémique d’une explosion provoquée par les seuls excès de ce système universel et invincible ; la crise afghane, atteignant un nouveau paroxysme au travers des mésententes entre les puissances du système, exposées au travers d’échanges hargneux et hostiles. Tout cela fait partie d’une même famille.
[...]
Les critiques de la façon dont est menée, par l’Ouest, la “guerre” en Afghanistan, – le dernier acte en date est un rapport de l’Atlantic Council dont l’un des auteurs est l’ancien SACEUR, le général des Marines James Jones, – en reviennent sempiternellement au constat de l’absence d’une stratégie. Le constat est bien entendu justifié tant il tombe sous le sens (sous le bon sens, devrait-on dire). Mais ce constat a un aspect universel. L’absence de stratégie caractérise toutes les crises systémiques en cours, comme cause centrale. Elle n’est que le reflet d’une crise générale. L’absence de stratégie ne fait alors qu’énoncer pour un cas spécifique notre absence générale de sens.

[...]

La question du “retournement de la pensée” est aujourd’hui posée, haute et claire. C’est désormais le seul défi essentiel, celui qui surmonte tous les autres. Retourner sa pensée pour libérer l’esprit du système où il s’est enfermé lui-même, d’où il assiste sans rien voir, invincible et impuissant, au déferlement des crises ; l’esprit cherche sans espoir les causes de cet immense ébranlement dans des hypothèses de fortune, toutes faites pour conforter le monde fabriqué par le même système qui l’enferme; il évolue dans ce monde fermé où il s’interdit, par des entraves qu’il s’impose à lui-même d’observer la réalité profonde des causes de ces crises. L’enfermement est achevé dans cette logique de cercle vicieux, cet aliment pervers du malaise psychologique qui est l’écho intime et la conséquence pathologique de notre crise de civilisation.

Mais il est difficile de penser que l’esprit, ainsi enfermé, puisse trouver en lui la force de se libérer. Les crises, dans toutes leurs spécificités souvent étranges et qui sont nécessairement incompréhensibles à notre esprit, tiennent cette fonction inédite d’exercer sur lui une pression continue pour tenter de le forcer vers cette libération. La crise centrale de notre civilisation est en train de passer du caractère classique de l’événementiel à la situation inédite d’une bataille de la réalité, qu’elle représente, contre l’enfermement de l’esprit. L’enjeu central est de savoir jusqu’où notre psychologie résistera à cette pression avant que l’esprit accepte cette libération, ou bien si elle sombrera avant cette issue.

29 octobre 2008

Offensive russe contre le dollar

Russie-Vietnam : recourir aux monnaies nationales dans les échanges, RIA Novosti
Le président russe Dmitri Medvedev a estimé lundi, en rencontrant à Moscou son homologue vietnamien Nguyen Minh Triet, que la Russie et le Vietnam doivent recourir dans leurs échanges à leurs monnaies nationales.

D'ordinaire, c'est au dollar qu'on recourt dans les règlements internationaux.

Selon le président russe, les deux pays entretiennent de très bons rapports dans différents domaines, y compris la politique économique et les investissements.

"Nous avons évoqué la sphère pétrogazière, l'électricité et l'industrie minière. Les liens directs entre les entrepreneurs des deux pays se resserrent également", a-t-il fait observer.

M. Medvedev a exprimé l'espoir que la mise en oeuvre des objectifs conjoints se poursuivrait au cours des années à venir.

"Je suis sûr que les textes que nous allons signer au cours de votre visite contribueront à promouvoir notre coopération", a noté le président russe, ajoutant qu'une attention particulière devait être accordée aux activités de la commission intergouvernementale.

De son côté, le président vietnamien a remercié M. Medvedev pour son accueil chaleureux et l'a félicité pour le développement de l'économie de la Russie et la consolidation de ses positions internationales.



Echanges Chine-Russie : renoncer progressivement au dollar, RIA Novosti
La Russie et la Chine doivent, dans leurs échanges commerciaux, renoncer progressivement au dollar au bénéfice de leurs devises nationales, a déclaré mardi le premier ministre russe Vladimir Poutine participant au 3e forum économique russo-chinois.

"J'estime dans ces conditions que nous devrions envisager de perfectionner le système de paiement dans le cadre de nos échanges commerciaux, notamment en progressant vers une utilisation plus large de nos devises respectives", a-t-il indiqué.

Selon lui, le monde, trop dépendant du dollar, traverse une crise et des problèmes sérieux, la situation sur les marchés financiers mondiaux restant tendue.

Le montant des échanges russo-chinois devrait atteindre 50 milliards de dollars en 2008.