Les médias dominants répètent en boucle les mêmes mots, les mêmes phrases en tordant l'histoire et en faisant du bouddhisme tibétain une victime du communisme chinois et de Tenzin Gyatso un héros des droits de l'homme. L'histoire est naturellement plus complexe et certainement pas en faveur des moines tibétains ni du Dalai-Lama [1].
Élisabeth MARTENS et Jean-Paul DESIMPELAERE viennent d'écrire "Le Boudhisme tibétain" (à paraître le 17/04/2009 aux éditions Aden) :
Le livre est une déconstruction systématique des stéréotypes que nous nous faisons du Bouddhisme Tibétain, à savoir "une philosophie de vie et pas une religion, une religion athée, sans dogme et non confessionnelle, prêchant le pacifisme, la tolérance et la compassion, non politisée et sans ambitions économiques". L’instrumentalisation à des fins politiques de cette philosophie religieuse est un des points central du livre [2].
La Fondation Gabriel Péri organise une conférence-débat avec les auteurs le 14 mai 2009 à Paris sur le thème "Tibet : Fascination ou Manipulation ?" (voir Reflets de Chine).
Dans ce contexte, la promotion de Sa Sainteté le Dalaï Lama par le député-maire Jean-Marc Ayrault, soi-disant représentant de la République laïque, est le symptôme du retour de l'idéologie religieuse dans le champ politico-médiatique [3]. Mais il est probable que la propagande hystérique pour le Tibet touche à sa fin car la Chine a salué... le retournement du président Nicolas Sarkozy sur cette question [4]. Seule la gauche restera peut-être fidèle à la théocratie tibétaine...
Serge LEFORT
03/04/2009
Lire aussi :
• Chine-Tibet 2008
- Monde en Question
- Tian-Di
- Tibetdoc
- Wikipédia
• Chine, Monde en Question Blogger - WordPress.
• Bibliographie & Dossier documentaire Chine, Monde en Question.
[1] Lire les articles à partir du 10 mars 2009 :
• Yahoo! Actualités.
• Alvinet Actualité.
[2] 11/02/2009, Tibet, deux personnages incontournables, Reflets de Chine - La Chine vue autrement.
ALBIÉ Alain, Reflets de Chine - La Chine vue autrement.
- Articles, Investig’action
- Articles, Tibetdoc
DESIMPELAERE Jean-Paul, Tibetdoc
- Articles, Investig’action
- Articles, Mondialisation
- Articles, Radio86 - Tout sur la Chine
- Articles, Reflets de Chine
- Articles, Tibetdoc
- Bibliographie, Monde en Question
MARTENS Élisabeth, Tian-Di.
- Articles, Investig’action
- Articles, Le Grand Soir
- Articles, Mondialisation
- Articles, Radio86 - Tout sur la Chine
- Articles, Reflets de Chine
- Articles, Tibetdoc
- Bibliographie, Monde en Question
• 25/01/2008, Elisabeth Martens - Spécial Tibet, le défi à la Chine, Investig’action
En réponse aux articles du Nouvel Obs. du 17 janvier 2008
1. La carte du « Tibet historique » se base sur une approximation de ce que fut l'Empire des Tubo pendant environ un siècle (8ème). L'Empire des Tubo s'est effondré au 9ème en raison de divisions claniques. Suite à la chute des Tubo, les monastères bouddhistes, assez disséminés et surtout fort contestés par les représentants de la religion préexistante (le Bön), prennent en main l'organisation du pays.
2. Le Tibet n'a pas été « annexé à la Chine en 1959 », mais au 13ème siècle, lorsque les Mongols ont envahi la Chine des Song. Constatant la grande influence des monastères bouddhistes sur les populations tibétaines, les Mongols ont désigné des hauts lamas pour devenir responsables administratifs du Tibet.
3. Le Tibet n'a pas été un « protectorat chinois », mais il est devenu une province chinoise au 18ème siècle, lorsque les Qing (dynastie mandchoue) ont divisé le vaste Empire chinois en 18 provinces. C'est à cette époque que le 5ème Dalaï-Lama fut nommé dirigeant politique du Tibet, ce que restera la lignée des Dalaï-Lamas.
4. Donc, le Tibet connut une brève indépendance au 8ème siècle, et depuis lors ne put plus accéder à ce titre. Aucun gouvernement au monde, ni l'ONU, n'a jamais reconnu une indépendance du Tibet vis-à-vis de la Chine, depuis cette lointaine époque des Tubo.
• 21/03/2008, MARTENS Elisabeth, Violences au Tibet : un avis alternatif, Investig’action
D’après des témoins occidentaux présents sur place, e.a. James Miles, journaliste pour « The Economist » , les violences commises à Lhassa durant cette semaine – date de commémoration de la « Rébellion nationale de mars 59 » - ont été inaugurées par des Tibétains, dont des lamas qui encourageaient des groupes de jeunes à commettre des actes destructeurs.
Les manifestations de violence étaient organisées : les Tibétains portaient des sacs à dos remplis de pierres, de couteaux et de cocktails molotov. Les morts causés par ce drame sont tous des Chinois. Les dégâts matériels, destruction de commerces, incendie de véhicules, étaient clairement tournés contre les Chinois. Les manifestants tibétains s’en sont également pris à des écoles primaires, des hôpitaux et des hôtels.
De sorte que les Occidentaux présents sur place, pour la plupart des touristes, se demandaient quand la police allait intervenir. Rejointe par l’armée chinoise, elle est intervenue suite à deux jours de violence. Les autorités chinoises craignaient-elles la réaction des pays occidentaux ? … pays qui, en réalité, n’attendaient que cette intervention pour parler de « répression sauvage par l’armée chinoise et de chasse aux manifestants ». Comment lire ces faits ?
• 28/03/2008, MARTENS Elisabeth, Tibet : Réponses sur l'Histoire, la religion, la classe des moines, les problèmes sociaux, la répression, le rôle des USA…, Investig’action
Il faut analyser à qui profitent ces émeutes : ni aux Chinois, ni aux six millions de Tibétains de Chine. Elles servent essentiellement à ameuter l'opinion publique autour des violations des Droits de l'homme en Chine, le manque de liberté d'expression, et les diverses répressions que nous incriminons au gouvernement chinois. Donc, elles servent à donner de la Chine une image exécrable, ceci juste avant les JO qui vont rassembler la presse internationale à Pékin.
...
A nouveau, c'est l'information qui est donnée chez nous : après avoir mis en lumière la tromperie quant au génocide ethnique, on s'est rapidement tourné vers le « génocide culturel ». Il est évident que, moi, en tant que petit individu, si je dis l'inverse, personne ne me croira, mais il suffit d'aller voir sur place pour vous en convaincre.
...
L'opinion publique suit les médias et les médias obéissent aux intérêts économiques. Ne vit-on pas dans une dictature économique chez nous ? La censure est aussi réelle ici qu'ailleurs, mais mieux camouflée. En Occident, on n'est pas enfermé en prison pour ses opinions, mais bien dans sa tête, puis dans la maladie qui en résulte. Je me demande parfois ce qui vaut mieux. Donc votre question réelle devient : « comment expliquer le sentiment pro-tibétain véhiculé par notre système économique » ? Ni les E-U, ni l'Europe n'apprécient les avancées fulgurantes de la Chine sur la scène internationale. Tous les coups sont bons pour la contrecarrer : « Il faut foutre le bordel pendant les JO à Pékin ! » crie Cohn-Bendit dans son discours en séance plénière à propos du comportement que l'UE doit adopter face à la Chine. Ceci, pas même une semaine après les événements qui ont enflammé le cœur de Lhassa ! C'est assez monstrueux, mais cela démontre par « a+b » que le « grand monde de la diplomatie et du trust financier » n'a cure du Tibet, ce qui lui importe c'est « foutre le bordel en Chine ».
• 28/03/2008, PEREZ Benito, «Le bouddhisme tibétain, une philosophie ? C'est à s'esclaffer !», Le Courrier
Entretien avec Elisabeth Martens. Le dalaï-lama et son entourage portent les couleurs du pacifisme et se doivent d'entretenir l'image de tolérance et de compassion qui sied au bouddhisme tibétain, afin de séduire l'Occident. Lors des récentes émeutes, quand les actes de violence ont atteint un niveau de barbarie sans nom, il s'en est distancié. Au sein de la communauté tibétaine en exil, il existe une scission: d'une part, les modérés, dont le dalaï-lama, qui ne demandent pas l'indépendance mais une «autonomie poussée». D'autre part, les radicaux, fraction montante au sein du gouvernement en exil, qui exigent l'indépendance et sont prêts pour cela à prendre les armes. En réalité, cette dualité est très utile à leur parrain commun, les Etats-Unis: le dalaï-lama et sa suite (européenne, surtout) sert à rassembler les intellectuels occidentaux autour des thèmes de «démocratie», de «droit de l'homme», tandis que la fraction «dure» rassemble de plus en plus de membres grâce à un discours musclé. Apparemment, ce sont ces derniers qui ont mis le feu aux poudres. En provoquant des émeutes à caractère raciste, ils ont obligé le gouvernement chinois à sortir la grosse mitraille.
• 08/04/2008, « L'exaspération sociale est le ressort du mouvement au Tibet », l'Humanité
• 10/04/2008, MARTENS Elisabeth, Tibet : un appel à l’esprit critique !, Investig’action
«Ne croyez pas une chose parce que beaucoup en parlent, ne croyez pas sur la foi des temps passés, ne croyez à rien sur la seule autorité de vos prêtres et de vos maîtres. Après examen, croyez ce que vous-même aurez expérimenté et reconnu raisonnable, qui sera conforme à votre bien et à celui des autres».
...
Comment les Européens réagissent-ils à une telle mascarade? De la manière la plus attendue et la plus formelle qui soit. Les parlementaires se plient en quatre devant les grands prêtres oranges, les banderoles pro-tibétaines volent dans l’air azuré de Paris, les jeunes branchés écolo-bio et les intellos de gauche sont les plus atteints : c’est à en pleurer de misère intellectuelle !
...
De cœur avec les Chinois et les Tibétains de Chine, je m’insurge donc face au manque de réflexion et d’analyse critique qui caractérise l’Europe dans ces événements liés, non pas au Tibet réel, mais aux Tibétains en exil manipulés par l’affairisme et le consumérisme de l’Occident.
[3] Lire :
• 28/08/2008, La promotion de Sa Sainteté le Dalaï Lama, Monde en Question].
• 02/04/2009, À quand le Tibeton ?, Reflets de Chine.
[4] La Chine salue l'engagement français sur le Tibet, Xinhua.
La Chine a indiqué jeudi à Beijing qu'elle appréciait l'engagement formel de la France de ne soutenir aucune forme "d'indépendance du Tibet".
La Chine et la France ont publié un communiqué de presse conjoint le 1er avril.
Selon le communiqué, la France reconnaît pleinement l'importance et la sensibilité du problème du Tibet et réaffirme son adhésion à la politique d'une seule Chine et sa position selon laquelle le Tibet fait partie intégrante du territoire chinois, conformément à la décision prise par le général Charles de Gaulle, qui n'a pas changé et restera inchangée. Dans cet esprit et selon le principe de non-ingérence, la France refuse de soutenir toute forme "d'indépendance du Tibet".
"La France s'est solennellement engagée", a déclaré Qin Gang, ajoutant : "La position de la France est explicite et nous espérons que la France pourra se conformer aux principes et à l'esprit exposé dans le communiqué."