A l'approche du deuxième scrutin afghan sous occupation étasunienne, impossible d'échapper au consensuel «constat d'échec» : huit ans après les attentats de New York et de Washington, Oussama Ben Laden et ses complices échappent encore et toujours à leurs poursuivants. Quant aux talibans, protecteurs honnis d'Al-Qaida qui, en 2001, s'étaient effondrés en quelques semaines, ils semblent aujourd'hui plus forts que jamais.
Un sombre tableau confirmé par les forces alliées elles-mêmes, qui ne cessent de demander des renforts. Comment expliquer ce fiasco ? Comment comprendre que la plus importante coalition politique et militaire de tous les temps ait échoué dans les missions qui lui étaient assignées ? Qu'elle se montre incapable de se débarrasser d'une milice détestée par les Afghans eux-mêmes ? Que des dizaines de milliers de soldats professionnels aux équipements les plus modernes, ayant le monopole des airs et le soutien des trafiquants d'opium soient ainsi ridiculisés ?
Le précédent de la défaite soviétique des années 1980 ne suffit pas à valider l'archétype grossier d'un Afghanistan terre sauvage livrée ad æternam aux chefs de guerre. Les «moudjahidine» étaient formés et financés par les États-Unis, l'Arabie saoudite et la Chine. Les talibans, eux, ne disposent plus d'aucun appui extérieur, si ce n'est de la nébuleuse djihadiste.
Plus pertinente est la critique de l'inadéquation des moyens mis en oeuvre par rapport aux objectifs déclarés. Si le but avait été d'arrêter Mohammad Omar et Ben Laden, des opérations armées limitées à la frontière pakistanaise auraient suffi. Si l'objectif était d'empêcher le retour d'un régime «terroriste», l'option militaire n'aurait dû être qu'un bref préalable à une solution politique. Même accueilli les bras ouverts, un occupant finit immanquablement par s'attirer les foudres de la population. D'autant plus s'il multiplie les bavures meurtrières !
A ce stade d'«incompétence», le doute s'insinue : et si l'opération n'était pas si ratée que cela ? D'un point de vue stratégique, en effet, le maintien de ce foyer belliqueux, voire son extension au Pakistan, garantit une présence occidentale sur le long terme en Asie centrale. «Pour trente ou quarante ans», a admis récemment le général britannique David Richards [1]. Une pierre dans les arrière-cours de la Russie et de la Chine, perçues par Washington comme ses principaux rivaux impériaux.
Paradoxalement, l'OTAN apparaît aujourd'hui comme le principal vainqueur du bourbier afghan. A force de réclamer des renforts pour sa croisade, l'ex-«Alliance atlantique» est parvenue à rassembler, sous mandat de l'ONU, près de 90 000 soldats provenant d'une cinquantaine de nations et de cinq continents. Le rêve d'un «gendarme global» sous contrôle occidental est en marche.
Le Courrier
L'Empire britannique est présent en Afghanistan depuis 200 ans. En 1809, son ambition était de contenir la Russie en Asie centrale et de protéger son Empire des Indes.
L'Empire américain est présent en Afghanistan depuis 1947 et plus activement depuis 1979.
Aujourd'hui, l'Afghanistan reste un enjeu stratégique entres les grandes puissances pour contrôler l'Asie centrale. Le peuple afghan paye au prix fort d'être situé au carrefour des rivalités pour la domination du monde. Pendant que les États-Unis rejouent un western dans les montagnes de l'Hindou Kouch, la Chine consolide son amitié et sa coopération avec les pays islamiques et prend en charge l’ensemble de l’économie de la Moldavie.
Serge LEFORT
15/08/2009
[1] The Times, 8 août 2009. Lire aussi :
• Afghanistan : la mission des troupes britanniques prendra près de 40 ans, RIA Novosti.
• Les Britanniques, en Afghanistan pour encore 30 à 40 ans, Le Monde.
• La guerre de 40 ans, est-ce un bon argument électoral ?, Dedefensa.
• Dossier documentaire & Bibliographie Afghanistan, Monde en Question.
15 août 2009
14 août 2009
Tyrannie de la transparence
Sacha Guitry, accusé de misogynie, s'est habilement défendu par cette célèbre phrase «Je suis contre les femmes... tout contre». Les chasseurs de burqa avoueront-ils un jour la raison libidino-scopique de dévoiler les musulmanes ?
En 1998, pour sa collection Between, Hussein Chalayan habilla ses mannequins nues de burqas.
Serge LEFORT
14/08/2009
Lire aussi : PETITAT André, Tyrannie de la transparence et transformations des frontières privé-public, Revue des sciences sociales n°28, 2001.
En 1998, pour sa collection Between, Hussein Chalayan habilla ses mannequins nues de burqas.
Serge LEFORT
14/08/2009
Lire aussi : PETITAT André, Tyrannie de la transparence et transformations des frontières privé-public, Revue des sciences sociales n°28, 2001.
L'étude des frontières multiples et mouvantes entre le privé et le public nous rappelle que la société n'est pas une machine mais un art de l'autonomie et de la dépendance entre des acteurs individuels et collectifs enchâssés les uns dans les autres, du sujet dans sa famille, en passant par les différents niveaux d'appartenance, professionnelle, religieuse, culturelle, etc. jusqu'aux institutions publiques. L'État moderne a introduit historiquement une rupture en éliminant peu à peu les corps intermédiaires, jusqu'à se substituer à certains rôles de la famille elle-même. C'est alors dans le face à face direct entre les grandes institutions et l'individu que surgit la peur de la transparence. L'acteur résiste pourtant au système, à sa façon, souvent surprenante. Reléguée dans les cercles premiers du privé, la famille, cocon affectif du sujet, demeure l'ultime protection contre les intrusions du public. A contrario, dès lors que la famille n'abrite plus qu'une part restreinte des possibles étendus de l'expérience humaine, la subjectivité privée investit massivement la scène publique en s'y exprimant. Le sujet, menacé dans le privé, ne s'est jamais autant imposé en public.
13 août 2009
Guerre sans fin de l'Afghanistan au Pakistan
La stratégie de Barack Obama d'intensifier la guerre en Afghanistan et de l'étendre au Pakistan est loin d'être assurée face au scepticisme croissant des démocrates à propos de cette guerre, à la fois ruineuse et incertaine. D'où les contradictions entre ses déclarations et celles du commandant des forces américaines en Afghanistan alors que les cadavres des civils afghans s'accumulent :
La stratégie de Barack Obama d'intensifier la guerre en Afghanistan est très proche de celle de l'armée française en Algérie :
La stratégie de Barack Obama d'étendre la guerre au Pakistan n'est pas avouée publiquement, mais se déroule implacablement sur le terrain :
La stratégie de Barack Obama d'intensifier la guerre en Afghanistan et de l'étendre au Pakistan est présentée par les médias dominants comme légitime puisqu'elle viserait à chasser les Talibans (des terroristes islamistes), à reconstruire le pays (détruit par qui ?) et à imposer par les armes un "gouvernement démocratique" (comme dans les colonies africaines).
Le lecture religieuse des conflits en Afghanistan, pratiquée en Occident, est d'autant plus absurde que la population est à 99% musulmane - sunnites (81%) et chiites (19% les Hazaras). On a diabolisé les Talibans pour justifier la guerre, en omettant de dire que tous les combattants afghans contre l'occupation russe étaient des moudjahidines - des combattants du jihâd - et que les Talibans ont pris le pouvoir en 1996 grâce aux divisions entre les principaux "chefs islamistes" : Gulbuddin Hekmatyar (Pachtoune), Ahmad Shah Massoud (Tadjik) et Rachid Dostum (Ouzbek).
Depuis 2001, l'Empire américain ne parvient pas à atteindre les objectifs publiquement affichés. L'occupation militaire et les bombardements de la population civile ont détruit l'économie du pays et ont imposé un gouvernement corrompu par le trafic de la drogue (le frère du président Karzai et le frère du commandant Massoud sont largement impliqués) et ne contrôlant que la capitale.
On oublie que l'Afghanistan a été au cœur d'un échiquier géostratégique entre la sphère d'influence britannique (l'Empire des Indes) et la sphère d'influence russe (l'Iran). C'est pour avoir cherché à assurer son indépendance, à l'origine par les jeux diplomatiques, que le pays s'est ainsi retrouvé à trois reprises en guerre contre le Royaume-Uni (1839-1842, 1878-1880 et 1919). En 1893, l'Empire britannique a fixé autoritairement la frontière (la ligne Durand) entre son Empire des Indes et l'Afghanistan, séparant ainsi l'ethnie pachtoune en deux.
Alors que le commandement américain s'enlise en Afghanistan, les tentatives de dialogue avec certains Talibans, qualifiés de "modérés" (qui sont-ils ?), s'avèrent une propagande illusoire :
Quand Le Monde dit «Les forces étrangères mènent depuis plusieurs mois de nombreuses opérations dans la province afin de chasser les talibans de leurs bastions et de permettre aux habitants de voter.», cela revient justifier la guerre contre les Pachtounes des deux côtés de la frontière tracée par l'Empire britannique... en 1893.
Serge LEFORT
13/08/2009
La Maison Blanche a déclaré lundi que la stratégie de Barack Obama en Afghanistan était "gagnante".
"La stratégie du président n'a pas encore été totalement mise en oeuvre. Mais nous croyons réellement qu'avec notre statégie, avec les moyens que nous déployons sur le terrain, nous allons être capables d'atteindre les objectifs que nous essayons d'atteindre".
Cette déclaration contraste avec les propos du général Stanley McChrystal, commandant des forces américaines et de l'OTAN en Afghanistan.
Ce dernier, qui doit présenter prochainement un rapport d'évaluation sur le conflit, a déclaré dans un entretien au site internet du Wall Street Journal que la résurgence de la guérilla islamiste imposait un changement de tactique aux forces étrangères.
Romandie News
Dans une interview au Wall Street Journal, le général Stanley McChrystal, commandant des forces américaines en Afghanistan, estime que les talibans ont pris le dessus sur les troupes de la coalition. Selon lui, cela devrait forcer les États-Unis à modifier leur stratégie sur le terrain, en déployant notamment plus de troupes à Kandahar.
Courrier international
La manchette du Wall Street Journal, lundi 10 août, ne laissait pas place au doute : "Les Talibans sont en train de gagner." Elle résumait fidèlement les propos que le général Stanley McChrystal, commandant en chef des forces de l'OTAN en Afghanistan, avait tenus dans son quartier général-bunker de Kaboul aux journalistes du quotidien américain.
Le Monde
La stratégie de Barack Obama d'intensifier la guerre en Afghanistan est très proche de celle de l'armée française en Algérie :
L’objectif consiste à se concentrer d’abord sur la population afghane et ses besoins, et ensuite seulement à chasser les talibans.
« On tente de séparer les talibans de la population ordinaire, et ça provoque des combats avec les insurgés. On veut les repousser dans des zones moins peuplées, ce qui permettra ensuite de lancer des projets de développement et de reconstruction dans les villages. »
Maintenant, lors d’une opération militaire, les soldats restent sur place après les combats et la déroute des talibans. L’armée tente alors de créer une bulle de protection autour du village pour que les projets de développement et de reconstruction voient le jour. Auparavant, les forces se retiraient après l’opération militaire, faute de soldats en nombre suffisant pour rester sur place. Les militaires devaient aller chasser les insurgés dans un autre village.
Armees
La stratégie de Barack Obama d'étendre la guerre au Pakistan n'est pas avouée publiquement, mais se déroule implacablement sur le terrain :
Une nouvelle attaque de drone américain sur les zones tribales du nord-ouest du Pakistan a tué mardi au moins 10 rebelles, selon des responsables locaux [...] Le drone a tiré plusieurs missiles sur un camp d'entraînement rebelle présumé dans le village montagneux et reculé de Kanniguram, selon plusieurs responsables pakistanais de sécurité.
AFP-Google
Les États-Unis multiplient les frappes sur le Pakistan. Plusieurs missiles tirés à partir d’un drone auraient fait ainsi dix nouvelles victimes hier, présentées comme des combattants talibans pakistanais. Une allégation bien difficile à confirmer alors que plusieurs autres attaques du même type se sont soldées par la mort de civils.
l'Humanité
La stratégie de Barack Obama d'intensifier la guerre en Afghanistan et de l'étendre au Pakistan est présentée par les médias dominants comme légitime puisqu'elle viserait à chasser les Talibans (des terroristes islamistes), à reconstruire le pays (détruit par qui ?) et à imposer par les armes un "gouvernement démocratique" (comme dans les colonies africaines).
Le lecture religieuse des conflits en Afghanistan, pratiquée en Occident, est d'autant plus absurde que la population est à 99% musulmane - sunnites (81%) et chiites (19% les Hazaras). On a diabolisé les Talibans pour justifier la guerre, en omettant de dire que tous les combattants afghans contre l'occupation russe étaient des moudjahidines - des combattants du jihâd - et que les Talibans ont pris le pouvoir en 1996 grâce aux divisions entre les principaux "chefs islamistes" : Gulbuddin Hekmatyar (Pachtoune), Ahmad Shah Massoud (Tadjik) et Rachid Dostum (Ouzbek).
Depuis 2001, l'Empire américain ne parvient pas à atteindre les objectifs publiquement affichés. L'occupation militaire et les bombardements de la population civile ont détruit l'économie du pays et ont imposé un gouvernement corrompu par le trafic de la drogue (le frère du président Karzai et le frère du commandant Massoud sont largement impliqués) et ne contrôlant que la capitale.
On oublie que l'Afghanistan a été au cœur d'un échiquier géostratégique entre la sphère d'influence britannique (l'Empire des Indes) et la sphère d'influence russe (l'Iran). C'est pour avoir cherché à assurer son indépendance, à l'origine par les jeux diplomatiques, que le pays s'est ainsi retrouvé à trois reprises en guerre contre le Royaume-Uni (1839-1842, 1878-1880 et 1919). En 1893, l'Empire britannique a fixé autoritairement la frontière (la ligne Durand) entre son Empire des Indes et l'Afghanistan, séparant ainsi l'ethnie pachtoune en deux.
L'imbrication des deux pays [Afghanistan et Pakistan] est donc évidente. Elle l'est encore plus si on prend en compte un élément largement oublié et occulté par le côté islamiste du mouvement taliban : son unité ethnique. Les Talibans sont des Pachtounes et leur objectif n'est peut-être pas de prendre le pouvoir à Islamabad, mais de réunir dans un État taliban les Pachtouns des deux pays séparés par la colonisation britannique. Car dans des frontières artificielles, une fois de plus, se trouve l'origine d'un mouvement qui n'est pas, loin s'en faut, que religieux.
[...]
Le conflit d'aujourd'hui est donc en fait un conflit frontalier issu de la colonisation puis de la décolonisation et transformé par le contexte actuel de l'islamisme taliban.
C'est la ligne Durand qui coupe les territoires pachtounes entre l'Afghanistan et le Pakistan depuis 1893 qui est à la base d'un conflit majeur entre les deux pays. En effet, les territoires pachtounes sont divisés alors par un officier britannique en 1893 pour 100 ans entre l'Afghanistan et le Pakistan qui était une colonie de sa très gracieuse majesté britannique, impératrice des Indes. Mais le Pakistan indépendant n'a jamais accepté le retour de « ses » Pachtounes à l'Afghanistan même pas à la date technique de rétrocession, soit 1993. Ces Pachtouns pakistanais peuplent des zones où depuis toujours l'État pakistanais n'exerce qu'un contrôle distant, laissant aux autorités coutumières un grand pouvoir. C'est dans ces territoires que se sont naturellement consolidés à partir de 2003 divers groupes talibans pakistanais dont l'emprise s'étend donc aujourd'hui à la Province de la Frontière du Nord-Ouest (NWFP) voisine, où se trouvent Swat et Buner. C'est dans ces mêmes zones tribales qu'auparavant, à l'automne 2001, s'étaient réfugiés les Talibans afghans chassés du pouvoir par l'offensive américaine postérieure aux attentats du 11 septembre.
Le Reporter
Alors que le commandement américain s'enlise en Afghanistan, les tentatives de dialogue avec certains Talibans, qualifiés de "modérés" (qui sont-ils ?), s'avèrent une propagande illusoire :
Karzai ne semble pas être l’homme des négociations si on rappelle que, pour sa réélection, le président afghan a choisi comme potentiels vice-présidents, deux anciens chefs de guerre ayant combattu les talibans dans les années 1990, Mohammad Qasim Fahim et Karim Khalili. Il est également allié au chef de guerre ouzbek Abdul Rashid Dostom, accusé d’avoir tué des milliers de combattants talibans, y compris en massacrant ceux qui s’étaient rendus après l’invasion américaine de la fin de 2001. De plus, qu’est-ce qui pousserait aujourd’hui les talibans à négocier ? Sont-ils en position de faiblesse ? C’est loin d’être le cas puisque ces derniers continuent à opérer normalement depuis le Pakistan. Ils s’en tiendront donc à leur première requête, défendue depuis 2001 : pas de négociation sans départ préalable des quelque 100 000 soldats étrangers déployés dans le pays pour soutenir le gouvernement. «Nous ne parlerons jamais au gouvernement de marionnettes de Karzai», a déclaré l’un des porte-parole des talibans, Yousuf Ahmadi, cité par l’AFP.
La Tribune Online
Quand Le Monde dit «Les forces étrangères mènent depuis plusieurs mois de nombreuses opérations dans la province afin de chasser les talibans de leurs bastions et de permettre aux habitants de voter.», cela revient justifier la guerre contre les Pachtounes des deux côtés de la frontière tracée par l'Empire britannique... en 1893.
Serge LEFORT
13/08/2009
12 août 2009
Bulletin SIPAZ
Mexique : Grippe et autres maux
Au cours des derniers mois, quand le Mexique ne faisait pas la Une des journaux du monde entier du fait de la situation de violence liée à la délinquance organisée, il y apparaissait en référence à l'épidémie de grippe AH1N1 : c'est en effet le pays qui a donné l'alerte quant à l'existence de ce nouveau virus, et celui qui a présenté le plus grand nombre de cas de contagions dans un premier temps. Une fois dépassée l'étape d'urgence sanitaire, et bien que la maladie continue à se propager jusqu'à ce jour, elle a révélé trois situations non moins préoccupantes.
D'un côté, on évalue que l'impact économique de l'épidémie pourrait représenter pour le moins 1% du Produit Intérieur Brut (PIB). Au-delà des pertes occasionnées pour le secteur touristique (l'une des premières entrées de devises pour le pays), les restrictions imposées pour essayer de contenir l'avancée de l'épidémie ont achevé de miner une économie qui était d’ores et déjà dans une situation presque aussi critique que lors de la crise de 1995. Ce contexte économique pourrait encore s’aggraver du fait de la réduction de la migration en direction des États-Unis, un phénomène qui avait jusqu’alors joué un rôle de “soupape” pour le Mexique. Cette réduction est bien plus due à la diminution des options d’emploi dans ce pays également affecté par la crise économique mondiale qu’aux mesures de contrôle que les États-Unis ont cherché à mettre en place. La couverture médiatique accordée à la guerre contre le trafic de drogues ou à l’épidémie elle-même a trop souvent tu le fait que près de 40% de la population mexicaine vit en situation de pauvreté. D’un autre coté, l’épidémie a révélé les risques liés au système actuel d’élevage industriel dominé par les grandes entreprises transnationales, ainsi que les problèmes structurels du système de santé mexicain.
Élections dans un contexte de perte de crédibilité des institutions
Le fait qu’autant de mexicains en soient venus à douter de l’existence du virus AH1N1 est très parlant. Dans une bonne mesure, cette incrédulité est due au manque de crédibilité des institutions aux yeux d’un grand nombre d’entre eux. En avril, le Ministère de l’Intérieur lui-même a publié les résultats de la « IVème Enquête Nationale portant sur la Culture Politique et les Pratiques Citoyennes » qui révèlent que seulement la moitié des mexicains considèrent qu’ils vivent dans un système démocratique et un pourcentage similaire pense que le gouvernement préfère imposer plutôt que consulter.
Cette distance entre la population et ses représentants se reflète à plusieurs niveaux, l’un d’entre eux étant la dimension électorale. Le 5 juillet ont eu lieu des élections pour nommer les représentants à plus de 1 500 postes publics. Le taux d’abstention a atteint 55,19% et le vote blanc a représenté 5,40% du total. Celui-ci avait fait l’objet d’un mouvement social significatif pendant la campagne.
Y compris en prenant en compte la faible participation réelle, les résultats de ces élections marquent un tournant par rapport à ceux de la dernière décennie : près de 12 ans après avoir perdu le contrôle de la Chambre des Députés, le Parti Révolutionnaire Institutionnel (PRI, le parti qui était resté au pouvoir pendant plus de 70 ans jusqu’en 2000) a été le grand gagnant de journée. Sur un total de 500 sièges de députés, il en a obtenu 237. Ce même 5 juillet, il a aussi emporté 5 des 6 postes de gouverneurs qui étaient également en jeu.
Le Parti Action Nationale (PAN, actuellement au pouvoir) a obtenu seulement 9 549 000 votes lors des législatives, ce que certains considèrent comme conséquence d’un vote sanction à l’encontre du gouvernement de Felipe Calderón. Il faut rappeler qu’au milieu des signalements pour fraude, le PAN avait officiellement gagné la présidence en 2006 avec environ 14 millions de voix. Il passera de 206 à 143 députés. Les partis de gauche perdront aussi de nombreux sièges au Congrès, leurs résultats ayant probablement été affectés par leurs divisions et conflits internes : au lieu de 126, ils n’occuperont plus que 90 sièges (71 pour le Parti de la Révolution Démocratique, PRD ; 13 pour le Parti du Travail y 6 pour Convergence).
Lire la suite... - Sipaz
Au cours des derniers mois, quand le Mexique ne faisait pas la Une des journaux du monde entier du fait de la situation de violence liée à la délinquance organisée, il y apparaissait en référence à l'épidémie de grippe AH1N1 : c'est en effet le pays qui a donné l'alerte quant à l'existence de ce nouveau virus, et celui qui a présenté le plus grand nombre de cas de contagions dans un premier temps. Une fois dépassée l'étape d'urgence sanitaire, et bien que la maladie continue à se propager jusqu'à ce jour, elle a révélé trois situations non moins préoccupantes.
D'un côté, on évalue que l'impact économique de l'épidémie pourrait représenter pour le moins 1% du Produit Intérieur Brut (PIB). Au-delà des pertes occasionnées pour le secteur touristique (l'une des premières entrées de devises pour le pays), les restrictions imposées pour essayer de contenir l'avancée de l'épidémie ont achevé de miner une économie qui était d’ores et déjà dans une situation presque aussi critique que lors de la crise de 1995. Ce contexte économique pourrait encore s’aggraver du fait de la réduction de la migration en direction des États-Unis, un phénomène qui avait jusqu’alors joué un rôle de “soupape” pour le Mexique. Cette réduction est bien plus due à la diminution des options d’emploi dans ce pays également affecté par la crise économique mondiale qu’aux mesures de contrôle que les États-Unis ont cherché à mettre en place. La couverture médiatique accordée à la guerre contre le trafic de drogues ou à l’épidémie elle-même a trop souvent tu le fait que près de 40% de la population mexicaine vit en situation de pauvreté. D’un autre coté, l’épidémie a révélé les risques liés au système actuel d’élevage industriel dominé par les grandes entreprises transnationales, ainsi que les problèmes structurels du système de santé mexicain.
Élections dans un contexte de perte de crédibilité des institutions
Le fait qu’autant de mexicains en soient venus à douter de l’existence du virus AH1N1 est très parlant. Dans une bonne mesure, cette incrédulité est due au manque de crédibilité des institutions aux yeux d’un grand nombre d’entre eux. En avril, le Ministère de l’Intérieur lui-même a publié les résultats de la « IVème Enquête Nationale portant sur la Culture Politique et les Pratiques Citoyennes » qui révèlent que seulement la moitié des mexicains considèrent qu’ils vivent dans un système démocratique et un pourcentage similaire pense que le gouvernement préfère imposer plutôt que consulter.
Cette distance entre la population et ses représentants se reflète à plusieurs niveaux, l’un d’entre eux étant la dimension électorale. Le 5 juillet ont eu lieu des élections pour nommer les représentants à plus de 1 500 postes publics. Le taux d’abstention a atteint 55,19% et le vote blanc a représenté 5,40% du total. Celui-ci avait fait l’objet d’un mouvement social significatif pendant la campagne.
Y compris en prenant en compte la faible participation réelle, les résultats de ces élections marquent un tournant par rapport à ceux de la dernière décennie : près de 12 ans après avoir perdu le contrôle de la Chambre des Députés, le Parti Révolutionnaire Institutionnel (PRI, le parti qui était resté au pouvoir pendant plus de 70 ans jusqu’en 2000) a été le grand gagnant de journée. Sur un total de 500 sièges de députés, il en a obtenu 237. Ce même 5 juillet, il a aussi emporté 5 des 6 postes de gouverneurs qui étaient également en jeu.
Le Parti Action Nationale (PAN, actuellement au pouvoir) a obtenu seulement 9 549 000 votes lors des législatives, ce que certains considèrent comme conséquence d’un vote sanction à l’encontre du gouvernement de Felipe Calderón. Il faut rappeler qu’au milieu des signalements pour fraude, le PAN avait officiellement gagné la présidence en 2006 avec environ 14 millions de voix. Il passera de 206 à 143 députés. Les partis de gauche perdront aussi de nombreux sièges au Congrès, leurs résultats ayant probablement été affectés par leurs divisions et conflits internes : au lieu de 126, ils n’occuperont plus que 90 sièges (71 pour le Parti de la Révolution Démocratique, PRD ; 13 pour le Parti du Travail y 6 pour Convergence).
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11 août 2009
Le CRIF, une officine de propagande
L'Union Juive Française pour la Paix s'inquiète devant la multiplication des déclarations du CRIF ou d'organisations membres de ce « Conseil » se faisant les porte parole des courants les plus bellicistes de l'Etat israélien et prétendant obtenir de l'Etat français un alignement pur et simple sur les positions du gouvernement Netanyahou. Ces mêmes organisations veulent obtenir la condamnation pénale de l'antisionisme (en prétendant qu'il ne peut être que le masque de l'antisémitisme) et des appels au Boycott des produits israéliens (assimilé à une volonté de destruction pure et simple de la société israélienne).
Le communiqué du CRIF à propos de la convocation par le Quai d'Orsay de l'Ambassadeur d'Israël est proprement ahurissant.
Alors que le gouvernent français a été plus que discret dans ses réactions face aux crimes de guerre d'Israël (notamment à Gaza en décembre et janvier derniers), à la poursuite de la colonisation et de la construction du Mur, comme au traitement infligé à l'étudiant franco-palestinien Salah Hamouri ; alors qu'il a même été quasiment muet devant les vexations et humiliations subies par ses représentants diplomatiques (la dernière en date étant l'interdiction faite à notre représentant consulaire d'assister à l'audience de dimanche où Salah a vu sa libération refusée) ; quand enfin l'Ambassadeur d'Israël est convoqué au sujet des destructions illégales au regard du droit international de quartiers entiers de Jérusalem Est, et malgré toutes les précautions prises par Bernard Kouchner et Nicolas Sarkozy pour réaffirmer que la France partageait avec Israël les mêmes valeurs, le CRIF s'émeut, affirme que la loi israélienne doit s'appliquer sur la ville de Jérusalem dans sa totalité, en contradiction même avec les résolutions de l'ONU, et demande qu'Israël soit traité en ami.
Auparavant plusieurs organisations parmi lesquelles l'Union des Patrons Juifs de France (UPJF – à ne pas confondre s'il vous plaît avec l'UJFP) avaient diffusé un « appel à la clémence » pour les nervis de la Ligue de défense Juive coupables de la dévastation de la librairie Résistances, excusables de ne « plus croire à la justice de leur pays » devant la « déferlante antisémite » que connaîtrait la France, notamment au travers des actions de Boycott et de la mansuétude de la Justice pour les coupables dans le procès Halimi !
Nous avons déjà dit le caractère de fuite en avant criminelle et suicidaire de la politique israélienne, qui voit dans l'impunité que lui a accordé jusqu'ici la « communauté internationale » (on attend aujourd'hui que les déclarations d'Obama se traduisent en actes) des raisons de poursuivre la dépossession du peuple palestinien alors que cela ne fait qu'éloigner toujours un peu plus la possibilité d'une solution de paix juste et durable.
Nous disons qu'en s'alignant sur cette politique le Conseil dit représentatif des Institutions Juives de France engage les Juifs de France dans la même impasse d'une guerre sans fin contre tous, développant une idéologie de forteresse assiégée par des ennemis et des traîtres.
Nous disons qu'il revient au Président de la République et au gouvernement de ne pas céder à cet invraisemblable chantage communautariste, comme il vient malheureusement d'être fait en interjetant appel du jugement dans l'affaire Halimi.
Nous disons qu'il revient au Président de la République Française et au gouvernement de contribuer à casser cette dérive en développant une position ferme de défense des droits humains de tous les peuples. Cela devrait commencer, notamment, par la suspension de l'accord d'association entre l'Union européenne et Israël (comme prévu à son article 2) et par l'exigence de libération immédiate de Salah Hamouri.
André Rosevègue
29 juillet 2009
UJFP
10 août 2009
Thierry JONQUET, pilier du polar social
Digne héritier de Manchette et de Giovanni, il était l'un des auteurs phares du polar français. Thierry Jonquet est mort dimanche à Paris, à l'âge de 55 ans, ont annoncé aujourd'hui les éditions du Seuil.
Engagé - même s'il détestait ce mot - généreux, prolifique, l'écrivain avait signé une vingtaine de romans, variant le plus souvent ses thèmes d'un livre à l'autre, mais imprimant à chacun la même noirceur : « Des intrigues où la haine, le désespoir se taillent la part du lion et n'en finissent plus de broyer de pauvres personnages auxquels je n'accorde aucune chance de salut », écrivait-il dans Rouge c'est la vie (1998). Son expérience de travail dans le milieu hospitalier, notamment en gériatrie et dans un établissement psychiatrique, auront sans doute orienté son écriture vers les motifs sans issue que sont la mort, la folie.
De son premier livre, Mémoire en cage, à Jours tranquilles à Belleville, en passant par Mygale et Les Orpailleurs, Thierry Jonquet n'a cessé de vouloir saisir la réalité du monde, à travers des histoires qui lui étaient d'ailleurs inspirées, le plus souvent, par la lecture de la presse : "En lisant les journaux je suis consterné par la violence qu'ils décrivent, par la barbarie de notre monde. Au lieu de ruminer cela tout seul dans mon coin, j'écris des romans à partir de ce matériau de faits divers." Lui qui avait rejoint la Lutte ouvrière, puis la Ligue communiste révolutionnaire, fut aussi celui qui détourna les codes du roman noir traditionnel pour dire la détresse des démunis et des laissés-pour-compte, comme dans Ad vitam aeternam (2002) ou Mon vieux (2004). Pour son dernier livre, Ils sont votre épouvante et vous êtes leur crainte, il avait reçu la médaille d'honneur de la Licra.
Fluctuat
Lire aussi :
• Mort de l'auteur de romans noirs Thierry Jonquet, AFP-Google Actualités
• Thierry Jonquet, mort d'un très grand romancier engagé, Rue89
• Thierry Jonquet, Wikipédia
• Thierry Jonquet, Site
• Thierry Jonquet, Fluctuat
• Thierry Jonquet, Lire
• Thierry Jonquet, Pol'art noir
• Thierry Jonquet, Télérama
• Livres, Rue des livres
• Banlieues : le diagnostic édifiant de Thierry Jonquet, Mouvements - L'Express - Télérama
Engagé - même s'il détestait ce mot - généreux, prolifique, l'écrivain avait signé une vingtaine de romans, variant le plus souvent ses thèmes d'un livre à l'autre, mais imprimant à chacun la même noirceur : « Des intrigues où la haine, le désespoir se taillent la part du lion et n'en finissent plus de broyer de pauvres personnages auxquels je n'accorde aucune chance de salut », écrivait-il dans Rouge c'est la vie (1998). Son expérience de travail dans le milieu hospitalier, notamment en gériatrie et dans un établissement psychiatrique, auront sans doute orienté son écriture vers les motifs sans issue que sont la mort, la folie.
De son premier livre, Mémoire en cage, à Jours tranquilles à Belleville, en passant par Mygale et Les Orpailleurs, Thierry Jonquet n'a cessé de vouloir saisir la réalité du monde, à travers des histoires qui lui étaient d'ailleurs inspirées, le plus souvent, par la lecture de la presse : "En lisant les journaux je suis consterné par la violence qu'ils décrivent, par la barbarie de notre monde. Au lieu de ruminer cela tout seul dans mon coin, j'écris des romans à partir de ce matériau de faits divers." Lui qui avait rejoint la Lutte ouvrière, puis la Ligue communiste révolutionnaire, fut aussi celui qui détourna les codes du roman noir traditionnel pour dire la détresse des démunis et des laissés-pour-compte, comme dans Ad vitam aeternam (2002) ou Mon vieux (2004). Pour son dernier livre, Ils sont votre épouvante et vous êtes leur crainte, il avait reçu la médaille d'honneur de la Licra.
Fluctuat
Lire aussi :
• Mort de l'auteur de romans noirs Thierry Jonquet, AFP-Google Actualités
• Thierry Jonquet, mort d'un très grand romancier engagé, Rue89
• Thierry Jonquet, Wikipédia
• Thierry Jonquet, Site
• Thierry Jonquet, Fluctuat
• Thierry Jonquet, Lire
• Thierry Jonquet, Pol'art noir
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