L’alliance des BRICS ne se contente pas de tenir, en dépit des
oiseaux de mauvais augure, elle se renforce. En plus de la coopération
économique, les cinq pays émergents collaborent en effet de plus en plus
sur le plan politique. De plus, un élargissement de l’alliance se
dessine, au profit des partisans de la multipolarité.
Malgré toutes les « réserves » émises par nombre d’experts,
principalement occidentaux, sur la capacité de l’alliance des BRICS
(Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) à subsister sur le long
terme, ladite union continue à se renforcer et même peut-être bientôt à
s’élargir. En effet, il suffit de lire ou de relire différentes analyses
écrites au cours des dernières années pour se rendre compte à quel
point leurs auteurs s’étaient trompés. Beaucoup d’entre eux
considéraient l’alliance des BRICS comme une union de quelques années,
qui allait se dissoudre d’elle-même tant « les pays membres sont
différents sur le plan culturel et des réalités politiques ». Pourtant
et justement, les pays membres ont fait de cette différence l’un de
leurs principaux atouts, en donnant au passage une valorisation
supplémentaire à l’idée même de la multipolarité.
Aujourd’hui et vu que les BRICS n’ont toujours pas pu être brisés par
leurs adversaires, l’alliance est désormais accusée par certains
économistes occidentaux d’être devenue une organisation non seulement
économique de puissances émergentes, mais aussi une structure politique
qui conteste activement la domination de l’Occident. Question: pourquoi
ces prétendus experts ont-ils pensé que les pays des BRICS se
limiteraient au volet économique de leur relation, au moment où le monde
multipolaire a plus que jamais besoin d’en finir avec les vestiges de
l’unipolarité?
Il suffit d’ailleurs de relire nos analyses passées en ce sens pour se
rendre compte que les BRICS étaient justement destinés à devenir plus
qu’une union économique, à l’instar d’autres structures comme
l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS).
Le lancement de la banque des BRICS, la Nouvelle banque de
développement (NDB BRICS), avec son siège principal à Shanghai et son
siège régional à Johannesburg, a confirmé l’ambition, déjà annoncée de
devenir une véritable alternative au G7, au FMI et à la Banque mondiale.
Son objectif, entre autres, sera de financer des projets dans les pays
en voie de développement. Une réalité qui est loin de plaire à nombre de
partisans de l’unipolarité, mais qu’il sera aujourd’hui difficile de
stopper.
L’autre fait qui déplaît beaucoup aux élites occidentales (et qui
confirment nos prévisions), c’est que justement au-delà de la
collaboration économique, on observe la solidarité politique et
géopolitique de l’alliance. En effet, et sur plusieurs dossiers, les
cinq pays de l’alliance ont montré leur solidarité et leur approche
commune. Ce fut le cas lors du soutien affiché à la Russie par les
quatre autres pays BRICS sur le dossier syrien. Un soutien qui s’est
également traduit dans l’opposition aux sanctions occidentales contre la
Russie. De son côté, la Chine, a également pu bénéficier du soutien
déclaré de ses partenaires, en premier lieu de la Russie, sur des
dossiers comme la situation en mer de Chine méridionale, zone dans
laquelle elle fait face aux tensions avec les E.U.
Parlons maintenant de l’élargissement. Le ministre chinois des
Affaires étrangères, Wang Yi, dont le pays présidera l’alliance des
BRICS à partir du mois de septembre, a déclaré « plaider pour que
d’autres pays rejoignent cette union, et que celle-ci satisfasse les
besoins de tous les pays-membres ». À ce titre, on parle déjà de
l’acronyme BRICS+, avec la possibilité de participation d’une dizaine
d’autres pays aux travaux des cinq pays fondateurs. L’Iran, la Turquie,
le Mexique, l’Indonésie, le Vietnam, les Philippines, le Pakistan, le
Nigeria, le Bangladesh ou encore la Corée sont mentionnés. Si la
possibilité de rejoindre l’union pour certains de ces pays prendrait
encore du temps, dans le cas de l’Iran, de la Turquie ou de l’Indonésie,
les perspectives sont tout à fait réelles.
Les BRICS, dans l’état actuel de l’alliance, représentent déjà à eux
seuls près de la moitié de la population mondiale, 26 % de la surface
terrestre et environ 35 % du PIB mondial, un pourcentage qui ne cesse en
passant de monter. L’alliance pèse déjà de son poids au sein du G20, de
l’aveu même des observateurs occidentaux. Qu’ils s’y habituent, car les
BRICS représentent en effet l’une des principales voix du monde
multipolaire. Une chose est également certaine: plus les BRICS, tout
comme l’OCS, continueront de s’affirmer, plus certains comprendront une
bonne fois pour toutes ce que représente véritablement la notion de
communauté internationale.
15/03/2017
Mikhail GAMANDIY-EGOROV
Sputnik
Lire aussi : BRICS,
Monde en Question (revue de presse) –
Site –
Wikipédia.