L'État des résistances dans le Sud 2010 - Monde arabe est opportunément paru le 22/01/2010 aux Éditions Syllepse.
Deux clichés sont d'emblée discutés par cet Etat des résistances dans le monde arabe. D'abord, celui du "vide d'acteurs" civils et sociaux qui caractériserait les sociétés non démocratiques. L'autoritarisme, le militarisme ou les tiraillements des Etats de la région auraient pour corollaire mécanique la confiscation rédhibitoire de tout espace autonome de mobilisation citoyenne et de contestation sociale. Ensuite, second lieu commun mis en perspective, l'épuisement de l'essentiel des formes protestataires dans la figure simplifiée et réifiée des "fous de Dieu", figure qui fige et surdimensionne la rhétorique religieuse. Les contradictions supposées intrinsèques entre mouvements islamistes et dynamiques de modernisation sociale et politique sont fixées a priori.Le Centre Tricontinental - CETRI - publie en ligne les articles de cet ouvrage dont la lecture vous en dira plus que la propagande des médias dominants sur les "événements" en cours dans le Maghreb et le Moyen-Orient.
Or, les réalités des résistances à l'ordre établi et aux inégalités sociales dans le monde arabe apparaissent, à un deuxième niveau de lecture, à la fois plus denses et plus complexes. L'échec des politiques de développement mimétique, l'essoufflement des moteurs idéologiques - socialisme, nationalisme, panarabisme - des Etats post-coloniaux et les crises laissées ouvertes par la libéralisation économique, la mondialisation et la géopolitique du pétrole ont nourri le mécontentement social et ouvert la voie à la (ré)émergence de sociétés civiles identitaires, nationalistes et démocratiques... Les réactions des pouvoirs contestés oscillent entre éradication, répression cachée, cooptation sélective, ouvertures en trompe-l'oeil et intégration neutralisante à la scène politique.