19 décembre 2009

Pour une économie de la contribution

Vidéos des conférences de Jean-Marie Monnier, de Carlo Vercellone, Franck Cormerais, Michel Deguy et Bernard Stiegler prononcées à l'occasion du débat organisé par Ars Industrialis le samedi 5 décembre 2009 à Paris.
Ars Industrialis

Lire aussi :
• L'économie de la contribution, Ars Industrialis.
• Bernard Stiegler : "Il y a beaucoup d'inventions qui ne produisent aucune innovation", Télérama.
• D'autres regards sur la crise, avec Bernard Stiegler, Fabrique de sens.
• Le modèle du logiciel libre, la réponse à la crise capitaliste ? - Bernard Stiegler est interviewé par Siné Hebdo, Connexion Démocrate.
• Comment les objets communicants transforment la société ?, Monde en Question.
• Dossier documentaire & Bibliographie Économie politique, Monde en Question.

18 décembre 2009

Corée du Sud

Voyage en Corée du Sud, Sur les docks - France Culture, 1/2, 2/2.
On parle habituellement de «la Corée», ce qui est vrai et faux. En fait, on se réfère alors à la Corée du Sud, l'un des quatre «dragons» asiatiques des années 60 (avec Taïwan, Hong-Kong et Singapour). Cette Corée est même devenue une puissance économique émergente. Or, la Corée du Sud n'est que la moitié d'un peuple.
La guerre de 1950-1953, permise par les Nations Unies, fut à la fois une guerre civile (plus d'un million de morts, certains experts affirment un million et demi) et une guerre internationale due à l'antagonisme Est-Ouest naissant. Depuis, «les Corée» paient un lourd tribut.
S'il y a eu un pays otage des rapports Est-Ouest - bien plus que les deux Allemagne -, c'est bien la Corée. Raison de plus pour s'y intéresser et essayer d'en comprendre l'identité : il faut toujours apprendre d'un grand peuple dévasté par l'histoire qui est parvenu à se redresser. D'autant plus que les voisins majeurs ont souvent cherché à le dominer : la matrice est chinoise, mais la botte a bien été japonaise. De 1910 à 1945, la Corée a vécu sous le joug insupportable de Tokyo.
Ces remarques apparemment négatives renvoient à une autre réalité : la Corée est «une», malgré le naufrage du Nord, enfermé dans la nuit d'une idéologie à laquelle personne ne croit, encore moins sans doute le régime kleptocrate de Pyongyang.
Huit jours en Corée du Sud ne peuvent permettre d'appréhender la destinée d'un peuple. Néanmoins, deux aspects ont été dégagés.

Lire aussi :
• Bibliographie, Les Enjeux internationaux - France Culture.
• Liens, Les Enjeux internationaux - France Culture.
• Dossier, France Culture.

De l'armée coloniale à l'armée néocoloniale


GRANVAUD Raphaël, De l'armée coloniale à l'armée néocoloniale (1830-1990), Survie, 2009 [Télécharger]
Cette brochure accompagne la parution du n°23 de la collection des «Dossiers noirs» de Survie intitulé Que fait l'armée française en Afrique ?, écrit par l'auteur et publié par les éditions Agone, en octobre 2009.

Tandis que ce «Dossier noir» traite essentiellement de la période la plus récente (1990-2009), cette brochure le précède chronologiquement et présente une synthèse sur le thème de l'armée française et de l'Afrique allant de la période coloniale à la première période néocoloniale, jusqu'à la fin de la guerre froide.

Lire aussi :
• GRANVAUD Raphaël, Que fait l'armée française en Afrique ?, Agone, 2009 [Afriradio - Alternative libertaire - Dailymotion-Télé Liberté - l'Humanité - Survie - Dossier presse].
Que fait l'armée française en Afrique ? Et de quel droit s'y trouve-t-elle encore aujourd'hui ? Si l'on en croit les discours officiels, elle n'y aurait plus depuis longtemps que des missions humanitaires et de maintien de la paix. La page du néocolonialisme et de la Françafrique aurait été tournée en même temps que finissait la guerre froide.
Ce « Dossier noir » examine, à travers de nombreux exemples concrets, la réalité de cette présence depuis deux décennies. Après un retour sur le dispositif néocolonial mis en place au lendemain des indépendances, il analyse – notamment à travers les conflits en Côte d'Ivoire ou au Tchad – les interventions militaires censées illustrer la « nouvelle » politique africaine de la France.
Entre héritage colonial et stratégies pour s'adapter à l'évolution des rapports de force internationaux, cette politique n'a jamais cessé d'être criminelle.
• Dossier documentaire & Bibliographie Colonialisme, Monde en Question.
• Dossier documentaire & Bibliographie Racisme, Monde en Question.

17 décembre 2009

Les agenciers ou journalistes d'agence

En hommage aux soutiers de l'information : les agenciers ou journalistes d'agence, Acrimed
Selon une étude de John Stauber et Sheldon Rampton, qui passent pour être les meilleurs spécialistes de la profession et co-auteurs d'un remarquable ouvrage sur la question, le nombre des salariés des agences des relations publiques (150.000) dépassait à partir de la décennie 1990 celui des journalistes (130.000).

Aux États-Unis, 40 pour cent de ce qui est publié dans la presse est directement reproduit, sans altération, des communiqués des «Public relations» soutient Paul Moreira, producteur de l'émission de référence de Canal + et auteur d'un ouvrage documenté sur Les nouvelles censures - Sans les coulisses de la manipulation de l'information, Robert Laffont, 2007.

Tragique retour de choses : la communication a tendu ainsi à se substituer à l'information, et ses dérives avec les « spin doctor's », ont tendu à renvoyer à la propagande de base des régimes totalitaires que les pays démocratiques étaient censés combattre, comme ce fut le cas notamment lors de l'invasion américaine de l'Irak, en 2003. Le «quatrième pouvoir», le garant de la démocratie, est apparu alors comme le vecteur d'une idéologie dominante et le langage de ses opérateurs comme un marqueur d'une d'identité culturelle avec les enjeux économiques que sous tendait la guerre sémantique qu'elle impliquait (précarité versus flexibilité).

En France, la phagocytose des entreprises de presse par le complexe militaro industriel a eu pour curieux résultat de placer les grands quotidiens nationaux et les grands vecteurs audio visuels sous la coupe des grands conglomérats adossés aux commandes de l'état : TFI Bouygues (Bâtiment et téléphonie mobile), Le Figaro Dassault aviation, Libération Edouard de Rothschild (Banque) ainsi que Lagardère armement et édition (Le Monde, Paris Match, Europe 1, VSD, Le journal de dimanche).


Lire aussi :
• NABA René, De notre envoyé spécial - Un correspondant sur le théâtre du monde 1969-2009, L'Harmattan, 2009.
• NABA René, Aux origines de la tragédie arabe, Bachari, 2006. [Dailymotion-Oumma - France Culture]
• NABA René, Du bougnoule au sauvageon - Voyage dans l'imaginaire français, L'Harmattan, 2002.
• NABA René, Guerre des ondes, guerre des religions - La bataille hertzienne dans le ciel méditerranéen, L'Harmattan, 1998.
Articles :
- René Naba | Actualité et Flashback
- CCIPPP
- Google Vidéos
- L'Harmattan
- Le Grand Soir
- Mondialisation
- Oumma
- Peuples & Monde
- Tlaxcala
- Voltaire
• Dossier documentaire & Bibliographie Agences de presse, Monde en Question.

Louis XIV : l'image et le mythe

Colloque Louis XIV : l'image & le mythe, Jeudi 21 janvier 2010 à Versailles, Calenda.
À l'occasion de l'exposition «Louis XIV : l'homme et le roi» qui se tiendra au château de Versailles du 19 octobre 2009 au 7 février 2010, le château de Versailles et le Centre de recherche du château de Versailles (CRCV) organisent conjointement un colloque sur «Louis XIV : l'image & le mythe». Il s'agira essentiellement d'analyser l'image que le Grand Roi renvoyait aux étrangers mais également celle qu'il pouvait se faire de lui-même, en s'intéressant plus particulièrement à la dialectique de l'homme public et de l'homme privé.

S'il est né pour être roi, Louis XIV n'en était pas moins homme et, en cette circonstance, disposait indéniablement de goûts propres. Ses importantes et somptueuses collections sont connues et ne reflètent pas nécessairement une inclination personnelle pour tel ou tel objet, le monarque s'inscrivant dans une logique de concurrence et de compétition que se livraient les souverains européens sur le marché de l'art. Comme prince le plus puissant, Louis XIV, à l'instar de ses pairs, devait donc posséder des œuvres de tel ou tel artiste afin de constituer la collection parfaite et idéale. Ce colloque a donc pour objectif premier de dépasser cette image publique renvoyée par Louis XIV comme roi de France et de saisir l'homme privé.

Lire aussi :

GOUBERT Pierre, Louis XIV et vingt millions de Français, Hachette Pluriel, [1966] 1998 [Cafés historiques - Fénelon].
Pierre Goubert confronte Louis XIV à son royaume et à son temps. Vingt millions de sujets sortent de l'anonymat pour rappeler que Versailles et son roi ne résumaient pas le royaume de France. Cette autopsie sans complaisance de la France du XVIIe siècle révèle une nouvelle perception de l'Histoire qui, loin de se focaliser sur la personnalité des grandes figures politiques et culturelles, prend en compte l'ensemble de la population à partir de l'utilisation systématique des registres paroissiaux, des inventaires après décès, des archives d'hôpitaux. Cette oeuvre magistrale, écrite dans une langue simple et chaleureuse, fait revivre le XVIIe siècle dans ses éclats de lumière et d'ombres.
• Louis XIV et la construction de l'État royal (1661-1672), Histoire, économie et société, 2000, 19e année, n°4.
• Articles Histoire, Monde en Question.

Écouter aussi :
• Vivre à Versailles au temps de Louis XIV, Canal Académie.

16 décembre 2009

Nationalisme rime avec racisme

Pour ceux qui douteraient encore que le faux débat sur l'identité nationale, voulu et orchestré par Sarkozy-Besson, ne soit qu'un prétexte à conforter l'expression du racisme contre les Français issus de l'immigration coloniale :
La secrétaire d'Etat chargée de la famille et de la solidarité, Nadine Morano, a déclaré, lundi soir 14 décembre, vouloir du jeune musulman français "qu'il ne parle pas verlan", lors d'un débat sur l'identité nationale à Charmes (Vosges). "Moi, ce que je veux du jeune musulman, quand il est français, c'est qu'il aime son pays, c'est qu'il trouve un travail, c'est qu'il ne parle pas le verlan, qu'il ne mette pas sa casquette à l'envers", a expliqué la secrétaire d'Etat à un jeune homme qui l'interrogeait sur la compatibilité de l'islam avec la République.
Le Monde

Propos qui réjouissent un Georges Frêche que le PS va certainement soutenir pour les régionales en Languedoc-Roussillon.
Les références à Barrès, figure de proue du nationalisme français, ravisait aussi François Mitterrand, qui proclama en 1954 «L'Algérie, c'est la France»...


Lire aussi :
• Troubles de l'identité nationale, Presseurop.
• Mais qu'est-ce que c'est que cette histoire de minarets que j'apprends ?, Des bassines et du zèle.
Deux faits :
- La question Êtes-vous pour l'initiative contre la construction de minarets ?
- La réponse 46,66% des électeurs se sont abstenus.
Un bon résumé du discours de Sarkozy : Identité nationale = valeurs de la République = civilisation chrétienne.
• L'«identité nationale» au miroir des sciences sociales, La vie des idées.
• Colloque 1914-1918 : les identités sociales et nationales en guerre, Lundi 01 février 2010 à Laon et Craonne, Calenda.
Le patriotisme et la défense de la nation sont des enjeux centraux pour les sociétés en guerre. Mais les identités nationales sont elles-mêmes construites et complexes. Elles revêtent des sens différents dans les Etats-nations et les empires multinationaux, pour les minorités nationales (Alsaciens, Polonais, Irlandais, Tchèques, Baltes…) et les soldats coloniaux. Elles s'articulent à des identités locales (la patrie et la « petite patrie ») et se construisent par des pratiques et des interactions multiples, à l'armée, à l'arrière, à l'école, dans la sphère culturelle. Qu'en est-il des identités lorsqu'il s'agit de citoyens d'une république ou d'une monarchie constitutionnelle, ou de sujets dans un système autoritaire traditionnel ? Où se situent les points de rupture dans les deux cas ? Un tel questionnement sera mené à travers la comparaison entre France, Italie, Russie, par exemple. De même la dimension coloniale pourrait comparer l'impact de la guerre sur les identités de troupes australiennes (dominion de race blanche de l'Empire britannique) et d'Afrique noire, ou d'Algérie où coexistaient colons et « indigènes ». Leur présence sur le Chemin des Dames fournira un exemple significatif. D'un autre côté, la prégnance du national et du nationalisme fait ressortir les identités alternatives : que signifie en 1914-1918 être neutre, internationaliste, européaniste ?
• Dossier documentaire & Bibliographie Immigration, Monde en Question.
• Dossier documentaire & Bibliographie Racisme, Monde en Question.

Arabophobie

SALLOUM Jacqueline, La Planète des Arabes, ContreInfo [imdb].
Ce court-métrage, réalisé comme une bande annonce, juxtapose tous les clichés anti-arabes véhiculés par Hollywood.

SHAHEEN Jack, Hollywood et Les Arabes, web2zero.tv - Dailymotion 1/3, 2/3, 3/3 [imdb].
Ce documentaire passe à la loupe un des aspects les plus calomnieux de l'histoire du cinéma et que personne n'avait jamais osé contesté, depuis l'époque du muet jusqu'aux grandes productions hollywoodiennes d'aujourd'hui.

Voir aussi :
• Jacqueline SALLOUM, Google Vidéos.
• Planet of the Arabs, Google Vidéos.
• Jack SHAHEEN, Google Vidéos.
• Reel Bad Arabs, Google Vidéos - Site.

Lire aussi :
• Reel Bad Arabs, Wikipedia.
• American-Arab Anti-Discrimination Committee, Wikipedia.
• Arabophobie, Monde en Question.
• Dossier documentaire & Bibliographie Racisme, Monde en Question.

15 décembre 2009

Lire Marx


BENSAÏD Daniel & CHARB, Marx, mode d'emploi, La Découverte, 2009 [Texte en ligne Zones].
Dans les années 80, en pleine offensive néolibréale, le magazine Newsweek pouvait titrer, triomphalement : «Marx est mort.»
Mais les spectres ont la peau dure. Aujourd'hui, Marx est de retour. En ces temps de crise fracassante du capitalisme et de grande débandade idéologique, on le redécouvre. Même le très libéral conseiller de l'Élysée, Alain Minc, s'est récemment déclaré «marxiste» - sans rire - en matière d'analyse économique.
Mais qui fut Marx ? Qu'a-t-il vraiment dit ? Ce petit ouvrage offre une introduction ludique à sa pensée, sa vie, son œuvre. Un panorama clair et souvent drôle qui associe bande dessinée et philosophie, humour et esprit de synthèse pour présenter dans toute son actualité la pensée du principal théoricien de l'anticapitalisme.


DUMÉNIL Gérard, LÖWY Michael, RENAULT Emmanuel, Lire Marx, Quadrige PUF, 2009 [Mediapart].
Deux impératifs ont présidé à la rédaction de cette introduction à la lecture de Marx : d'une part, le regain d'intérêt pour sa pensée en ce début de XXIe siècle, qui semble tout à coup plus d'actualité que jamais, certains allant jusqu'à faire de lui le grand penseur de notre modernité ; d'autre part, l'indisponibilité des recueils de morceaux choisis traduits en français, ou leur manque d'appareil critique.
Car, pour appréhender pleinement la force de sa pensée, il est nécessaire de se plonger directement dans ses textes, de voir comment sa pensée prend forme, comment ses idées s'agencent et s'articulent. C'est précisément le but de ce livre que de permettre, grâce à une mise en contexte et des explications, d'encadrer la lecture des écrits de Marx, non pas en faisant écho aux innombrables débats d'interprétation et commentaires issus du marxisme-léninisme, mais pour donner envie au lecteur de retourner aux textes intégraux afin de ne plus confondre l'original et la contrefaçon, les idées de Marx et leur caricature.
L'ouvrage aborde, en trois parties, trois domaines dans lesquels la pensée de Marx est essentielle : les sciences politiques, la philosophie et les sciences économiques. Bien que son oeuvre, par vocation, procède de l'imbrication des trois dimensions de sa théorie et, au-delà, d'une unité entre travail théorique et intervention pratique (philosophie de la praxis), elle n'en présente pas moins un intérêt théorique spécifique dans chaque discipline. L'ordre de la présentation vise à faire apparaître la cohérence de son projet - au travers de ses réactions aux évolutions historiques de son temps, de sa trajectoire le menant de la critique de la philosophie à la critique de l'économie politique -, ainsi que son incroyable actualité, à la lumière des débats politiques, philosophiques et économiques actuels.


DUMÉNIL Gérard, LÖWY Michael, RENAULT Emmanuel, Les 100 mots du marxisme, QSJ PUF, 2009 [Mediapart].
Bien qu'il ait refusé le terme de son vivant, le marxisme est d'abord la pensée de Karl Marx, pensée d'une richesse proprement extraordinaire, et en constante évolution. Mais ce que le marxisme doit à Marx est indissociable de ce qu'il doit à Engels, le coauteur - entre autres - du Manifeste du Parti communiste, et l'éditeur posthume des volumes 2 et 3 du Capital. Après leur mort, leurs idées furent développées dans des directions très diverses par des penseurs et des courants politiques se réclamant de leur héritage. Elles inspirent encore aujourd'hui la plupart des contestations radicales de l'ordre capitaliste.
En 100 entrées, cet ouvrage éclaire les principales notions du marxisme et rend compte de l'imbrication des enjeux et débats politiques, économiques et philosophiques au coeur de chacune d'entre elles.


FISCHBACH Franck (sous la direction de), Marx - Relire Le Capital, PUF, 2009.
Disons aussitôt ce que ce livre ne fait pas : il na pas la naïveté de prétendre que «tout est dans Marx», que Marx avait raison seul avant tout le monde, que toutes les évolutions des sociétés capitalistes, y compris les phénomènes récents de financiarisation du capital, étaient déjà exactement décrites et en quelque sorte anticipées par Le Capital. Il ne prétend donc pas quil faut revenir purement et simplement à Marx et à la lettre du Capital. Au contraire, on montrera ici que Marx ne peut être actuel quà la condition qu'on actualise Le Capital, et même qu'on le corrige et le modifie sur certains points essentiels : dans un contexte de redécouverte du Capital, la tâche est d'autant plus urgente et, si lon veut éviter de renouveler certaines erreurs passées, alors il faut cesser de considérer Le Capital comme un monument intouchable, et tenter au contraire de poursuivre une recherche que Marx na pas lui-même achevée, et de mener ainsi à son terme «la logique du Capital».

10/10/2009-10/04/2010, Séminaire Marx au XXIème siècle : l'esprit et la lettre, Université Paris 1-Sorbonne [entrée libre et gratuite].
Dire que la pensée de Marx est vivante ne peut plus être aujourd'hui une déclaration abstraite et sans conséquence. C'est bien la radicalité même de cette pensée qui en est la cause, et non la perspective de son inscription sans heurt au sein d'une tradition «classique». Dès lors, c'est seulement un travail poursuivi d'exploration et d'invention qui peut le montrer. C'est pourquoi ce séminaire se veut un lieu de débat, de découverte et de confrontation, original à plusieurs titres.
Il s'agit de se confronter aux textes de Marx et du marxisme avec la plus grande rigueur historique et philologique, en développant et en présentant, le travail éditorial autant que critique, déjà réalisé ou en cours de réalisation, et cela sur le plan international.
Il s'agit de surmonter les découpages rigides et les barrières disciplinaires, de faire se croiser les axes, philosophique, sociologique, économique, etc., en les unissant autour de leur portée concrète ou pratique : c'est la volonté d'intervention théorique et politique de l'engagement critique qui, sans dogmatisme, définissent un rapport vivant à Marx aujourd'hui.
Il s'agit donc d'être offensifs, dans un contexte d'hégémonie, à la fois puissante et fragile, de la pensée dominante. Il importe d'ouvrir les fenêtres, de déranger les évidences, de rejeter les mauvais procès et de récuser les anathèmes. Rien de plus utile pour cela que de se confronter à toutes les idées du présent, d'être attentif à tous les courants de pensée. Bref, d'investir tous les points hauts de la pensée contemporaine, en philosophie, économie, histoire, sciences sociales, sciences de la nature, etc., en vue d'une confrontation informée et sans timidité.

Lire aussi :
• Dossier documentaire & Bibliographie Marxisme, Monde en Question.

14 décembre 2009

L'identité française est soluble dans l'alcool

Un Comité de défense du beaujolais a été créé vendredi 11 décembre à Fleurie dans le département du Rhône à l'initiative de deux journalistes, Bernard Pivot, membre de l'Académie Goncourt, et Périco Légasse, chroniqueur gastronomique à Marianne, pour protéger un "symbole de l'identité française".
[...]
"On est quand même sur la terre des Bituriges (tribu gauloise), d'où le mot biture", concluait Périco Légasse après la dernière dégustation. Plus sérieusement, ajoutait-t-il plus tard, "ce comité veut dénoncer le lynchage dont le beaujolais, vin du peuple, vin des ouvriers, vin festif, est victime alors qu'il est un symbole de l'identité française. Ici, les viticulteurs ont l'impression d'être abandonnés par le marché, par l'opinion publique, par certains journalistes… A Paris, il est de bon ton de dire que le beaujolais ne vaut rien, alors que c'est un grand vin de France".
Le Monde

Lire aussi :
• Indigestion coloniale : l'urgence d'une réponse anthropophagique, Le Mort-Qui-Trompe.

Ils ont été quatre millions de Marcel qui, durant les deux ou trois premières années de leur vie de citoyen, firent la guerre en Algérie, au nom de la république, entre 1954 et 1962 : brûlant les villages, séquestrant les familles, massacrant les hameaux, torturant des millions de personnes, méthodiquement, administrativement, déportant des millions d'autres ou les mêmes, faisant dans ce qui s'appelait alors les départements français d'Algérie près d'un million de morts et plus de deux millions d'estropiés ou rendus fous à vie. Quatre millions de jeunes hommes qui furent obligés à faire en Algérie exactement ce que les Allemands avaient fait, à peine dix ans auparavant, dans l'Europe occupée, sauf bien sûr l'extermination des Juifs.
Quatre millions qui ensuite devinrent des pères de familles. Tous les pères des Français qui ont entre, disons, 35 et 48 ans, ont servi en Algérie. La guerre d'Algérie est le grand silence des familles françaises. Le trauma indicible. Les Français sont un peuple dont l'histoire contemporaine est jalonnée de grandes guerres, et les souvenirs de guerre font partie des rituels familiaux des anciens. Dans les familles, à table ou le soir, l'aïeul racontait «sa» guerre de 14-18 ; le grand père racontait «sa» guerre de 39-45, pas forcément glorieuse mais enfin, racontable ; et le père ? «Papa, raconte nous comment c'était ta guerre en Algérie ?». - Silence, pesant. Le silence des pères, l'alcoolisme dans les familles, la violence familiale névrotique ont presque toujours pour arrière fond le crime inconfessable et douloureusement refoulé de l'Algérie.

• Dossier documentaire & Bibliographie Nationalisme, Monde en Question.

Victoire de Le Pen... en Europe (2)

Un lecteur, qui signe Requiem, écrit :
Ben voyons, vous avez vécu dans une grotte ces dernières semaines ? Les médias ont TOUT fait pour insinuer que le référendum était raciste, il n'y avait qu'à voir l'article de Libération.

Ce lecteur ne cite pas l'article de Libération, qui aurait "insinué que le référendum était raciste", mais de toute façon il semble qu'il ne sache pas lire... comme le prouve la suite de sa diatribe.

De fait, le quotidien Rothschild-Joffrin passe sous silence le racisme politique et social illustré par les résultats du référendum en Suisse :
30/11/2009, Les Suisses sont-ils racistes ?, Libération.
Commentaires : À cette question, Laurent Joffrin répond «je n'en sais rien...» Dont acte.

30/11/2009, Laurent JOFFRIN, Absurde, Libération.
La peur irraisonnée de l'islam a de nouveau frappé en Europe. Alors que les musulmans de Suisse mènent pour la plupart, aux dires de tous, une vie parfaitement respectueuse du droit, la Confédération a adopté contre eux une mesure ostensiblement discriminatoire. L'interdiction des minarets ternit brutalement l'image d'un pays pourtant accoutumé à la coexistence pacifique des religions.

La force absurde du préjugé se vérifie d'autant plus que ce sont les cantons où il y le moins de musulmans qui ont le plus approuvé la mesure anti-islam réclamée par la droite extrême.

Le vote suisse est un signal d'alerte pour l'Europe entière. Aucun gouvernement du continent n'a jusqu'à présent réglé de manière satisfaisante ses rapports avec la religion musulmane, qui fait pourtant partie intégrante du paysage européen. L'activisme intégriste, danger minoritaire mais réel, sert de prétexte au maintien hors les murs de croyants dont l'immense majorité ne demande qu'à vivre en paix dans la plus stricte légalité. Il n'existe sur ce point qu'une seule stratégie possible : favoriser, sur des bases laïques établies depuis longtemps, l'émergence d'un islam européen dont les spécialistes voient déjà les prémisses, fidèle à sa foi et acclimaté à la culture des droits de l'homme. La Suisse vient de lui tourner le dos, au grand bénéfice des intégristes de tous les bords.

Commentaires : Le patron de Libération ne parle pas d'une mesure raciste, mais d'une «mesure ostensiblement discriminatoire» - la nuance est importante. De même, il n'écrit pas extrême droite mais «droite extrême», novlangue du politiquement correct. Enfin, il enferme ses lecteurs dans un faux débat sur la religion, en prônant «la coexistence pacifique des religions» et «l'émergence d'un islam européen» «sur des bases laïques». Absurde !

Notre lecteur partage le consensus construit par les médias dominants qui, après avoir déserté le terrain de l'analyse politique et sociale, interprètent le monde en recourant à l'idéologie du choc des civilisations selon laquelle la religion serait l'explication de tous les conflits économiques, politiques et sociaux.

La revue de presse européenne du 9 décembre illustre l'impasse du paradigme religieux : La question de la religion tourmente l'Europe, euro|topics.

Le seul article évoquant le racisme fut publié tardivement et par un journaliste qui n'exprime pas la ligne du journal (dérive vers le racisme anti-arabe [1]) : Pierre MARCELLE, Les mots pour la redire, la barbarie, Libération du 04/12/2009.
Ainsi, petit à petit, l'oiseau fait son nid. Cet oiseau-là, appelons-le fascisme ou néonazisme, et entendons de partout monter des voix nous rappelant scrupuleusement au sens des mots. Allons ! La Suisse serait soudain devenue, par le seul fait d'une votation interdisant l'érection de minarets, un Etat raciste ! Vous rigolez ?… Eh bien non, on ne rigole pas. On cherche le mot susceptible d'identifier l'électeur d'une proposition raciste promue par des racistes, et - est-on simplet, tout de même ! - on ne trouve rien de mieux que : raciste.
[...]
Redire que la barbarie, ce n'est pas l'islam. La barbarie, c'est invoquer un «islam modéré» (autre façon de signifier que son essence est extrémiste - terroriste) pour le sommer d'être «audible» tout en le contraignant à se taire, reclus dans le travail clandestin, la privation des droits civiques et la négation de toute identité autre que voilée.
[...]
La barbarie se mesurait hier, dans un sondage Ifop pour Le Figaro, à 46 % de sondés favorables à l'interdiction des minarets dans l'hexagone - et 41 % opposés à l'édification de mosquées.

Rappelons que Pierre Marcelle est toléré par le couple Rothschild-Joffrin et parfois censuré. Que fait-il donc dans cette galère [2] ?

Il est symptomatique que, pour rendre odieux le racisme, Pierre Marcelle doive l'associer au fascisme et au nazisme. En quoi il se fourvoie car sa dénonciation, purement morale, n'explique rien. Le racisme est intimement lié au colonialisme et donc au capitalisme. Il s'est développé en même temps que la colonisation européenne du monde, qui commença en 1492 alors que s'achevait la Reconquista... Le racisme fut l'idéologie de l'accumulation primitive du capital. Il fallait considérer comme inférieures, sinon comme non-humaines, les populations conquises pour justifier l'appropriation de leurs terres et de leur travail.

Serge LEFORT
13/12/2009

Lire aussi :
• Laila LALAMI, La Nouvelle Inquisition, Des bassines et du zèle - Traduction de, The New Inquisition, The Nation.
• Dossier documentaire & Bibliographie Racisme, Monde en Question.

[1] Lire notre analyse sur l'affaire RER D : Analyse d'une dérive – Le cas Libération.
[2] Bibliographie :
• Pierre MARCELLE, Wikipédia .
• Pierre MARCELLE, Acrimed.
• Pierre MARCELLE, Quotidienne - Chroniques 2000-2001, Léo Scheer, 2005.
• Pierre MARCELLE, Quotidienne 2002-2003, Fayard, 2006 [Là-bas si j'y suis].
• Pierre MARCELLE, Quotidienne 2004-2006 suivi de Libération, une crise, Fayard, 2007 [Mouvements].

13 décembre 2009

Les dérives de la prévention


PERETTI-WATEL Patrick, MOATTI Jean-Paul, Le principe de prévention - Le culte de la santé et ses dérives, Seuil, 2009 [l'Humanité - Nonfiction].
La santé est devenue notre bien le plus précieux. Les recommandations qui saturent l'espace public viennent nous le rappeler quotidiennement: "fumer tue", "évitez de grignoter entre les repas", "lavez-vous les mains fréquemment", etc. Car, pour faire reculer le plus possible la maladie et la mort, il faut traquer le risque partout où il existe. La prévention des excès alimentaires, du tabagisme, de la consommation d'alcool et de drogues s'efforce d'atteindre cet idéal de sécurité totale. Mais la "mise en risque" du monde ne va pas sans dysfonctionnements. Le culte de la santé disqualifie ceux qui transgressent les conseils des experts. Il enserre les individus dans de nouveaux carcans moraux. Enfin, il est l'allié des industries agroalimentaires et pharmaceutiques, à qui il ouvre des marchés lucratifs. Conçue pour protéger les citoyens, les enfants, les personnes vulnérables, la prévention doit aujourd'hui être réinventée, sous peine de perdre son âme.

Lire aussi :
• Revue de presse Grippe A/H1N1, Monde en Question.
• Dossier documentaire & Bibliographie Risque & Gestion du risque, Monde en Question.

Grands débats

Grands débats 1/4 : le postcolonial est-il déjà depassé ?, La Fabrique de l'Histoire - France Culture.
En 2005 et 2006, le grand public découvrait en effet par un grand nombre de publications l'existence d'un ensemble de théories regroupées sous le nom de "postcoloniales". Elles permettaient à certaines associations de faire le lien entre la colonisation passée et la relégation de certains quartiers dans lesquels vivent des descendants de colonisés.
Cette approche, considérée comme politisée, a empêché bien des curieux d'aller voir plus loin.

Quatre années plus tard , qu'en est-il du postcolonial ? Comment utiliser cet attirail critique construit pendant vingt-cinq ans dans les universités américaines et à côté de laquelle bien des chercheurs français sont passés ? Est-on déjà passé au post-postcolonial ?
Lire aussi :
• BLANCHARD Pascal et BANCEL Nicolas (dirigé par), Culture post-coloniale - Traces et mémoires coloniales en France 1961-2006, Mémoires, Autrement, 2006 [LMSI].
• Dossier documentaire & Bibliographie Histoire coloniale et postcoloniale, Approches Cultures & Territoires.
• Dossier documentaire & Bibliographie Colonialisme, Monde en Question.

Grands débats 2/4 : pourquoi rendre l'histoire-géographie optionnelle en terminale S ?, La Fabrique de l'Histoire - France Culture.
La Fabrique de l'histoire s'arrête ce matin sur l'appel lancé il y a deux semaines par l'Association des Professeurs d'Histoire-Géographie et relayée par une pétition d'historiens samedi dernier dans le Journal du Dimanche. Dans la réforme du lycée voulue par le ministère de l'Education Nationale, des matières traditionnelles sont en effet redistribuées entre la seconde, la première et la terminale. L’idée gouvernementale est donc de supprimer l’enseignement obligatoire d’histoire géographie en terminale S, de le rendre optionnel et de le renforcer en première. Et parallèlement de renforcer l’histoire/géo en classe littéraire pour redonner du lustre à cette filière de plus en plus abandonnée par les bons élèves.

C’est contre cela qu’une pétition menée par les historiens Serge Bernstein, Pierre Milza ou Jean-Pierre Azema a été publiée ce week-end dans le JDD et a reçu le soutien de personnalités et de femmes et d’hommes politiques de gauche comme de droite.
Ils en appellent au rapport particulier que la nation et son école entretiennent avec l'histoire et la géographie et n'imaginent pas que des scientifiques puissent se passer des sciences de l'espace et du temps.
Lire aussi :
• DE COCK Laurence, MADELINE Fanny, OFFENSTADT Nicolas et WAHNICH Sophie (sous la direction de), Comment Nicolas Sarkozy écrit l’histoire de France, Agone, 2008.
• DE COCK Laurence et PICARD Emmanuelle (sous la direction de), La Fabrique scolaire de l’histoire, Agone, 2009 [Académie de Versailles - Approches Cultures & Territoires - Journal d'école - LDH-Toulon - l'Humanité].
CITRON Suzanne, Préface : Un parcours singulier dans la fabrique scolaire, Agone, 2009.
• TIBERJ Vincent, La crispation hexagonale, Plon, 2008 [Télécharger].
• Dossier documentaire & Bibliographie Nationalisme, Monde en Question.

Grands débats 3/4 : que peuvent apporter les romans à l’Histoire ?, La Fabrique de l'Histoire - France Culture.
La rentrée littéraire de septembre a été marquée, d'après la critique, par un nombre plus important qu'auparavant de romans à trame historique : "Démon" de Thierry Hesse, "Jan Karski" de Yannick Haenel, "Des hommes " de Laurent Mauvignier ou "Les sentinelles " de Bruno Tessarech ont - à des titres différents - été remarqués pour leur traitement de l'histoire, différent de celui des historiens.

Que disent donc les romanciers que ne disent pas les historiens ? Pourquoi sent-on parfois une réticence de certains universitaires en face de cette manière de traiter du passé ?

Grands débats 4/4 : historiens et réalisateurs face aux documentaires historiques, La Fabrique de l'Histoire - France Culture.
La diffusion de la série documentaire à succès "Apocalypse" a poussé des historiens à protester contre certains procédés mis en œuvre (colorisation, sonorisation, voix off...) par les réalisateurs. Ce débat faisait suite à d'autres , dans lesquels les historiens professionnels avaient été traités de "gardiens du temple" historiques : "l'Apocalypse" de Gérard Mordillat et Jérôme Prieur, Vraie Jeanne, Fausse Jeanne" de Martin Meissonnier, "9-3, histoires d'un territoire" de Yamina Benguigui...
Que se passe-t-il donc entre universitaires et gens de télévision ? Pourquoi des accrochages si fréquents ? Pourquoi les historiens eux-mêmes ne participent-ils pas plus à des œuvres audiovisuelles ?