9 février 2018

La légende chrétienne du Mont Saint-Michel



Titre : Mont-Saint-Michel, le labyrinthe de l'archange
Réalisateur : Marc Jampolsky
Durée : 1h27
Année : 2017
Pays : France
Genre : Documentaire
Résumé : À la faveur d'un vaste chantier de restauration, historiens et archéologues lèvent le voile sur les mystères architecturaux du Mont-Saint-Michel, un monument qui n'a cessé de se reconstruire au cours de ses treize siècles d'histoire tumultueuse.
Fiche : Arte - CNRS
Avis de Ciné Monde : Cet excellent documentaire utilise l'imagerie en 3D non pour faire du spectacle à bon marché comme trop souvent, mais pour expliquer l'histoire compliquée et non totalement élucidée de la construction du Mont-Saint-Michel au cours des siècles.
Il ne dit rien par contre du pan de mur visible dans Notre-Dame-sous-Terre que certains attribuent au sanctuaire de Saint Aubert [1] et d'autres à un vestige mégalithique préexistant à la christianisation du lieu [2].
Cette seconde hypothèse est d'autant plus plausible que l'Église catholique a presque toujours construit ses églises à l'emplacement d'autres lieux de culte. C'est le cas, par exemple, de Notre-Dame à Paris, construite à l'emplacement d'une première église bâtie sur un temple païen, et de l'église de Cholula, prés de Puebla au Mexique, construite au sommet d'une pyramide aztèque encore visible et accessible (voir maquette).


Iglesia de Cholula, Estado de Puebla, México

Cette seconde hypothèse est corroborée par les Chroniques latines du Mont Saint-Michel (IXe - XIIe siècle) [3] et le Le roman du Mont Saint-Michel (XIIe siècle) [4] qui évoquent respectivement "deux rochers que les nombreux ouvriers étaient incapables de déplacer ni même de faire bouger de leur emplacement" et "deux rochers qu'ils ne pouvaient déplacer par aucun moyen ni faire bouger".
Mais, depuis la fouille conduite par Yves-Marie Froidevaux en 1961, aucun archéologue n'a étudié ce pan de mur ni les fondations de Notre-Dame-sous-Terre alors que les techniques modernes le permettraient car elles ont l'avantage d'être non invasives.
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Lire aussi :

Généralités

Histoire et actualités, Abbaye du Mont-Saint-Michel.
Bibliothèque virtuelle du Mont Saint-Michel, Presses universitaires de Caen.
Le Mont ne s'est pas fait en un jour, CRDP Basse-Normandie, sans date.
Le Mont-Saint-Michel dans toute sa splendeur, Futura sciences.

Articles

Michel DE BOÜARD, L'église Notre-Dame sous Terre au Mont Saint-Michel - Essai de datation, Journal des Savants, 1961.
Nicolas SIMONNET, La fondation du Mont-Saint-Michel d'après la Revelatio ecclesiae sancti Michaelis, Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest, 1999.
Pierre BOUET, La Revelatio ecclesiae sancti Michaelis et son auteur, Tabularia, 2004.
Pierre GUIBERT et al., Archéologie du bâti et archéométrie au Mont-Saint-Michel, nouvelles approches de Notre-Dame-sous-Terre, Archéologie Médiévale, 2008.
L'Inrap fouille au Mont-Saint-Michel, INRAP, 17/01/2017.

Livres

Chroniques latines du Mont Saint-Michel (IXe - XIIe siècle), Presses universitaires de Caen [Texte en ligne].
Guillaume de SAINT PAIR, Le roman du Mont Saint-Michel (XIIe siècle), Presses universitaires de Caen [Texte en ligne].
Marc DÉCENEUX, Mont-Saint-Michel - Histoire sacrée et symbolique, Éditions Ouest-France, 1993 [Texte en ligne].
Marc DÉCENEUX, Mont-Saint-Michel - Histoire d'un mythe, Éditions Ouest-France, 1997.
Patrick SBALCHIERO, Histoire du Mont Saint-Michel, Perrin, 2005 réédition 2015.
Henry DECAËNS (sous la direction de), Le Mont-Saint-Michel,, Éditions du Patrimoine, 2015.

Audio

Le Mont Saint-Michel, du sable au clocher, France Culture, 11-14/09/2017 1/4 mp3 - 2/4 mp3 - 3/4 mp3 - 4/4 mp3.

Cinémathèque, Ciné Monde.
Dossier Cinéma France, Monde en Question.
Index Cinéma (Tous les dossiers), Monde en Question.
Veille informationnelle Cinéma, Monde en Question.

Notes et références

[1]

Source : Michel DE BOÜARD, L'église Notre-Dame sous Terre au Mont Saint-Michel, Journal des Savants, 1961 p.27.
Lire aussi : Nicolas SIMMONET, Mont-Saint-Michel, Casa Editrice Bonechi, 2001 p.20.

[2]

Source : Marc DÉCENEUX, Mont-Saint-Michel - Histoire sacrée et symbolique, Éditions Ouest-France, 1993 p.7.

[3] Alors, le vénérable évêque, n'ayant plus le moindre doute sur sa vision, se rendit sur les lieux parmi les hymnes et les chants de louanges et entreprit de réaliser l'ouvrage, conformément à l'ordre reçu. Ayant rassemblé une foule considérable de paysans, il leur fit dégager et niveler l'endroit afin de préparer la place. Mais en son milieu se dressaient deux rochers* que les nombreux ouvriers étaient incapables, en s'aidant de leurs seuls bras, de déplacer ni même de faire bouger de leur emplacement. Or, comme ils étaient restés longtemps impuissants devant cette difficulté et qu'ils ne voyaient pas du tout ce qu'ils pouvaient faire, la nuit suivante, une vision se manifesta à un homme nommé Bain, vivant dans le village d'Itier, qui, fort de ses douze fils, jouissait parmi les siens d'une grande considération. Pressé par la vision de s'employer lui aussi à la tâche aux côtés des ouvriers en peine, il se rendit sans délai sur les lieux, accompagné de ses fils, pour accomplir ce qu'on lui avait ordonné de faire. Une fois sur place, sûr du concours de l'archange saint Michel, il accomplit ce dont la force humaine était incapable : chose surprenante, il eut si peu de mal à pousser cette masse rocheuse d'une taille colossale qu'on avait l'impression qu'elle ne pesait plus rien. Alors, louant Dieu tous en chœur ainsi que le saint archange Michel, ils s'employèrent plus activement à l'ouvrage commencé.
*[note de Pierre BOUET] duae rupes : certains commentateurs ont pensé que ces deux rochers étaient les vestiges soit d'un dolmen néolithique, soit d'un autel consacré à une divinité païenne.
Source : Chroniques latines du Mont Saint-Michel (IXe - XIIe siècle), Presses universitaires de Caen.

[4] Puis il fit venir les ouvriers là-haut et leur ordonna de faire tomber, d'abattre et de couper ce qui empêchait de commencer cette église qu'il devait édifier. Chacun d'eux se mit à l'ouvrage de son côté. Une fois le lieu nivelé, il leur resta au milieu deux rochers qu'ils ne pouvaient déplacer par aucun moyen ni faire bouger. Saint Aubert en était bouleversé, mais le Seigneur Dieu lui vint en aide.
[...]
Alors Bain s'avança et, après s'être signé, s'appuya contre le gros rocher ; ses fils et lui se mirent à pousser, sans le faire aucunement bouger ; ils s'évertuèrent à le pousser, mais ne purent le déplacer ; ils poussèrent d'un côté, poussèrent de l'autre, mais la pierre ne s'ébranla en aucune façon. Les paysans se joignirent à eux, mais toutes leurs tentatives furent vaines : tous ruisselaient d'angoisse, mais impossible de l'enlever ! Ils avaient beau tirer, pousser, peser sur des cordes, leurs efforts étaient inutiles. Ils s'interpellaient l'un l'autre : "Ah, vaurien, pousse donc de ce côté-là !"
[...]
Conformément aux ordres d'Aubert, ils lui apportèrent vite l'enfant avec le berceau dans lequel il se trouvait. Ils l'appuyèrent directement contre le rocher ; Bain et ses enfants s'avancèrent alors, empoignèrent la pierre en la soulevant et la firent rouler en bas du mont. Elle continua à rouler et s'arrêta dans la vallée située au-dessous : elle y est toujours actuellement, on la voit très bien. Certains l'appellent "le Tombeau".
Ce fut là un grand et beau miracle : là fut à l'œuvre la puissance de Dieu, qui, avec un berceau, a ôté ce que la foule présente ne pouvait pas seulement faire bouger !
L'autre pierre fut vite déplacée, après qu'on eut enlevé la grande. Après avoir aménagé le mont, ils prirent congé et s'en allèrent.
Source : Guillaume de SAINT PAIR, Le roman du Mont Saint-Michel (XIIe siècle), Presses universitaires de Caen.

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