21 novembre 2009

L'Orient, une construction coloniale

Le concept d'orientalisme est illustré ici par un corpus britannique. La démarche se situe dans le dépassement de la critique du terme par Edward Saïd, le grand écrivain palestino-américain qui avait enseigné la littérature comparée à New York (Columbia University). Mais telle démarche voudrait demeurer dans l'esprit de l'horizon postcolonial, ce domaine d'études dont l'initiateur n'est autre que le même E. Saïd, lequel a réussi à l'imposer d'abord au sein de l'espace académique américain, ensuite à l'échelle du monde. Désormais, dans l'approche de l'autre oriental par l'humanité occidentale, un pacte éthique se propose de veiller sur le jugement. Comment connaître l'autre culture sans recourir aux outils de pensée de sa propre culture ? Ne fut-il pas long le temps où il était impossible de parler d'Orient sans invoquer les référents occidentaux ? Ne faut-il pas parvenir à un relativisme interactif dans la mesure où les regards sont interdépendants, chacun étant relatif à l'autre ? Si le geste qui veut écrire l'histoire de l'autre s'ignore lui en tant que prise de position, en tant qu'appropriation, reconstitution et interprétation subjective d'une histoire qui ne vous appartient pas, les jugements demeurent enfermés sur leurs propres contours sans parvenir à la vérité de l'autre, ce qui invalide le but recherché, à savoir la connaissance. Toutefois ce devoir de connaissance ne devrait pas abolir la part du rêve, celui-là même qui nourrit l'imagination créatrice qui s'active dans la quête de soi à travers la fréquentation de l'autre, en sa singularité, en sa différence, fussent-elles fantasmées.

Cultures d'islam - France Culture

Lire aussi :
SAÏD Edward, L'orientalisme - L'Orient créé par l'Occident, Seuil, 1980.
• Dossier documentaire & Bibliographie Colonialisme, Monde en Question.

L'universalisme, une idéologique coloniale

Force est de constater que l'universalisme, hier encore conquérant, est aujourd'hui partout sur la défensive. Il passait pour instrument d'émancipation. Le voici accusé par la nouvelle génération des études post-coloniales et autres « subaltern studies » d'être l'instrument idéologique de l'ancien colonisateur en vue de l'éradication des cultures indigènes. Il fait d'ailleurs l'objet d'une virulente « déconstruction » dans les pays anciennement colonisés – cette déconstruction, paradoxalement, est inspirée par certains philosophes européens... Mais dans les vieilles nations occidentales qui l'ont vu naître au XVIII° siècle, l'universalisme des Lumières se retrouve tout autant sur la sellette. Ici, on lui reproche de n'avoir pas tenu ses promesses d'égalité concrète entre citoyens - les inégalités sociales ne montrent-elles pas une bien fâcheuse tendance à recouper les clivages ethniques ? Quand on ne l'accuse pas tout simplement d'avoir défait le tissu social en favorisant le repli sur eux-mêmes d'individus désormais privés d'horizons comme d'appartenances.

Mais si l'universalisme est devenu une utopie, eh bien cette utopie mérite d'être défendue, prétend Caroline Fourest, dans le livre qu'elle fait paraître aujourd'hui. A ses yeux, c'est le communautarisme qui est en crise dans les pays qui l'ont adopté. La France n'a donc pas à renoncer à son modèle d'intégration républicaine. Car la promotion de la diversité culturelle pourrait bien servir de diversion : n'est-ce pas un moyen commode de faire oublier la lutte pour davantage d'égalité sociale ? Quant au multiculturalisme, tellement à la mode, il recouvre un très grand nombre de politiques ; c'est un concept flou, dont l'intention première – préserver la culture de populations indigènes – a été détournée au profit de leurs exigences par toute sorte de minorités revendicatrices. De même, les invocations à la tolérance sont parfois instrumentalisées par certaines communautés pour protéger leur propre intolérance. Cela fait débat. On en parle.

Du grain à moudre - France Culture

Lire aussi :
JULLIEN François, De l'universel, de l'uniforme, du commun et du dialogue entre les cultures, Fayard, 2008.
WALLERSTEIN Immanuel, L'universalisme européen : de la colonisation au droit d'ingérence, Démopolis, 2008.
• Dossier documentaire & Bibliographie Colonialisme, Monde en Question.

20 novembre 2009

La vaccination au fil du temps

A l'occasion du lancement, en France, de la campagne de vaccination de la population générale contre la grippe A (autrement appelée H1N1), La marche des sciences propose d'entrer dans l'histoire des vaccinations, de la mise au point du premier vaccin aux dernières découvertes ; un regard jeté sur la science médicale, les avancées thérapeutiques, mais aussi sur la société concernée, la réception de ces vaccins et les réticences qui ont pu naître en certaines occasions. Une aventure de la vaccination qui a suscité beaucoup de légendes et de récits sur les rituels prophylactiques. Une histoire des vaccins qui est aussi le reflet de l'histoire des représentations et des cultures, des rapports entre la science et le pouvoir, et qui pose une question cruciale, celle de la liberté individuelle.

La marche des sciences - France Culture

Lire aussi :
• Articles Grippe A/H1N1, Monde en Question.
• Dossier documentaire & Bibliographie Risque & Gestion du risque, Monde en Question.

Faut-il vacciner les populations contre leur gré ?

Dans moins de deux jours, s'ouvre la campagne de vaccination contre le virus H1N1, mais dans un contexte de désintérêt même de méfiance totalement inédit. 80% des Français n'auraient pas l'intention de se rendre dans les centres prévus à cet effet, soit qu'ils estiment la grippe bénigne, soit qu'ils évoquent des effets secondaires du vaccin. L'OMS a beau rappeler que les campagnes de vaccination sont le « rempart de la plus efficace contre cette première pandémie du XXIème siècle », même le personnel de santé ne semble pas l'entendre de cette oreille : le quotidien « Aujourd'hui en France » avançait hier un chiffre dérisoire : seuls 7% des soignants de l'AH-HP se seraient portés volontaires pour la vaccination.

Alors pour ne pas attiser la méfiance, on répète au Ministère que la vaccination n'est pas obligatoire, qu'elle est simplement de la responsabilité de chacun, mais en sachant que si personne n'y consent, le plan sera sans efficacité pour la collectivité car la réduction de l'incidence d'une maladie ne s'obtient qu'au prix d'un taux élevé de couverture vaccinale. Bref, cette campagne, à la fois massive et non obligatoire, a toutes les chances de s'enferrer dans ses contradictions.

Dans une tournure d'esprit peut-être un peu vingtième siècle, on aurait tendance à avancer le raisonnement suivant : ou tout cela n'est que broutille, et il faudra justifier le coût de ce plan gigantesque ainsi que les effets secondaires néfastes s'il s'en révélait pour ceux qui ont choisi la vaccination. Ou la chose est grave, et la question de l'obligation doit être posée comme elle l'est aux Etats-Unis pour le personnel de santé. Mais l'Etat français a été si ébranlé par les dernières crises sanitaires qu'on se demande s'il serait capable, le cas échéant, de tenir un discours autoritaire : a-t-il encore la force de rappeler que le risque individuel s'efface parfois devant le bénéfice collectif ?

Du grain à moudre - France Culture

Lire aussi :
• Articles Grippe A/H1N1, Monde en Question.
• Dossier documentaire & Bibliographie Risque & Gestion du risque, Monde en Question.

18 novembre 2009

Histoire franco-algérienne

Colloque international organisé par l'ENS Lettres et sciences humaines en partenariat avec le Laboratoire de Recherche Historique Rhône-Alpes (LARHRA), l'Institut d'Etudes Politiques de Lyon, l'Institut Charles-André Julien, l'Institut de Documentation et d'Etudes sur l'Histoire du Maghreb (IDEHM), l'Institut National de Recherche Pédagogique, l'IUFM de Lyon, le Centre d'Histoire de la Résistance et de la Déportation et le Groupe de Recherche et d'Etudes sur le Maghreb et le Moyen-Orient (GREMMO).

Dans un contexte où s’affrontent, sur le sujet sensible de l’histoire franco-algérienne, les porte-parole de groupes de mémoire adverses, et des pressions ou injonctions d’histoires des deux côtés de la Méditerranée, le colloque se propose de rendre la parole à l’histoire. Sont donc invités surtout des historiens, français, autres européens, et algériens. En effet, seule une histoire élaborée en partenariat, et fondée sur l’échange et le dialogue international, est susceptible de fortifier sainement les relations internationales, en particulier entre l’Algérie et la France. Le colloque est conçu pour aborder la moyenne et la courte durée. Il ne se limite pas aux aspects politiques, mais embrasse aussi bien l’économie que les migrations, le poids des structures sociales et des mentalités, voire de l’inconscient. Il traite aussi d’histoire politique, d’histoire militaire, de la colonisation, des résistances à la colonisation, et du nationalisme ; sans compter encore de culture, de littérature et d’art.

Colloque pour une histoire critique et citoyenne - Le cas de l'histoire franco-algérienne, 81 conférences, Canal-U

Lire aussi :
• Dossier documentaire & Bibliographie Colonialisme, Monde en Question.
• Dossier documentaire & Bibliographie Immigration, Monde en Question.

16 novembre 2009

Comprendre la crise économique

Comment le monde a-t-il basculé dans la crise en 2008 ? Par quels mécanismes cette crise, à l’origine financière, est-elle devenue économique ? Comment s’est-elle propagée à l’échelle mondiale ? Les experts en économie ne pouvaient-ils pas la prévoir et quels pronostics peuvent-ils faire sur son évolution ?
Un an après son déclenchement, ces conférences font le point sur la crise pour en comprendre les origines, les causes profondes et les ramifications. Une table ronde clôturera ce cycle pour aborder les leçons que l'on peut en tirer.

Conférences de la Cité des Sciences et de l'Industrie

Lire aussi :
• Dossier documentaire & Bibliographie Economie politique, Monde en Question.
• Dossier documentaire & Bibliographie Economie sociale, Monde en Question.

15 novembre 2009

Formation à la lecture critique d'articles

La médecine fondée sur les faits (MFF) repose sur l’utilisation pertinente, dans la pratique quotidienne du médecin et du personnel soignant, des meilleures données disponibles issues d’études cliniques de qualité. La MFF nécessite donc pour partie, de la part des soignants, une capacité à lire des articles scientifiques de pointe, s’appuyant notamment sur une analyse critique des études publiées afin d’en extraire (ou pas) les données qui pourront améliorer le processus de prise de décision face au malade.

Médecins praticiens à Bordeaux, intervenant dans le cadre du Plan Alzheimer, Jean-François Dartigues, Fleur Delva, Sophie Auriacombe et Sandrine Harston développent ici les techniques de la lecture critique d’articles (ou LCA) à travers deux exemples de publication, l’un portant sur un essai thérapeutique et l’autre sur une étude pronostique.

Introduction 1/3
Analyse de la publication d’un essai thérapeutique 2/3
Analyse de la publication d’une étude pronostique 3/3

Lire aussi :
• Dossier documentaire & Bibliographie Médias, Monde en Question.
• Dossier documentaire & Bibliographie Propagande, Monde en Question.
• Dossier documentaire & Bibliographie Risque & Gestion du risque, Monde en Question.