8 janvier 2010

Le ministère de la haine


Promesse électorale de Nicolas Sarkozy, la création d'un ministère chargé de l'Immigration et de "l'Identité nationale" a introduit dans notre pays un risque d'enfermement identitaire et d'exclusion dont on mesure, chaque jour depuis deux ans et demi, la profonde gravité. Très officiellement, des mots ont été introduits sur la scène publique, qui désignent et stigmatisent l'étranger – et par ricochet, quiconque a l'air étranger. Réfugiés et migrants, notamment originaires de Méditerranée et d'Afrique, et leurs descendants, sont séparés d'un «nous» national pas seulement imaginaire puisque ses frontières se redessinent sur les plans matériel, administratif et idéologique.

Qu'a fait naître ce ministère ? De nouveaux objectifs d'expulsion d'étrangers (27 000 par an), des rafles de sans-papiers, l'enfermement d'enfants dans des centres de rétention, le délit de solidarité, l'expulsion des exilés vers certains pays en guerre au mépris du droit d'asile, la multiplication des contrôles d'identité au faciès, enfin la naturalisation à la carte, préfecture par préfecture, qui rompt avec le principe d'égalité...

Dans cette fissure de la République se sont engouffrés nos dirigeants. Par des propos inadmissibles dans une démocratie, banalisés et désormais quotidiens, ils légitiment tous les comportements et les paroles de rejet, de violence, et de repli sur soi. Nous ne sommes pas ici face à des "dérapages" individuels. En réalité, ces propos sont la conséquence logique d'une politique que le gouvernement souhaite encore amplifier sous le couvert d'un "débat" sur l'identité nationale. Nous sommes ainsi appelés à devenir coauteurs et coresponsables du contrôle identitaire sur la France.

La circulaire ministérielle adressée aux préfectures pour encadrer le débat lance une interrogation : "Pourquoi la question de l'identité nationale génère-t-elle un malaise chez certains intellectuels, sociologues ou historiens ?" La réponse est simple. Nous ne pouvons pas accepter que le regard inquisiteur d'un pouvoir identitaire puisse planer, en s'autorisant de nous, sur la vie et les gestes de chacun.

C'est pourquoi il est temps aujourd'hui de réaffirmer publiquement, contre ce rapt nationaliste de l'idée de nation, les idéaux universalistes qui sont au fondement de notre République.

Nous appelons donc les habitants, les associations, les partis et les candidats aux futures élections à exiger avec nous la suppression de ce "Ministère de l'Identité nationale et de l'Immigration", car il met en danger la démocratie.

Signer l'Appel pour la suppression du ministère de l'Identité nationale et de l'Immigration

Lire aussi :
• Revue de presse, Appel pour la suppression du ministère de l'Identité nationale et de l'Immigration.
• Collectif, Cette France-là - 6 mai 2007-30 juin 2008, La Découverte, 2009 [Cette France-là]
• Dossier documentaire & Bibliographie Nationalisme, Monde en Question.

7 janvier 2010

L'homme du 21 avril


Comme je l'écrivais en avril 2003, Lionel Jospin est mort politiquement le 21 avril 2002. En mobilisant les médias dominants pour faire la promotion de son dernier livre, il suit la même trajectoire que Giscard d'Estaing.

Son livre, Lionel raconte Jospin, est l'histoire schizophrénique [1] d'un certain Lionel qui ne connaît pas un certain Jospin et vice et versa. Les quelques extraits, publiés par le JDD, permettent d'éviter de gaspiller son temps et son argent à lire les contradictions d'un homme qui n'assume ni son passé ni ses erreurs.

Son échec, le 21 avril 2002, fut la conséquence du virage à 180° de toute la gauche en novembre 1982 quand le gouvernement Pierre Mauroy initia le néolibéralisme, baptisé en novlangue «tournant de la rigueur» [2]. À l'époque Lionel Jospin, premier secrétaire du Parti socialiste, a déclaré : «Nous n'avons pas, bien sûr, changé de politique».
Aujourd'hui, il justifie cette politique suicidaire dont il mesure les conséquences électorales, mais pas les répercussions sociales : «Le tournant de la rigueur a fait chuter la popularité du pouvoir, il a donc été une des causes de l'échec des législatives de 1986. Mais sans lui, nous allions à la débâcle économique, donc nous n'aurions pas gagné […]. Ça nous a appris à nous confronter à la complexité du réel.» Dont acte.

Pendant ce temps-là Julien Dray, un autre ex-trotskyste, règle ses comptes personnels avec des potes du PS dont certains sont d'ex-camarades trostkystes [Libération].

Serge LEFORT
Citoyen du Monde exilé au Mexique

Revue de presse :
• 02/01/2010, Jospin se met à table, L'Express.
• 02/01/2010, Lionel Jospin se raconte enfin, le JDD.
• 02/01/2010, Une tragédie des gauches, le JDD.
• 02/01/2010, "Lambert a traversé ma vie et, je crois, nous nous estimions", le JDD.
• 03/01/2010, Lionel Jospin se raconte enfin, Le Grand Journal du Mexique.
• 03/01/2010, Jospin : En 2002, "j'ai surestimé la perception positive de mon bilan", Le Monde.
• 03/01/2010, Jospin assume 2002 pour ne pas être résumé à son échec, Rue89.
• 04/01/2010, Un début d'année sous le signe de Jospin, L'Express.
• 04/01/2010, Revenant sur son passé, Jospin égratigne Chirac, Le Figaro.
• 04/01/2010, Lionel Jospin défend toujours son bilan, Le Figaro.
• 04/01/2010, Trotskisme, Matignon, 21 avril 2002 : Jospin se raconte, Libération.
• 06/01/2010, Patrick Rotman filme Jospin… et oublie Lionel, Télérama.

Articles sur Jospin :
- Google Actualités
- Monde en question
- Rue89

[1] Il suffit de lire ces deux phrases, publiées dans les extraits par le JDD : «Je n'ai pas le sentiment de me diviser mais l'impression d'additionner et peut-être même de compenser. Je n'étais pas dans le militantisme actif.» et «Je n'ai pas de double casquette. Je ne suis pas trotskiste et socialiste, je suis trotskiste puis socialiste.» ; d'écouter l'un des nombreux lapsus, dont il est coutumier, dans une vidéo publiée par MJS : «Pour autant, je ne vous ai pas accompagné» au lieu de «Pour autant, je ne vous ai pas abandonné» (04:40).
[2] Lire : Sémantique de crise, Monde en Question.

6 janvier 2010

Corruption à l'OMS


On le surnomme «Dr Flu» (Docteur Grippe), le professeur Albert Osterhaus est le principal conseiller de l'Organisation mondiale de la Santé face à la pandémie de grippe H1N1. Depuis plusieurs années, il prédit l'imminence d'une pandémie globale et ce qui se passe aujourd'hui semble lui donner raison.
Cependant, le scandale qui a éclaté aux Pays-Bas et fait l'objet d'un débat au Parlement a mis en évidence ses liens personnels avec les laboratoires fabriquant les vaccins qu'il fait prescrire par l'OMS.
F. William Engdhal relate comment un expert peu scrupuleux a pu manipuler l'opinion publique internationale, surévaluer l'impact de la grippe H1N1, et faire la fortune des laboratoires qui l'emploient.
Voltaire

Écouter aussi :
• Retour sur les alertes grippales, Là-bas si j'y suis.
Un record français : les médicaments. Nous consommons les produits pharmaceutiques en surnombre. Enfants et personnes âgées, notamment. Pourquoi cette spécificité française ? Pourquoi autant ?
Cette surconsommation est due aux stratégies d'influence des firmes. Pas de complot. Seulement des professionnels de l'influence.
Lire aussi :
• Revue de presse Grippe A/H1N1 2010, Monde en Question.
• Revue de presse Grippe A/H1N1 2009, Monde en Question.
• Dossier documentaire & Bibliographie Risque & Gestion du risque, Monde en Question.

5 janvier 2010

Le métier d'éboueur, un clair-obscur contemporain


Colloque Le métier d'éboueur, un clair-obscur contemporain - Le travail du déchet dans l'espace public, Jeudi 04 février 2010 à Paris, Calenda.
Au confluent de nombreuses problématiques urbaines, ethnologiques, historiques, qui intéressent aussi bien les sociologues, les géographes, les urbanistes, les psychologues, les éboueurs et leurs activités liées aux déchets longtemps peu étudiés ont fait l'objet de travaux récents mais encore épars. Le moment est peut-être venu d'établir un premier bilan de ces premiers enseignements, favorisant les échanges. Sans chercher à dégager un corpus épistémologique et cognitif cohérent et consensuel, ces journées d'études viseront à produire un ensemble de connaissances critiques concernant un travail et la manière dont celles et ceux qui le vivent quotidiennement réussissent à en affronter les dimensions les plus pénibles. Car à travers ces difficultés, compréhensibles dans le cadre d'une organisation du travail particulière, ce sont les choix, les représentations, les fantasmes d'une société entière que l'on peut entrevoir.

Lire aussi :
• HÉRAN François, Le temps des immigrés - Essai sur le destin de la population française, Seuil, 2007.
Les projections démographiques annoncent que, le vieillissement aidant, la migration sera d'ici une génération le principal, voire l'unique facteur de croissance de la population. Aucun pilotage du solde migratoire, aucun ralentissement du regroupement familial ne sera de taille à inverser cette tendance, sauf à rêver d'immigration zéro ou d'un chimérique baby-boom. Effet d'une infusion durable et non d'une intrusion massive, le brassage des populations dans la société française est un défi à relever, au même titre que le vieillissement. Pour y faire face, mieux vaut discuter des principes que de briser des tabous. Quitte à repenser nos conceptions du volontarisme et de la souveraineté.
• Dossier documentaire & Bibliographie Immigration, Monde en Question.

4 janvier 2010

Hommage à Lhasa de SELA


La mort de Lhasa de Sela fut annoncée, puis démentie et confirmée, avant de devenir un produit des médias dominants qui pratiquent allègrement le copier-coller.

Née d'un père mexicain et d'une mère américaine, émigrée à Montréal, Lhasa, qui a vécu aussi quelques années en France, incarne cette mixité d'identités que le gouvernement droite-gauche voudrait réduire voire supprimer.

Serge LEFORT
Citoyen du Monde exilé au Mexique

Revue de presse :
AFP-Google Actualités - AFP-Yahoo! Actualités
20 minutes
97 Rue Du Rock
Cyberpresse
** Le Devoir
Le Grand Journal du Mexique
Le Monde
LesInrocks
Les Quotidiennes
Libération
Metro
Nouvel Obs
Radio-Canada
** Rue89
** Télérama
The Canadian Press



Lire aussi :
• Bio-discographie :
- Site officiel - Site non officiel
- Mondomix
- Wikipédia
• Vidéos, Google

3 janvier 2010

Colonisation de l'Afghanistan


Le 28 janvier à Londres, une nouvelle conférence internationale tentera d'éclaircir l'avenir de l'Afghanistan.
En novembre dernier, la réélection par défaut de Hamid Karzaï à la tête de l'État, pour cause de scrutin présidentiel contesté, a montré la taille du défi qui attend la communauté internationale.
Cela fait 8 ans que les Talibans ne sont plus au pouvoir en Afghanistan. 8 ans que l'armée américaine est entrée massivement dans le pays. 8 ans qu'avec ses alliés, elle tente d'y rétablir un semblant de société, et d'État. Mais tout le monde le sait bien l'effort militaire n'est pas suffisant.
L'effort financier international pour relever le pays s'élève à 5 millions d'Euros par jour depuis la chute du régime islamiste. Sommes colossales, mais dont la plus grande partie se perd comme la pluie dans le désert. Entre une corruption endémique et des organisations internationales budgétivores, le plus gros de cet effort ne parvient jamais à ses destinataires.
L'organisation non gouvernementale OXFAM estime qu'un tiers des afghans sont menacés par la disette et 40% vivent toujours sous le seuil de pauvreté.
Interception - France Inter

Lire aussi :
• 18/11/2009, Nouveau rapport d'Oxfam International : pour 70% des Afghans, la pauvreté et le chômage ne font qu'attiser le conflit, Oxfam International.
• 1993, DORRONSORO Gilles, Les enjeux de l'aide en Afghanistan, Cultures & Conflits n°11.
• Dossier documentaire & Bibliographie Afghanistan, Monde en Question.
• Dossier documentaire & Bibliographie Élections 2009 Afghanistan , Monde en Question.