Un nouveau séminaire de recherche est organisé à partir de cette année au Centre Alexandre-Koyré. Il est consacré aux théories et à l'épistémologie de l'histoire ainsi qu'aux questions d'historiographie des sciences, des savoirs et des techniques.
Programme Revues.org
Programme Centre Alexandre-Koyré
Plan du cours et Bibliographie
14 novembre 2009
L'illusion de la vérité des chiffres
Les statistiques économiques et sociales semblent être dotées de toutes les vertus (objectivité, universalité, scientificité) tout en faisant l’objet de toutes les critiques (arbitraires, manipulables, librement interprétables). Comment expliquer cette ambivalence ? Et quelles conséquences en tirer : faut-il ramener les chiffres à leurs limites incontestables ou les sauver au nom de l’idéal d’objectivité et de leur apport au débat démocratique ? Exemples à l’appui, deux chercheurs en sciences sociales et statisticiens confrontent leurs points de vue.
Débat entre Alain BLUM, démographe, directeur de recherche à l’INED et Olivier MARTIN, sociologue, professeur à l’Université Paris Descartes, animé par Martine FOURNIER (journaliste à Sciences Humaines).
Lire aussi :
• Université Paris Descartes.
• Université Paris Descartes - iTunes.
• Université Paris Descartes - Médiathèque.
• Dossier documentaire & Bibliographie Statistiques & Sondages, Monde en Question.
Débat entre Alain BLUM, démographe, directeur de recherche à l’INED et Olivier MARTIN, sociologue, professeur à l’Université Paris Descartes, animé par Martine FOURNIER (journaliste à Sciences Humaines).
Lire aussi :
• Université Paris Descartes.
• Université Paris Descartes - iTunes.
• Université Paris Descartes - Médiathèque.
• Dossier documentaire & Bibliographie Statistiques & Sondages, Monde en Question.
11 novembre 2009
Histoire mondiale de la colonisation
Quinze conférences le jeudi à 18h30 au Musée du quai Branly.
Pour sa quatrième année, l'histoire de la colonisation sera traitée successivement sous deux angles : les matières premières, avec 11 conférences entre septembre 2009 et février 2010, puis les archétypes, clichés issus de la colonisation, dont la série commencera en avril 2010.
Au programme de l'automne et de l'hiver, le cycle de l'histoire mondiale de la colonisation vous entraîne donc dans un voyage au long cours sur les chemins des matières premières. La découverte et le commerce de ces ressources ont en effet modelé les relations entre pays colonisateurs et colonisés, longtemps après la décolonisation et encore aujourd'hui.
Historiens, économistes et ethnologues explorent les parcours du poivre, de l'arachide au Sénégal, du cacao, du coton, de la bauxite à l'aluminium, du nickel en Nouvelle-Calédonie, du café, du sucre, de l'opium, du riz, ou encore du pétrole.
À partir d'avril 2010, le cycle s'intéresse aux nombreux archétypes issus de la colonisation, avec les figures mythiques de la Bayadère, du Peau-rouge, de la tête réduite Jivaro, de la Vahiné, de Tarzan et bien d'autres, décryptés par des anthropologues et des historiens.
Toutes les conférences :
• Conférences 2009-2010
• Conférences 2008-2009
• Conférences 2007-2008
• Conférences 2006-2007
Lire aussi : Dossier documentaire & Bibliographie Colonialisme, Monde en Question.
Pour sa quatrième année, l'histoire de la colonisation sera traitée successivement sous deux angles : les matières premières, avec 11 conférences entre septembre 2009 et février 2010, puis les archétypes, clichés issus de la colonisation, dont la série commencera en avril 2010.
Au programme de l'automne et de l'hiver, le cycle de l'histoire mondiale de la colonisation vous entraîne donc dans un voyage au long cours sur les chemins des matières premières. La découverte et le commerce de ces ressources ont en effet modelé les relations entre pays colonisateurs et colonisés, longtemps après la décolonisation et encore aujourd'hui.
Historiens, économistes et ethnologues explorent les parcours du poivre, de l'arachide au Sénégal, du cacao, du coton, de la bauxite à l'aluminium, du nickel en Nouvelle-Calédonie, du café, du sucre, de l'opium, du riz, ou encore du pétrole.
À partir d'avril 2010, le cycle s'intéresse aux nombreux archétypes issus de la colonisation, avec les figures mythiques de la Bayadère, du Peau-rouge, de la tête réduite Jivaro, de la Vahiné, de Tarzan et bien d'autres, décryptés par des anthropologues et des historiens.
Toutes les conférences :
• Conférences 2009-2010
• Conférences 2008-2009
• Conférences 2007-2008
• Conférences 2006-2007
Lire aussi : Dossier documentaire & Bibliographie Colonialisme, Monde en Question.
8 novembre 2009
Eric-Emmanuel SCHMITT
Eric-Emmanuel Schmitt : « Il faut vivre chaque jour comme si c’était la première fois »
Entretien avec Eric Emmanuel Schmitt, invité de Virginia Crespeau
Canal Académie reçoit l’un des auteurs francophones les plus lus et les plus représentés dont les pièces sont jouées dans le monde entier et l’œuvre traduite en plus de vingt langues : Eric-Emmanuel Schmitt, philosophe, écrivain, auteur de théâtre, metteur en scène de cinéma.
Première émission d’une série de quatre proposée par Virginia Crespeau.
Né en 1960, normalien, agrégé, docteur en philosophie, Eric-Emmanuel Schmitt n’est pas l’homme d’une seule passion : son tout premier rêve était de devenir musicien … Il consacre par la suite, sa thèse de doctorat ainsi qu’une pièce de théâtre à l’esthète libertin, qui en plein siècle dit des Lumières, osa affirmer qu’il écrivait des traités de philosophie populaire : Denis Diderot.
Bien qu’Eric-Emmanuel Schmitt se tienne à l’écart du monde littéraire et politique, les prix affluent : En 2000, l’Académie Française lui décerne le Grand Prix du Théâtre pour l’ensemble de son œuvre. En 2004, il reçoit le Grand Prix du Public à Leipzig, le Deutscher Bücherpreis pour son récit Monsieur Ibrahim et Les fleurs du Coran à Berlin, il remporte le prestigieux prix Die Quadriga pour « son humanité et la sagesse dont son humour réussit à nourrir les hommes ».
En ce même automne 2004, le magazine Lire effectue un sondage auprès des Français pour qu’ils désignent « les livres qui ont changé leur vie » : Oscar et La dame rose -fait exceptionnel pour un auteur vivant- se trouve cité avec La Bible, Les trois Mousquetaires ou Le Petit Prince. Toutes ses œuvres sont publiées chez Albin Michel.
Schmitt et l’émotion
« La philosophie m’a beaucoup aidé parce que j’avais besoin de réfléchir et de lutter contre des angoisses. Lorsque j’enseignais la philosophie, je parlais beaucoup à mes élèves de théâtre. J’illustrais mes cours de références à Sophocle que j’aime passionnément, à Shakespeare aussi. Pour moi, la philosophie n’est pas une finalité. C’est un instrument pour raconter la vie. Je ne veux pas limiter l’esprit à la pure raison. C’est souvent là, l’erreur de l’intellectuel philosophe. La vie de notre esprit passe aussi par l’imagination, le cœur, le sentiment, les valeurs... La rationalité n’en est qu’un petit pan. C’est pourquoi je revendique un théâtre d’émotion. Je n’ai pas peur de l’émotion, j’y vois un facteur de la vie intellectuelle… Selon moi, la place de la philosophie est dans le roman et dans le théâtre, pas dans les essais. Sa vraie place est dans la vie et pas à l’université. J’ai un idéal antique de la philosophie : la fiction est son meilleur cadre… »
Un critique littéraire a écrit concernant Eric-Emmanuel Schmitt : « Lorsqu’on publia sa première pièce de théâtre La nuit de Valognes la critique unanime salua la naissance d’un auteur, c’était en 1991 ; deux ans plus tard, l’ancien professeur de philosophie remportait trois Molières avec Le Visiteur stupéfiante confrontation entre Freud et Dieu, suivit un premier roman La secte des égoïstes qui acheva de convaincre les sceptiques : cet écrivain-là savait tout faire, raconter des histoires et faire passer des idées, alors on décida qu’il agaçait… Schmitt est un intello populaire, lâcha un critique littéraire au cours d’une émission de radio non moins populaire… Et si ce jugement à l’emporte-pièce était, dit ce même critique, au contraire, un compliment ? Si Eric-Emmanuel Schmitt était notre Diderot au 21ème siècle : un sérieux penseur qui ne se prend pas au sérieux… »
Schmitt et Diderot
« Diderot », confie Eric-Emmanuel Schmitt, « est mon maitre, puisque j’ai écrit mon doctorat sur l’auteur de « Jacques le fataliste ». C’est pour moi l’écrivain fondateur, celui qui m’ a appris à être libre, à penser par moi-même, celui qui m’a montré le chemin, dans le sens où on peut faire de la philosophie dans des formes non philosophiques, c’est-à-dire en racontant des anecdotes, des contes, en faisant des pièces de théâtre, en écrivant des romans. Diderot c’est l’esprit non conventionnel, c’est l’esprit libre… J’essaie de faire mon travail avec le plus grand sérieux, la plus grande attention, mais en même temps de ne pas me prendre au sérieux… Diderot, c’est un engagement, c’est une vibration, c’est un enthousiasme, c’est un désir ; c’est quelqu’un qui pense qu’un livre c’est un germe qu’on sème et qui va se développer dans l’esprit du lecteur. C’est mon modèle d’écrivain.
Schmitt et l’écriture
Pour moi l’écriture est une parole adressée, toute écriture est lettre ; ce que je refuse c’est la hiérarchie, c’est-à-dire considérer que l’art noble c’est le roman et que le théâtre est un art moins noble ; cette hiérarchie apparait dans les années 1840/1850 car avant l’époque romantique, au 17ème et 18ème siècles, l’art noble c’était la scène, le théâtre ; un écrivain devait être un auteur dramatique, Voltaire pensait qu’il resterait dans l’histoire par ses tragédies, Balzac lui-même est mort en pensant qu’il avait raté sa vie parce qu’il n’avait pas connu le succès dramatique…
Il est vrai qu’étant apparu et applaudi au théâtre immédiatement, j’entendais ce monde littéraire dire « Oh ! Il pourrait écrire des romans … » Finalement, je suis passé au roman, non pour prouver que j’écrivais bien, mais parce que j’avais des romans à écrire… Dernièrement aussi, je me suis laissé dire : « Ah, tu fais du cinéma, mais pourquoi fais-tu du cinéma, c’est un art mineur… » J’ai répondu : mais qu’est-ce que c’est que cette hiérarchie qui consiste à dire qu’il y a des écritures par exemple l’écriture cinématographique qui serait inférieure aux autres ?
J’ai envie de faire un trajet, c’est le trajet et les chemins empruntés qui définiront a posteriori ce que je suis ; je crois que lorsqu’on décide que son destin c’est l’écriture, on décide de se quitter soit pour devenir les autres : les autres personnages qui vont vivre sous votre plume et les autres moments de vie qu’on va fantasmer à travers l’écriture ; je crois que l’écriture c’est l’abandon de soi au profit des autres car il faut que les personnages existent, il faut que les situations soient justes, soient vraies… En fait, j’écris pour la raison pour laquelle vous lisez : pour explorer. »
Source : Canal Académie
Entretien avec Eric Emmanuel Schmitt, invité de Virginia Crespeau
Canal Académie reçoit l’un des auteurs francophones les plus lus et les plus représentés dont les pièces sont jouées dans le monde entier et l’œuvre traduite en plus de vingt langues : Eric-Emmanuel Schmitt, philosophe, écrivain, auteur de théâtre, metteur en scène de cinéma.
Première émission d’une série de quatre proposée par Virginia Crespeau.
Né en 1960, normalien, agrégé, docteur en philosophie, Eric-Emmanuel Schmitt n’est pas l’homme d’une seule passion : son tout premier rêve était de devenir musicien … Il consacre par la suite, sa thèse de doctorat ainsi qu’une pièce de théâtre à l’esthète libertin, qui en plein siècle dit des Lumières, osa affirmer qu’il écrivait des traités de philosophie populaire : Denis Diderot.
Bien qu’Eric-Emmanuel Schmitt se tienne à l’écart du monde littéraire et politique, les prix affluent : En 2000, l’Académie Française lui décerne le Grand Prix du Théâtre pour l’ensemble de son œuvre. En 2004, il reçoit le Grand Prix du Public à Leipzig, le Deutscher Bücherpreis pour son récit Monsieur Ibrahim et Les fleurs du Coran à Berlin, il remporte le prestigieux prix Die Quadriga pour « son humanité et la sagesse dont son humour réussit à nourrir les hommes ».
En ce même automne 2004, le magazine Lire effectue un sondage auprès des Français pour qu’ils désignent « les livres qui ont changé leur vie » : Oscar et La dame rose -fait exceptionnel pour un auteur vivant- se trouve cité avec La Bible, Les trois Mousquetaires ou Le Petit Prince. Toutes ses œuvres sont publiées chez Albin Michel.
Schmitt et l’émotion
« La philosophie m’a beaucoup aidé parce que j’avais besoin de réfléchir et de lutter contre des angoisses. Lorsque j’enseignais la philosophie, je parlais beaucoup à mes élèves de théâtre. J’illustrais mes cours de références à Sophocle que j’aime passionnément, à Shakespeare aussi. Pour moi, la philosophie n’est pas une finalité. C’est un instrument pour raconter la vie. Je ne veux pas limiter l’esprit à la pure raison. C’est souvent là, l’erreur de l’intellectuel philosophe. La vie de notre esprit passe aussi par l’imagination, le cœur, le sentiment, les valeurs... La rationalité n’en est qu’un petit pan. C’est pourquoi je revendique un théâtre d’émotion. Je n’ai pas peur de l’émotion, j’y vois un facteur de la vie intellectuelle… Selon moi, la place de la philosophie est dans le roman et dans le théâtre, pas dans les essais. Sa vraie place est dans la vie et pas à l’université. J’ai un idéal antique de la philosophie : la fiction est son meilleur cadre… »
Un critique littéraire a écrit concernant Eric-Emmanuel Schmitt : « Lorsqu’on publia sa première pièce de théâtre La nuit de Valognes la critique unanime salua la naissance d’un auteur, c’était en 1991 ; deux ans plus tard, l’ancien professeur de philosophie remportait trois Molières avec Le Visiteur stupéfiante confrontation entre Freud et Dieu, suivit un premier roman La secte des égoïstes qui acheva de convaincre les sceptiques : cet écrivain-là savait tout faire, raconter des histoires et faire passer des idées, alors on décida qu’il agaçait… Schmitt est un intello populaire, lâcha un critique littéraire au cours d’une émission de radio non moins populaire… Et si ce jugement à l’emporte-pièce était, dit ce même critique, au contraire, un compliment ? Si Eric-Emmanuel Schmitt était notre Diderot au 21ème siècle : un sérieux penseur qui ne se prend pas au sérieux… »
Schmitt et Diderot
« Diderot », confie Eric-Emmanuel Schmitt, « est mon maitre, puisque j’ai écrit mon doctorat sur l’auteur de « Jacques le fataliste ». C’est pour moi l’écrivain fondateur, celui qui m’ a appris à être libre, à penser par moi-même, celui qui m’a montré le chemin, dans le sens où on peut faire de la philosophie dans des formes non philosophiques, c’est-à-dire en racontant des anecdotes, des contes, en faisant des pièces de théâtre, en écrivant des romans. Diderot c’est l’esprit non conventionnel, c’est l’esprit libre… J’essaie de faire mon travail avec le plus grand sérieux, la plus grande attention, mais en même temps de ne pas me prendre au sérieux… Diderot, c’est un engagement, c’est une vibration, c’est un enthousiasme, c’est un désir ; c’est quelqu’un qui pense qu’un livre c’est un germe qu’on sème et qui va se développer dans l’esprit du lecteur. C’est mon modèle d’écrivain.
Schmitt et l’écriture
Pour moi l’écriture est une parole adressée, toute écriture est lettre ; ce que je refuse c’est la hiérarchie, c’est-à-dire considérer que l’art noble c’est le roman et que le théâtre est un art moins noble ; cette hiérarchie apparait dans les années 1840/1850 car avant l’époque romantique, au 17ème et 18ème siècles, l’art noble c’était la scène, le théâtre ; un écrivain devait être un auteur dramatique, Voltaire pensait qu’il resterait dans l’histoire par ses tragédies, Balzac lui-même est mort en pensant qu’il avait raté sa vie parce qu’il n’avait pas connu le succès dramatique…
Il est vrai qu’étant apparu et applaudi au théâtre immédiatement, j’entendais ce monde littéraire dire « Oh ! Il pourrait écrire des romans … » Finalement, je suis passé au roman, non pour prouver que j’écrivais bien, mais parce que j’avais des romans à écrire… Dernièrement aussi, je me suis laissé dire : « Ah, tu fais du cinéma, mais pourquoi fais-tu du cinéma, c’est un art mineur… » J’ai répondu : mais qu’est-ce que c’est que cette hiérarchie qui consiste à dire qu’il y a des écritures par exemple l’écriture cinématographique qui serait inférieure aux autres ?
J’ai envie de faire un trajet, c’est le trajet et les chemins empruntés qui définiront a posteriori ce que je suis ; je crois que lorsqu’on décide que son destin c’est l’écriture, on décide de se quitter soit pour devenir les autres : les autres personnages qui vont vivre sous votre plume et les autres moments de vie qu’on va fantasmer à travers l’écriture ; je crois que l’écriture c’est l’abandon de soi au profit des autres car il faut que les personnages existent, il faut que les situations soient justes, soient vraies… En fait, j’écris pour la raison pour laquelle vous lisez : pour explorer. »
Source : Canal Académie
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