22 janvier 2013

Leçons de l'intervention occidentale au Mali


Au moment où des avions français bombardent le Mali, une statistique toute simple explique le contexte : cette nation de l’Afrique de l’Ouest de 15 millions d’habitants est le huitième pays où les puissances occidentales ont, ces dernières années, bombardé et tué des musulmans, après l’Irak, l’Afghanistan, le Pakistan, le Yémen, la Libye, la Somalie et les Philippines (sans parler des nombreuses tyrannies mortifères soutenues par l’Occident dans cette région du globe). Pour des raisons évidentes, la rhétorique selon laquelle l’Occident n’est pas en guerre avec le monde musulman sonne de plus en plus faux chaque fois que le militarisme progresse. Mais cette nouvelle campagne massive de bombardements nous révèle des enseignements essentiels concernant l’interventionnisme occidental, des leçons qui, comme toujours, sont résolument ignorées.

Premièrement, comme l’a souligné le New York Times, l’instabilité que connaît le Mali est, pour une large part, la conséquence directe de l’intervention de l’Otan en Libye. En particulier, « des combattants islamistes lourdement armés, très aguerris par les combats en Libye », « les importants stocks d’armes sortis de Libye, ainsi que des combattants différents, plus islamisés de retour de ce pays » ont joué un rôle de catalyseur dans l’effondrement d’un gouvernement soutenu par les États-Unis. Pour reprendre l’excellente analyse d’Owen Jones dans le quotidien britannique The Independent :
Cette intervention est la conséquence d’une autre intervention. On a fréquemment vendu la guerre en Libye comme un modèle de réussite pour un interventionnisme à visées progressistes. Pourtant, le renversement de la dictature de Kadhafi a eu des conséquences que les services de renseignement occidentaux ne se sont probablement pas donné la peine d’envisager. Les Touaregs – qui traditionnellement venaient du nord du Mali – constituaient une proportion importante de son armée. Lorsque Kadhafi fut éjecté du pouvoir, ils retournèrent chez eux : parfois sous la contrainte lorsque des Africains noirs subirent des agressions dans la Libye post-Kadhafi, une donnée gênante largement ignorée des médias occidentaux. La guerre en Libye fut considérée comme un plein succès, seulement nous en vivons actuellement le contrecoup.
À chaque fois, les interventions occidentales s’achèvent par incompétence ou par manque d’objectifs, et elles sèment les graines d’interventions futures. Étant donné la très grave instabilité qui affecte la Libye actuellement, couplée à la colère durable consécutive à l’attaque contre Benghazi, dans combien de temps nous annoncera-t-on que des bombardements et des envois de troupes dans ce pays sont – une fois encore – nécessaires pour combattre les forces « islamistes » au pouvoir : des forces mises en place grâce au renversement par l’Otan du gouvernement de ce pays ?

Deuxièmement, le renversement du gouvernement du Mali fut facilité par la désertion de soldats entraînés et armés par les États-Unis. Selon le New York Times, des cadres d’unités d’élite de cette armée, « entraînés minutieusement par les États-Unis, firent défection quand on eut vraiment besoin d’eux, en emportant chez l’ennemi, au plus fort de la bataille, des troupes, des armes, des camions et leurs compétences récentes, selon des responsables de l’armée malienne. » Puis, « un officier entraîné par les États-Unis a renversé le gouvernement élu du Mali, préparant le terrain pour la prise de la moitié du pays par des forces extrémistes islamistes. »

Autrement dit, l’Occident est de nouveau en guerre avec les forces mêmes qu’il a entraînées, financées et armées. Personne n’est plus compétent que les États-Unis et ses alliés pour créer ses propres ennemis, perpétuant ainsi un état de guerre sans fin. Lorsque les États-Unis ne trouvent pas d’ennemis à combattre, il les créent. Tout simplement.

Troisièmement, les bombardements de musulmans dans un nouveau pays provoqueront à l’évidence toujours plus de sentiments anti-occidentaux, ce qui alimentera le terrorisme. Déjà, comme l’a observé le Guardian, les avions de chasse français « ont tué au moins 11 civils, dont trois enfants ». Le long passé colonial de la France au Mali ne peut inévitablement exacerber que de la colère. En décembre dernier, après que le Conseil de sécurité des Nations Unies eut autorisé une intervention au Mali, Salvatore Saguès, spécialiste de l’Afrique de l’Ouest pour Amnesty International, prévenait : « Une intervention armée internationale risque d’amplifier la violation des droits humains dont nous sommes déjà témoins dans ce conflit. »

Comme toujours, les gouvernements occidentaux sont parfaitement conscients de ce risque, et pourtant ils agissent comme ils l’ont planifié. Le New York Times observe que les bombardements français ont commencé « en dépit d’avertissements proférés depuis longtemps par les États-Unis selon lesquels une offensive de l’Occident contre un bastion islamiste pourrait battre le rappel de djihadistes dans le monde entier et susciter des attentats terroristes jusqu’en Europe. » De fait, au moment même où les Français tuent des civils au Mali, un raid conjoint franco-étatsunien en Somalie à causé la mort « d’au moins huit civils, dont deux femmes et deux enfants ».

Croire que les États-Unis et leurs alliés peuvent continuer de la sorte dans le monde entier, un pays après l’autre, peuvent bombarder et tuer des innocents – musulmans – et ne pas être la cible d’attentats « terroristes » est, pour des raisons évidente, pure folie. Comme Paul Rogers, professeur à l’université de Bradford, le disait récemment, le bombardement du Mali sera décrit comme « un nouvel exemple d’agression contre l’islam ». Les espoirs que l’on pouvait nourrir concernant la fin de la « guerre contre le terrorisme » sont totalement anéantis par l’agression en cours.

Quatrièmement, en dépit de la rhétorique d’autosatisfaction dont les démocraties occidentales adorent se délecter, il est sidérant de constater à quel point ces guerres sont menées sans aucune référence à un quelconque processus démocratique. À propos de la participation du gouvernement britannique dans l’attaque contre le Mali, l’Independent estime « troublant, pour ne pas dire plus, que Cameron ait engagé la Grande-Bretagne dans ce conflit sans même avoir fait semblant de consulter le Parlement. » De même, le Washington Post révèle que le président Obama n’a reconnu qu’après coup que des chasseurs étatsuniens ont pénétré dans l’espace aérien somalien dans le cadre de l’opération menée par la France dans ce pays. Il s’agit, selon le Post, « d’un aveu rare des menées militaires des États-Unis dans la Corne de l’Afrique », donc du secret anti-démocratique qui entoure systématiquement les actes de guerre des États-Unis dans la région :
L’armée des États-Unis avait basé un nombre croissant de drones Prédateurs, de F-15 au Camp Lemonnier, qui est devenu une base clé pour les opérations secrètes de contre-terrorisme en Somalie et au Yémen. Le ministère de la défense a refusé de donner l’identité des avions utilisés dans cette mission de récupération des otages, déclarant simplement qu’il s’agissait de chasseurs et non de drones… Cependant, on ne sait pas clairement pourquoi Obama s’est cru obligé de révéler l’existence de cette opération particulière alors qu’il n’avait pas évoqué d’autres missions bien précises menées en Somalie. Les porte-parole de la Maison Blanche et du Pentagone refusent de fournir des réponses à ces questions.
Naturellement, le gouvernement Obama a drapé toute sa campagne d’assassinats par drones dans le manteau impénétrable du secret, s’assurant que cette campagne resterait hors de portée d’une quelconque investigation par les médias, les tribunaux et les citoyens. Les États-Unis et leurs alliés occidentaux ne se contentent pas de mener une guerre sans fin, systématiquement, contre les musulmans. Ils le font dans un secret quasi complet, sans aucune transparence ni responsabilité. Bonjour les « démocraties » occidentales !

Finalement, la propagande utilisée pour justifier tout ceci est d’une banalité déprimante, même si elle est extrêmement efficace. Un gouvernement occidental qui souhaite bombarder des musulmans se contente de leur accoler méchamment l’étiquette de « terroristes », et le moindre débat, le moindre jugement critique sont instantanément étouffés dans l’œuf. Comme l’a proclamé le ministre de la Défense Jean-Yves le Drian, « le président Hollande est totalement déterminé à éradiquer ces terroristes qui menacent la sécurité du Mali, notre propre pays et l’Europe. »

Comme toujours, cette vision simpliste déforme la réalité plutôt qu’elle ne la décrit. À l’évidence, les rebelles maliens ont commis toutes sortes d’atrocités odieuses (amputations, flagellation, lapidation jusqu’à la mort pour ceux qui s’opposent à leur interprétation de l’Islam), mais les forces gouvernementales maliennes ont, selon Amnesty, « arrêté, torturé et tué des Touaregs sur des bases ethniques. » L’Independent nous prévient à juste titre : « ne vous laissez pas mener en bateau par la version offerte par les médias occidentaux : il s’agit d’une simplification perverse, comme celle qui nous a été imposée dans la cruelle guerre civile syrienne. »

Les bombardements français au Mali, avec peut-être la participation des États-Unis, sont une illustration du mode d’intervention occidental. La « guerre contre le terrorisme » est une guerre qui assure sa propre pérennité, précisément parce quelle crée sans fin ses propres ennemis et qu’elle fournit l’huile garantissant que le feu brûlera jusqu’à la fin des temps. Mais la propagande à base de slogans qui sert à justifier tout ceci est à ce point facile et de pacotille (« il faut tuer les terroristes ! ») qu’il est difficile de percevoir quand tout cela s’arrêtera. La peur aveugle – pas seulement de la violence, mais de l’Autre – qui a été greffée avec succès dans le cerveau de nombreux citoyens occidentaux est telle que ce simple vocable vide de sens (terroristes) est capable, à lui seul, d’engendrer un soutien inconditionnel à toute initiative prise en leur nom, quel que soit le secret ou le manque de preuves qui l’entoure.

14/01/2013
Glenn GREENWALD
The Guardian
Traduction Bernard Gensane pour Le Grand Soir

Lire aussi :
Revue de presse Mali 2013 Français – English – Español, Monde en Question.
Dossier documentaire Colonialisme, Monde en Question.
Dossier documentaire Propagande, Monde en Question.

21 janvier 2013

Lincoln, héros de la servitude volontaire


Steven Spielberg nous inflige un pensum de deux heures et demi qui est à la fois hagiographique et verbeux, trop verbeux et trop hagiographique. Il renouvelle à sa manière le mythe du meilleur Président des États-Unis qui aurait donné la liberté aux Noirs, mais l’Histoire est un peu différente.

Sur le plan cinématographique, Steven Spielberg réduit le récit des derniers mois de la vie d’Abraham Lincoln aux lieux clos de son appartement, son bureau, les cabinets où se réunissent ses conseillers et au Congrès. Alors que la guerre civile faisait rage à l’extérieur, il nous montre seulement le monde feutré et presque irréel du pouvoir. L’intrigue se résume au faux suspense de l’adoption du XIIIe amendement et à la mort annoncée de Lincoln par une phrase faussement prémonitoire [2h 16' 34"] :
Je pense qu’il est l’heure de partir même si je préfèrerais rester.
Le style de Steven Spielberg, aussi lourd que celui des staliniens ou des maoïstes au service du culte de la personnalité, nous inflige de longs discours moralisateurs pour construire laborieusement l’icône christique de la dernière scène où Abraham Lincoln apparaît les bras en croix.

La seule scène de guerre, qui ouvre le film, montre très maladroitement des hommes luttant comme à la foire. Le plan d’un Noir (nordiste) boxant un Blanc (sudiste) frise le ridicule. Steven Spielberg a délibérément choisi de ne pas montrer cette sale guerre car des images trop crues de la réalité risquaient d’entacher celle de son héros qui, seulement à la fin, en aurait découvert toute l’horreur.

La guerre civile, improprement nommée guerre de sécession en France, occasionna un nombre de morts comparable à celui des guerres mondiales à venir : 630 000 morts (360 000 du côté des fédéraux et 270 000 du côté des confédéraux) et 400 000 blessés sur une population de 31,5 millions d’habitants [KASPI, op. cit., p.174]. Rapporté à la population américaine de 1978 avec ses 250 millions d’habitants, c'est l’équivalent de 5 millions de morts [ZINN, op. cit., p.223].

Tout le film repose sur une fausse perspective. Abraham Lincoln s’est converti à l’abolition de l’esclavage, mais bien tardivement et sous la pression des milieux d’affaires du capitalisme industriel et financier. Quelques citations de ses propos apportent un éclairage bien différent de celui de Spielberg.

1837 : L’institution de l’esclavage se fonde et sur l’injustice et sur une mauvaise politique. […] Mais promouvoir des doctrines abolitionnistes, c’est plutôt accroître que diminuer le mal.
KASPI, op. cit., p.155

1858 : Je dirai donc que je ne suis pas et que je n’ai jamais été en faveur de l’égalité politique et sociale de la race noire et de la race blanche, que je je veux pas et que je n’ai jamais voulu que les Noirs deviennent jurés ou électeurs ou qu’ils soient autorisés à détenir des charges politiques ou qu’ils soient autorisés de se marier avec des Blanches.[…] Dans la mesure où les feu races ne peuvent vivre ainsi, il doit y avoir, tant qu’ils resteront ensemble, une position inférieure et une position supérieure. Je désire, tout autant qu’un autre, que la race blanche occupe la position supérieure.
KASPI, op. cit., p.172 et ZINN, op. cit., p.218

1861 : Je n’ai pas l’intention, directement ou indirectement, d’interférer dans la question de l’esclavage dans les États où il existe. Je sais que je n’ai pas le droit légal de le faire et d’ailleurs je n’en ai pas non plus le goût.
ZINN, op. cit., p.219

1862 : Mon objectif essentiel dans ce conflit est de sauver l’Union. Ce n’est pas de sauver ou de détruire l’esclavage. Si je pouvais sauver l’Union sans libérer aucun esclave, je le ferais. Si je le pouvais en libérant tous les esclaves, je le ferais. et si je le pouvais en en libérant quelques-uns sans toucher au sort des autres, je le ferais aussi.
KASPI, op. cit., p.193

Le mouvement abolitionniste est ancien aux États-Unis, mais les Noirs en sont absents. Il trouve ses racines à l’époque coloniale dans les protestations des quakers, bientôt suivis par d’autres sectes protestantes, méthodistes ou baptistes. La campagne pour l’abolition de l’esclavage a commencé le 1er janvier 1831 quand William Llyod Garrison publia le premier numéro de The Liberator [KASPI, op. cit., p.148]. Il fonda aussi l’American anti-slavery society qui devait devenir la principale société abolitionniste du pays avec son journal National Anti-Slavery Standard. De 1841 à 1860, la vie politique est tout entière dominée par le problème de l’esclavage. C’est à l’approche de la fin de la guerre civile que le mouvement s’accéléra.

Un gouvernement national ne pouvait évidemment pas permettre qu’une insurrection soit à l’origine de l’abolition de l’esclavage. Tant qu’à mettre fin à l’esclavage, il fallait du moins que ce fût dans des conditions totalement maîtrisées par les Blancs et uniquement lorsque les intérêts économiques et politiques des milieux d’affaires du Nord l’exigeraient. En fin de compte, c’est Abraham Lincoln qui incarnera à la perfection cette alliance entre les intérêts des milieux d’affaires, les ambitions politiques du nouveau parti républicain et la rhétorique humaniste.
ZINN, op. cit., p.216-217

La deuxième erreur de perspective est de croire que l’abolition de l’esclavage mit fin à la ségrégation raciale. Bien au contraire.

L’oligarchie blanche du Sud profita de son pouvoir économique pour organiser le Ku Klux Klan et d’autres groupes terroristes du même type. Les politiciens du Nord évaluèrent les avantages respectifs d’un soutien politique accordé à de pauvres Noirs et d’une situation stabilisée au Sud dans laquelle une suprématie blanche se réinstaurait tout en acceptant la domination républicaine et le nouvel ordre économique.
ZINN, op. cit., p.235

En 1900, tous les États du Sud avaient inscrits dans la loi la suppression du droit de vote et la ségrégation pour les Noirs. […]
Bien que cela ne soit pas légalement stipulé dans le Nord, la ségrégation et les préjugés racistes existaient dans les faits.
ZINN, op. cit., p.240

La fin de la « servitude involontaire » (selon le texte du XIIIe amendement) fut aussi le début de « l’ère du nouveau capitalisme et du nouvel esclavage pour tous les travailleurs » ou, dit autrement, celui de la servitude volontaire :

L’industrie l’emporte sur l’agriculture ; la ville sur la campagne. Aucun garde fou ne parvient à contenir le capitalisme, la nouvelle religion d’une société qui croit dans l’évangile de la richesse.
KASPI, op. cit., p.199

Du Bois considérait ce nouveau capitalisme comme partie prenante d’une dynamique d’exploitation et de corruption qui s’instaurait dans tous les pays « civilisés » du monde : « L’organisation nationale du travail des pays avancés, à la fois calmés et trompés par un droit de vote dont l’efficacité était sévèrement mise en cause par la dictature du grand capital, était minée par les hauts salaires et les postes politiques réunis pour exploiter la mains-d’œuvre des régions moins avancées, qu’elle soit blanche, jaune brune ou noire. »
ZINN, op. cit., p.243

Mais Steven Spielberg voudrait nous faire croire qu’existe un « gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple » [05' 51"] et que le gouvernement américain chérit « une paix juste et durable parmi nous et avec toutes les nations » [2h 20' 03"]. C’est un cinéaste bien roublard et peu respectueux de l’Histoire.
Dernier détail qui plombe tout le film. ll fait dire à Thaddeus Stevens, qui s’adresse à sa bonne obséquieuse… et noire [2h 03' 00"] : Un cadeau pour vous. La plus grande mesure du XIXe siècle passée par corruption, aidée et incitée par l’homme le plus pur d’Amérique. Puis, coup de théâtre digne d’un vulgaire vaudeville, il nous les montre ensemble au lit ! Steven Spielberg affirme ainsi qu’ils étaient amants alors que cette rumeur n’a jamais été confirmée [Wikipedia].

20/01/2013
Serge LEFORT
Citoyen du Monde


Steven SPIELBERG, Lincoln, 2012, AlloCinéTélécharger VOSTFR.
Lincoln de Steven Spielberg est une adaptation du livre Team of Rivals: the political genius of Abraham Lincoln de Doris Kearns Goodwin, qui revient sur les quatre derniers mois du seizième président des États-Unis, ses décisions politiques concernant la guerre de Sécession ainsi que l’abolition de l’esclavage.

Critiques du film :
Lincoln : un film avec Spielberg mais sans vampire, Krinein.
[…] nous avons eu notre compte de héros idéalisés, nous préférons le réalisme, nous préférons savoir que les plus intègres ont toléré les pires compromis pour faire passer l’amendement, que Lincoln s’était arrogé les pleins pouvoirs de manière peu démocratique, avait censuré la presse, que ses décrets d’émancipation des Noirs étaient d’une légalité douteuse, quitte à se faire traiter de tyran, mais tout cela dans un but bien précis et plus élevé.
Lincoln : les premiers avis sont partagés, Le Figaro.
Le film est loin de mettre tout le monde d’accord. Si certains l’annoncent déjà comme le grand gagnant de la célèbre cérémonie [des Oscars], d’autres ont un avis radicalement opposé, et parlent d’un film «ennuyeux» et «superficiel».
Lincoln, Le passeur critique.
On pourrait même dire que le premier poncif viendrait de la mise en scène : Aucun doute possible, il s’agit bien du duo Spielberg-Kaminski. Elégant, cela va sans dire mais sans surprise.
S’il l’on peut reprocher au film des directions trop attendues et une présentation discutable de l’histoire, le dernier Spielberg est suffisamment puissant et dense pour que tous les plaisirs du cinéma y soient joyeusement profitable.
Lincoln, le film de Spielberg porté aux nues par la critique américaine, Télérama.
New York Times : Emmenez vos enfants, même s’ils ne comprennent pas tout et ne tiennent pas en place sur leur siège. Après tout, l’ennui et la confusion font aussi partie de la démocratie.
William Herndon : Pendant cinquante ans, Dieu a roulé Abraham Lincoln dans son ardent chaudron. […] faisant de lui le personnage le plus noble et le plus aimable depuis Jésus Christ.

Sélection bibliographique :
• La guerre de Sécession, Ciné-club de Caen.
• Abraham Lincoln, Wikipédia.
• William Llyod Garrison, Wikipédia.
• W. E. B. Du Bois, Wikipédia.
• Ils ont négocié notre esclavage, Matière et Révolution.
Le dernier accord signé par certains syndicats (CFTC, CFDT et CGC) va même permettre au gouvernement d’imposer la mobilité forcée. Cela signifie qu’un salarié qui voudra se soustraire à un changement de site sera immédiatement licencié.
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Les négociations nationales patronat/syndicats/ gouvernement ont en effet rendu leurs fruits : la flexibilité des emplois, des salaires, des conditions de travail et des sites. Si on refuse de travailler au SMIC, comme, où et quand cela plait au patron, c’est la porte !

• André KASPI, Les Américains 1. Naissance et essor des États-Unis (1607-1945), Seuil, 1986.
• MARX Karl et ENGELS Friedrich, La guerre civile aux États-Unis [Articles présentés et commentés par Roger DANGEVILLE], Archive Internet des Marxistes, 1861-1865.
• Karl MARX, Abraham LINCOLN, Une révolution inachevée – Sécession, guerre civile, esclavage et émancipation aux États-Unis [Articles présentés et commentés par Robin BLACKBURN], Editions Syllepse, 2012.
La guerre de Sécession américaine, bien mal nommée en français (les Américains préfèrent la désigner par le terme de Guerre civile) reste un moment fondateur de l’Histoire des États-Unis.
Dans les oppositions politiques d’aujourd’hui les références à ce conflit ne sont jamais absentes tant celui-ci a structuré l’imaginaire collectif américain et son champ politique. La révolution inachevée propose la lecture croisée des contributions les plus importantes de Lincoln et de Marx sur le sujet ainsi que les correspondances qu’ils ont pu échangées.
Une riche préface de Robin Blackburn, qui constitue à elle seule un ouvrage dans l’ouvrage, offre aux lecteurs une mise en perspective des textes présentés et un rappel utile du contexte historique et du déroulement du conflit. Elle s’intéresse, bien après l’assassinant de Lincoln et de la disparition de l’Association internationale des travailleurs, à ses suites dans l’histoire sociale et politique des États-Unis, pages souvent ignorées du lecteur francophone.
• ZINN Howard, Une histoire populaire des États-Unis de 1492 à nos jours, Agone, 2002.

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Revue de presse Cinéma 2013, Monde en Question.
Veille informationnelle Cinéma, Monde en Question.
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