Qui est Fibonacci ? Comment ce savant a permis l'introduction au "monde occidental" des mathématiques arabes ? En quoi cela a été déterminant pour le développement des mathématiques en Europe à partir du Moyen-Age ? Fibonacci est connu pour la suite éponyme. Qu'est ce que la suite de Fibonacci ?
Fibonacci, une suite qui vaut de l'or, France Culture, 2017.
En France, on parle de "science arabe", mais ici les Iraniens préfèrent employer l'expression plus large de "sciences en pays d'islam", ou "islamic sciences" en anglais. Nous avons pris l'habitude de dire science arabe, mais elle renvoie en réalité à la science élaborée par les pays musulmans qui était écrite en arabe. On situe en général son âge d'or entre le IXe et la fin du XIe siècle, mais en réalité nous savons maintenant que des apports tout à fait originaux ont continué à être produits jusqu'au XVIe et même au XVIIe siècle, en particulier en Iran.
Entretien avec Ahmed Djebbar, La Revue de Téhéran, 2007.
On parle aussi de "science arabo-musulmane", ce qui exclut les Iraniens qui sont musulmans mais non arabes et tous les arabes qui sont chrétiens, juifs ou athées. L'arabe fut, comme l'anglais aujourd'hui, la langue de communication entre les pays conquis par l'islam. C'est pourquoi je préfère l'expression "sciences de langue arabe".
Ceci dit, la culture européenne doit beaucoup à la culture de langue arabe, qui nous a non seulement transmis les textes grecs et latins, mais a aussi innové notamment dans les mathématiques, la médecine ou la littérature (Ibn Dawoud).
À partir la Renaissance, les intellectuels européens, ardents défenseurs de la Reconquista qui s'acheva en 1492, ont milité pour un "retour aux sources" de la civilisation européenne expurgées des connotations orientales : grecques d'Asie Mineure (Anatolie), arabes, iraniennes, indiennes ou chinoises. Ce fut le socle idéologique des conquêtes de l'Amérique, de l'Afrique et de l'Asie.
29/09/2017
Serge LEFORT
Citoyen du Monde et rédacteur de Monde en Question
Lire aussi :
• Biographie Fibonacci, Portail maths - Gérard Villemin.
• Mystères arithmétiques de la suite de Fibonacci, Images des mathématiques.
• Fibonacci, les lapins, le nombre d'or et les calculs actuariels, Freakonometrics.
• La suite arithmétique de Fibonacci et le nombre d'or, Futura Sciences.
• Fibonacci, passeur des mathématiques du monde arabe au monde occidental, Université de Limoges [Texte en ligne].
• Ahmed DJEBBAR, La circulation de l'algèbre arabe en Europe et son impact in The Impact of Arabic Sciences in Europe and Asia, Union Académique Internationale, 2016 - Texte sur demande [CRMH].
• Jérôme GAVIN, Alain SCHÄRLIG, Léonard de Pise : un sujet anodin devenu référence, et une contribution considérable mais oubliée à l’arrivée de l'algèbre en Europe, BibNum, 2015.
• Roshdi RASHED, Fibonacci et les mathématiques arabes, Histoire des sciences arabes.
• Roshdi RASHED, Fibonacci et le prolongement latin des mathématiques arabes, Histoire des sciences arabes - Texte sur demande.
• Quand les sciences parlent arabe, Centre-Sciences, 2007.
• AL KHWARIZMI, L'algèbre et le calcul indien, Editions du Kangourou 2013.
• COLLECTIF, Les Sciences arabes, Actes Sud, 2005.
• COLLECTIF, À La découverte de l'âge d'or des sciences arabes, Sciences.be, 2016 [Texte en ligne].
• Pascal CROZET, Les sciences arabes entre antiquité et âge classique : la constitution d'un nouveau champ en histoire des sciences, HAL, 2004 [Texte en ligne].
C'est peu de dire que l'image des sciences arabes et la place qui leur est assignée dans l'histoire ne sont plus les mêmes depuis l'œuvre de Roshdi Rashed. Non seulement parce celui-ci a contribué, et de façon déterminante, à établir des normes de rigueur dans un domaine qui n'en connaissait guère avant lui ou parce que, grâce à lui, le champ de recherches sur les sciences arabes est désormais beaucoup mieux balisé. C'est aussi que Roshdi Rashed n'a cessé de porter un regard critique sur le domaine d'activités qui est le sien, l'histoire des sciences, et de s'interroger sur son objet, ses méthodes et son histoire ; or, loin d'être détachées de l'activité même de l'historien des sciences, ces réflexions n'ont cessé au contraire de l'alimenter et d'en infléchir les conclusions. Nous voudrions ici tenter de montrer comment ces réflexions ont puissamment concouru à modifier en profondeur l'historiographie des sciences classiques, non seulement en restituant aux sciences arabes la place qui est la leur, mais aussi en contribuant à définir mieux ce qu'on pouvait entendre par un tel terme.
• Ahmed DJEBBAR, Une histoire de la science arabe - Introduction à la connaissance du patrimoine scientifique des pays d'Islam - Entretiens avec Jean Rosmorduc, Seuil 2001 [Extraits en ligne - Revue d'histoire des sciences].
L'histoire des sciences occidentale a longtemps affirmé qu'entre "miracle grec" et Renaissance, l'obscurantisme le plus total avait régné. La raison revenant, il est apparu que les savants des pays d'Islam, du VIIIe au XVe siècle, avaient certes traduit les ouvrages grecs et indiens, mais surtout défriché des domaines des sciences et des techniques qui ne se constitueront que bien plus tard en Europe.
C'est la longue histoire de ce flamboiement culturel injustement méconnu qui est narrée ici. De Bagdad en Andalousie, des algorithmes d'al-Khwarizmi à la floraison des ouvrages savants, c'est toute une civilisation qui revit, où la liberté de pensée et la tolérance se sont alliées pour faire remarquablement progresser le patrimoine scientifique commun.
• Ahmed DJEBBAR, L'âge d'or des sciences arabes, Le Pommier, 2013.
Astronomie, médecine, mathématiques, géographie... autant de domaines dans lesquels la civilisation arabe apporta des contributions originales. Non seulement elle assimila les savoirs grec, indien, babylonien, égyptien qu'elle sût transmettre au temps des grandes traductions, mais elle élabora aussi une grande tradition scientifique proprement arabe, avec de grands noms comme Ibn Sînâ (Avicenne), le mathématicien et astronome al-Khwârizmi ou encore le scientifique et polygraphe Al-Bîrûnî, pour ne citer qu'eux...
• Salah Ould MOULAYE AHMED, L'apport scientifique arabe à travers les grandes figures de l'époque classique, Unesco, 2004 [Texte en ligne].
L'âge d'or de la pensée arabe décrit dans cet ouvrage s'étendit sur plusieurs siècles et se traduisit par un apport scientifique et technique particulièrement enrichissant pour le progrès humain. Il s'accompagna d'un esprit de tolérance et d'ouverture remarquable dans la recherche, l'assimilation et la diffusion du savoir. Ce livre aborde successivement les domaines de la philosophie, des mathématiques, de l'astronomie, des sciences physiques et naturelles, de la médecine et de la pharmacopée, des sciences géographiques et historiques.
• Roshdi RASHED (sous la direction de), Histoire des sciences arabes (I Astronomie, théorique et appliquée - II Mathématiques et physique - III technologie, alchimie et science de la vie), Seuil, 1997 [Revue du monde musulman et de la Méditerranée - La Recherche].
Entre le VIIIe et le XVe siècle, la recherche scientifique la plus avancée se faisait en arabe. L'arabe était alors la langue de la science, depuis l'Espagne jusqu'aux confins de la Chine. Ce livre en trois tomes entend replacer les sciences arabes dans l'histoire des sciences. C'est en fait la première synthèse jamais effectuée en ce domaine et dans cet esprit. Si, aujourd'hui, un tel panorama est possible, c'est en raison des recherches menées depuis le siècle dernier, et activées dans les dernières décennies. Les meilleurs spécialistes des multiples domaines des sciences arabes ont été sollicités pour restituer à la science arabe son visage et sa place en privilégiant l'analyse des sources anciennes (surtout grecques) et en consacrant quelques chapitres aux prolongements latins et hébraïques.
• Dossier documentaire Sciences, Monde en Question.
• Dossier documentaire Astronomie-Astrophysique, Monde en Question.
• Dossier documentaire Mathématiques, Monde en Question.