Depuis plus de quatre mois, il ne se passe presque pas un jour sans que les médias ne déversent des propos haineux contre "le monde arabo-musulman". Tout, dans l'actualité internationale et franco-française, est prétexte à vendre l'idée d'un complot terroriste islamique visant à détruire "la civilisation occidentale".
En juillet 2004, les médias avaient accrédité le mythe d'une agression antisémite dans le RER D sans aucune preuve et avant même que la police ne termine l'enquête préliminaire [1]. Confrontés à la réalité des faits, les mêmes ont justifié cette campagne odieuse en affirmant sans rire que, si le crime n'avait pas eu lieu, il aurait pu avoir lieu !
Depuis le 21 février, les médias accusent Fofana d'avoir torturé et tué Ilan Halimi parce qu'il était juif. Comme dans l'affaire d'Outreau, la présomption d'innocence n'existe pas pour ceux qui font du chiffre d'affaire en instrumentalisant les préjugés du nouvel ordre moral ou du racisme anti-arabe qui animent les élites de droite et de gauche.
Aujourd'hui, alors que les enquêtes policière et judiciaire sont en cours, les médias ont délibérément choisi l'ignoble posture d'accusateur public. Fofana est coupable parce qu'il est antisémite ! La seule preuve des médias-procureurs repose sur les allégations de la mère d'Ilan Halimi, faites au quotidien israélien Haaretz [2] et relayées par Roger Cukierman, le président du CRIF, au cours du dîner annuel de cette association communautaire.
Plus encore que dans l'affaire du RER D, les médias et les politiques font la course à l'accusation sans preuve sous prétexte de dénoncer l'antisémitisme. Ainsi, Malek Boutih, secrétaire national du PS chargé des questions de société, a déclaré : "Il est certain qu'il s'agit d'actes de crapulerie antisémites." Le Nouvel Observateur du 21 février.
Le meurtre d'Ilan Halimi est crapuleux, mais ne justifie pas le recours à la délation revancharde comme l'a fait, par exemple, Eric Zemmour dans l'émission Ça se dispute du 24 février sur iTélé : "il y a dans les banlieues un terreau antisémite" [3]. Cet amalgame est crapuleux comme le furent les commentaires à propos de l'explosion sociale dans les banlieues à la suite de la mort de deux jeunes à Clichy-sous-Bois.
Ce meurtre prend des dimensions politiques plutôt cocasses. Ainsi, le très démocratique Laurent Gbagbo, maintenu au pouvoir en Côte d'Ivoire par l'armée française, remercie ses maîtres à Paris en signant l'extradition de Fofona, qui sera ramené en France à bord d'un Airbus de l'armée française. Plus drôle encore, on nous assure qu'il s'agit d'un "vol régulier" de l'armée entre les deux pays...
En 1999, Benjamin Stora publia un livre [4] très éclairant sur les racines du racisme anti-arabe en France. À cette époque, qui paraît bien lointaine, seule l'extrême-droite revendiquait le discours contre "le monde arabo-musulman" au nom de "la civilisation occidentale". Aujourd'hui, ce discours, devenu un lieu commun dans les médias, gangrène la société.
Serge LEFORT
3 mars 2006
[1] Sur la fausse agression antisémite dans le RER D :
• 14/07/2004, Serge LEFORT, Le racisme ne se divise pas, Monde en Question.
• 18/07/2004, Serge LEFORT, Analyse d'une dérive – Le cas Libération, Monde en Question.
[2] Mme Halimi, la mère d'Ilan, a déclaré au quotidien israélien Haaretz : "Si Ilan n'avait pas été juif, il n'aurait pas été assassiné". Le Nouvel Observateur du 20 février.
[3] Dire, comme Richard Séréro, secrétaire général de la LICRA, que "l'antisémitisme est en évolution exponentielle" alors que les violences antisémites ont chutés de 46% en 2005, relève du mensonge. Le Nouvel Observateur du 21 février.
[4] Benjamin STORA, Le transfert d'une mémoire - De l'«Algérie française» au racisme anti-arabe, La Découverte, 1999.
3 mars 2006
2 mars 2006
La voie royale de l'apolitisme
Quatre ans après sa défaite, le PS n'a toujours pas fait le bilan de la perte de 2,5 millions de voix par Lionel Jospin. Conduit par François Hollande, le PS navigue au jour le jour... en attendant les prochaines élections.
Ce ne sont pas les candidats qui manquent ! Au rayon des étrangetés, il y a le retour de celui qui avait annoncé solennellement le 21 avril 2002 qu'il se retirait de la vie politique et les candidatures du couple Hollande-Royal.
Marie-Ségolène Royal a une curieuse conception de la politique. Non seulement, elle en fait une affaire de couple, mais tout son programme se résume à l'incantation "je suis une femme" ! En janvier, elle a fait le voyage au Chili pour montrer qu'elle soutenait Michelle Bachelet sans connaître trois mots d'espagnol. À cette occasion, elle a surtout révélé son ignorance, car la première femme présidente d'un État d'Amérique du Sud fut Isabel Martínez de Perón, présidente de l'Argentine de 1974 à 1976.
Bien d'autres femmes ont occupé, à l'époque contemporaine, les fonctions de Premier ministre ou de présidente d'un État sans que le fait d'être femme soit un argument pour justifier leur politique.
Marie-Ségolène Royal devra donc trouver d'autres arguments pour convaincre.
Fille d'un colonel d'artillerie à Dakar, capitale de l'AOF (Afrique occidentale française) pendant l'occupation coloniale, elle devra nous expliquer les "bienfaits" du colonialisme et du néo-colonialisme.
Ardente avocate des valeurs familiales et du néo-puritanisme de la droite, elle devra justifier ses déclarations dans l'affaire d'Outreau.
Favorable au traité de Maastricht, elle a déclaré en juin 1992 : « Si le traité de Maastricht n'avait pas été signé, nous aurions aujourd'hui six millions de chômeurs. »
Favorable au référendum sur la Constitution européenne, elle a déclaré en 2005, lors d'un débat télévisé de l'émission Mots croisés sur France 2 : « La constitution européenne est très belle. » « Si le non gagne, je serais obligée de privatiser les cantines scolaires de ma région. »
Wikipédia
Sur les banlieues, elle a déclaré le 10 novembre 2005 : « Il faut rétablir l'autorité parentale [...] et rétablir une sorte de service national, au moins pour six mois. Sa suppression a été une grave erreur. C'était le seul endroit où des jeunes qui n'avaient pas été cadrés avaient une chance de l'être. »
Libération
L'accusation de misogynie que Marie-Ségolène Royal oppose systématiquement à tous ses détracteurs ne suffira pas à masquer ses positions ou ses silences.
Serge LEFORT
1er mars 2006
[note du 8 mars 2006]
Grégory Rzepski, L'ascension de Ségolène Royal dans les médias et ses effets de censure sur le débat démocratique, Acrimed.
Ce ne sont pas les candidats qui manquent ! Au rayon des étrangetés, il y a le retour de celui qui avait annoncé solennellement le 21 avril 2002 qu'il se retirait de la vie politique et les candidatures du couple Hollande-Royal.
La primaire un peu spéciale, entre Ségolène Royal et François Hollande, aura lieu en septembre. C'est à ce moment qu'ils décideront "ensemble, en couple", lequel de la présidente de la région Poitou-Charentes ou du premier secrétaire du PS soumettra sa candidature au vote des militants socialistes. Ségolène Royal énonce ainsi les choses, jeudi 2 février, dans le quotidien britannique Financial Times qui consacre un portrait à la "Celebrity Royal", présentée comme la favorite à gauche pour l'élection présidentielle de 2007.
Le Monde du 03 février
Marie-Ségolène Royal a une curieuse conception de la politique. Non seulement, elle en fait une affaire de couple, mais tout son programme se résume à l'incantation "je suis une femme" ! En janvier, elle a fait le voyage au Chili pour montrer qu'elle soutenait Michelle Bachelet sans connaître trois mots d'espagnol. À cette occasion, elle a surtout révélé son ignorance, car la première femme présidente d'un État d'Amérique du Sud fut Isabel Martínez de Perón, présidente de l'Argentine de 1974 à 1976.
Bien d'autres femmes ont occupé, à l'époque contemporaine, les fonctions de Premier ministre ou de présidente d'un État sans que le fait d'être femme soit un argument pour justifier leur politique.
Au Sri Lanka, Sirimavo Bandaranaike fut Premier ministre de 1960 à 1965 et de 1970 à 1972.
En Inde, Indira Gandhi fut Premier ministre de 1966 à 1977 et de 1980 à 1984.
En Israël, Golda Meir fut Premier ministre de 1969 à 1974.
En Argentine, Isabel Martínez de Perón fut présidente de 1974 à 1976.
Au Royaume-Uni, Margaret Thatcher fut Premier ministre de 1979 à 1990.
En Islande, Vigdís Finnbogadóttir fut présidente de 1980 à 1996.
Aux Philippines, María Corázon Sumulong Cojuangco (Corázon Aquino) fut présidente de 1986 à 1992.
Au Pakistan, Benazir Bhutto fut Premier ministre de 1988 à 1990 et de 1993 à 1996.
En France, Édith Cresson fut Premier ministre de 1991 à 1992.
Au Bangladesh, Khaleda Zia fut Premier ministre de 1991 à 1996.
Au Sri Lanka, Chandrika Kumaratunga fut présidente de 1994 à 2005.
Aux Philippines, Gloria Macapagal-Arroyo fut présidente de 1998 à 2001 et depuis 2004.
Au Panama, Mireya Elisa Moscoso Rodríguez de Arias fut présidente de 1999 à 2004.
En Lettonie, Vaira Vīķe-Freiberga est présidente depuis 1999.
En Finlande, Tarja Halonen est présidente depuis 2000.
En Indonésie, Megawati Sukarnoputri fut présidente de 2001 à 2004.
En Allemagne, Angela Dorothea Merkel est Chancelière depuis 2005.
Au Libéria, Ellen Johnson-Sirleaf est présidente depuis 2006.
Au Chili, Verónica Michelle Bachelet Jeria est présidente depuis 2006.
Marie-Ségolène Royal devra donc trouver d'autres arguments pour convaincre.
Fille d'un colonel d'artillerie à Dakar, capitale de l'AOF (Afrique occidentale française) pendant l'occupation coloniale, elle devra nous expliquer les "bienfaits" du colonialisme et du néo-colonialisme.
Le conseil de prud'hommes de Niort a condamné Ségolène Royal en 1999 pour avoir employé durant sa campagne de 1998 (élections cantonales) plusieurs collaboratrices sans les rémunérer. Son appel a été rejeté par la cour d'appel de Poitiers en 2005.
Wikipédia
Ardente avocate des valeurs familiales et du néo-puritanisme de la droite, elle devra justifier ses déclarations dans l'affaire d'Outreau.
Le 9 juillet 1997, au lendemain de la rétractation de l'enfant qui accusait son professeur d'EPS d'attouchements (Affaire Montmirail), elle a déclaré : « L'affaire n'est pas finie... L'enfant s'est peut-être rétracté sous la pression des adultes, sous le poids d'un suicide... »
Plaçant toujours la parole de l'enfant au-dessus de la présomption d'innocence, Ségolène Royal a, à maintes reprises, soupçonné les défenseurs de la présomption d'innocence de vouloir "couvrir les pédophiles". L'ancienne ministre n'est jamais revenue sur la circulaire publiée en août 1997, ni sur ces déclarations.
Wikipédia
Favorable au traité de Maastricht, elle a déclaré en juin 1992 : « Si le traité de Maastricht n'avait pas été signé, nous aurions aujourd'hui six millions de chômeurs. »
Favorable au référendum sur la Constitution européenne, elle a déclaré en 2005, lors d'un débat télévisé de l'émission Mots croisés sur France 2 : « La constitution européenne est très belle. » « Si le non gagne, je serais obligée de privatiser les cantines scolaires de ma région. »
Wikipédia
Sur les banlieues, elle a déclaré le 10 novembre 2005 : « Il faut rétablir l'autorité parentale [...] et rétablir une sorte de service national, au moins pour six mois. Sa suppression a été une grave erreur. C'était le seul endroit où des jeunes qui n'avaient pas été cadrés avaient une chance de l'être. »
Libération
L'accusation de misogynie que Marie-Ségolène Royal oppose systématiquement à tous ses détracteurs ne suffira pas à masquer ses positions ou ses silences.
Serge LEFORT
1er mars 2006
[note du 8 mars 2006]
Grégory Rzepski, L'ascension de Ségolène Royal dans les médias et ses effets de censure sur le débat démocratique, Acrimed.
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