Le feuilleton de la chronique d'une mort annoncée continue... Le Monde, qui a soutenu Edouard Balladur en 1995 et Nicolas Sarkozy en 2007, a interrogé Pascal Lamy, directeur général de l'Organisation mondiale du commerce depuis 2005. Membre du PS depuis 1969, il a été l'un des proches de Jacques Delors, au ministère de l'économie et des finances (1981) [responsable du tournant néolibéral de la gauche en 1982], puis à la présidence de la Commission européenne (1984). Directeur général du Crédit lyonnais (1994) [banque qui a réalisé le casse du siècle en 1993], il a été commissaire européen au commerce entre 1999 et 2004. Il est l'auteur, notamment, de La Démocratie monde - Pour une autre gouvernance globale, Seuil, 2004.
Comment expliquez-vous le recul presque général de la social-démocratie lors des européennes de juin ?
Cet échec est paradoxal en temps de crise, mais il est indiscutable. Pour deux raisons. En dépit de la réflexion engagée par le Parti socialiste européen, son analyse du capitalisme de marché n'était ni assez approfondie ni entendue, faute d'être suffisamment partagée et promue par les partis nationaux. On a dit pendant des années que les socialistes français étaient plus malades que les autres. Non seulement ils ne sont pas guéris, mais la faiblesse idéologique dont ils souffrent s'est plutôt étendue aux autres socialistes européens.
Le paradoxe est que les sociaux-démocrates avaient, pour la première fois, un manifeste commun...
Oui, mais c'était un travail du haut vers le bas, qui n'a pas été porté par les différents partis. Le Parti socialiste européen est un beau concept, mais qui n'a pas encore de réalité politique. La meilleure preuve est qu'il n'admet pas les adhésions directes. Au Parlement européen, le groupe socialiste est une juxtaposition de groupes nationaux. Ni le SPD allemand ni le Labour britannique ne s'y intéressent vraiment. Quant au PS français, cela dépend des individus. Résultat : il n'y a pas d'homogénéité idéologique au sein du PSE.
L'Europe a longtemps été, selon vous, le lieu du compromis social-démocrate. L'échec des socialistes n'est-il pas la traduction de la faiblesse de l'UE ?
Le problème est plus fondamental. Il porte sur les valeurs et l'analyse, mais aussi sur les instruments et la tactique politiques à mettre en oeuvre. Sur le terrain des valeurs, la gauche mondiale doit remettre à jour sa critique du capitalisme de marché. Les termes dans lesquels se pose la question sociale - qui reste la question centrale pour la gauche - ont fondamentalement changé sous l'effet de la mondialisation : l'espace dans lequel elle doit être pensée et traitée est l'espace mondial. Bien sûr, elle continue de se poser à l'échelon local et national, comme le montrent les succès de la gauche au Brésil ou en Inde. Mais persister à ne pas partir d'une analyse à l'échelle mondiale est une impasse.
De plus, les espaces idéologiques à l'intérieur desquels on doit situer une approche de gauche sont devenus plus complexes. L'axe traditionnel est celui qui va de la liberté à l'égalité. La gauche donnant la préférence à l'égalité, une notion plus collective, et la droite à la liberté, plus individuelle. A cet axe s'est ajouté un deuxième : l'axe marchand-gratuit. Et un troisième émerge : l'axe économie-anthropologie. Autrement dit, le bonheur est-il lié à la richesse ? Quelles sont les limites anthropologiques à la pression consumériste sur le statut des personnes ? La gauche doit réfléchir aux limites du capitalisme de marché dans des termes à la fois plus sophistiqués et plus critiques. Aussi longtemps qu'elle ne fera pas ce travail approfondi de rénovation des concepts, elle passera à côté d'une grande part de la réalité sociale d'aujourd'hui, et restera donc inaudible.
Et l'écologie ?
Elle est évidemment une préoccupation majeure, mais désormais bien identifiée. Alors que la concurrence est le concept fondamental de la droite comme la solidarité est celui de la gauche, je pense que l'écologie est une dimension de la solidarité.
Comment penser la solidarité au niveau mondial ?
C'est évidemment le problème essentiel. Le résoudre implique un énorme changement culturel, car les instruments de solidarité sont forcément des instruments d'organisation et de contrainte collectives, ce qui soulève immédiatement la question de leur légitimité : jusqu'à présent, les seuls outils collectifs légitimes sont ceux qui résultent de processus démocratiques dont l'espace par excellence est celui de la nation. Ces outils restent donc stato-nationaux. Nous devons partir à la recherche d'une démocratie-monde capable de légitimer une solidarité globale.
Au-delà des valeurs, quels sont les instruments et la tactique à adopter ?
Il y a deux instruments possibles pour développer la solidarité : la redistribution et la régulation. Cette dernière est souvent plus facilement acceptée, même si je suis bien placé, à l'OMC, pour savoir que la mise en place de règles suppose des négociations parfois aussi complexes que celles des mécanismes de redistribution.
Quant à la tactique, c'est l'éternelle question : faut-il favoriser le rassemblement à gauche, quitte à ne pas trop insister sur la plate-forme, ou au contraire privilégier la rénovation du contenu idéologique. De Mitterrand à Jospin, la gauche française a toujours fait le premier choix. Je pense que c'est mettre la charrue avant les boeufs ; mais sur ce point je suis minoritaire au sein du PS depuis longtemps.
Quelle est votre analyse sur la situation du PS ?
Le PS est prisonnier des institutions et de sa culture parlementaire. Il est en porte-à-faux par rapport au système présidentiel et à la sacralisation du pouvoir. Il est peuplé d'élus locaux de qualité accaparés, à juste titre, par leur travail de gestionnaires et d'administrateurs et qui savent que l'incantation politique ne guérit pas les écrouelles. Je comprends le malaise du PS face aux institutions mais on ne reviendra pas, hélas, sur l'élection du président au suffrage universel. Il faut donc l'accepter et s'y adapter. Mais ce n'est pas le seul handicap. Il faut que ce parti propose une véritable plate-forme idéologique. Ça ne se résume pas à trois formules ; c'est un énorme travail intellectuel. Or le PS est devenu une grosse bureaucratie politique, qui consacre 80 % de ses ressources à son fonctionnement interne.
Comment le remettre au travail ?
Il lui faut un leader, c'est-à-dire un ou une candidat(e) à l'Elysée. Un parti politique a trois fonctions : élaborer une plate-forme qui sert à gouverner ou à s'opposer, faire émerger un leader, et gérer la mobilisation et l'animation du débat public. Regardez ce qui se passe aux Etats-Unis. Le Parti démocrate externalise, certes, le programme à des think tanks dont il récupère ensuite le travail, mais il sait sélectionner le ou la candidate, et assurer l'"événementiel", le spectacle indispensable pour les médias. En France, le PS n'est actuellement performant sur aucune de ces fonctions.
Le PS peut-il dépérir ou mourir, comme le Parti radical ou la SFIO avant lui ?
Je ne dis pas que c'est plausible ou souhaitable, mais c'est possible.
Certains jugent que la gauche européenne n'est plus suffisamment à gauche ?
Certes, la gauche a privatisé et dérégulé mais il s'agissait de mettre fin à des monstres non pertinents. Qui soutiendrait aujourd'hui que Renault doit rester publique ? En revanche, la gauche n'a pas assez pensé les nouvelles formes de solidarité, notamment l'accès à l'éducation où se joue l'essentiel de la lutte contre les inégalités sur toute la planète.
Que pensez-vous de l'impasse dans laquelle se trouve l'Union européenne ?
L'Union est très en avance par rapport aux autres tentatives d'intégration régionale, comme l'Alena, le Mercosur ou l'Asean. Elle a su faire le saut technologique du pouvoir supranational, mais il n'y a toujours pas de légitimité supranationale. Cela fait plusieurs décennies que l'on frotte le silex institutionnel et que le feu démocratique ne prend pas. C'est un problème pour l'Europe mais aussi pour les autres continents qui, eux aussi, vont buter sur ce plafond démocratique si l'Europe politique échoue. Mais je ne pense pas que cela soit irrémédiable. Il nous faut mieux comprendre les enjeux d'identité, de sentiment d'appartenance, de culture et de civilisation qui ont été négligés jusqu'à présent. Trop de juristes et d'économistes, pas assez d'anthropologues ou de sociologues.
Michel Rocard estime que les Européens ont voté à droite, car ils ont renoncé à s'enrichir par le travail et misent sur les revenus de leur capital.
Non. C'est du fatalisme. Les électeurs ont voté à droite parce qu'ils sont inquiets et que la droite dit qu'elle protège mieux, tout en n'hésitant pas à emprunter de nombreux instruments à la gauche. Mais le facteur principal, c'est l'absence d'une alternative fondée sur la critique et le dépassement du système. Je pense qu'il y a dans le capitalisme de marché des inégalités inhérentes, intrinsèques, qu'il faut contester à la racine. Peu d'Occidentaux le font. Amartya Sen y travaille. Ce n'est pas étonnant.
Sur l'échelle économie-anthropologie, la pensée indienne ou chinoise du bonheur est beaucoup moins matérialiste et étriquée que la pensée occidentale. De même, les Africains ont une conception des groupes humains et du rapport à la nature beaucoup plus riche et subtile que la nôtre. C'est pour cela que, au-delà de la limite écologique du capitalisme, désormais bien connue, il faut réfléchir à la limite anthropologique du capitalisme de marché. Fondamentalement, celui-ci met une pression trop forte sur l'individu.
La commission Stiglitz-Sen mise en place par Nicolas Sarkozy sur d'autres critères de valeurs que le PIB est donc une bonne chose ?
Il est évident que la comptabilité nationale de l'après-guerre est dépassée. Jacques Delors et d'autres travaillaient sur les indicateurs sociaux il y a trente ans. Mais il ne sera pas facile d'établir le contenu d'un Bonheur national brut ni de bouleverser la machinerie statistique mondiale.
Comment réagissez-vous à la polémique sur les bonus ?
Les bonus et les paradis fiscaux sont des éléments importants. Mais pas essentiels. Les vrais problèmes de régulation sont ailleurs, et le risque est que la reprise économique qui s'amorce apporte un lâche soulagement et permette d'esquiver le débat. Le vrai sujet est qu'il faut soumettre l'industrie de la finance à des règles contraignantes mondiales. J'avais plaidé, dans vos colonnes, pour une régulation mondiale de la finance "en dur", une sorte d'"Organisation mondiale de la finance", aviez-vous écrit. L'enjeu essentiel est là. Cela pose deux problèmes majeurs : il faut vaincre de puissants lobbies, et le débat américain montre à quel point Prométhée, malgré ses bonnes intentions, est enchaîné. Le second problème est qu'en matière financière, les Etats ont déjà délégué une partie de leur pouvoir à des autorités indépendantes : les banques centrales. Qui devrait négocier les règles, en surveiller la mise en oeuvre, arbitrer les litiges ? Les Etats ? Les banques centrales ?
Cette crise a-t-elle des conséquences positives ?
Cette crise a au moins permis la création du G20 qui est un pas important dans la gouvernance mondiale. Il faut désormais réfléchir aux liens entre le G20, les organisations internationales spécialisées et l'ONU. Le premier a le leadership, les deuxièmes la capacité, la troisième la légitimité. Il faut repositionner ce triangle et accepter les Nations unies en tant que parlement mondial, dont les travaux seraient préparés par un conseil économique et social (Ecosoc) sérieusement relooké.
Vingt ans après la chute du mur de Berlin, la Chine et la Russie n'offrent-elles pas de redoutables contre-exemples au postulat selon lequel commerce et démocratie vont forcément de pair ?
Dans l'ensemble, le progrès des échanges favorise la démocratie et l'ouverture économique réussit mieux à vaincre la pauvreté que l'inverse. Mais il n'y a rien d'automatique car les conditions locales et régionales sont aussi importantes que les conditions mondiales. Le contresens des "anti-mondialisation", ce qu'ils n'ont pas voulu comprendre est que ce sont désormais les pays en développement qui veulent davantage d'ouverture des échanges.
Propos recueillis par Gérard Courtois et par Frédéric Lemaître
26/08/2009
Le Monde
29 août 2009
Fraudes électorales en Afghanistan
300 000 militaires sont mobilisés pour déjouer les plan des talibans qui tentent à tout prix de perturber la réélection du président Hamid Karzaï.
Le journal de 12h du 20 août 2009, LCI (Voir la vidéo - Télécharger la vidéo)
Articles :
• 26/08/2009, L'inquiétude monte aux Etats-Unis concernant la parodie d'élections en Afghanistan, WSWS
Les preuves de fraude et de violence, accompagnées d'une participation très faible qui pourrait s'élever à 30 pour cent, 10 pour cent voire moins dans le sud et l'est pachtoune du pays, provoquent la crainte à Washington et dans d'autres capitales occidentales qu'une élection mise en place pour fournir un vernis de légitimité à une guerre contre-insurrectionnelle impérialiste et à un gouvernement fantoche ne fera qu'exacerber l'opposition populaire à l'occupation étrangère et attiser les divisions régionales et ethniques en Afghanistan.
Le gouvernement Obama s'inquiète aussi que le fiasco électoral ne mine davantage encore aux Etats-Unis le soutien à la guerre. Le soutien public à la guerre a décliné de façon spectaculaire selon de récents sondages. Washington avait espéré que l'élection faciliterait ses préparatifs visant à augmenter fortement la présence armée américaine en Afghanistan et fournirait une couverture à une escalade de violence militaire contre les millions d'Afghans opposés à l'occupation américaine.
• 28/08/2009, Mises en garde américaines à Hamid Karzaï, Reuters-Yahoo! Actualités
Représentants de l'administration Obama et parlementaires américains ont prévenu sans ménagement le président afghan Hamid Karzaï que la patience des Etats-Unis concernant les accusations de fraudes électorales et de corruption avait des limites.
Depuis l'élection présidentielle du 20 août dernier, Karzaï, qui brigue un nouveau mandat, a rencontré à deux reprises l'émissaire de Barack Obama pour l'Afghanistan, Richard Holbrooke. La tension est montée lors d'une des ces deux entrevues lorsque le diplomate a évoqué la possibilité d'un second tour, rapportent des responsables de l'administration américaine.
Des tensions similaires sont apparues lors d'une rencontre entre le président afghan et une délégation de sénateurs américains.
Lors de leur rencontre, Holbrooke a pressé Karzaï de respecter le processus électoral. Le président afghan, qui a exposé à Washington les risques de violences ethniques que pourrait déclencher un second tour, a réagi avec colère, indique-t-on de même source.
Pour l'administration Obama, des accusations de fraude électorale sont, dans l'immédiat, l'écueil à éviter, de peur de nuire à la légitimité du futur gouvernement afghan.
Il lui faut en outre tenir compte du malaise grandissant de l'opinion publique américaine, qui estime désormais majoritairement que la guerre en Afghanistan ne vaut pas d'être menée.
• 28/08/2009, Afghanistan : tensions entre Hamid Karzaï et l'émissaire américain Richard Holbrooke, AP-Yahoo! Actualités
Le président sortant Hamid Karzaï a accusé les Etats-Unis d'avoir agi en coulisse pour qu'un second tour ait lieu dans l'élection présidentielle afghane, lors d'une discussion houleuse avec l'émissaire américain Richard Holbrooke, a-t-on appris vendredi auprès de responsables informés de l'incident.
Selon les responsables ayant requis l'anonymat, M. Karzaï a assuré à son hôte américain qu'il accepterait le verdict des urnes, quel qu'il soit. Il n'a en revanche pas apprécié que M. Holbrooke lui demande s'il accepterait aussi un second tour, au cas où aucun des 36 candidats n'obtiendrait 50% des suffrages.
Le président sortant a alors laissé entendre que Washington favorisait le principe d'un second tour avant même la fin du dépouillement. Il a ajouté qu'il n'accepterait les résultats de la commission électorale que s'ils reflétaient les faits.
Les résultats officiels ne sont attendus qu'en septembre, mais les chiffres provisoires diffusés cette semaine donnent Hamid Karzaï en tête, devant l'ancien ministre des Affaires étrangères Abdullah Abdullah et les 34 autres candidats, mais sous la barre des 50%.
• 28/08/2009, Plus de 2.000 plaintes déposées après l'élection afghane, Reuters-Yahoo! Actualités
La Commission des réclamations électorales (ECC) [composée de membres étrangers et afghans désignés en partie par les Nations unies] annonce avoir reçu plus de 2.000 plaintes de fraudes ou de violations lors de la présidentielle en Afghanistan, dont 270 sont jugées suffisamment graves pour en affecter le résultat.
Audio-Vidéo :
• 28/08/2009, Karzaï peu enclin à un second tour, Washington s'impatiente, France 24
L'idée d'un second tour n'enchante guère le président afghan sortant, Hamid Karzaï, ce qui exaspère Washington, inquiet du manque de transparence de l'élection du 20 août qui pourrait remettre en cause la légitimité du futur gouvernement.
Lire aussi :
• Dossier documentaire & Bibliographie Elections 2009 Afghanistan , Monde en Question.
• Dossier documentaire & Bibliographie Afghanistan, Monde en Question.
28 août 2009
Mexico entre délires et raisons 5/5
A l'ombre terrifiante et burlesque de la pandémie, la ville de Mexico, comme un monstre qu'il s'agit de charmer et d'apaiser, respire, hésite, doute, éclate d'humour et de rire sans joie. Cité réelle ou cité métaphorique ? Celle des habitants de la ville ou la nôtre ? Imaginons que nous avons construit une cellule de crise, comme une bouteille de verre dans les flots furieux d'un océan primordial, à l'heure d'un changement de monde ou du passage d'un monde à un autre. Ce sont les quinze heures de l'émission. Ici s'expriment au passé, au présent et au futur des personnes, hommes et femmes de la ville de Mexico et du Mexique, les plus divers, célèbres et inconnus, riches et pauvres, malades ou en bonne santé, de tel ou tel parti politique, et nous-mêmes qui les écoutons, qui participons à leur discours. Tous sincères à leur manière propre.
vendredi 28 août 2009, Culture :
Dans un monde en crise, dans un Mexique politiquement et socialement déchiré, la culture considérée dans toute son ampleur contribue à donner aujourd’hui aux Mexicains leur identité, à affirmer leur créativité et leur originalité, leur confiance en la vie. Les œuvres du cinéma, de la littérature, des arts plastiques permettent d’exprimer les délires et les raisons d’un désastre toujours annoncé, mais qui n’en finit jamais d’arriver et qui n’arrive pas. Pas encore. Car au Mexique, à Mexico, entre deux, à l’ombre de la pandémie, on vit et on meurt en même temps, on vit plusieurs vies, grâce au désastre annoncé et jamais arrivé.
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vendredi 28 août 2009, Culture :
Dans un monde en crise, dans un Mexique politiquement et socialement déchiré, la culture considérée dans toute son ampleur contribue à donner aujourd’hui aux Mexicains leur identité, à affirmer leur créativité et leur originalité, leur confiance en la vie. Les œuvres du cinéma, de la littérature, des arts plastiques permettent d’exprimer les délires et les raisons d’un désastre toujours annoncé, mais qui n’en finit jamais d’arriver et qui n’arrive pas. Pas encore. Car au Mexique, à Mexico, entre deux, à l’ombre de la pandémie, on vit et on meurt en même temps, on vit plusieurs vies, grâce au désastre annoncé et jamais arrivé.
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27 août 2009
Une bombe silencieuse
Peu d’entre vous se souviennent sans doute que Laura Bush joua à la féministe extrême quand elle plaida pour la guerre en Afghanistan pour en terminer avec "l’oppression des femmes" sous les talibans. Il y eut toute une campagne internationale préalable en faveur des droits bafoués des femmes afghanes et leur "libération" a été un des arguments avancés par les USA et leurs alliés pour envahir l’Afghanistan le 7 octobre 2001. Comme on le sait, le régime taliban fut renversé en novembre, et en décembre fut mis en place un gouvernement de transition dirigé par Hamid Karzaï, élu président par le vote populaire en 2004 et peut-être réélu aux élections de jeudi dernier.
Le statut des femmes était plus que dur et humiliant sous le régime taliban. Dès l’âge de 8 ans il leur était interdit d’entrer en contact avec un homme qui ne soit pas de leur famille. Les femmes ne devaient pas marcher seules dans la rues ni parler à voix haute en public ni ne pouvaient se pencher au balcon de leur maison, ni étudier, ni travailler, ni aller en bicyclette ou en motocyclette ou dans un taxi à visage découvert, elles devaient porter la burqa et de fait vivaient aux arrêts domiciliaires. Le châtiment pour celles qui violaient ces normes était public et cruel. Presque huit ans après le renversement du système, les choses ne se sont pas beaucoup améliorées.
Bien sûr quelques femmes occupent des sièges au Parlement afghan et des millions de filles vont maintenant à l’école primaire. Mais les restrictions augmentent pour les études secondaires : seulement 4 pour cent d’entre elles les terminent. "La violence contre les femmes est endémique, elles sont menacées en public et plusieurs ont été assassinées" (The Washington Post du 18/08/09). Le "démocrate" Karzaï a aggravé cette situation.
Le 27 juillet dernier, profitant peut-être du fracas de la guerre, il a placé une bombe silencieuse : la loi du statut personnel chiite, qui permet aux hommes chiites de priver leur femme de nourriture et de soutien si elles se refusent à leurs exigences sexuelles quand ils les manifestent. Les droits de garde des enfants restent aux mains des pères et des grands-parents et elles doivent demander la permission à leurs maris pour travailler. Cette loi est en vigueur pour la minorité chiite du pays et viole l’article 22 de la nouvelle Constitution afghane qui stipule qu’hommes et femmes "ont les mêmes droits et obligations devant la loi". Elle transgresse aussi la Convention des Nations Unies sur l’élimination de toutes les formes de discrimination contre les femmes, dont l’Afghanistan est signataire. Et plus, en clair : elle réimpose un régime familial que les talibans applaudiraient.
Karzaï avait fait une première tentative de promulguer ces règlements début avril de cette année, mais la protestation internationale l’obligea à promettre des modifications et quelques corrections furent effectivement introduites. Plutôt dans sa rédaction : "Des experts de la loi islamique et des militants des droits humains déclarent que, bien que le texte de la loi ait été changé, bien des dispositions qui avaient alarmé les groupes pour les droits des femmes sont conservées " (The Guardian du 15/08/09). Par exemple, celle du tamkin - signalée plus haut - qui qualifie de "désobéissante" la femme qui ne montre pas de promptitude à satisfaire le désir sexuel de son mari et qui reçoit en conséquence la pénalité suivante : pas de sexe, pas de nourriture.
Le président afghan a pris cette mesure dans le but de gagner l’appui électoral des chiites face à l’augmentation alarmante de la popularité de son principal adversaire, Abdullah Abdullah, qui est passé en deux mois de 7 à 26 pour cent des intentions de vote. En dépit de ses promesses d’améliorer la situation des Afghanes, Karzaï a choisi de satisfaire ceux qui pensent encore que la femme est un objet jetable. Durant la campagne électorale il a courtisé l’ayatollah Mohseni qui se considère lui-même comme le leader des chiites du pays, et d’autres dirigeants musulmans de ligne dure. La conséquence serait cette loi.
« Karzaï a conclu le traité impensable de vente des femmes afghanes en échange de l’appui des fondamentalistes aux élections du 20 août », souligne Brad Adams, directeur pour l’Asie de Human Rights Watch (Reuters du 14/08/09). « On supposait que ce genre de loi barbare », ajoute t-il, « avait été reléguée au passé avec le renversement des talibans en 2001. » Beaucoup de détracteurs de la loi ont reçu des menaces de mort, qui ont été exécutées dans le cas de Sitara Achakzai, une éminente défenseuse des droits de la femme qui a été assassinée par balles à Kandahar (Human Rights Watch du 15/04/09). Mais l’Occident n’a pas encore réagi devant les nouvelles dispositions. Peut-être parce qu’Obama a souligné que la guerre en Afghanistan est non seulement juste, mais encore nécessaire.
Juan GELMAN
23/08/2009
Página 12
Traduit par Gérard Jugant pour Tlaxcala
Liens ajoutés par Monde en Question
Lire aussi :
• Malalai JOYA, Don't be fooled by this democratic façade – the people are betrayed, The Independent
• Dossier documentaire & Bibliographie Elections 2009 Afghanistan , Monde en Question
• Dossier documentaire & Bibliographie Afghanistan, Monde en Question
Mexico entre délires et raisons 4/5
A l'ombre terrifiante et burlesque de la pandémie, la ville de Mexico, comme un monstre qu'il s'agit de charmer et d'apaiser, respire, hésite, doute, éclate d'humour et de rire sans joie. Cité réelle ou cité métaphorique ? Celle des habitants de la ville ou la nôtre ? Imaginons que nous avons construit une cellule de crise, comme une bouteille de verre dans les flots furieux d'un océan primordial, à l'heure d'un changement de monde ou du passage d'un monde à un autre. Ce sont les quinze heures de l'émission. Ici s'expriment au passé, au présent et au futur des personnes, hommes et femmes de la ville de Mexico et du Mexique, les plus divers, célèbres et inconnus, riches et pauvres, malades ou en bonne santé, de tel ou tel parti politique, et nous-mêmes qui les écoutons, qui participons à leur discours. Tous sincères à leur manière propre.
jeudi 27 août 2009, Sensibilités religieuses :
Les sensibilités religieuses sont diverses dans ce pays qui a été l’un des plus farouchement attachés à la laïcité dans une histoire récente. Si la laïcité est toujours revendiquée au nom de la lutte contre l’obscurantisme et contre l’arbitraire religieux et moral de l’Eglise, des attachements à de nouvelles expressions des croyances se font jour ; les sectes se développent dans les quartiers de Mexico et dans les régions du Mexique les plus défavorisés, les pratiques de chamanisme sont importantes mais en général gardées secrètes, les communautés de base chrétiennes permettent de nouvelles appropriations et interprétations du christianisme.
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jeudi 27 août 2009, Sensibilités religieuses :
Les sensibilités religieuses sont diverses dans ce pays qui a été l’un des plus farouchement attachés à la laïcité dans une histoire récente. Si la laïcité est toujours revendiquée au nom de la lutte contre l’obscurantisme et contre l’arbitraire religieux et moral de l’Eglise, des attachements à de nouvelles expressions des croyances se font jour ; les sectes se développent dans les quartiers de Mexico et dans les régions du Mexique les plus défavorisés, les pratiques de chamanisme sont importantes mais en général gardées secrètes, les communautés de base chrétiennes permettent de nouvelles appropriations et interprétations du christianisme.
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26 août 2009
Fraudes électorales en Afghanistan
300 000 militaires sont mobilisés pour déjouer les plan des talibans qui tentent à tout prix de perturber la réélection du président Hamid Karzaï.
Le journal de 12h du 20 août 2009, LCI (Voir la vidéo - Télécharger la vidéo)
Commentaires : Pour la communauté internationale la réélection du président Hamid Karzaï est donc assurée avant même les élections. Dont acte.
Le cirque post-éléectoral continue :
• La Commission électorale, mise en place par les États-Unis, annoncent la réélection du président Hamid Karzaï alors que les résultats partiels portent sur 17% des bulletins de vote déclarés valides et que l'on ignore toujours le taux de participation [AP-Yahoo! Actualités].
• Le secrétaire général de l'OTAN exhorte l'ensemble des parties en Afghanistan à respecter l'issue du processus électoral, c'est-à-dire à respecter le choix fait d'avance par les forces d'occupation [AP-Yahoo! Actualités].
• Comme le résume The Nation, "l’un des éléments les plus cruciaux de ce scrutin est l’appartenance ethnique". Le fait que les talibans aient empêché un grand nombre d’électeurs des régions du Sud, majoritairement pachtounes, de se rendre aux urnes par peur des représailles devrait affecter la légitimité du scrutin. Il est probable que les Pachtounes ne se sentent pas représentés par le nouveau gouvernement, dont Hamid Karzai ne serait que le "masque pachtoune". "Bien que les talibans n’aient pas été en mesure de troubler les élections par la violence, ils ont néanmoins joué la carte de l’ethnicité pendant le suffrage et, même maintenant, un second tour entre le président Karzai et M. Abdullah entraînerait une explosion des tensions ethniques, ce que les soutiens étrangers de l’Afghanistan ne souhaitent pas." [The Nation].
Lire aussi : Dossier Élections 2009
Mexico entre délires et raisons 3/5
A l'ombre terrifiante et burlesque de la pandémie, la ville de Mexico, comme un monstre qu'il s'agit de charmer et d'apaiser, respire, hésite, doute, éclate d'humour et de rire sans joie. Cité réelle ou cité métaphorique ? Celle des habitants de la ville ou la nôtre ? Imaginons que nous avons construit une cellule de crise, comme une bouteille de verre dans les flots furieux d'un océan primordial, à l'heure d'un changement de monde ou du passage d'un monde à un autre. Ce sont les quinze heures de l'émission. Ici s'expriment au passé, au présent et au futur des personnes, hommes et femmes de la ville de Mexico et du Mexique, les plus divers, célèbres et inconnus, riches et pauvres, malades ou en bonne santé, de tel ou tel parti politique, et nous-mêmes qui les écoutons, qui participons à leur discours. Tous sincères à leur manière propre.
mercredi 26 août 2009, La question sociale :
La question sociale. Si le Mexique fait partie des pays membres de l’OCDE, c’est aussi un pays dont les réalités sociales sont souvent bien éloignées de celles des autres pays membres de l’OCDE. La fracture sociale est considérable et ne cesse de se creuser. La progressive réduction des classes moyennes est renforcée par la crise qui tend à aggraver dans le monde entier les inégalités, au risque de mettre le monde en feu. La question de la corruption, la question de l’éducation, la question de l’accès aux soins de santé, la question indigène, la question des minorités sexuelles sont parmi les questions sociales les plus graves, sans oublier le droit à un travail décent, le droit à une juste rémunération.
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mercredi 26 août 2009, La question sociale :
La question sociale. Si le Mexique fait partie des pays membres de l’OCDE, c’est aussi un pays dont les réalités sociales sont souvent bien éloignées de celles des autres pays membres de l’OCDE. La fracture sociale est considérable et ne cesse de se creuser. La progressive réduction des classes moyennes est renforcée par la crise qui tend à aggraver dans le monde entier les inégalités, au risque de mettre le monde en feu. La question de la corruption, la question de l’éducation, la question de l’accès aux soins de santé, la question indigène, la question des minorités sexuelles sont parmi les questions sociales les plus graves, sans oublier le droit à un travail décent, le droit à une juste rémunération.
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25 août 2009
Fraudes électorales en Afghanistan
300 000 militaires sont mobilisés pour déjouer les plan des talibans qui tentent à tout prix de perturber la réélection du président Hamid Karzaï.
Le journal de 12h du 20 août 2009, LCI (Voir la vidéo - Télécharger la vidéo)
Commentaires : Pour la communauté internationale la réélection du président Hamid Karzaï est donc assurée avant même les élections. Dont acte.
Articles :
• 25/08/2009, Afghanistan : six candidats à la présidentielle mettent en garde contre les conséquences de fraudes électorales, AP-Yahoo! Actualités
La faible participation électorale et les allégations d'irrégularités ont jeté une ombre sur la présidentielle et les élections provinciales organisées jeudi en Afghanistan.
Les six candidats, dont l'ancien ministre des Finances Ashraf Ghani, notent dans leur déclaration que des dizaines de plaintes ont été déposées, qui pourraient affecter l'issue du scrutin, au point que "nombre s'interrogent sérieusement sur la légitimité et la crédibilité des résultats".
Une fraude électorale pourrait aboutir "à des violences et des tensions accrues", ajoutent les candidats, estimant que la commission électorale et les observateurs internationaux doivent répondre à leurs interrogations.
• 25/08/2009, Présidentielle afghane : Un début de résultat, Radio-Canada
La Commission électorale afghane a dévoilé mardi de premiers résultats de la présidentielle tenue jeudi dernier. Après dépouillement de 10 % des bulletins de vote, le président sortant Hamid Karzaï est crédité de 40,6 % des voix contre 38,6 % pour son ancien ministre des Affaires étrangères Abdullah Abdullah.
La commission des plaintes électorales, que préside le Canadien Grant Kippen, a reçu jusqu'ici plus de 800 plaintes. Elle juge que 54 d'entre elles sont de nature à modifier les résultats du scrutin. Ces plaintes doivent normalement être résolues avant que le résultat du scrutin ne soit officialisé.
L'envoyé spécial des Nations unies en Afghanistan, Kai Eide, a reconnu lundi que le scrutin présidentiel avait été entaché d'irrégularités.
La légitimité du scrutin afghan est mise à mal, non seulement en raison de ces cas de fraudes reconnus par l'ONU, mais aussi en raison des nombreuses attaques perpétrées par les insurgées le jour du scrutin.
Audio-Vidéo :
• 25/08/2009, Revue de presse internationale, France 24
Selon le Washington Post, le ministre des finances affirme que le Président sortant Amid Karzaï obtiendrait 68% des suffrages. Si ce chiffre était confirmé cela impliquerait qu’il n’y ait pas besoin de second tour selon le Washington Post. L’opposant Abdullah Abdullah principal adversaire de Karzaï a déjà réfuté des chiffres. Ils dénoncent depuis plusieurs déjà des fraudes. Cette large victoire de Karzaï laisse aussi perplexes les experts. Avec les violences incessantes le Président était au plus bas dans les sondages. Et le Washington Post rappelle qu’en 2004 alors qu’il disposait du soutien populaire il n’avait remporté l’élection qu’avec 55% des voix. Si ce chiffre étrangement haut se confirme cela pourrait entrainer une vague de violences dans un contexte déjà très tendu.
Lire aussi : Dossier Élections 2009
Mexico entre délires et raisons 2/5
A l'ombre terrifiante et burlesque de la pandémie, la ville de Mexico, comme un monstre qu'il s'agit de charmer et d'apaiser, respire, hésite, doute, éclate d'humour et de rire sans joie. Cité réelle ou cité métaphorique ? Celle des habitants de la ville ou la nôtre ? Imaginons que nous avons construit une cellule de crise, comme une bouteille de verre dans les flots furieux d'un océan primordial, à l'heure d'un changement de monde ou du passage d'un monde à un autre. Ce sont les quinze heures de l'émission. Ici s'expriment au passé, au présent et au futur des personnes, hommes et femmes de la ville de Mexico et du Mexique, les plus divers, célèbres et inconnus, riches et pauvres, malades ou en bonne santé, de tel ou tel parti politique, et nous-mêmes qui les écoutons, qui participons à leur discours. Tous sincères à leur manière propre.
mardi 25 août 2009, Perspectives de géopolitique :
Perspectives de géopolitique. Mexico, au Mexique, par rapport aux États-Unis, par rapport à l’Amérique Latine, dans le monde, s’éprouve au quotidien entre Nord et Sud, richesse et misère, tolérance et violence extrême. L’État mexicain sort-il véritablement grandi de la crise qui vient de le frapper, alors qu’on parlait uniquement jusqu’à présent de son incapacité à lutter contre la corruption ou contre le crime organisé ? Le Mexique est un État frontière, aux points de vue politique, économique, culturel, humain ; un État entre deux, un État où la transgression - ou passage - est structurellement pratiquée.
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mardi 25 août 2009, Perspectives de géopolitique :
Perspectives de géopolitique. Mexico, au Mexique, par rapport aux États-Unis, par rapport à l’Amérique Latine, dans le monde, s’éprouve au quotidien entre Nord et Sud, richesse et misère, tolérance et violence extrême. L’État mexicain sort-il véritablement grandi de la crise qui vient de le frapper, alors qu’on parlait uniquement jusqu’à présent de son incapacité à lutter contre la corruption ou contre le crime organisé ? Le Mexique est un État frontière, aux points de vue politique, économique, culturel, humain ; un État entre deux, un État où la transgression - ou passage - est structurellement pratiquée.
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24 août 2009
Mexico entre délires et raisons 1/5
A l'ombre terrifiante et burlesque de la pandémie, la ville de Mexico, comme un monstre qu'il s'agit de charmer et d'apaiser, respire, hésite, doute, éclate d'humour et de rire sans joie. Cité réelle ou cité métaphorique ? Celle des habitants de la ville ou la nôtre ? Imaginons que nous avons construit une cellule de crise, comme une bouteille de verre dans les flots furieux d'un océan primordial, à l'heure d'un changement de monde ou du passage d'un monde à un autre. Ce sont les quinze heures de l'émission. Ici s'expriment au passé, au présent et au futur des personnes, hommes et femmes de la ville de Mexico et du Mexique, les plus divers, célèbres et inconnus, riches et pauvres, malades ou en bonne santé, de tel ou tel parti politique, et nous-mêmes qui les écoutons, qui participons à leur discours. Tous sincères à leur manière propre.
lundi 24 août 2009, La mégalopole de Mexico :
La mégalopole de Mexico, fondée sur l’ancienne Tenochtitlan dans une cuenca endoréique à environ 2200m d’altitude, entre des volcans qui culminent à plus de 4000m, a perdu ses lacs et ses rivières. A la fois urbaine et rurale, elle est aujourd’hui peuplée de presque 24 millions d’habitants. Ses sols s’enfoncent, les tremblements de terre qui la secouent presque quotidiennement sont toujours plus importants, son air s’est raréfié et corrompu. Ses vergers et ses potagers, ses champs de céréales et de nopals sont irrigués d’eau empoisonnée et elle est submergée d’ordures liquides et solides, ce qui met en grave péril la vie des habitants. Elle est au bord d’un désastre annoncé.
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La mégalopole de Mexico, fondée sur l’ancienne Tenochtitlan dans une cuenca endoréique à environ 2200m d’altitude, entre des volcans qui culminent à plus de 4000m, a perdu ses lacs et ses rivières. A la fois urbaine et rurale, elle est aujourd’hui peuplée de presque 24 millions d’habitants. Ses sols s’enfoncent, les tremblements de terre qui la secouent presque quotidiennement sont toujours plus importants, son air s’est raréfié et corrompu. Ses vergers et ses potagers, ses champs de céréales et de nopals sont irrigués d’eau empoisonnée et elle est submergée d’ordures liquides et solides, ce qui met en grave péril la vie des habitants. Elle est au bord d’un désastre annoncé.
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CIA et Jihad
Un documentaire de François-Xavier Trégan et Yassine Bouzar - Rediffusion de l'émission du 16 février 2009.
La fermeture programmée de Guantanamo scelle un scandale mais soulève, dans son sillage, des questions difficiles. Celles, notamment, de l'accueil et de la "réacclimatation" de ceux des détenus qui seront libérés. Après la décision du président Obama, la plupart des pays susceptibles de les recevoir affichaient leur hésitation tandis que le Pentagone indiquait que, sur cinq cent vingt détenus déjà transférés puis libérés à l'époque Bush, soixante-et-un étaient soupçonnés d'avoir repris le jihad à leur sortie.
L'itinéraire qu'affiche le yéménite Naser al Bahri, 36 ans, se veut tout différent. Il a été façonné par les jihad en Bosnie, en Somalie, au Tadjikistan, en Afghanistan enfin, où il préfère les talibans à Massoud. C’est à Jalalabad qu’il rencontre Oussama Ben Laden dont il deviendra le garde du corps. Ben Laden lui explique la guerre qu’il vient de déclarer aux Etats-Unis : « Abu Jandal, tu dois comprendre mon combat » lui murmure celui que Jandal appellera désormais le Cheikh. Débute une formation de sept mois dans les camps d’entrainement. Mais le Yéménite est plus assidu aux lectures qu’au maniement des armes à feu. Le responsable d’Al Qaida évolue lui-même au milieu d’une bibliothèque de « 3000 ouvrages », précise Nasser.... de quoi nourrir les discussions, et forger la confiance. Abu Jandal le garde du corps, le chargé des relations publiques, intègre le centre névralgique du mouvement. Aujourd’hui encore il répète les yeux fermés chaque mot du serment d’allégeance prêté devant l’Emir neuf ans plus tôt, la Baïa.
En fait, Abu Jandal n’est d’aucune des grandes opérations terroristes. A l’été 2000, il est fait prisonnier à Sanaa. Trois agents du FBI tentent de le faire parler après le 11 septembre 2001. Mais le Yémen préfère le libérer 21 mois plus tard en échange d’une totale renonciation à la violence armée. L’homme signe le document. Il moque dorénavant les opportunistes qui « au Yémen, à coup de feuilles de qat et de cassettes vidéo, vendent aux plus démunis et aux plus ignorants le sacrifice en Iraq ou en Afghanistan ». Ses critiques ne lui attirent pas que des sympathies dans les milieux islamistes de la capitale, qui le taxent « d’infidèle ». Au point de le cantonner à la sphère étroite d’un appartement situé à quelques pas de l’Ambassade américaine. Sans travail, le jihadiste pointe tous les mois au poste de police.
Il consacre tout son temps à la création d’un centre de réflexion dédié au jihadisme. Avec comme perspective affichée de remettre dans le « droit chemin » tous ces égarés croisés sur les terrains de guerre, les paumés venus du monde musulman et d’Europe, aveuglément embrigadés.
Les autorités yéménites soutiennent discrètement le principe de son centre baptisé « Al Jiâl » (« générations »), un laboratoire des expériences passées et à venir, annoncé pour le début de cette année. Mais pas question pour les officiels d’y mettre un seul riyal, de peur de crisper l’ami américain ou d’être démenti par l’avenir.
Sur les docks, France Culture - RSS Podcast
Lire aussi :
• Dossier documentaire & Bibliographie 11 septembre 2001, Monde en Question.
• Dossier documentaire & Bibliographie Afghanistan, Monde en Question.
La fermeture programmée de Guantanamo scelle un scandale mais soulève, dans son sillage, des questions difficiles. Celles, notamment, de l'accueil et de la "réacclimatation" de ceux des détenus qui seront libérés. Après la décision du président Obama, la plupart des pays susceptibles de les recevoir affichaient leur hésitation tandis que le Pentagone indiquait que, sur cinq cent vingt détenus déjà transférés puis libérés à l'époque Bush, soixante-et-un étaient soupçonnés d'avoir repris le jihad à leur sortie.
L'itinéraire qu'affiche le yéménite Naser al Bahri, 36 ans, se veut tout différent. Il a été façonné par les jihad en Bosnie, en Somalie, au Tadjikistan, en Afghanistan enfin, où il préfère les talibans à Massoud. C’est à Jalalabad qu’il rencontre Oussama Ben Laden dont il deviendra le garde du corps. Ben Laden lui explique la guerre qu’il vient de déclarer aux Etats-Unis : « Abu Jandal, tu dois comprendre mon combat » lui murmure celui que Jandal appellera désormais le Cheikh. Débute une formation de sept mois dans les camps d’entrainement. Mais le Yéménite est plus assidu aux lectures qu’au maniement des armes à feu. Le responsable d’Al Qaida évolue lui-même au milieu d’une bibliothèque de « 3000 ouvrages », précise Nasser.... de quoi nourrir les discussions, et forger la confiance. Abu Jandal le garde du corps, le chargé des relations publiques, intègre le centre névralgique du mouvement. Aujourd’hui encore il répète les yeux fermés chaque mot du serment d’allégeance prêté devant l’Emir neuf ans plus tôt, la Baïa.
En fait, Abu Jandal n’est d’aucune des grandes opérations terroristes. A l’été 2000, il est fait prisonnier à Sanaa. Trois agents du FBI tentent de le faire parler après le 11 septembre 2001. Mais le Yémen préfère le libérer 21 mois plus tard en échange d’une totale renonciation à la violence armée. L’homme signe le document. Il moque dorénavant les opportunistes qui « au Yémen, à coup de feuilles de qat et de cassettes vidéo, vendent aux plus démunis et aux plus ignorants le sacrifice en Iraq ou en Afghanistan ». Ses critiques ne lui attirent pas que des sympathies dans les milieux islamistes de la capitale, qui le taxent « d’infidèle ». Au point de le cantonner à la sphère étroite d’un appartement situé à quelques pas de l’Ambassade américaine. Sans travail, le jihadiste pointe tous les mois au poste de police.
Il consacre tout son temps à la création d’un centre de réflexion dédié au jihadisme. Avec comme perspective affichée de remettre dans le « droit chemin » tous ces égarés croisés sur les terrains de guerre, les paumés venus du monde musulman et d’Europe, aveuglément embrigadés.
Les autorités yéménites soutiennent discrètement le principe de son centre baptisé « Al Jiâl » (« générations »), un laboratoire des expériences passées et à venir, annoncé pour le début de cette année. Mais pas question pour les officiels d’y mettre un seul riyal, de peur de crisper l’ami américain ou d’être démenti par l’avenir.
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