4 septembre 2010

Roms & Palestiniens


04/09/2010, Des milliers de Français défilent contre la répression, Reuters-Yahoo! Actualités.
Des dizaines de milliers de personnes sont descendues dans la rue samedi dans toute la France pour dénoncer la politique sécuritaire du gouvernement, accusé de répression et de xénophobie.
03/09/2010, François Rebsamen : «Les maires ont raison d'expulser les Roms», Le Parisien.
Le PS doit-il manifester le 4 septembre ?
Toutes les organisations de gauche ont suivi cet appel à la manifestation : il était donc impossible pour Martine Aubry de se démarquer. Mais en même temps, j'exprime des réserves. Le PS est un parti de gouvernement : les positions, si humaines soient-elles, de la Ligue des droits de l'homme ne sont pas celles du PS ! Personnellement, je ne défilerai pas.

Le PS a-t-il encore une ligne trop compassionnelle sur ces questions ?
Les excès de langage du pouvoir actuel hérissent tous les républicains, je le comprends. Mais la loi doit s'appliquer. Or je crains que ce type de manifestation n'aille jusqu'à demander à nos maires et nos élus d'installer eux-mêmes des campements de Roms dans nos villes ou de fermer les yeux sur certains squats…

Etes vous d'accord avec les expulsions actuelles de Roms ?
L'occupation illégale de terrains publics ou privés n'est pas permise. Les maires ont raison de saisir la justice pour les expulser. Quant à l'expulsion du territoire français, il est du devoir d'un gouvernement de reconduire à la frontière des étrangers en situation irrégulière. Mais dans le respect des principes républicains, de la personne et de la dignité humaine. Et sans spectacle
27/08/2010, Le sondage sur les Roms du Figaro diffère de celui du Parisien, Big Browser.
Le Parisien-CSA a demandé : "Vous savez que le gouvernement procède actuellement à des reconduites en Roumanie de Roms dont les camps ont été démantelés cet été. Etes-vous favorable ou opposé à ces reconduites ?" 48 % sont favorables, 42 % opposés.
Le Figaro-OpinionWay : "Êtes-vous favorable ou opposé aux actions suivantes mises en œuvre ces dernières semaines ?", en proposant entre autres "L'expulsion vers la Roumanie de Roms sans papiers". 65 % sont favorables, 31 % opposés.
04/09/2010, Editorial : La Belgique et les Pays-Bas malades du populisme, Le Monde.
Après une extrême droite radicale et xénophobe, la Flandre a vu naître une droite nationaliste décomplexée, qui a su mêler la mise en cause de la "mauvaise gestion" à la revendication indépendantiste et à la dénonciation des transferts d'argent vers les "pauvres" francophones. Aux Pays-Bas, les partis classiques n'ont pas vu venir la menace d'un populisme antimusulman qui fait de tout étranger le bouc émissaire.
Commentaires : L'im-Monde est habile à dénoncer le racisme chez les autres et à le taire en France. Il participe à "la menace d'un populisme antimusulman qui fait de tout étranger le bouc émissaire".
30/08/2010, Ovadia Yosef, rabbin encombrant qui veut la mort des Palestiniens, Rue89.
A la veille de la reprise des négociations israélo-palestiniennes à Washington, c'est une polémique dont l'Etat juif se serait bien passé : un rabbin qui souhaite la mort des Palestiniens, à commencer par Mahmoud Abbas, le seul interlocuteur d'Israël dans le processus de paix.
Un rabbin, et pas des moindres puisqu'il s'agit d'Ovadia Yosef, le fondateur du Shass -parti ultra-orthodoxe membre de la coalition au pouvoir.
23/08/2010, Israël : enquête de satisfaction "raciste" dans le tram d'Alstom, Rue89.
La semaine dernière, des enquêteurs de City Pass Limited -le consortium de cinq compagnies dont Alstom et Connex, filiale de Veolia transport- ont interrogé leurs futurs clients, notamment sur les passagers palestiniens :
1. "Les passagers, juifs comme arabes, peuvent monter librement à bord du tramway sans passer de contrôle de sécurité, cela vous dérange-t-il ?"
2. "Le tramway dessert trois stations à Shua'fat [quartier palestinien de Jérusalem-Est ndlr], cela vous dérange-t-il ?"

3 septembre 2010

Comédiens israéliens contre la colonisation


Une soixantaine de comédiens et hommes de théâtre israéliens de premier plan se sont engagés à refuser de jouer dans l'implantation juive d'Ariel, en Cisjordanie, où un nouvel auditorium ouvre ses portes à l'automne, ou dans quelque autre implantation des territoires palestiniens occupés, a annoncé dimanche l'un de leurs représentants.

Ce refus vient raviver le débat sur une question qui divise les Israéliens: l'avenir de dizaines de colonies de peuplement en Cisjordanie, et ce à l'heure où Israéliens et Palestiniens reprennent le 2 septembre à Washington des pourparlers directs gelés depuis 18 mois.

La question des implantations, considérées illégales par la communauté internationale et situées sur des terres que les Palestiniens veulent voir faire partie de leur Etat, est susceptible de faire dérailler ces pourparlers très vite.

Le président palestinien Mahmoud Abbas affirme en effet qu'il claquera la porte si Israël ne prolonge pas le gel de la construction dans les implantation, un moratoire de dix mois qui arrive à expiration le 26 septembre. Et le Premier ministre israélien Benjamin Nétanyahou ne s'est engagé à rien.

Selon le dramaturge Joshua Sobol, au moins 56 comédiens et auteurs de théâtre ont déjà signé la pétition, rédigée en réponse à l'annonce par la direction de plusieurs compagnies subventionnées qu'elles comptaient aller jouer à Ariel.

Parmi les signataires refusant d'aller jouer de l'autre côté de la Ligne verte, qui marque la frontière avec la Cisjordanie occupée, on trouve des grandes figures du monde théâtral et comédiens populaires en Israël, comme Yossi Pollak, Anat Gov ou Savyon Liebrecht.

Le Premier ministre Benjamin Nétanyahou a estimé qu'ils servaient ainsi la campagne internationale qui vise à délégitimiser Israël, via des boycotts économiques, culturels ou universitaires. "La dernière chose dont nous ayons besoin en ce moment, alors que nous faisons l'objet de ce genre d'attaque, c'est d'une tentative de boycott venue de l'intérieur", a-t-il déploré dimanche au début du conseil des ministres hebdomadaire.

La question arrive sur le devant de la scène en raison de l'ouverture, prévue en novembre, d'un nouveau centre culturel qui a coûté dix millions de dollars à Ariel, une des plus importantes implantations cisjordaniennes, avec quelque 20.000 habitants. Selon le maire d'Ariel Ron Nachman, les principales compagnies théâtrales du pays sont prêtes à venir y jouer.

Sobol, auteur célèbre du "Ghetto", pièce sur l'Holocauste, a dit espérer que cette pétition puisse réveiller un public apathique et pousser les compagnies à revenir sur leur décision. "Il y a eu de la léthargie ces dernières années. Les gens sont en quelque sorte devenus indifférents aux nombreuses questions qui sont des questions existentielles en Israël, et ceci pourrait ranimer le débat public", a-t-il déclaré.

Les quatre compagnies, Habima, Cameri, Beit Lessin et Beersheba Theater, ont affirmé dans un communiqué conjoint qu'elles ne céderaient pas. "Nous respectons les opinions politiques de nos acteurs, mais nous ferons en sorte que ce que le théâtre israélien a de mieux aille à Ariel", écrivent-elles.

Selon Osnat Chen, porte-parole de Habima, la compagnie étudiera le cas de chaque acteur qui refuserait de jouer à Ariel.

Depuis qu'Israël s'est emparé de la Cisjordanie, de la Bande de Gaza et de la partie orientale de Jérusalem lors de la Guerre des Six jours en 1967, environ 300.000 colons se sont installés en Cisjordanie, et 200.000 autres à Jérusalem-Est, annexée par l'Etat hébreu après le conflit. Les détracteurs de la politique de colonisation estiment que ces enclaves et leur croissance constante pourraient empêcher la partition de la terre et détruire la notion d'un Etat juif démocratique.

Par ailleurs, le chef spirituel du parti ultra-orthodoxe Shas, membre de la coalition gouvernementale, a fait scandale dimanche, après avoir estimé que les Palestiniens et leur président devraient "disparaître du monde". Le rabbin Ovadia Yosef, 89 ans, très respecté dans la communauté sépharade, a aussi qualifié les Palestiniens d'"ennemis amers et malfaisants d'Israël".

Dans un communiqué, l'Autorité palestinienne a riposté, réclamant qu'il soit mis fin à la "culture de la haine envers les Palestiniens" en Israël. "Le chef spirituel du Shas appelle carrément au génocide contre les Palestiniens et il semble ne pas y avoir de réponse du gouvernement. Est-ce ainsi que le gouvernement israélien prépare son opinion publique à un accord de paix?", s'est interrogé le négociateur palestinien Saeb Erekat.

AP-Yahoo! Actualités

Lire aussi :
Chronique Colonisation de la Palestine 2010, Monde en Question.
Dossier documentaire & Bibliographie Résistance à la colonisation de la Palestine, Monde en Question.

2 septembre 2010

Histoire des Empires

Le XXIème congrès international des sciences historiques, rendez-vous quinquennal des historiens du monde entier, s'est tenu la semaine dernière à Amsterdam.
Un des thèmes principaux qui y a été abordé est celui des empires. On y a parlé des empires finissants, des empires coloniaux et de la mondialisation que la projection de l'Europe hors de ses frontières avait produite.


Comment naît un empire ?
Gilles Veinstein, titulaire de la chaire d'histoire turque et ottomane au Collège de France depuis 1999, nous explique comment ces "beys de la frontière", souverains d'un territoire périphérique à l'Islam de l'époque, frontaliers de l'empire byzantin finissant, se sont transformés, dès le XIV ème siècle, en fondateurs d'empire.
Une fois Constantinople conquise, ils ont d'ailleurs fait de cette ville leur capitale alors qu'ils auraient pu la détruite ou la marginaliser. Ils ont d'ailleurs endossé la succession des Césars tout en revendiquant progressivement le titre de protecteurs des lieux saints de l'Islam.
La Fabrique de l'Histoire

Comment et par qui un empire est-il dirigé ?
Alors que les discussions du XXI ème congrès international des sciences historiques d'Amsterdam sur les empires se sont à peine terminées, la Fabrique lance le débat sur les élites d'Empire.
Quelles relations les élites impériales entretiennent-elles avec les élites autochtones ? Quelle place revient aux privilèges de la naissance ou à la méritocratie dès lors qu'il s'agit de diriger un territoire conquis, nouvellement entré dans l'empire ?
En prenant à la fois l'exemple de l'empire napoléonien et des empires coloniaux, nous tentons de définir quelques problématiques communes liées à la formation et au recrutement de ces élites qui doivent maintenir l'influence impériale loin de la métropole tout en comprenant les besoins d'autonomie et d'expression particulière des territoires qu'ils gouvernent.
La Fabrique de l'Histoire

La fin de l'empire romain, qui a tant obsédé l'Europe depuis le XVIII ème siècle, n'a pas toujours été vue comme une chute. Au Moyen-Age au contraire, les penseurs des histoires universelles, chargés de raconter l'histoire du monde, plaidaient à toute force pour une continuité entre l'empire romain, celui de Charlemagne et le Saint Empire Romain Germanique.
Plus tard, à l'époque moderne, des fondateurs d'empire, tels les souverains espagnols ne se considéraient comme tels qu'en tant que successeurs de Charles Quint , lui même porteur de la qualité impériale romaine.
Le thème de la chute des empires s'est curieusement popularisé au XIX ème siècle, alors même que de nouveaux types d'empires se créaient : les empires coloniaux. Et que l'on se demandait ce qui, de la forme impériale et de la forme nationale, servait le mieux les intérêts des peuples.
La Fabrique de l'Histoire

Table ronde : Géopolitique des congrès d'histoire
La Fabrique de l'Histoire

1 septembre 2010

Ces Roms qui font peur à l'Europe


Minorité transnationale répartie sur le territoire de plusieurs États européens, les Rroms font régulièrement la une de l'actualité en raison de la stigmatisation dont ils sont victimes.

Cependant, au-delà de leur apport culturel ils sont mal connus. Cet ouvrage permet de découvrir l'histoire de ce peuple sans État qui revendique une existence et des droits. Après avoir abordé la situation et l'histoire de cette communauté en Roumanie, République tchèque et France, l'auteur décrit la vie de cette communauté à travers ses associations et mouvements politiques qui se sont structurés à l'échelle européenne.

Si l'histoire de la nation rrom n'a pas été à ce jour écrite, cet ouvrage est un des premiers à synthétiser le parcours de ce peuple parti d'Inde au 11e siècle, qui a tout d'abord connu l'esclavage, puis au 20e siècle une tentative d'extermination par les nazis (Samudaripen).

Enfin, l'ouvrage interroge, à l'heure du danger d'ethnicisation des sociétés européennes, une autre conception du vivre-ensemble des peuples qui ne soit pas fondée sur les liens du sang mais sur des communautés de destin, respectueuses de ses minorités.

GARO Morgan, Les Rroms - Une nation en devenir ?, Syllepse, 2009 [Cafés Géographiques - La Brèche].

Lire aussi :
• GARO Morgan, La langue rromani au cœur du processus d'affirmation de la nation rrom, Hérodote n°105, 2002.
• GARO Morgan, Les Rroms et les organisations évangéliques : entre culte religieux et stratégie « politique » ?, Hérodote n°119, 2005.
LIÉGEOIS Jean-Pierre (sous la direction de), L'accès aux droits sociaux des populations tsiganes en France, ENSP, 2007 [Lien Social - Résumés].
• Les Rroms (ou Roms), Biblioweb.
• Bibliographie, CRPVE - Mesemrom.
• 23/10/2008, DUEZ Jean-Baptiste, Ces Roms qui font peur à l'Europe, La vie des idées.
• Janvier 2010, COSSÉE Claire, Médias tsiganes en France et en Hongrie : re-présentation de soi dans l'espace public, Revue Européenne des Migrations Internationales, vol. 26, n° 1.
• 29/06/2010, Les Roms sur France Culture, URBA-ROM.
• 07/07/2010, FILHOL Emmanuel, La France contre ses Tsiganes, La vie des idées.
• 23/07/2010, Les Tsiganes, « éternels étrangers de l'intérieur » ?, Observatoire des inégalités.
• 20/08/2010, Roms en errance, la polémique monte, France 24.
• 26/08/2010, Les Roms, ces boucs émissaires, Télérama.

30 août 2010

Science et politique


Dans une conférence qui avait pour objet l'analyse des modèles de la pensée proposés par les chercheurs en sciences cognitives, Brigitte Chamak analyse, dans un deuxième temps, le processus d'institutionnalisation en France qui fait échec à l'interdisciplinarité prônée par les chercheurs.


Canal-U
Texte partie I Sens Public - Texte partie II La revue pour l'histoire du CNRS

La seconde partie, plus développée dans l'article que dans la conférence, montre que la construction d'un nouveau domaine (les sciences cognitives dans cet exemple) implique une concurrence entre les chercheurs qui produisent des modèles et des discours différents. Or, plus que la théorie, ce sont les contextes économique et politique qui jouent un rôle déterminant dans le développement et l'orientation d'un domaine scientifique.
Des collaborations s'établissent parfois entre des chercheurs engagés dans des disciplines différentes mais les domaines restent souvent séparés du fait des objectifs, intérêts et conceptions différentes qui les divisent mais aussi de la compétition pour les financements et les postes.

[...] les choix politiques et économiques jouent un rôle non négligeable dans la structuration des sciences cognitives. Une forte corrélation est constatée entre l'impact des pressions économiques et politiques et l'orientation des sciences. À l'inverse, les sciences influencent les modes de vie et de pensée.
19/08/2010
Serge LEFORT
Citoyen du Monde

Lire aussi :
• CHAMAK Brigitte, Le Groupe des Dix ou les avatars des rapports entre science et politique, Éditions du Rocher, 1997 [CIRET - Le Monde diplomatique].
• ROBIN Jacques, Du groupe des 10 à Transversales..., Transversales - Sciences & culture, Février 2007.
• Penser la pensée - Les sciences cognitives, La revue pour l'histoire du CNRS n°10, 2004.
• France - Etats-Unis - Influences croisées en sciences humaines, Revue d'Histoire des Sciences Humaines n°11, 2004.
• Savants, sciences et savoirs en société, Sociétés contemporaines n°64, 2006.
• Revue, Transversales - Sciences & culture.