12 février 2011

Le changement dans la continuité en Egypte

Mohammed Hosni Moubarak a finalement démissionné (sous la pression de la rue ou de l'armée ?) en faveur du ministre de la Défense le maréchal Mohammed Hussein Tantaoui. Ainsi, un militaire de 75 ans remplace un militaire de 82 ans. Le changement attendu se réalise donc dans la continuité car les militaires contrôlent le pays depuis le renversement de la monarchie en 1952.

"Les Egyptiens doivent faire attention à ne pas se faire voler leur révolution", prévient Hassan Nafaa, professeur de sciences politiques à l'université du Caire [Yahoo! Actualités]. Mais c'est déjà fait et tout le monde ou presque est content - surtout les puissances occidentales. Le bal des hypocrites a commencé :
Le conseil suprême des forces armées égyptiennes a annoncé samedi à la télévision d'État que son objectif était de confier le pouvoir à un gouvernement civil et qu'il était lié par les traités internationaux de l'Egypte.
Reuters

«Jour merveilleux pour tous les Egyptiens», «début de la victoire de la révolution», «la voix du peuple» entendue. Sitôt le départ d'Hosni Moubarak annoncé, ce vendredi, les premiers messages de félicitations, mais aussi le souhait inquiet d'Israël pour une transition «sans secousse» en Egypte commencent à tomber.
Libération
L'État d'Israël a peur du changement en cours en Egypte car l'armée avait profité de l'accord de paix avec l'Egypte pour déployer ses troupes au Nord (frontière avec le Liban) et à l'Est (frontière avec la Syrie et la Jordanie) de son territoire. L'armée pourrait être tentée de réévaluer ce dispositif. Mais le gouvernement israélien craint surtout que la vague de soulèvements populaires dans la région pourraient inspirer les Palestiniens qui vivent sous l'occupation depuis plus de 40 ans. Comme le titre Mediapart "Israël n'échappera pas à la révolution du Proche-Orient".

12/02/2011
Serge LEFORT
Citoyen du Monde

Lire aussi :
• Le mouvement de révolte contre Moubarak à un tournant ?, Lutte Ouvrière, 11/02/2011.
La "transition démocratique" en chantier ce résume à ceci : l'armée continue à diriger le pays, avec l'appui des États-Unis, en associant les Frères musulmans. Si la population égyptienne peut mettre à l'actif de la mobilisation des contestataires l'affaiblissement du pouvoir de Moubarak, son demi-effacement pour le moment, les changements restent limités. Pour que même les dirigeants du monde impérialiste flirtent avec les mots "démocratie", voire "révolution", en parlant de l'Égypte, c'est que ce qui s'est produit jusqu'ici les gêne sans doute, ne serait-ce qu'à cause de l'exemple que cela donne aux autres pays arabes, mais ne leur fait pas considérer la situation comme dangereuse, ni pour eux-mêmes, ni pour la classe privilégiée égyptienne.
• Moubarak poussé par l'armée égyptienne à démissionner, RIA Novosti, 11/02/2011.
Le général [Hassan al-Roueni commandant la garnison du Caire] a fait sa déclaration à l'issue d'une réunion à huit clos du conseil militaire suprême qui s'est tenue sans la participation de Moubarak, chef suprême des armées. A l'issue de la réunion, le porte-parole du conseil s'est exprimé à la télévision nationale: "Le conseil soutient les exigences légitimes de la population, et [a l'intention] de se concentrer sur les mesures destinées à assurer la sécurité de la nation." Le nom de la déclaration, "communiqué n°1", rappelle les documents qui apparaissent généralement après un coup d'État militaire.
• Egypte : Hosni Moubarak, président chassé par la rue, Xinhua, 12/02/2011 14h41.
• Egypte : Moubarak, 30 ans au pouvoir, détrôné par 18 jours de contestation, Xinhua, 12/02/2011 15h14.
Vendredi, les protestataires ont marché en direction du palais présidentiel et encerclé la télévision égyptienne, jusqu'à ce que M. Souleimane annonce la démission du président.
[...]
A l'annonce du départ de M. Moubarak, des centaines de milliers d'Egyptiens ont explosé de joie, chantant les louanges de l'armée, qui a su sauvegarder les aspirations de la population.
[...]
La position de l'armée a toujours été cruciale, elle reste le facteur décisif et final de la situation.
[...]
L'opposition égyptienne n'a pas piloté les manifestations de protestation, les dizaines de milliers d'Egyptiens qui sont descendus dans la rue n'avaient pas de leader.
• Comment l'armée se retrouve à la tête de l'Egypte, Associated Press 12/02/2011 18h29.
C'est la rue qui a chassé Hosni Moubarak du pouvoir, mais ce sont désormais les généraux qui sont aux commandes. Le soulèvement égyptien a débouché sur la prise du pouvoir officielle par l'armée, conséquence d'une évolution mise en musique au fil de la crise par Moubarak lui-même, mais lourde aujourd'hui d'incertitudes.
[...]
Mais tandis que Moubarak s'arc-boutait au pouvoir, l'armée se rapprocha d'une prise de contrôle directe, pour la première fois en près de 60 ans. Même si tous les présidents du pays, depuis la chute du roi Farouk, sont sortis de ses rangs.

Jeudi, le Conseil suprême des Forces armées, principal organe exécutif de l'armée, annonçait à la surprise générale qu'il se réunissait en "session permanente", soit un dispositif de guerre: la télévision publique montrait alors le ministre de la Défense Hussein Tantaoui présidant une réunion d'une demi-douzaine de généraux à l'air sévère et en tenue de camouflage, mais pas de trace du commandant en chef Moubarak. Son tout nouveau vice-président, l'ancien général et chef du renseignement Omar Souleïman, n'était pas là non plus.

Un "communiqué numéro un", formulation évocatrice de coup d'État dans le monde arabe, ne faisait référence ni à l'un ni à l'autre. Le Conseil suprême était réuni, disait-il, pour "discuter des mesures et arrangements à prendre pour garantir la sécurité de la patrie et de ses réalisations et les aspirations du grand peuple égyptien".

Traduction: les généraux sont aux commandes, et ni Moubarak, ni Souleïman, ni le gouvernement...
• Les principaux dirigeants à la tête des forces armées égyptiennes, Associated Press 12/02/2011 18h32.
Voici les principales personnalités à la tête des forces armées égyptiennes :
- Ministre de la Défense et chef du Conseil suprême des forces armées, maréchal Mohammed Hussein Tantaoui
Né le 31 octobre 1935. A occupé de nombreux commandements dans l'infanterie, et est diplômé en sciences militaires. Il a été attaché militaire au Pakistan et commandant de la Garde présidentielle. Il a servi au combat pendant les guerres de 1956 (crise de Suez), 1967 (Guerre des Six-Jours) et 1973 (Guerre du Kippour).

- Chef d'état-major, général Sami Hafez Enan
Né en février 1948. A commandé les forces aériennes égyptiennes et été attaché militaire au Maroc. Il a notamment combattu pendant la guerre de 1973 contre Israël.

- Chef des forces aériennes, général Reda Mahmoud Hafez Mohammed
Né le 3 mars 1952. A servi pendant la guerre de 1973, pilote d'avions de combat et a occupé de nombreux postes de commandement. Diplômé en sciences militaires, il a également été officier de liaison aux États-Unis.

- Chef des forces navales, contre-amiral Mohab Mohammed Hussein Mamish
Né le 6 août 1948. Diplômé en sciences navales, a été formé aux États-Unis.

- Commandant de la Défense aérienne, général Abdel-Aziz Seif el-Din
Né le 3 juin 1949. A occupé plusieurs postes de commandement, dont une brigade de missiles de la défense aérienne. Vétéran de la guerre de 1973.
• Egypte : joie et incertitude après le départ de Hosni Moubarak, Xinhua, 12/02/2011 20h20.
Le départ de M. Moubarak a été célébré par une foule en liesse sur la place Tahrir, épicentre des manifestations, et à travers l'ensemble du pays. Les gens chantaient et dansaient dans les rues, des feux d'artifices ont été tirés et des automobilistes klaxonnaient. Mais parralèlement à l'ambiance de fête, la population se pose bien des questions sur la transition.

"Je suis satisfait du départ du président", a affirmé un manifestant, "mais je reste préoccupé par l'éventualité de la formation d'un gouvernement militaire".

Certains s'interrogent par ailleurs sur la volonté et la capacité de l'armée à instaurer la démocratie, et d'autres sur les moyens que l'armée emploiera pour restaurer l'ordre et mener à terme la transition du pouvoir, dans un pays où plus de 50% de la population est illettrée et 40% vit au-dessous du seuil de pauvreté.

Le gouvernement futur devra faire face à de colossaux problèmes sociaux et économiques, et notamment combler le fossé entre les pauvres et les riches et infléchir l'augmentation des prix des aliments.
[...]
Les bouleversements intervenus en Egypte suscitent l'inquiétude en Israël, où certains craignent que le traité de paix signé en 1979 soit remis en question. Certains analystes prévoient l'émergence d'un "monde différent" dans la région, et que l'état hébreu soit obligé de donner un nouveau cap à ses politiques régionales.

"C'en est fini. L'Egypte ne sera plus jamais une super puissance (régionale)", a affirmé Zvi Mazel, ancien ambassadeur d'Israël au Caire. "L'Egypte a complètement perdu son statut dans la région, alors que la Turquie et l'Iran sont en ascension. Un monde différent est actuellement en train de se dessiner", a-t-il déclaré à Ynet, un médial local.

D'autres pays de la région du Moyen-Orient craignent que la vague de protestations populaires gagne d'autres parties de la région.

10 février 2011

Vacances aux frais des dictateurs


Le Président de la République, la ministre des Affaires étrangères et le Premier ministre (pour ne citer qu'eux) prétendent donner des leçons de "démocratie" au monde entier - nouvel évangile des puissances occidentales -, mais trouvent tout à fait naturel d'être invités à titre privé par Mohammed VI, Zine Ben Ali ou Hosni Moubarak... Le cynisme des actes révèle celui des discours.

09/02/2011
Serge LEFORT
Citoyen du Monde

Revue de presse du 09/02/2011 :

• Après MAM... François Fillon !
On apprend donc, grâce au Canard Enchaîné que le Premier ministre s'est fait payer ses vacances, avion intérieur, balade sur le Nil et hébergement en Egypte, par Hosni Moubarak, ou plutôt par le contribuable égyptien. Voilà qui vient sauver in extremis Michèle Alliot-Marie. Imaginez la ministre des affaires étrangères renvoyée du gouvernement (avec son mari, également ministre), il faudrait que François Fillon soit logé à la même enseigne! Le gouvernement serait alors décapité. Donc il ne se passera rien. C'est vrai, rien d'illégal n'ayant été commis, on peut en rester là et ce sera le cas parce que c'est comme ça en France. Pourtant en juin, après l'affaire Joyandet, le président avait été obligé de réaffirmer ce qui paraissait la moindre des choses pour tout le monde : les ministres doivent payer leur vacances. Il y a - c'est vrai - dans les relations internationales, une part de relations personnelles nécessaires entre les chefs d'États et aussi entre les ministres des affaires étrangères ; on s'invite un week-end dans sa maison de campagne en marge d'un voyage officiel, pourquoi pas. On peut même comprendre une certaine proximité avec des chefs d'État de pays qui, disons, n'ont pas les mêmes standards démocratiques que nous mais c'est aux dirigeants de trouver la limite entre ce qui relève des relations professionnelles plus ou moins amicales et ce qui pourrait relever du conflit d'intérêts ou tout simplement du mauvais goût. Les vacances privées offertes par des chefs d'État peu démocratiques et de pays pauvres sont largement au-delà de la limite !
L'édito politique
• Les vacances de la diplomatie française
François Fillon, dit-on, n'aurait pas pu refuser de laisser payer ses vacances par Hosni Moubarak sans blesser le président d'un pays ami auquel la France est nécessairement iée. C'est vrai. C'est absolument vrai mais c'est bien la raison pour laquelle le Premier ministre n'aurait pas dû aller passer ses vacances en Egypte alors qu'il était évident que ce problème se poserait. François Fillon, ajoute-t-on, n'est pas le premier dirigeant français à aller bronzer en famille aux frais d'un dictateur et c'est encore vrai.
Hassan II, l'ancien souverain marocain, c'était ainsi fait une spécialité d'offrir des vacances de rêve à tout ce qui comptait dans la politique française mais ce n'est pas parce que d'autres se sont compromis dans ces facilités qu'il faut les perpétuer car ce n'est parce que tant de gens traversent hors des clous que le Premier ministre devrait en faire autant.
Géopolitique
• Sous le regard du Sphinx...
L'été dernier, raconte Libération, Angela Merkel a pris ses vacances dans le Tyrol, son mari sous un bras et une biographie de Staline sous l'autre. Voilà ce qu'on peut appeler un voyage irréprochable.
Et dans le gouvernement, "Est-ce que ça décolle à plein tube ?" comme le titre Le Canard Enchaîné cette semaine... Le Canard qui révèle donc que François Fillon a passé ses vacances de Noël en Egypte, aux frais de Moubarak.
Mais que diable allait-il faire dans cette felouque ? se demande Bruno Dive dans Sud-Ouest... "il est choquant que le premier ministre ait passé ses vacances aux frais d'un chef d'Etat étranger"... Choquante "cette connivence persistante de nos dirigeants avec les autocrates arabes".
Connivence... le mot est également utilisé par Laurent Joffrin. Nos gouvernants deviennent "une confrérie suprême qui finit par mépriser les critères éthiques du commun des mortels".
Le Figaro rappelle les arguments de Matignon : à l'étranger, le Premier Ministre doit bénéficier de mesures de sécurité d'où l'utilisation d'un avion du gouvernement égyptien. Et refuser l'invitation de Moubarak aurait été une forme d'affront à une époque où le Raïs était considéré comme un élément de stabilité au Proche-Orient.
Et puis, il y a l'argument de l'hypocrisie de la gauche que ces pratiques n'ont pas toujours choqué. Libération mentionne les voyages de François Mitterrand en Egypte. Et dans Le Point, Robert Badinter lui-même rappelle que toute la galaxie politique française a été reçue par l'ancien roi du Maroc, Hassan 2.
Seulement, il y a la promesse de République irréprochable qu'avait faite Nicolas Sarkozy.
La revue de presse
Revue de presse internationale

9 février 2011

18 millions de chômeurs dans le monde arabe


RABAT, 24 janvier (Xinhua) -- La région arabe a enregistré un des taux les plus élevés de chômage au niveau mondial en 2010 avec 18 millions de personnes sans emploi, selon l'Organisation Arabe du Travail (OAT).

D'après un rapport de l'Organisation cité par l'agence de presse MAP, bien que le monde arabe ait enregistré un des taux les plus élevés de chômage en 2010, on compte quelque 15 millions travailleurs étrangers dans le Golfe avec des transferts estimés à 60 milliards de dollars.

Le rapport a fait état de disparités en matière de productivité moyenne des travailleurs arabes dans le secteur industriel avec 303.000 dollars au Qatar contre seulement 14.000 dollars en Mauritanie et 5885 dollars en Egypte.

Le document souligne que certains pays, tels que le Maroc, l'Arabie saoudite, le Sultanat d'Oman et l'Egypte, ont enregistré des taux de chômage "acceptables" par rapport à leurs niveaux économiques.

Tout en qualifiant de "dangereux" le seuil de chômage dans 12 autres pays arabes, l'organisation relève que le temps moyen de travail hebdomadaire dans la région arabe est estimé à 47 heures pour les hommes et 41 heures pour les femmes, alors que ce moyen s'élève à 60 heures pour le personnel des organisations et organismes internationaux installés dans la région.

M. Ahmed Louqman, directeur général de l'OAT a mis l'accent sur les difficultés entravant la mise en oeuvre des politiques, plans et programmes visant à lutter contre le chômage dans le monde arabe, notamment celles se rapportant au manque de données sur la situation du marché de l'emploi.

Il a, dans ce sens, insisté sur la nécessité de la mise en place d'un réseau d'information sur le marché arabe de l'emploi qui servira d'outil de communication entre les différentes parties de la chaîne de production dans les pays arabes.

Xinhua

7 février 2011

Revue de presse Egypte


26/01/2011

• 14h10 - Paris Le député PS du Doubs, Pierre Moscovici, se prononce en faveur d'un "ménage" à l'Internationale socialiste et de l'exclusion notamment du parti du président ivoirien sortant Laurent Gbagbo, mais également de celui du président égyptien Hosni Moubarak.
Internationales TV
Trop tard et trop peu. Combien de temps encore l'Internationale socialiste gardera-t-elle le Parti travailliste d'Israël, responsable du massacre des Palestiniens de Gaza en décembre 2008 et janvier 2009 ou les mafieux du PRI ?

29/01/2011

• 14h45 - Ramallah Mahmoud Abbas, le président de l'Autorité palestinienne a téléphoné à Hosni Moubarak pour exprimer sa "solidarité" et son espoir que le pays surmonte la contestation.
Le Pétain palestinien a la même position que celle de l'occupant israélien.

• 18h20 - Paris François Hollande affirme à propos des événements en Egypte que "la France doit parler" et "rappeler" que la démocratie est une "valeur universelle".
Il n'a visiblement pas entendu l'avis de Pierre Moscovici.

30/01/2011

• 17h30 - Jérusalem La France est "partagée" entre la "préoccupation de stabilité" au Proche-Orient et les "aspirations à la liberté" des peuples de la région, déclare le ministre français de l'Industrie, Eric Besson, en visite en Israël. "La voie qui nous est réservée est étroite, ni ingérence ni indifférence, les deux nous seraient à juste titre reprochés", ajoute-t-il.
Autrement dit, la France ou plutôt le gouvernement de la France a le cul entre deux chaises : soutenir Israël et lâcher Hosni Moubarak soutenu par Israël.

31/01/2011

• 11h50 - Washington Selon différentes sources, le nouveau vice-président égyptien, Omar Souleimane, serait lié à un programme de la CIA et aurait orchestré des interrogatoires musclés de suspects dans le cadre de la lutte antiterroriste menée par l'ancien président américain George W. Bush.
Tous les pays occidentaux ont soutenu la lutte antiterroriste menée par l'ancien président américain George W. Bush - le spectre de l'islamisme ayant remplacé celui du communisme après l'implosion de l'URSS.

• 18h20 – Jérusalem Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyaou agite le spectre d'un régime à l'iranienne en Egypte dans le cas où "un mouvement islamiste organisé prendrait le contrôle de l'État" à la faveur du "chaos".
Les délires d'un gouvernement criminel et paranoïaque qui s'accroche encore à "son fils de pute".

01/02/2011

• 17h05 - Jérusalem Israël appelle la communauté internationale à "exiger" de tout pouvoir égyptien le respect du traité de paix avec l'État hébreu, selon un communiqué du bureau du Premier ministre Benjamin Netanyahu.
Le gouvernement israélien craint de perdre son cher dictateur qui l'aidait à garder la prison à ciel ouvert de Gaza.

• 20h25 – Washington L'armée égyptienne pourrait empêcher les islamistes radicaux de prendre le pouvoir en Egypte, estimé un sénateur américain, assurant que les États-Unis ne devaient pas avoir "honte" de soutenir cette armée.
La menace du péril islamiste sert de prétexte au soutien de l'armée du dictateur.

02/02/2011

• 15h15 - Berlin Le gouvernement allemand appelle à "une nouvelle ère de démocratie" en Egypte et s'est félicité que Hosni Moubarak "veuille ouvrir la voie à un renouveau politique".
Voilà un magnifique exemple du langage paradoxal.

• 17h – Jérusalem Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu met en garde contre le risque que le soulèvement populaire en Egypte ne débouche sur une période "d'instabilité et d'incertitude pendant de nombreuses années" dans la région.
Un petit effort Moubarak, faites comme nous et tuez-les tous !

• 18h10 - Washington Le plus haut gradé américain, l'amiral Mike Mullen, affirme avoir "confiance" dans l'armée égyptienne pour assurer la sécurité du pays et du canal de Suez au cours d'un entretien téléphonique avec son homologue, le général Sami Anan.
L'armée, pilier du régime Moubarak, fera partie de la solution "à la mexicaine" négociée avec les États-Unis.

• 18h30 - Jérusalem Trois journalistes israéliens interpellés en Egypte alors qu'ils couvraient le soulèvement populaire contre le régime du président Hosni Moubarak libérés et vont rentrer en Israël.
Les journalistes israéliens n'ont pas pu "couvrir" la guerre contre les Palestiniens de Gaza en décembre 2008 et janvier 2009.

03/02/2011

• 16h55 – Genève Le manque d'emplois décents pour une population en pleine expansion constitue un des facteurs décisifs du soulèvement de la population en Egypte, estime le secrétaire général du Bureau international du travail (BIT), Juan Somavia.
Une voix qui ne sera pas entendue car tout le monde se persuade que les Egyptiens descendent dans la rue pour réclamer la "démocratie" que "les Américains voient comme le don unique et salvateur qu'ils font au monde".

04/02/2011

• 3h15 - Washington Les États-Unis discutent avec des responsables égyptiens des modalités d'un départ immédiat de Hosni Moubarak et du transfert du pouvoir à un gouvernement de transition dirigé par le vice-président Omar Souleimane, rapporte le New York Times.
Il est clair que les États-Unis prépare activement la succession de "leur fils de pute".

• 10h45 - Munich Le Quartette pour le Proche-Orient se réunit en Allemagne pour montrer qu'en dépit du blocage des négociations israélo-palestiniennes et des aléas de la crise égyptienne, la reprise du processus de paix reste à l'ordre du jour. Ces discussions en marge de la 47è Conférence sur la sécurité à Munich réunissent le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, et les chefs de la diplomatie des États-Unis (Hillary Clinton), de la Russie (Sergueï Lavrov) et de l'Union européenne (Catherine Ashton).
Bla bla bla. Bla bla bla. Bla bla bla.

06/02/2011

• 15h15 - Moscou Le vice-président égyptien, Omar Souleimane, s'est entretenu dimanche avec des représentants de l'opposition, même avec des membres du mouvement interdit des Frères musulmans, annoncent les médias occidentaux.
Petit à petit se construit une négociation "à la mexicaine" pour écarter le spectre d'une révolution sociale.

Sources :
• Heure par heure, NouvelObs, du 26/01 au 30/01/2011.
• Heure par heure, NouvelObs, du 31/01 au 06/02/2011.
• Dossier Troubles en Egypte, RIA Novosti.
• Dossier Soulèvements en Afrique du Nord et Moyen-Orient, WSWS.

Le spectre d'une révolution sociale


Les médias dominants semblent découvrir ce que tout le monde sait à savoir que non seulement la Côte d'Ivoire, la Tunisie et l'Egypte, mais tous les gouvernements d'Afrique, du Maghreb et du Moyen-Orient sont des dictatures plus ou moins féroces. Cela n'empêche pas les puissances occidentales (États-Unis et Europe) d'entretenir d'excellentes relations diplomatiques, commerciales et militaires avec "ses" dictateurs. Chaque pays a ses protégés car, comme l'a dit Roosevelt à propos de Somoza, C'est un fils de pute, mais c'est notre fils de pute [1].

Un jour ou l'autre, l'allié devient encombrant, trop encombrant. Ce fut le cas de Saddam Hussein en Irak. Devenu persona non grata du fait de ses ambitions pétrolières qui remettaient en cause les intérêts des compagnies occidentales, une coalition menée par les États-Unis chassa le dictateur, s'empara du pays puis l'abandonna au chaos des rivalités sociales instrumentalisées par des divisions ethniques et religieuses.

Zine Ben Ali en Tunisie et bientôt Hosni Moubarak en Egypte sont lâchés par les puissances occidentales après avoir été chassé du pouvoir par leur peuple. Ils sont lâchés à regret car ce scénario ne convient pas du tout aux puissances occidentales, même si elles font semblants de s'y rallier en agitant le drapeau de la "démocratie" pour mieux étouffer la contestation sociale beaucoup plus dangereuse : "donnons-leur le hochet de la démocratie pour éviter une révolution sociale !"

Israël s'accroche encore à "son fils de pute" :
• "Les Américains et les Européens s'efforcent de complaire à l'opinion publique et oublient leurs véritables intérêts. Même s'ils ont vraiment quelque chose à reprocher à Moubarak, ils doivent néanmoins montrer à leurs amis dans la région que ces derniers ne seront pas abandonnés", indique le Ha'aretz, citant un haut fonctionnaire israélien qui a requis l'anonymat.
RIA Novosti du 31/01/2011

• Fouad Ben Eliezer (Parti travailliste) ne comprend pas ce qui est arrivé, et sur toutes les stations de radio il étale son embarras. Qu'est-il arrivé à son ami Hosni Moubarak ? Pourquoi n'a-t-il pas donné l'ordre aux militaires de tirer sur les masses et ainsi de mettre fin aux « émeutes » ?, tels sont ses propres mots.
Alternative Information Center - CCIPPP, 30/01/2011
Les puissances occidentales craignent un embrasement du Moyen-Orient :
• Pour résumer, le "Vendredi de la colère" au Caire a été une révolte, mais ne s'est pas transformé en une révolution. Ce qui est une bonne chose pour l'Egypte, le plus grand pays et le leader de facto du monde arabe. Et pas seulement pour ce dernier.
Car si l'Egypte s'effondrait d'un jour à l'autre (et il n'y pas de successeur fiable de Moubarak), "l'onde de choc" serait semblable à celle qui s'est propagée en Europe à partir de 1989, après l'effondrement du "camp socialiste." Avec pour seule différence la quantité bien plus importante de "poudre" au Proche-Orient. Les "dominos" n'y tomberaient pas avec le bruit habituel, mais avec des explosions et des coups de feu.
RIA Novosti du 31/01/2011

• Chaque jour, Barack Obama a des entretiens avec les militaires, les experts du renseignement, les hommes d'affaires, des conversations téléphoniques avec les généraux de l'armée égyptienne et des négociations avec l'opposition égyptienne. A terme, on n'exclut pas des discussions politiques avec les Frères musulmans, le plus grand groupe islamiste radical d'Egypte. L'administration américaine a déjà suggéré dans la presse que les Frères musulmans égyptiens n'avaient rien à voir avec Al-Qaïda, et qu'on pouvait traiter avec eux.
RIA Novosti du 03/02/2011
Quant au peuple égyptien, malgré tout son courage pour défier les forces de répression, il sera certainement dépossédé des fruits de sa révolte et de ses aspirations à une révolution sociale par une mafia qui parlera au nom du peuple, mais qui est prête à composer avec l'armée et les intérêts de tous ceux qui ont profité des trente ans de la dictature de Hosni Moubarak. Dans le meilleur des cas, le pire étant l'écrasement de la révolte dans le sang, l'Egypte va vers une solution négociée "à la mexicaine" entre l'armée, les principaux partis ou groupes d'opposition et les organisations syndicales bureaucratisées en accord avec les intérêts des États-Unis au Moyen-Orient [2].

05/02/2011
Serge LEFORT
Citoyen du Monde

[1] Cité par Mitchell A. SELIGSON, The Journal of Politics , vol. 64, nº 2, mai 2002, pp. 408-433.
• José FORT, Anastasio Somoza : la fin du fils d'un "fils de pute", Le Grand Soir, 19/08/2009.
• Bernard LANGLOIS, Tunisie, Egypte : Washington lâche … ses "fils de pute" !, Politis, 29/01/2011.
[2] Références :
• Sarah BEN NÉFISSA, Égypte : nouvelles dimensions des protestations sociales, Centre Tricontinental, 15/12/2010.
• Johannes STERN, L'opposition égyptienne met en garde contre une "explosion des masses", WSWS, 24/01/2011.