6 mai 2011

Les cahiers du féminisme


Ce livre collectif retrace l'expérience des Cahiers du féminisme, une revue "féministe-luttes de classes", qui pendant 20 ans a tenté d'éclairer, par ses reportages et sa réflexion, les questions qui se posaient à l'époque dans le bouillonnement (ou les reflux) du mouvement des femmes et du mouvement ouvrier. Pour les rédactrices, toutes bénévoles, membres d'une organisation d'extrême gauche (la Ligue Communiste Révolutionnaire), il s'agissait de relire l'histoire et de s'emparer de l'actualité politique avec le regard aiguisé de militantes, salariées et syndicalistes, profondément engagées dans le combat féministe collectif.

Les rédactrices de ce livre, épaulées par une historienne féministe tentent de nous faire partager les enthousiasmes et les interrogations qui ont été à la source de la fabrication, numéro après numéro, de cette revue originale à plus d'un titre. Au fil des chapitres, les auteures font surgir l'arrière-plan politique et militant qui a alimenté les rubriques ou les dossiers de cette revue.

Parmi les questions abordées, celles-ci :
  • Comment s'est traduite, dans la revue, cette soif d'histoire de la génération féministe de la deuxième vague ?
  • Quel écho et quel sens les Cahiers du féminisme ont-ils donné aux mobilisations en faveur de l'avortement, de la contraception, de la sexualité ?
  • Comment la lutte pour avoir "le temps de vivre" a-t-elle percuté la division sociale et sexuée des tâches dans la famille, le monde du travail et la politique ?
  • Quelle place ont prise les femmes dans les luttes et les mouvements sociaux en France et sur le plan international ?
  • Comment se sont-elles organisées ?
  • Comment les Cahiers du féminisme se sont-ils situés dans des débats qui rebondissent aujourd'hui comme celui sur le foulard musulman à l'école, la laïcité et l'émancipation des femmes ?
  • Où en sont les féministes aujourd'hui ?
Les auteures nous invitent à faire un va et vient permanent entre les interrogations d'hier et d'aujourd'hui.

Josette TRAT (sous la direction de), Les cahiers du féminisme (1977-1998) - Dans le tourbillon du féminisme et de la lutte des classes, Editions Syllepse, 2011 [La Brèche numérique].

Lire aussi :
• Dossier documentaire & Bibliographie Féminisme, Monde en Question.
• L'actualité des livres - Centre National du Livre - Veille littéraire CNL

5 mai 2011

Obama revendique le meurtre d'Oussama


Un homme prétend avoir tué l'ancien copain d'un copain et annonce son crime à la télévision sans donner aucune preuve - pas même le corps qu'il aurait fait disparaître en le balançant à la mer -, mais glorifie le mobile de son crime en invoquant la justice divine :
Et un soir comme celui-ci, nous pouvons dire aux familles qui ont perdu des êtres chers par le terrorisme d'Al-Qaïda : justice a été faite.

Souvenons-nous que nous pouvons accomplir ces choses, pas simplement grâce à notre richesse ou notre puissance, mais grâce à ce que nous sommes : une nation, selon Dieu, indivisible, avec la justice et la liberté pour tous.
Dans un monde normal, vous diriez que c'est un fou, mais dans celui où nous vivons, Barack Obama Président des États-Unis a revendiqué le meurtre d'Oussama ben Laden à la télévision américaine le 1er mai 2011 sous les applaudissements de tout le monde occidental [1].


La mort de ben Laden fut annoncée antérieurement par d'autres sources :
Les médias dominants reprennent en boucle les déclarations des autorités américaines sans les discuter. Ils jouent à fond la carte de l'émotion, qui fait vendre, sans poser les questions classiques : Qui, Quoi, Où, Quand, Comment, Pourquoi.

Ben Laden est certainement mort, mais nous ne saurons peut-être jamais où, quand et comment. La question est de savoir pourquoi les États-Unis ont choisi d'annoncer sa mort maintenant et donc de se débarrasser d'un ennemi (ancien ami) si utile… pour justifier leurs crimes au nom de la guerre contre le terrorisme. Plusieurs hypothèses sont envisageables :
  • Les élections de novembre 2012
    Barack Obama aurait revendiqué le meurtre d'Oussama ben Laden pour se placer comme le candidat favori aux prochaines élections présidentielles américaines.
  • L'Afghanistan
    Barack Obama aurait revendiqué le meurtre d'Oussama ben Laden pour justifier le prochain retrait des troupes américaines d'Afghanistan sans avoir gagner la guerre.
  • Le Pakistan
    Barack Obama aurait revendiqué le meurtre d'Oussama ben Laden pour justifier une intervention militaire au Pakistan et détruire les preuves des alliances contractées, entre la CIA et l'ISI d'une part et les divers groupes jihadistes d'autre part, au temps de l'occupation soviétique de l'Afghanistan.
Aucune hypothèse ne s'exclut l'une l'autre. La troisième est aussi envisagée par Syed Salim Shahzad dans un article publié par Asia Times : "la mort de ben Laden marquera probablement aussi le début du déplacement du théâtre de guerre, de l'Afghanistan vers le Pakistan" [2].

03/05/2011
Serge LEFORT
Citoyen du Monde

Lire aussi : Dossier documentaire & Bibliographie 11 septembre 2001, Monde en Question.

[1] En France, Jospin a déclaré "Les États-Unis ont appliqué le droit de légitime défense" et Sarkozy "L'élimination de Ben Laden est un succès, ce n'est pas la fin d'Al-Qaïda".
[2] Lire aussi :
• 15/10/2008, La guerre américaine : escalade de l'Irak vers l'Afghanistan et le Pakistan, Monde en Question.
• 02/12/2008, Serge LEFORT, La guerre contre le Pakistan a commencé, Monde en Question.
• 03/12/2008, Le grand jeu asiatique, Monde en Question.
• 13/08/2009, Serge LEFORT, Guerre sans fin de l'Afghanistan au Pakistan, Monde en Question.

3 mai 2011

Les égarements de Wallerstein (II)


Immanuel Wallerstein, qui n'a pas corrigé ses précédentes erreurs, poursuit son analyse sur "le conflit qui se déroule depuis un mois en Libye" en invoquant La grande diversion libyenne.

Selon lui "la deuxième révolte arabe" "est la continuation de l'esprit de la révolution mondiale de 1968". Immanuel Wallerstein s'embourbe dans cette comparaison non fondée pour enfiler des perles en répétant des lieux communs ou en plaquant sa thèse sur les événements :
Ils ont également protesté contre la structure même du système-monde et contre les voies par lesquelles leurs dirigeants ont été soumis aux pressions de forces extérieures.
Tout l'article repose sur la croyance que "les Saoudiens ont cherché à modifier la politique étrangère américaine plutôt que le contraire" :
Ce que les Saoudiens voulaient et ce qu'ils ont obtenu, c'est une grande diversion par rapport à ce qu'ils considéraient comme le plus urgent et ce qu'ils étaient en train de faire : la répression de la révolte arabe, surtout en ce qu'elle affectait en premier lieu l'Arabie saoudite elle-même, les pays du Golfe ensuite, le reste du monde arabe enfin.
Où sont les preuves de ce scénario ? Dans l'affirmation d'Immanuel Wallerstein : "Est-ce que quelqu'un aux États-Unis téléphona en Arabie saoudite pour en faire la demande ? Je crois que ce fut plutôt l'inverse."
Où sont les preuves de sa croyance ? Dans sa réputation au sein du microcosme altermondialiste !

02/05/2011
Serge LEFORT
Citoyen du Monde

Lire aussi : Dossier documentaire & Bibliographie Immanuel WALLERSTEIN, Monde en Question.