Le 16 novembre, Marie-Ségolène Royal fut plébiscité par un peu plus de 100 000 adhérents. Le 20 novembre, Andrés Manuel López Obrador s'est fait proclamer "président légitime" par plus de 80 000 partisans. En France comme au Mexique, la démagogie politico-médiatique triomphe.
AMLO a choisi la date symbolique de l'anniversaire de la Révolution mexicaine (1910-1917) pour se faire acclamer et sacrer sur la place de la Constitution et pour présenter son gouvernement fantôme. Cette cérémonie montre la réalité du personnage.
Ses appels au peuple sonnent creux [1]. Ainsi, pour exercer ses fonctions auto-proclamées, il s'octroie généreusement un salaire de 50 000 pesos par mois (un peu plus de 1600 pesos par jour) [2]. Ce chiffre doit être rapproché du salaire minimum (entre 45,81 et 48,67 pesos par jour) et du fait que 10 millions 780 000 travailleurs (23,9% de la population active) vivent avec un revenu inférieur au salaire minimum [3]. On mesure l'immense décalage entre les paroles et les actes de celui qui veut "faire le bonheur du peuple".
Pas une voix ne s'élève à gauche pour dénoncer cette escroquerie. La Jornada est devenue le porte-parole du caudillo. Les intellectuels, qui le soutiennent, reproduisent la fidélité servile traditionnelle [4]. Tous participent activement à la mascarade de la Convention Nationale Démocratique, qui exclut tout débat et toute participation démocratique. Le soutien inconditionnel à AMLO et l'approbation formelle, à main levée, de décisions prises par quelques-uns est la condition nécessaire et suffisante.
Dans un pays où les travailleurs ne possèdent pas d'organisations autonomes, la CND, qui regroupe "les gens" sur la base des circonscriptions électorales (municipalités et états), est totalement contrôlée par les maires et gouverneurs du PRD. Cette formule reprend celle utilisée par le PRI pendant 71 ans. AMLO fonde son programme de "défense de l'intérêt national" sur celui de Cárdenas-père sans Cárdenas-fils qu'il a fait conspuer par la foule le 16 septembre.
Les grands perdants de cette politique restent les millions de travailleurs, aussi bien ceux qui subissent la sur-exploitation, la précarisation et le chômage des secteurs liés à la concurrence internationale, mais aussi ceux de l'industrie, du commerce et de l'agriculture qui sont exposés à la rapacité de la bourgeoisie nationale.
En France comme au Mexique, MSR et AMLO triomphent aujourd'hui en démagogues-charmeurs pour occulter la question sociale. Demain, le réveil risque d'être douloureux.
Serge LEFORT
22 novembre 2006
[1] Vidéo du discours (en espagnol) :
• Discurso de AMLO, 1a.parte, Otratele, La Jordana.
• Discurso de AMLO, 2sa.parte, Otratele, La Jordana.
• Discurso de AMLO, 3ra.parte, Otratele, La Jordana.
[2] Confirma AMLO que tendrá sueldo de 50 mil pesos, El Universal.
[3] Sources (en espagnol) :
• Salarios Mínimos 2006, Diario Oficial de la Federación.
• Enrique Dussel Peters, Condiciones y evolución del empleo y los salarios en México, Iniciativa Salarios Dignos Norte y Sur.
• El salario en México, una trágica historia, Salarios.
• Las estadísticas oficiales indican que alrededor de 10 millones 78 mil trabajadores no reciben salario o perciben ingresos menores al mínimo, los cuales representan 23.9 por ciento de la población ocupada total. Salarios
• Integración económica, empleo y salarios en México, Biblioteca virtual (PDF).
[4] Institut d'Études Mexicaines, Champs de pouvoir et de savoir au Mexique, CNRS, 1982.
LEMPIÉRIÈRE Annick, Intellectuels, État et société au Mexique - Les clercs de la nation (1910-1968), L'Harmattan, 1992.
22 novembre 2006
21 novembre 2006
20 novembre 2006
Les mots (maux) de la campagne (3)
Le mot populiste a envahi le discours des médias dominants et des politiques. Il est toujours utilisé par les uns pour susciter la peur et par les autres pour discréditer un adversaire. Ce concept est-il bien assuré ? Une exploration de la littérature et de ses usages permet de répondre par la négative.
Une catégorie non-fondée
Alors que le mot populiste apparaît pour la première en Russie en 1870, il ne fait fortune que dans les années 1980. Aujourd'hui, il est utilisé pour désigner une pléiade de partis : le FTÖ de Jörg Haiger en Autriche, la Ligue du Nord d'Umberto Bossi en Italie, la liste de Pim Fortuyn aux Pays-Bas, le SVP de Christoph Blücher en Suisse, le VlaamsBlock en Belgique, le Dansk Folkeparti au Danemarck, etc. Les plus polémistes l'applique non seulement aux organisations d'extrême droite, mais à celles d'extrême gauche voire à tous les mouvements contestataires.
Margaret Canovan reconnaissait en 1981 que populisme est l'un des mots "les plus confus du vocabulaire de la science politique" [1].
Guy Hermet admet en 2001 que "Ceux qui étudient le populisme s'accordent sur un seul point. Tous reconnaissent la difficulté, voire l'impossibilité de lui trouver une définition..." [2].
Seul un idéologue, comme Pierre-André Taguieff, ose écrire une définition en 2004 : "Le populisme peut être sommairement défini par l'acte de prendre publiquement le parti du peuple contre les élites, ou par l'appel au peuple sans la médiation des instances représentatives." [3].
Un usage polémique
Alain Duhamel fournit un exemple récent de l'usage de ce discours tautologique. Il reproche aux politiques de galvauder le terme populiste et céder à la facilité de cette injure alors que "le populisme gagne chaque année du terrain et témoigne ainsi que la crise de la démocratie représentative s'approfondit".
Faute d'une définition, il utilise le langage hygiéniste, courant dans le milieu journalistique. Pour lui, le populisme serait une terrible maladie contagieuse qui "progresse spectaculairement" et "envahit de plus en plus l'Europe de l'Est, Biélorussie comme Ukraine, Slovaquie comme Hongrie ou Roumanie", mais s'arrête miraculeusement "à nos frontières".
En effet, Alain Duhamel veille : "Pour ceux qui seraient tentés de relativiser les dangers du populisme, on peut rappeler que les Français sont aujourd'hui, au sein de l'Union européenne, le peuple le plus pessimiste sur son destin, sur son identité et sur son avenir. En ce sens, la montée du populisme ne constitue ni une surprise ni certes une maladie vénielle." [4].
Injure à la mode
Une recension de l'usage du terme populisme dans l'actualité récente est révélatrice d'un courant dominant. Il est utilisé par les journalistes dans le cadre d'un discours de dénonciation d'un danger imaginaire et par les politiques sur le mode de l'injure.
On enregistre, dans les pages actualités de Google, 386 occurrences pour le terme "populisme" entre le 19/10/2006 et le 18/11/2006 ; 235 occurrences pour les termes "populisme Ségolène" entre le 20/10/2006 et le 18/11/2006. Ce qui marque une affinité particulière de Marie-Ségolène Royal à utiliser ce qualificatif contre Sarkozy [5].
À cette occasion, on remarque encore l'usage du copier-coller réalisé par les journalistes à partir d'une dépêche d'agence. Certains citent explicitement la source, d'autres implicitement (PARIS) et d'autres la passent sous silence. Tous reprennent mot pour mot le titre et le contenu de la dépêche [6].
Cette catégorie politique, au contenu incertain et arbitraire, se situe dans le registre de l'imprécation pour stigmatiser ceux qui perturbent le jeu politique convenu. Elle sert de contre-feu à tous ceux qui défendent l'ordre établi [7].
Serge LEFORT
20 novembre 2006
[1] CANOVAN Margaret, Populism, Harcourt-Brace Jovanovitch, 1981.
[2] HERMET Guy, Les populismes dans le monde - Une histoire sociologique XIXe-XXe siècle, Fayard, 2001.
Il ajoute cependant : "... capable de couvrir ce que peuvent avoir de commun ses manifestations si diverses dans le temps et dans l'espace." L'auteur consacre ainsi 450 pages à décrire les manifestations d'un phénomène qu'il ne définit jamais, sinon par ses manifestations.
[3] TAGUIEFF Pierre-André (dossier réalisé par), Le retour du populisme - Un défi pour les démocraties européennes, Encyclopaedia Universalis, 2004.
Cette pseudo-définition, non partagée par les auteurs de l'ouvrage, lui permet de désigner ses ennemis au gré de ses humeurs.
[4] Alain DUHAMEL, La contagion du populisme, Libération, 08/11/2006.
Très présent dans tous les médias dominants (presse, radio et télévision), il utilise le ton de l'autorité ponctué par des marqueurs sémantiques de la fausse évidence : "c'est un fait peu contestable", "cela va de soi", "bien entendu". Sa définition par défaut du populisme est savoureuse :
Car, bien entendu, la France échappe de moins en moins à l'emprise du populisme, avec son cortège de dénigrement systématique des élites, coupables de tous les échecs, de toutes les régressions mais jamais gratifiées des progrès ou des succès, avec aussi sa violence verbale, son autoritarisme diffus, sa démagogie affleurante, ses simplifications délibérées. Elle témoigne, cela va de soi, de ce qui est vécu comme autant de menaces, de pressions, de régressions, de dangers, de doutes, même si la réalité est infiniment plus complexe : la mondialisation, le capitalisme financier, les délocalisations, ces décisions mystérieuses et funestes prises de l'extérieur, la dépossession du pouvoir national, la persistance du chômage, l'augmentation de la précarité, la vulnérabilité face aux violences physiques, sociales, culturelles, l'essaim terrible des insécurités, l'impasse redoutée de l'intégration, de l'ascension sociale, de l'espérance. Depuis une génération, l'humus français porte en lui les germes du populisme. La pratique institutionnelle de la Ve République en dramatise encore les risques avec les blocages éternels du dialogue social, l'absence aberrante, archaïque, destructrice, de tout contrôle de l'action présidentielle et gouvernementale par le Parlement. Donc avec la confusion des pouvoirs soudés derrière un exécutif omnipotent donc fragile. Avec enfin l'absence de transparence et le refus d'une communication démocratique sur les décisions et les initiatives de ceux qui gouvernent.
[5] Recherche "populisme", Google.
Recherche "populisme Ségolène", Google.
[6] Journalisme copier-coller :
• Royal accuse Sarkozy de "populisme" et de "déni de démocratie", Reuters.fr - 22 oct 2006PARIS (Reuters) - Ségolène Royal accuse Nicolas Sarkozy de "populisme" sur la question de la sécurité et estime que les promesses électorales d'un...
• Royal accuse Sarkozy de "populisme" et de "déni de démocratie", Boursier.com - 22 oct 2006PARIS (Reuters) - Ségolène Royal accuse Nicolas Sarkozy de "populisme" sur la question de la sécurité et estime que les promesses électorales d'un...
• Royal accuse Sarkozy de "populisme" et de "déni de démocratie, L'Express - 22 oct 2006Ségolène Royal accuse Nicolas Sarkozy de "populisme" sur la question de la sécurité et estime que les promesses électorales d'un ministre en exercice...
• Royal accuse Sarkozy de "populisme" et de "déni de démocratie", Capital.fr - 22 oct 2006PARIS (Reuters) - Ségolène Royal accuse Nicolas Sarkozy de "populisme" sur la question de la sécurité et estime que les promesses électorales d'un...
• Royal accuse Sarkozy de "populisme" et de "déni de démocratie", La Tribune.fr - 22 oct 2006PARIS (Reuters) - Ségolène Royal accuse Nicolas Sarkozy de "populisme" sur la question de la sécurité et estime que les promesses électorales d'un...
• Royal accuse Sarkozy de "populisme" et de "déni de démocratie", Challenges - 22 oct 2006PARIS (Reuters) - Ségolène Royal accuse Nicolas Sarkozy de "populisme" sur la question de la sécurité et estime que les promesses électorales d'un...
• Ségolène Royal accuse Nicolas Sarkozy de "déni de démocratie", Romandie.com - 22 oct 2006PARIS - Ségolène Royal a accusé Nicolas Sarkozy de "populisme" sur la question de la sécurité. La candidate socialiste à la...
• Ségolène Royal accuse Nicolas Sarkozy de "déni de démocratie", Bluewin - 22 oct 2006Ségolène Royal a accusé Nicolas Sarkozy de "populisme" sur la question de la sécurité. La candidate socialiste à la présidentielle...
• Ségolène Royal accuse Nicolas Sarkozy de "déni de démocratie", TSR.ch - 22 oct 2006PARIS - Ségolène Royal a accusé Nicolas Sarkozy de "populisme" sur la question de la sécurité. La candidate socialiste à la...
• Ségolène Royal accuse Nicolas Sarkozy de "déni de démocratie", La Liberté - 22 oct 2006PARIS - Ségolène Royal a accusé Nicolas Sarkozy de "populisme" sur la question de la sécurité. La candidate socialiste à la...
• Ségolène Royal accuse Nicolas Sarkozy de "déni de démocratie", Armées.com - 22 oct 2006Ségolène Royal a accusé Nicolas Sarkozy de "populisme" sur la question de la sécurité. La candidate socialiste à la présidentielle...
[7] Lire :
• COLLOVALD Annie, Le «Populisme du FN» un dangereux contresens, Éditions du Croquant, 2004.
• COLLOVALD Annie, «Populisme : la cause perdue du peuple» in MATONTI Frédérique (sous la direction de), La démobilisation politique, La Dispute, 2005.
Une catégorie non-fondée
Alors que le mot populiste apparaît pour la première en Russie en 1870, il ne fait fortune que dans les années 1980. Aujourd'hui, il est utilisé pour désigner une pléiade de partis : le FTÖ de Jörg Haiger en Autriche, la Ligue du Nord d'Umberto Bossi en Italie, la liste de Pim Fortuyn aux Pays-Bas, le SVP de Christoph Blücher en Suisse, le VlaamsBlock en Belgique, le Dansk Folkeparti au Danemarck, etc. Les plus polémistes l'applique non seulement aux organisations d'extrême droite, mais à celles d'extrême gauche voire à tous les mouvements contestataires.
Margaret Canovan reconnaissait en 1981 que populisme est l'un des mots "les plus confus du vocabulaire de la science politique" [1].
Guy Hermet admet en 2001 que "Ceux qui étudient le populisme s'accordent sur un seul point. Tous reconnaissent la difficulté, voire l'impossibilité de lui trouver une définition..." [2].
Seul un idéologue, comme Pierre-André Taguieff, ose écrire une définition en 2004 : "Le populisme peut être sommairement défini par l'acte de prendre publiquement le parti du peuple contre les élites, ou par l'appel au peuple sans la médiation des instances représentatives." [3].
Un usage polémique
Alain Duhamel fournit un exemple récent de l'usage de ce discours tautologique. Il reproche aux politiques de galvauder le terme populiste et céder à la facilité de cette injure alors que "le populisme gagne chaque année du terrain et témoigne ainsi que la crise de la démocratie représentative s'approfondit".
Faute d'une définition, il utilise le langage hygiéniste, courant dans le milieu journalistique. Pour lui, le populisme serait une terrible maladie contagieuse qui "progresse spectaculairement" et "envahit de plus en plus l'Europe de l'Est, Biélorussie comme Ukraine, Slovaquie comme Hongrie ou Roumanie", mais s'arrête miraculeusement "à nos frontières".
En effet, Alain Duhamel veille : "Pour ceux qui seraient tentés de relativiser les dangers du populisme, on peut rappeler que les Français sont aujourd'hui, au sein de l'Union européenne, le peuple le plus pessimiste sur son destin, sur son identité et sur son avenir. En ce sens, la montée du populisme ne constitue ni une surprise ni certes une maladie vénielle." [4].
Injure à la mode
Une recension de l'usage du terme populisme dans l'actualité récente est révélatrice d'un courant dominant. Il est utilisé par les journalistes dans le cadre d'un discours de dénonciation d'un danger imaginaire et par les politiques sur le mode de l'injure.
On enregistre, dans les pages actualités de Google, 386 occurrences pour le terme "populisme" entre le 19/10/2006 et le 18/11/2006 ; 235 occurrences pour les termes "populisme Ségolène" entre le 20/10/2006 et le 18/11/2006. Ce qui marque une affinité particulière de Marie-Ségolène Royal à utiliser ce qualificatif contre Sarkozy [5].
À cette occasion, on remarque encore l'usage du copier-coller réalisé par les journalistes à partir d'une dépêche d'agence. Certains citent explicitement la source, d'autres implicitement (PARIS) et d'autres la passent sous silence. Tous reprennent mot pour mot le titre et le contenu de la dépêche [6].
Cette catégorie politique, au contenu incertain et arbitraire, se situe dans le registre de l'imprécation pour stigmatiser ceux qui perturbent le jeu politique convenu. Elle sert de contre-feu à tous ceux qui défendent l'ordre établi [7].
Serge LEFORT
20 novembre 2006
[1] CANOVAN Margaret, Populism, Harcourt-Brace Jovanovitch, 1981.
[2] HERMET Guy, Les populismes dans le monde - Une histoire sociologique XIXe-XXe siècle, Fayard, 2001.
Il ajoute cependant : "... capable de couvrir ce que peuvent avoir de commun ses manifestations si diverses dans le temps et dans l'espace." L'auteur consacre ainsi 450 pages à décrire les manifestations d'un phénomène qu'il ne définit jamais, sinon par ses manifestations.
[3] TAGUIEFF Pierre-André (dossier réalisé par), Le retour du populisme - Un défi pour les démocraties européennes, Encyclopaedia Universalis, 2004.
Cette pseudo-définition, non partagée par les auteurs de l'ouvrage, lui permet de désigner ses ennemis au gré de ses humeurs.
[4] Alain DUHAMEL, La contagion du populisme, Libération, 08/11/2006.
Très présent dans tous les médias dominants (presse, radio et télévision), il utilise le ton de l'autorité ponctué par des marqueurs sémantiques de la fausse évidence : "c'est un fait peu contestable", "cela va de soi", "bien entendu". Sa définition par défaut du populisme est savoureuse :
Car, bien entendu, la France échappe de moins en moins à l'emprise du populisme, avec son cortège de dénigrement systématique des élites, coupables de tous les échecs, de toutes les régressions mais jamais gratifiées des progrès ou des succès, avec aussi sa violence verbale, son autoritarisme diffus, sa démagogie affleurante, ses simplifications délibérées. Elle témoigne, cela va de soi, de ce qui est vécu comme autant de menaces, de pressions, de régressions, de dangers, de doutes, même si la réalité est infiniment plus complexe : la mondialisation, le capitalisme financier, les délocalisations, ces décisions mystérieuses et funestes prises de l'extérieur, la dépossession du pouvoir national, la persistance du chômage, l'augmentation de la précarité, la vulnérabilité face aux violences physiques, sociales, culturelles, l'essaim terrible des insécurités, l'impasse redoutée de l'intégration, de l'ascension sociale, de l'espérance. Depuis une génération, l'humus français porte en lui les germes du populisme. La pratique institutionnelle de la Ve République en dramatise encore les risques avec les blocages éternels du dialogue social, l'absence aberrante, archaïque, destructrice, de tout contrôle de l'action présidentielle et gouvernementale par le Parlement. Donc avec la confusion des pouvoirs soudés derrière un exécutif omnipotent donc fragile. Avec enfin l'absence de transparence et le refus d'une communication démocratique sur les décisions et les initiatives de ceux qui gouvernent.
[5] Recherche "populisme", Google.
Recherche "populisme Ségolène", Google.
[6] Journalisme copier-coller :
• Royal accuse Sarkozy de "populisme" et de "déni de démocratie", Reuters.fr - 22 oct 2006PARIS (Reuters) - Ségolène Royal accuse Nicolas Sarkozy de "populisme" sur la question de la sécurité et estime que les promesses électorales d'un...
• Royal accuse Sarkozy de "populisme" et de "déni de démocratie", Boursier.com - 22 oct 2006PARIS (Reuters) - Ségolène Royal accuse Nicolas Sarkozy de "populisme" sur la question de la sécurité et estime que les promesses électorales d'un...
• Royal accuse Sarkozy de "populisme" et de "déni de démocratie, L'Express - 22 oct 2006Ségolène Royal accuse Nicolas Sarkozy de "populisme" sur la question de la sécurité et estime que les promesses électorales d'un ministre en exercice...
• Royal accuse Sarkozy de "populisme" et de "déni de démocratie", Capital.fr - 22 oct 2006PARIS (Reuters) - Ségolène Royal accuse Nicolas Sarkozy de "populisme" sur la question de la sécurité et estime que les promesses électorales d'un...
• Royal accuse Sarkozy de "populisme" et de "déni de démocratie", La Tribune.fr - 22 oct 2006PARIS (Reuters) - Ségolène Royal accuse Nicolas Sarkozy de "populisme" sur la question de la sécurité et estime que les promesses électorales d'un...
• Royal accuse Sarkozy de "populisme" et de "déni de démocratie", Challenges - 22 oct 2006PARIS (Reuters) - Ségolène Royal accuse Nicolas Sarkozy de "populisme" sur la question de la sécurité et estime que les promesses électorales d'un...
• Ségolène Royal accuse Nicolas Sarkozy de "déni de démocratie", Romandie.com - 22 oct 2006PARIS - Ségolène Royal a accusé Nicolas Sarkozy de "populisme" sur la question de la sécurité. La candidate socialiste à la...
• Ségolène Royal accuse Nicolas Sarkozy de "déni de démocratie", Bluewin - 22 oct 2006Ségolène Royal a accusé Nicolas Sarkozy de "populisme" sur la question de la sécurité. La candidate socialiste à la présidentielle...
• Ségolène Royal accuse Nicolas Sarkozy de "déni de démocratie", TSR.ch - 22 oct 2006PARIS - Ségolène Royal a accusé Nicolas Sarkozy de "populisme" sur la question de la sécurité. La candidate socialiste à la...
• Ségolène Royal accuse Nicolas Sarkozy de "déni de démocratie", La Liberté - 22 oct 2006PARIS - Ségolène Royal a accusé Nicolas Sarkozy de "populisme" sur la question de la sécurité. La candidate socialiste à la...
• Ségolène Royal accuse Nicolas Sarkozy de "déni de démocratie", Armées.com - 22 oct 2006Ségolène Royal a accusé Nicolas Sarkozy de "populisme" sur la question de la sécurité. La candidate socialiste à la présidentielle...
[7] Lire :
• COLLOVALD Annie, Le «Populisme du FN» un dangereux contresens, Éditions du Croquant, 2004.
• COLLOVALD Annie, «Populisme : la cause perdue du peuple» in MATONTI Frédérique (sous la direction de), La démobilisation politique, La Dispute, 2005.
Le symptôme MSR
106 839 adhérents du parti socialiste, soit 60,62 % des suffrages exprimés, ont voté en faveur de Marie-Ségolène Royal. Que signifie ce plébiscite ?
Décomposition du PS
Le parti socialiste n'a pas survécu à la défaite historique de Lionel Jospin le 21 avril 2002. Pour éviter de faire le bilan de cet échec, il a préféré appeler à voter au deuxième tour pour Jacques Chirac, pourtant qualifié d'escroc. En mars 2005, il a renouvelé la même alliance avec la droite en appelant à voter pour le référendum de la Constitution européenne. Les électeurs ne l'ont pas suivi dans cet ultime renoncement.
Le parti socialiste n'a pas voulu voir que ce nouvel échec traduisait non pas un rejet de l'Europe, mais d'une Europe ancrée dans le dogme du néo-libéralisme. Il est vrai que, une fois de plus, les opposants de gauche à cette politique antisociale n'ont pas su capitaliser la victoire du non, Empêtrés dans d'interminables querelles de chapelles, ils ont donné prise à l'argument assassin de l'hétérogénéité des non. Les médias dominants ont massivement relayé ce message.
Une candidature médiatique
Les mêmes ont volé au secours d'un parti socialiste en pleine décomposition en soutenant la candidature de Marie-Ségolène Royal [1]. Le rouleau compresseur de l'industrie de la presse, des radios, des télévisions et des instituts de sondages ont quotidiennement accrédité la thèse d'un duel Sarkozy-Royal au deuxième tour de l'élection qui n'aura lieu qu'en 2007.
Cette stratégie allait dans le sens du coup d'État opéré par le couple Royal au sein du PS. Monsieur gardait la main sur l'appareil et Madame se présentait avec comme seul programme "Je suis une femme". La pression médiatique et l'absence d'une offre politique crédible dans les rangs de la gauche du PS a fait que Marie-Ségolène Royal soit sacrée le 16 novembre.
Les non-dits
Pour la direction du parti socialiste, la candidature de Marie-Ségolène Royal sur son seul nom avait l'avantage de taire les échecs passés et d'évacuer tout débat sur son alignement au néolibéralisme et son absence de programme.
De plus en plus coupé des réalités sociales du pays, le parti socialiste préférait surfer sur la vague des sondages en faveur de Marie-Ségolène Royal et sur les commentaires dithyrambiques des médias dominants en sa faveur.
Une victoire logique
Mais il restait encore trop de socialistes au PS. Pendant que Madame mobilisait les foules à coups de slogans démagogiques, Monsieur ouvrait les portes à des adhérents recrutés sur Internet à 20€. Il a retenu les leçons de Joseph Staline, qui avait noyé les vieux militants bolcheviques sous le flot de nouveaux adhérents dévoués à sa personne.
Cette logique implacable, liée à l'opportune diffusion d'une vidéo qui transformait la sainte en victime de la malveillance, forcément machiste, d'un concurrent, lui a assuré la victoire. Ce plébiscite renforce sa détermination à s'abstraire de tout programme pour ne promouvoir que la version féminine du culte de la personnalité.
La victoire de Marie-Ségolène Royal n'est que le symptôme du pourrissement d'un parti, dévoué aux intérêts du capitalisme néo-libéral. Elle signe une fuite en avant vers les pires dérives démagogiques de celle qui clame : "C'est le peuple qui m'a faite".
Serge LEFORT
20 novembre 2006
[1] Un exemple parmi beaucoup d'autres du soutien des médias dominants en faveur de Marie-Ségolène Royal :
En moins d'un an, la présidente de la région Poitou-Charentes a renvoyé Lionel Jospin à ses chères études, le forçant à faire ce qu'il avait dit qu'il ferait le soir du 21 avril 2002 : se retirer de la vie politique ; elle a obligé Dominique Strauss-Kahn à assumer franchement son étiquette sociale-démocrate, poussé Laurent Fabius à aller jusqu'au bout de sa ligne « à gauche toute » dans laquelle il s'est totalement fourvoyé. Elle a parlé sans tabou des 35 heures, de la sécurité et de la carte scolaire, introduit dans la vulgate socialiste des termes iconoclastes comme « l'ordre juste », et imposé au Parti socialiste d'entreprendre la mue idéologique qu'il ne parvenait pas à mener depuis son échec historique de 2002.
[...]
Sa légitimité s'est d'abord construite dans les sondages, puis chez les sympathisants du PS avant d'être massivement confirmée par les militants, qui se sont en quelque sorte alignés sur la demande de l'opinion, avec la neutralité bienveillante du premier secrétaire, François Hollande, qui n'est autre que son compagnon. En un an, le parti a ainsi accouché au forceps d'une nouvelle doctrine, le « ségolisme », qu'on peut aussi très bien appeler le « royalisme ».
Françoise Fressoz, Royal contre Sarkozy, c'est Jeanne d'Arc contre Bonaparte !, Les Échos, 20/11/2006.
Décomposition du PS
Le parti socialiste n'a pas survécu à la défaite historique de Lionel Jospin le 21 avril 2002. Pour éviter de faire le bilan de cet échec, il a préféré appeler à voter au deuxième tour pour Jacques Chirac, pourtant qualifié d'escroc. En mars 2005, il a renouvelé la même alliance avec la droite en appelant à voter pour le référendum de la Constitution européenne. Les électeurs ne l'ont pas suivi dans cet ultime renoncement.
Le parti socialiste n'a pas voulu voir que ce nouvel échec traduisait non pas un rejet de l'Europe, mais d'une Europe ancrée dans le dogme du néo-libéralisme. Il est vrai que, une fois de plus, les opposants de gauche à cette politique antisociale n'ont pas su capitaliser la victoire du non, Empêtrés dans d'interminables querelles de chapelles, ils ont donné prise à l'argument assassin de l'hétérogénéité des non. Les médias dominants ont massivement relayé ce message.
Une candidature médiatique
Les mêmes ont volé au secours d'un parti socialiste en pleine décomposition en soutenant la candidature de Marie-Ségolène Royal [1]. Le rouleau compresseur de l'industrie de la presse, des radios, des télévisions et des instituts de sondages ont quotidiennement accrédité la thèse d'un duel Sarkozy-Royal au deuxième tour de l'élection qui n'aura lieu qu'en 2007.
Cette stratégie allait dans le sens du coup d'État opéré par le couple Royal au sein du PS. Monsieur gardait la main sur l'appareil et Madame se présentait avec comme seul programme "Je suis une femme". La pression médiatique et l'absence d'une offre politique crédible dans les rangs de la gauche du PS a fait que Marie-Ségolène Royal soit sacrée le 16 novembre.
Les non-dits
Pour la direction du parti socialiste, la candidature de Marie-Ségolène Royal sur son seul nom avait l'avantage de taire les échecs passés et d'évacuer tout débat sur son alignement au néolibéralisme et son absence de programme.
De plus en plus coupé des réalités sociales du pays, le parti socialiste préférait surfer sur la vague des sondages en faveur de Marie-Ségolène Royal et sur les commentaires dithyrambiques des médias dominants en sa faveur.
Une victoire logique
Mais il restait encore trop de socialistes au PS. Pendant que Madame mobilisait les foules à coups de slogans démagogiques, Monsieur ouvrait les portes à des adhérents recrutés sur Internet à 20€. Il a retenu les leçons de Joseph Staline, qui avait noyé les vieux militants bolcheviques sous le flot de nouveaux adhérents dévoués à sa personne.
Cette logique implacable, liée à l'opportune diffusion d'une vidéo qui transformait la sainte en victime de la malveillance, forcément machiste, d'un concurrent, lui a assuré la victoire. Ce plébiscite renforce sa détermination à s'abstraire de tout programme pour ne promouvoir que la version féminine du culte de la personnalité.
La victoire de Marie-Ségolène Royal n'est que le symptôme du pourrissement d'un parti, dévoué aux intérêts du capitalisme néo-libéral. Elle signe une fuite en avant vers les pires dérives démagogiques de celle qui clame : "C'est le peuple qui m'a faite".
Serge LEFORT
20 novembre 2006
[1] Un exemple parmi beaucoup d'autres du soutien des médias dominants en faveur de Marie-Ségolène Royal :
En moins d'un an, la présidente de la région Poitou-Charentes a renvoyé Lionel Jospin à ses chères études, le forçant à faire ce qu'il avait dit qu'il ferait le soir du 21 avril 2002 : se retirer de la vie politique ; elle a obligé Dominique Strauss-Kahn à assumer franchement son étiquette sociale-démocrate, poussé Laurent Fabius à aller jusqu'au bout de sa ligne « à gauche toute » dans laquelle il s'est totalement fourvoyé. Elle a parlé sans tabou des 35 heures, de la sécurité et de la carte scolaire, introduit dans la vulgate socialiste des termes iconoclastes comme « l'ordre juste », et imposé au Parti socialiste d'entreprendre la mue idéologique qu'il ne parvenait pas à mener depuis son échec historique de 2002.
[...]
Sa légitimité s'est d'abord construite dans les sondages, puis chez les sympathisants du PS avant d'être massivement confirmée par les militants, qui se sont en quelque sorte alignés sur la demande de l'opinion, avec la neutralité bienveillante du premier secrétaire, François Hollande, qui n'est autre que son compagnon. En un an, le parti a ainsi accouché au forceps d'une nouvelle doctrine, le « ségolisme », qu'on peut aussi très bien appeler le « royalisme ».
Françoise Fressoz, Royal contre Sarkozy, c'est Jeanne d'Arc contre Bonaparte !, Les Échos, 20/11/2006.
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