19 mars 2010

La Question de Palestine à l'ONU


Le 10 mars 2010, Ban Ki-moon, Secrétaire général de l'ONU, a condamné la décision d'Eli Yishaï, ministère israélien de l'Intérieur et chef du parti religieux Shass, d'autoriser la construction de nouveaux logements à Jérusalem-Est.
Au regard du droit international, l'implantation de colonies est illégale, a rappelé le porte-parole du Secrétaire général dans un communiqué publié mardi soir au siège de l'ONU à New-York.

Cette condamnation, qui rappelle les principes du droit international, fait suite à une longue série de résolutions de l'ONU que l'État d'Israël n'a jamais respecté sans subir de sanction... grâce au soutien inconditionnel des États-Unis [1].

Lire ou relire ces résolutions permet de comprendre l'immense escroquerie en cours quand Avigdor Lieberman, ministre israélien des Affaires étrangères et fondateur du parti d'extrême droite Israel Beytenou, déclare à Catherine Ashton "Cette demande d'empêcher les Juifs de construire à Jérusalem-Est n'est pas du tout raisonnable", ajoutant que d'empêcher les Juifs d'acheter des terres partout dans la capitale est une forme de discrimination [2].

18/03/2010
Serge LEFORT
Citoyen du Monde

Assemblée générale du 30/11/2009
Tous les pays du monde, sauf Israël, reconnaissent que l'implantation de colonies à Jérusalem-Est et en Cisjordanie doit cesser immédiatement, car elle perpétue le conflit, conduit à la violence et éloigne un peu plus la perspective de paix, a déclaré aujourd'hui le Président du Comité pour l'exercice des droits inaliénables du peuple palestinien, Paul Badji, à l'occasion du débat de l'Assemblée générale consacré à la question de Palestine. Ce débat coïncidait avec la commémoration de la Journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien célébrée le 29 novembre.

Il y a aujourd'hui 479 500 colons en Cisjordanie dont 193 000 à Jérusalem-Est, et la population des colons a grossi en 2008 de 4,7%, alors que la population totale en Israël n'a cru que de 1,6%, a assuré son homologue du Liban, accusant Israël de créer des situations sur le terrain comme les zones de sécurité, les colonies, les routes de passage et les points de contrôle, sans compter l'annexion de Jérusalem-Est et la construction du mur de séparation.

L'Union européenne a, par la voix du représentant de la Suède, enjoint le Gouvernement israélien à mettre immédiatement un terme aux activités de peuplement, y compris la prétendue croissance naturelle, et à démanteler tous les avant-postes érigés depuis mars 2001. L'UE ne reconnaîtra aucun changement aux frontières d'avant 1967, autres que ceux agréés par les deux parties, a-t-il prévenu.

L'État du peuple palestinien sera basé sur la totalité des territoires occupés depuis 1967, et aucune autre alternative n'est acceptable, a déclaré l'Observateur permanent de la Palestine. Il a rejeté toute idée ou schéma de réinstallation, de rapatriement ou d'État aux frontières provisoires et a ajouté que la relance du processus de paix doit être basée sur le respect par les parties de leurs obligations en vertu de la première phase de la Feuille de route qui appelle à la fin des activités de peuplement et à un engagement pour résoudre les questions liées au statut final, en particulier le droit au retour des réfugiés palestiniens.

ONU
La question de Palestine a été portée devant l'Assemblée générale par le Royaume-Uni au lendemain de la création de l'Organisation des Nations Unies. Une Commission spéciale pour la Palestine, comptant 11 membres, a été constituée à la première session extraordinaire de l'Assemblée, en avril 1947. La majorité des membres de la Commission a recommandé le partage de la Palestine en un État arabe et un État juif, avec pour Jérusalem un statut international spécial sous l'autorité administrative de l'Organisation des Nations Unies.

Résolution 181 de 1947
Lors de sa deuxième session ordinaire, après un débat intensif qui a duré deux mois, l'Assemblée générale a adopté, le 29 novembre 1947, sa résolution 181, dans laquelle elle approuvait, avec de légers changements, le Plan de partage avec union économique, proposé par la majorité de la Commission spéciale. Le Plan de partage, qui était un document détaillé en quatre parties jointes en annexe à la résolution, prévoyait la fin du mandat, le retrait progressif des forces armées britanniques et la délimitation de frontières entre les deux États et Jérusalem.
1948 Résolution 194
A sa troisième session ordinaire, le 11 décembre 1948, l'Assemblée générale a adopté sa résolution 194 définissant les modalités de règlement du problème de Palestine. Sur la base des suggestions faites en vue d'une solution à la situation en Palestine, qui devenait de plus en plus inextricable, dans un rapport établi par le comte Bernadotte avant sa mort, l'Assemblée déclara :
• Que les réfugiés souhaitant retourner dans leurs foyers et vivre en paix avec leurs voisins pourraient être autorisés à le faire à une date aussi rapprochée que possible; et
• Que ceux qui décideraient de ne pas rentrer devraient être indemnisés de leurs biens.
Résolution 242 de 1967
Le 22 novembre, le Conseil de sécurité adopta, après de longues négociations, sa résolution 242, qui posait les principes d'un règlement pacifique au Moyen-Orient.

Cette résolution stipulait que l'instauration d'une paix juste et durable devait comprendre l'application de deux principes :
• Le retrait des forces armées israéliennes des territoires occupés lors du récent conflit; et
• La cessation de toutes assertions de belligérance ou de tous états de belligérance et la reconnaissance de la souveraineté, de l'intégrité territoriale et de l'indépendance politique de chaque État de la région et de son droit de vivre en paix à l'intérieur de frontières sûres et reconnues à l'abri de menaces ou d'actes de force.

La résolution affirmait aussi l'inviolabilité territoriale de chaque État de la région et la nécessité « de réaliser un juste règlement du problème des réfugiés ».
Résolution 338 de 1973
Le 22 octobre, le Conseil de sécurité adopta la résolution 338 qui réaffirmait les principes de la résolution 242 et appelait à la tenue de négociations visant à « instaurer une paix juste et durable au Moyen-Orient ».
Résolution 1322 de 2000
Le Conseil de sécurité, inquiet de cette montée spectaculaire de la violence, a condamné dans sa résolution 1322 les derniers actes de violence au Moyen-Orient, particulièrement le recours excessif à la force contre les Palestiniens. Il a également demandé à Israël de se conformer scrupuleusement à ses obligations juridiques en vertu de la quatrième Convention de Genève et a appelé à la reprise immédiate des négociations de paix. Le Comité pour l'exercice des droits inaliénables du peuple palestinien, réuni en octobre pour examiner la situation, a réaffirmé sa position, à savoir que l'ONU devrait continuer à exercer sa responsabilité permanente pour ce qui est de tous les aspects de la question de Palestine jusqu'à ce que les Palestiniens puissent exercer pleinement leurs droits.
Résolution 1397 de 2002
Dans une résolution historique adoptée en mars 2002, le Conseil de sécurité s'est déclaré attaché à la vision d'une région dans laquelle deux États, Israël et la Palestine, vivent côte à côte, à l'intérieur de frontières reconnues et sûres.
Lire aussi :
• La Question de Palestine, ONU.
• La Question de Palestine, Brochure 2003, ONU.
• La Question de Palestine, Brochure 2005, ONU.
Dossier documentaire & Bibliographie Palestine/Israël, Monde en Question.
Chronique de la Colonisation de la Palestine 2010 Monde en Question

[1] Alors que États-Unis ont rappelé leur soutien inconditionnel à l'État d'Israël, qui ne respecte pas le droit international, le Trésor américain a annoncé jeudi qu'il a imposé des sanctions contre deux entreprises de Gaza pour leurs liens avec le mouvement Hamas au pouvoir [Ha'aretz].
[2] Le Dr Hagai Ben-Artzi, frère de Benyamin Nétanyahou, a même parlé d'antisémitisme [Ha'aretz].

La Question de Palestine


Edward SAÏD, La Question de Palestine, Sindbad - Actes Sud, 2010 [Extraits - Le Littéraire].
Edward W. Said nous offre une analyse documentée et subtile de l'affrontement, à la fin du XIXe siècle et durant la première moitié du XXe siècle, entre la société palestinienne, occultée par l'idéologie dominante en Europe, et le mouvement sioniste, considéré comme une partie intégrante de l'entreprise coloniale européenne.

Il dresse ensuite un tableau de la Palestine et des Palestiniens avant et après la guerre de 1967, et souligne la cristallisation, face à la discrimination, à l'occupation et à la dispersion, d'une forte conscience nationale incarnée par l'OLP. La dernière partie du livre est consacrée à une étude attentive des accords de Camp David, conclus sous l'égide des Etats-Unis entre Israël et l'Egypte, et de leurs conséquences au Proche-Orient.

L'édition augmentée de 1992 dont nous publions la traduction prend en outre en considération les principaux événements survenus jusqu'alors : l'invasion du Liban en 1982, la première intifada en 1987, la guerre du Golfe en 1991 et le déclenchement du "processus de paix" avec la Conférence de Madrid.
Informer l'opinion américaine et occidentale sur la «réalité du traumatisme collectif national» du peuple palestinien. Permettre la compréhension d'une «situation pas très bien connue et certainement incorrectement appréhendée». Faire prendre conscience que la question de Palestine a été ignorée par les Sionistes et les Américains alors qu'elle constitue une «part concrète et importante de l'histoire». Mettre en lumière le fait que la question juive en Europe chrétienne s'est résolue par la colonisation des terres palestiniennes par les Sionistes, contraignant les Palestiniens musulmans et chrétiens à quitter leur patrie pour devenir des réfugiés. Faire de la question de Palestine «un objet de discussion et de compréhension» afin de la sortir du gouffre de l'Histoire et de l'état d'isolement dans laquelle elle a été confinée.
Tels sont quelques uns des objectifs qui ont incité Edward W. Said à publier, en 1979, La Question de Palestine. Réédité en 1992, cet ouvrage vient d'être publié en langue française aux Éditions Actes Sud.

Lire aussi :
Dossier documentaire & Bibliographie Palestine/Israël, Monde en Question.
Dossier documentaire & Bibliographie Résistance Palestine - Edward SAÏD, Monde en Question.

16 mars 2010

Hommage aux Israéliens contre la colonisation


En France, les médias dominants répètent par copier-coller l'argumentation du gouvernement israélien : «Les perspectives de relance du processus de paix se sont éloignées jeudi avec la décision du président palestinien Mahmoud Abbas de ne pas renouer le dialogue avec Israël sans un gel complet de la colonisation à Jérusalem-Est et en Cisjordanie occupée.» [1]

Or, il est clair que l'annonce-aveu de la poursuite de la colonisation n'est pas une "erreur de calendrier", mais bien comme l'a déclaré Benyamin Netanyahou, la volonté de poursuivre la politique sioniste de l'État d'Israël et de continuer à «construire à Jérusalem - et dans tous les autres localités - comme il l'a fait au cours des 42 dernières années» [2].

Ni les États-Unis ni l'Europe n'ont la volonté de contraindre l'État d'Israël à respecter le droit international et les multiples résolutions de l'ONU. Les discours sur la perspective d'un État palestinien, qu'on entend depuis des années et des années, sont une farce tragique car pendant ce temps-là l'État d'Israël poursuit imperturbablement la colonisation de la Palestine.

Cela témoigne de la solidarité coloniale des puissances occidentales qui ont conclu en 2001 une Sainte-Alliance contre ce qu'elles appellent le monde arabo-musulman [3]. Elles refoulent le fait qu'elles ont conquis les Amériques, l'Afrique et l'Asie grâce à l'union "du sabre et du goupillon" (Jean Ferrat). L'imposition de la religion chrétienne aux survivants des massacres coloniaux fut et reste pour l'Occident un acte civilisationnel. Drapés dans cette bonne conscience humaniste, les colonisateurs d'hier et d'aujourd'hui réfutent la légitimité d'une quelconque résistance.

Les médias dominants au mieux dissimulent et au pire donnent raison à l'extension de la colonisation de la Palestine par l'État d'Israël car, comme ils le répètent ad nauseam, les Palestiniens sont des arabes et donc des terroristes en puissance. Ces ignorants et ces barbares ont d'ailleurs donné la majorité au Hamas en 2006 ! Mais Israël a sauvé l'Occident de la barbarie en bombardant la population civile de Gaza et en tuant 1 315 Palestiniens entre le 27 décembre 2008 et le 3 janvier 2009. C'est pourquoi les médias dominants les camps de concentration de Gaza et de Cisjordanie [4].

Le peuple palestinien est bien seul. Il est non seulement abandonné par les puissances occidentales, qui soutiennent le terrorisme de l'État d'Israël [5], mais aussi par l'Autorité palestinienne, qui collabore avec les forces d'occupation, et par le Hamas, qui fait le jeu de l'État d'Israël en détournant la résistance politique au profit d'un affrontement religieux sans perspectives.

L'histoire suit son cours... L'État d'Israël ne pourra poursuivre indéfiniment le projet sioniste d'Eretz Israel. La colonisation sanglante de la Palestine prendra fin car le prix à payer, militaire, politique, économique et social, sera de plus en plus lourd. Or, un jour viendra où les États-Unis ne pourront plus l'assumer. Israël sera alors contraint, pour assurer sa survie, d'intégrer les Palestiniens dans un État bi-national et, à plus ou moins long terme, de leur assurer une égalité citoyenne.

Contrairement à ce que laissent entendre les médias dominants, il existe en Israël une opposition à la politique suicidaire des gouvernements israéliens depuis 1967 [6]. Même si l'occupation «corrompt les hommes, colonisateurs et colonisés» [7], elle crée aussi les conditions d'un renversement d'une situation que beaucoup croît pérenne (voir la chute du Mur de Berlin) et d'une approche totalement différente de l'affrontement nationaliste qui a conduit les deux peuples dans une impasse.

Il faut donc lire la presse israélienne, notamment Ha'aretz, les articles et les livres des israéliens qui luttent contre la colonisation et l'occupation (liste non exhaustive) :
• Gadi ALGAZI
• Joseph ALGAZY
• Gilad ATZMON
• Avirama GOLAM
• Uri AVNERY
• Zvi BAR'EL
• Azmi BDEIR
• Daniel BEN-SIMON
• Meron BENVENISTI
• Ronen BERELOVICH
• Avraham BURG
• Victor CYGIELMAN
• Joseph DANA
• Sharon DOLEV
• Akiva ELDAR
• Shlomi ELDAR
• Lily GALILI
• Gilad ATZMON
• Anat GUTHMANN
• Jeremiah HABER
• Ran HACOHEN
• Jeff HALPER
• Amira HASS
• Yael Oren KAHN
• Amnon KAPELIOUK
• Ygal LEVY
• Gideon LEVY
• Adam MAOR
• Anat MATAR
• Zohar MILCHGRUB
• Avi MOGRABI
• Mujammad NAFAH
• Abie NATHAN
• Adi NIEUWHOF
• Noam OHANA
• Ilan PAPPÉ
• Avia PASTERNAK
• Nurit PELED-ELHANAN
• Meron RAPOPORT
• Amnon RAZ-KRAKOZKIN
• Dimi REIDER
• Tanya REINHART
• Eytan RONEL
• Shlomo SAND
• Zeev SCHIFF
• Avi SCHLAIM
• Tom SEGEV
• Itzik SHABBAT
• Israël SHAMIR
• Ofer SITBON
• Zeev STERNELL
• Michel WARSCHAWSKI
• Sharon WEILL
• Haim WEISS
• Idith ZERTAL
• David ZONSHEIN
15/03/2010
Serge LEFORT
Citoyen du Monde

Lire aussi :
Chronique de la Colonisation de la Palestine, Monde en Question.
Dossier documentaire & Bibliographie Palestine/Israël - Résistance Palestine, Monde en Question.
Dossier documentaire & Bibliographie Palestine/Israël - Un seul État, Monde en Question.

[1] 12/03/2010, Le processus de paix embourbé dans un chantier, France Soir.
[2] 15/03/2010, Netanyahu: Israel will keep building in Jerusalem, Ha'aretz.
[3] Lire les commentaires du discours de Barack Obama :
1. Critique de l'expression monde arabo-musulman.
2. Critique de l'expression monde musulman.
3. Critique de la thèse du choc des civilisations.
4. Analyse du discours de Barack Obama.
[4] 15/03/2010, HASS Amira, IDF declares West Bank protest villages a "closed military area", Ha'aretz.
L'armée a déclaré que les villages de Bil'in et Na'alin en Cisjordanie sont une «zone militaire fermée» [c'est-à-dire un camp de concentration] jusqu'au 17 août.
[5] À l'heure où les Palestiniens sont bouclés pour les punir de ne pas accepter la construction de 50000 logements à Jérusalem-Est, Bertrand Delanoë, maire socialiste de Paris, inaugure en compagnie du président israélien Shimon Pérès une esplanade "Ben Gourion", un leader du colonialisme sioniste en Palestine qui a déclaré : «Si j'étais, moi, un leader arabe, jamais je ne signerais avec Israël. C'est normal : nous avons pris leur pays. Certes, Dieu nous l'a promis, mais en quoi cela peut-il les intéresser ? Notre Dieu n'est pas le leur.»
[6] KIMMERLING Baruch, Politicide - Les guerres d'Ariel Sharon contre les Palestiniens, Agnès Viénot, 2003.
[7] MEMMI Albert, Portrait du colonisé, Gallimard, 1985.

15 mars 2010

L'impérialisme, le spectre du XXe siècle


Shûsui KÔTOKU, L'impérialisme, le spectre du XXe siècle, [1901], CNRS Editions, 2008 [L'OURS - Réseau Asie].
Voici, enfin traduit en français, le texte fondateur de la gauche radicale japonaise.
Dès sa parution en 1901, cette charge au vitriol contre les nationalistes de l'ère Meiji suscite une intense polémique et s'attire les foudres de la censure nipponne, qui interdira l'ouvrage jusqu'en 1952 !
Hymne à la fraternité entre les peuples, profession de foi révolutionnaire autant que manifeste pacifiste et internationaliste, ce livre anticipe les dérives du militarisme japonais, la guerre contre la Russie, l'annexion de Taiwan et de la Corée.

La plus grande originalité de ce texte, quinze ans avant le célèbre L'Impérialisme, le stade suprême du capitalisme de Lénine est la dénonciation de l'impérialisme japonais au même titre que celle des puissances occidentales : c'est une rupture fondamentale avec le nationalisme devenu le courant idéologique et politique dominant dans ses différentes variantes au cours de la décennie précédente.
Lire aussi :
• Shūsui Kōtoku, Dictionnaire historique du Japon - Wikipédia
• Les anarchistes - En Extrême-Orient aussi..., Le Monde diplomatique
• Impérialisme, Wikipédia
• LAURENS Henry, L'empire et ses ennemis - La question impériale dans l'histoire, Seuil, 2009 [Nonfiction - NouvelObs].
Une brève histoire croisée de l'impérialisme et des anti-impérialismes.
Peut-on parler d'un "empire américain" ? La France et la Grande-Bretagne doivent-elles se repentir de leur passé colonial ? Les Palestiniens des territoires occupés vivent-ils sous le joug d'un "néo-colonialisme" ? La question impériale ne cesse de travailler la conscience politique occidentale. Mais elle reste l'une des moins bien comprises de l'historiographie moderne. Ses formulations théoriques les plus abouties sont venues des adversaires de l'impérialisme. Or leurs critiques ont souvent manqué leur cible. Une étrange histoire parallèle des puissances impériales et de leurs dénonciations depuis le XIXe siècle montre une constante inadéquation entre les faits et les idées. Explorant ce long héritage de conquêtes et de dominations, de contestations et d'indépendances, Henry Laurens entreprend d'élucider cette histoire double - celle de l'empire et celle de ses ennemis - qui a largement façonné le monde dans lequel nous vivons.
• NKRUMAH Kwame, Le néo-colonialisme - Dernier stade de l'impérialisme, [1965], Présence africaine, 2009 [Archive Internet des Marxistes].
«L'essence du néo-colonialisme, c'est que l'État qui y est assujetti est théoriquement indépendant, possède tous les insignes de la souveraineté sur le plan international. Mais en réalité, son économie, et par conséquent sa politique, sont manipulées de l'extérieur.»
Dans cet ouvrage important, Kwame Nkrumah analyse les rouages du capitalisme monopolistique international en Afrique et démontre que le néo-colonialisme, insidieux et complexe, est encore plus dangereux que le vieux système colonial.
• MAUREL Chloé, Géopolitique des impérialismes - Constats et enjeux, Studyrama, 2009 [IRICE].
Qu'est-ce que l'impérialisme ? Comment a-t-il évolué au cours du temps ? Qui sont les grands penseurs du concept d'impérialisme et quelles sont leurs analyses ? Comment se manifestent les impérialismes dans le monde aujourd'hui ? Quels en sont les acteurs essentiels et comment agissent-ils ?
Clair et documenté, cet ouvrage apporte une mise au point rigoureuse sur ce phénomène essentiel qui suscite souvent des controverses enflammées. Par sa perspective historique et les nombreux exemples concrets et actuels qu'il analyse, il permet de mieux comprendre les grands enjeux politiques, géopolitiques, économiques, sociaux et culturels du monde actuel.
• MAZOMER Mark, No Enchanted Palace - The End of Empire and the Ideological Origins of the United Nations, Princeton University Press, 2009 [La vie des idées].
Et si l'ONU n'avait jamais été conçue pour défendre le droit des peuples et les minorités ? C'est la thèse, délibérément provocatrice, que soutient l'historien Mark Mazower dans son dernier livre, No Enchanted Palace. Une relecture stimulante et désenchantée des origines intellectuelles et politiques des Nations Unies.
Dossier documentaire & Bibliographie Économie politique, Monde en Question.
Dossier documentaire & Bibliographie Géo-Histoire globale, Monde en Question.

14 mars 2010

Hommage à Jean FERRAT

Ah ils nous en ont fait avaler des couleuvres
De Prague à Budapest de Sofia à Moscou
Les staliniens zélés qui mettaient tout en œuvre
Pour vous faire signer les aveux les plus fous
Vous aviez combattu partout la bête immonde
Des brigades d'Espagne à celles des maquis
Votre jeunesse était l'histoire de ce monde
Vous aviez nom Kostov ou London ou Slansky

Au nom de l'idéal qui nous faisait combattre
Et qui nous pousse encore à nous battre aujourd'hui

Ah ils nous en ont fait applaudir des injures
Des complots déjoués des dénonciations
Des traîtres démasqués des procès sans bavures
Des bagnes mérités des justes pendaisons
Ah comme on y a cru aux déviationnistes
Aux savants décadents aux écrivains espions
Aux sionistes bourgeois aux renégats titistes
Aux calmniateurs de la révolution

Au nom de l'idéal qui nous faisait combattre
Et qui nous pousse encore à nous battre aujourd'hui

Ah ils nous en ont fait approuver des massacres
Que certains continuent d'appeler des erreurs
Une erreur c'est facile comme un et deux font quatre
Pour barrer d'un seul trait des années de terreur
Ce socialisme était une caricature
Si les temps on changé des ombres sont restées
J'en garde au fond du coeur la sombre meurtrissure
Dans ma bouche à jamais le soif de vérité

Au nom de l'idéal qui nous faisait combattre
Et qui nous pousse encore à nous battre aujourd'hui

Mais quand j'entends parler de « bilan » positif
Je ne peux m'empêcher de penser à quel prix
Et ces millions de morts qui forment le passif
C'est à eux qu'il faudrait demander leur avis
N'exigez pas de moi une âme de comptable
Pour chanter au présent ce siècle tragédie
Les acquis proposés comme dessous de table
Les cadavres passés en pertes et profits

Au nom de l'idéal qui nous faisait combattre
Et qui nous pousse encore à nous battre aujourd'hui

C'est un autre avenir qu'il faut qu'on réinvente
Sans idole ou modèle pas à pas humblement
Sans vérité tracée sans lendemains qui chantent
Un bonheur inventé définitivement
Un avenir naissant d'un peu moins de souffrance
Avec nos yeux ouverts et grands sur le réel
Un avenir conduit par notre vigilance
Envers tous les pouvoirs de la terre et du ciel

Au nom de l'idéal qui nous faisait combattre
Et qui nous pousse encore à nous battre aujourd'hui.
Cette chanson répondit, en 1980, au «bilan globalement positif» de l'URSS défendu par Georges Marchais, secrétaire général du PCF.
Que dire ? C'est triste, bien sûr, mais tous les morts étant des braves types, faut-il pour autant entonner les canons de la renommée ? On entend, depuis trois heures sur les radios francophones, en méconnaissance totale des prédécesseurs, «le grand parmi les grands», «le monstre sacré», «un des derniers géants» qui s'en est allé. C'est trop.

Nicolas Sarkozy, avec son élégance lexicale, a parlé de l'«intransigeance» face aux standards commerciaux. Pour une fois, on sera d'accord avec lui, même si l'art de la récupération n'a pas de limites en un week-end électoral. Pour le président français, c'est sans aucun doute un euphémisme pour parler de l'engagement communiste cher à cet emphatique de la langue et de la voix, aux idées souvent carrées.

Le Temps
Lire aussi : Jean Ferrat est mort, Le Temps

Commentaires : Cet hommage contrasté vaut mille fois mieux que l'article de l'odieux anti-communiste Pierre Haski dans Rue89. Car, contrairement à ce que sous-entend sournoisement le titre «le PCF perd sa plus belle voix», Jean Ferrat n'a jamais appartenu au PCF.
Écouter aussi :
• 15/03/2010, Hommage à Jean Ferrat, Là-bas si j'y suis.
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Lire aussi :
• 21/03/2010, Hommage : Jean Ferrat chante « À la une », Acrimed.
• 15/03/2010, Jean Ferrat, contre l’« industrie culturelle », Le Monde diplomatique.
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