12 août 2009

Bulletin SIPAZ

Mexique : Grippe et autres maux

Au cours des derniers mois, quand le Mexique ne faisait pas la Une des journaux du monde entier du fait de la situation de violence liée à la délinquance organisée, il y apparaissait en référence à l'épidémie de grippe AH1N1 : c'est en effet le pays qui a donné l'alerte quant à l'existence de ce nouveau virus, et celui qui a présenté le plus grand nombre de cas de contagions dans un premier temps. Une fois dépassée l'étape d'urgence sanitaire, et bien que la maladie continue à se propager jusqu'à ce jour, elle a révélé trois situations non moins préoccupantes.

D'un côté, on évalue que l'impact économique de l'épidémie pourrait représenter pour le moins 1% du Produit Intérieur Brut (PIB). Au-delà des pertes occasionnées pour le secteur touristique (l'une des premières entrées de devises pour le pays), les restrictions imposées pour essayer de contenir l'avancée de l'épidémie ont achevé de miner une économie qui était d’ores et déjà dans une situation presque aussi critique que lors de la crise de 1995. Ce contexte économique pourrait encore s’aggraver du fait de la réduction de la migration en direction des États-Unis, un phénomène qui avait jusqu’alors joué un rôle de “soupape” pour le Mexique. Cette réduction est bien plus due à la diminution des options d’emploi dans ce pays également affecté par la crise économique mondiale qu’aux mesures de contrôle que les États-Unis ont cherché à mettre en place. La couverture médiatique accordée à la guerre contre le trafic de drogues ou à l’épidémie elle-même a trop souvent tu le fait que près de 40% de la population mexicaine vit en situation de pauvreté. D’un autre coté, l’épidémie a révélé les risques liés au système actuel d’élevage industriel dominé par les grandes entreprises transnationales, ainsi que les problèmes structurels du système de santé mexicain.

Élections dans un contexte de perte de crédibilité des institutions

Le fait qu’autant de mexicains en soient venus à douter de l’existence du virus AH1N1 est très parlant. Dans une bonne mesure, cette incrédulité est due au manque de crédibilité des institutions aux yeux d’un grand nombre d’entre eux. En avril, le Ministère de l’Intérieur lui-même a publié les résultats de la « IVème Enquête Nationale portant sur la Culture Politique et les Pratiques Citoyennes » qui révèlent que seulement la moitié des mexicains considèrent qu’ils vivent dans un système démocratique et un pourcentage similaire pense que le gouvernement préfère imposer plutôt que consulter.

Cette distance entre la population et ses représentants se reflète à plusieurs niveaux, l’un d’entre eux étant la dimension électorale. Le 5 juillet ont eu lieu des élections pour nommer les représentants à plus de 1 500 postes publics. Le taux d’abstention a atteint 55,19% et le vote blanc a représenté 5,40% du total. Celui-ci avait fait l’objet d’un mouvement social significatif pendant la campagne.

Y compris en prenant en compte la faible participation réelle, les résultats de ces élections marquent un tournant par rapport à ceux de la dernière décennie : près de 12 ans après avoir perdu le contrôle de la Chambre des Députés, le Parti Révolutionnaire Institutionnel (PRI, le parti qui était resté au pouvoir pendant plus de 70 ans jusqu’en 2000) a été le grand gagnant de journée. Sur un total de 500 sièges de députés, il en a obtenu 237. Ce même 5 juillet, il a aussi emporté 5 des 6 postes de gouverneurs qui étaient également en jeu.

Le Parti Action Nationale (PAN, actuellement au pouvoir) a obtenu seulement 9 549 000 votes lors des législatives, ce que certains considèrent comme conséquence d’un vote sanction à l’encontre du gouvernement de Felipe Calderón. Il faut rappeler qu’au milieu des signalements pour fraude, le PAN avait officiellement gagné la présidence en 2006 avec environ 14 millions de voix. Il passera de 206 à 143 députés. Les partis de gauche perdront aussi de nombreux sièges au Congrès, leurs résultats ayant probablement été affectés par leurs divisions et conflits internes : au lieu de 126, ils n’occuperont plus que 90 sièges (71 pour le Parti de la Révolution Démocratique, PRD ; 13 pour le Parti du Travail y 6 pour Convergence).

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