La Maison Blanche a déclaré lundi que la stratégie de Barack Obama en Afghanistan était "gagnante".
"La stratégie du président n'a pas encore été totalement mise en oeuvre. Mais nous croyons réellement qu'avec notre statégie, avec les moyens que nous déployons sur le terrain, nous allons être capables d'atteindre les objectifs que nous essayons d'atteindre".
Cette déclaration contraste avec les propos du général Stanley McChrystal, commandant des forces américaines et de l'OTAN en Afghanistan.
Ce dernier, qui doit présenter prochainement un rapport d'évaluation sur le conflit, a déclaré dans un entretien au site internet du Wall Street Journal que la résurgence de la guérilla islamiste imposait un changement de tactique aux forces étrangères.
Romandie News
Dans une interview au Wall Street Journal, le général Stanley McChrystal, commandant des forces américaines en Afghanistan, estime que les talibans ont pris le dessus sur les troupes de la coalition. Selon lui, cela devrait forcer les États-Unis à modifier leur stratégie sur le terrain, en déployant notamment plus de troupes à Kandahar.
Courrier international
La manchette du Wall Street Journal, lundi 10 août, ne laissait pas place au doute : "Les Talibans sont en train de gagner." Elle résumait fidèlement les propos que le général Stanley McChrystal, commandant en chef des forces de l'OTAN en Afghanistan, avait tenus dans son quartier général-bunker de Kaboul aux journalistes du quotidien américain.
Le Monde
La stratégie de Barack Obama d'intensifier la guerre en Afghanistan est très proche de celle de l'armée française en Algérie :
L’objectif consiste à se concentrer d’abord sur la population afghane et ses besoins, et ensuite seulement à chasser les talibans.
« On tente de séparer les talibans de la population ordinaire, et ça provoque des combats avec les insurgés. On veut les repousser dans des zones moins peuplées, ce qui permettra ensuite de lancer des projets de développement et de reconstruction dans les villages. »
Maintenant, lors d’une opération militaire, les soldats restent sur place après les combats et la déroute des talibans. L’armée tente alors de créer une bulle de protection autour du village pour que les projets de développement et de reconstruction voient le jour. Auparavant, les forces se retiraient après l’opération militaire, faute de soldats en nombre suffisant pour rester sur place. Les militaires devaient aller chasser les insurgés dans un autre village.
Armees
La stratégie de Barack Obama d'étendre la guerre au Pakistan n'est pas avouée publiquement, mais se déroule implacablement sur le terrain :
Une nouvelle attaque de drone américain sur les zones tribales du nord-ouest du Pakistan a tué mardi au moins 10 rebelles, selon des responsables locaux [...] Le drone a tiré plusieurs missiles sur un camp d'entraînement rebelle présumé dans le village montagneux et reculé de Kanniguram, selon plusieurs responsables pakistanais de sécurité.
AFP-Google
Les États-Unis multiplient les frappes sur le Pakistan. Plusieurs missiles tirés à partir d’un drone auraient fait ainsi dix nouvelles victimes hier, présentées comme des combattants talibans pakistanais. Une allégation bien difficile à confirmer alors que plusieurs autres attaques du même type se sont soldées par la mort de civils.
l'Humanité
La stratégie de Barack Obama d'intensifier la guerre en Afghanistan et de l'étendre au Pakistan est présentée par les médias dominants comme légitime puisqu'elle viserait à chasser les Talibans (des terroristes islamistes), à reconstruire le pays (détruit par qui ?) et à imposer par les armes un "gouvernement démocratique" (comme dans les colonies africaines).
Le lecture religieuse des conflits en Afghanistan, pratiquée en Occident, est d'autant plus absurde que la population est à 99% musulmane - sunnites (81%) et chiites (19% les Hazaras). On a diabolisé les Talibans pour justifier la guerre, en omettant de dire que tous les combattants afghans contre l'occupation russe étaient des moudjahidines - des combattants du jihâd - et que les Talibans ont pris le pouvoir en 1996 grâce aux divisions entre les principaux "chefs islamistes" : Gulbuddin Hekmatyar (Pachtoune), Ahmad Shah Massoud (Tadjik) et Rachid Dostum (Ouzbek).
Depuis 2001, l'Empire américain ne parvient pas à atteindre les objectifs publiquement affichés. L'occupation militaire et les bombardements de la population civile ont détruit l'économie du pays et ont imposé un gouvernement corrompu par le trafic de la drogue (le frère du président Karzai et le frère du commandant Massoud sont largement impliqués) et ne contrôlant que la capitale.
On oublie que l'Afghanistan a été au cœur d'un échiquier géostratégique entre la sphère d'influence britannique (l'Empire des Indes) et la sphère d'influence russe (l'Iran). C'est pour avoir cherché à assurer son indépendance, à l'origine par les jeux diplomatiques, que le pays s'est ainsi retrouvé à trois reprises en guerre contre le Royaume-Uni (1839-1842, 1878-1880 et 1919). En 1893, l'Empire britannique a fixé autoritairement la frontière (la ligne Durand) entre son Empire des Indes et l'Afghanistan, séparant ainsi l'ethnie pachtoune en deux.
L'imbrication des deux pays [Afghanistan et Pakistan] est donc évidente. Elle l'est encore plus si on prend en compte un élément largement oublié et occulté par le côté islamiste du mouvement taliban : son unité ethnique. Les Talibans sont des Pachtounes et leur objectif n'est peut-être pas de prendre le pouvoir à Islamabad, mais de réunir dans un État taliban les Pachtouns des deux pays séparés par la colonisation britannique. Car dans des frontières artificielles, une fois de plus, se trouve l'origine d'un mouvement qui n'est pas, loin s'en faut, que religieux.
[...]
Le conflit d'aujourd'hui est donc en fait un conflit frontalier issu de la colonisation puis de la décolonisation et transformé par le contexte actuel de l'islamisme taliban.
C'est la ligne Durand qui coupe les territoires pachtounes entre l'Afghanistan et le Pakistan depuis 1893 qui est à la base d'un conflit majeur entre les deux pays. En effet, les territoires pachtounes sont divisés alors par un officier britannique en 1893 pour 100 ans entre l'Afghanistan et le Pakistan qui était une colonie de sa très gracieuse majesté britannique, impératrice des Indes. Mais le Pakistan indépendant n'a jamais accepté le retour de « ses » Pachtounes à l'Afghanistan même pas à la date technique de rétrocession, soit 1993. Ces Pachtouns pakistanais peuplent des zones où depuis toujours l'État pakistanais n'exerce qu'un contrôle distant, laissant aux autorités coutumières un grand pouvoir. C'est dans ces territoires que se sont naturellement consolidés à partir de 2003 divers groupes talibans pakistanais dont l'emprise s'étend donc aujourd'hui à la Province de la Frontière du Nord-Ouest (NWFP) voisine, où se trouvent Swat et Buner. C'est dans ces mêmes zones tribales qu'auparavant, à l'automne 2001, s'étaient réfugiés les Talibans afghans chassés du pouvoir par l'offensive américaine postérieure aux attentats du 11 septembre.
Le Reporter
Alors que le commandement américain s'enlise en Afghanistan, les tentatives de dialogue avec certains Talibans, qualifiés de "modérés" (qui sont-ils ?), s'avèrent une propagande illusoire :
Karzai ne semble pas être l’homme des négociations si on rappelle que, pour sa réélection, le président afghan a choisi comme potentiels vice-présidents, deux anciens chefs de guerre ayant combattu les talibans dans les années 1990, Mohammad Qasim Fahim et Karim Khalili. Il est également allié au chef de guerre ouzbek Abdul Rashid Dostom, accusé d’avoir tué des milliers de combattants talibans, y compris en massacrant ceux qui s’étaient rendus après l’invasion américaine de la fin de 2001. De plus, qu’est-ce qui pousserait aujourd’hui les talibans à négocier ? Sont-ils en position de faiblesse ? C’est loin d’être le cas puisque ces derniers continuent à opérer normalement depuis le Pakistan. Ils s’en tiendront donc à leur première requête, défendue depuis 2001 : pas de négociation sans départ préalable des quelque 100 000 soldats étrangers déployés dans le pays pour soutenir le gouvernement. «Nous ne parlerons jamais au gouvernement de marionnettes de Karzai», a déclaré l’un des porte-parole des talibans, Yousuf Ahmadi, cité par l’AFP.
La Tribune Online
Quand Le Monde dit «Les forces étrangères mènent depuis plusieurs mois de nombreuses opérations dans la province afin de chasser les talibans de leurs bastions et de permettre aux habitants de voter.», cela revient justifier la guerre contre les Pachtounes des deux côtés de la frontière tracée par l'Empire britannique... en 1893.
Serge LEFORT
13/08/2009
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