14 août 2009

Tyrannie de la transparence

Sacha Guitry, accusé de misogynie, s'est habilement défendu par cette célèbre phrase «Je suis contre les femmes... tout contre». Les chasseurs de burqa avoueront-ils un jour la raison libidino-scopique de dévoiler les musulmanes ?




En 1998, pour sa collection Between, Hussein Chalayan habilla ses mannequins nues de burqas.

Serge LEFORT
14/08/2009

Lire aussi : PETITAT André, Tyrannie de la transparence et transformations des frontières privé-public, Revue des sciences sociales n°28, 2001.
L'étude des frontières multiples et mouvantes entre le privé et le public nous rappelle que la société n'est pas une machine mais un art de l'autonomie et de la dépendance entre des acteurs individuels et collectifs enchâssés les uns dans les autres, du sujet dans sa famille, en passant par les différents niveaux d'appartenance, professionnelle, religieuse, culturelle, etc. jusqu'aux institutions publiques. L'État moderne a introduit historiquement une rupture en éliminant peu à peu les corps intermédiaires, jusqu'à se substituer à certains rôles de la famille elle-même. C'est alors dans le face à face direct entre les grandes institutions et l'individu que surgit la peur de la transparence. L'acteur résiste pourtant au système, à sa façon, souvent surprenante. Reléguée dans les cercles premiers du privé, la famille, cocon affectif du sujet, demeure l'ultime protection contre les intrusions du public. A contrario, dès lors que la famille n'abrite plus qu'une part restreinte des possibles étendus de l'expérience humaine, la subjectivité privée investit massivement la scène publique en s'y exprimant. Le sujet, menacé dans le privé, ne s'est jamais autant imposé en public.

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