5 juin 2009

Crise USA-Israël

Alain Gresh résume les événements qui vont marquer la première quinzaine du mois de juin au Proche-Orient sans faire aucune analyse des changements en cours car ils bouleversent ses convictions d'une solution à deux États, utopique après la dernière guerre israélienne à Gaza.
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Dedefensa réalise des analyses qui tranchent avec l'aveuglement des médias dominants, spécialement des médias français. Leur haine des musulmans, fût-ils perses (Iran), et leur solidarité inconditionnelle avec le gouvernement israélien ne leurs permettent pas de voir les changements en cours.
[...] la crainte panique des stratèges US devant les risques de prolifération nucléaire vers des groupes terroristes nécessite de toute urgence un arrangement avec les pays de la zone critique ("l'arc de crise" du Moyen-Orient et du sous-continent indien) disposant ou devant disposer de l'arme nucléaire. L'Iran est l'un de ces pays. De ce point de vue, tout le reste est subordonné à cette recherche d'un accord, ce qui est évidemment une démarche inverse de l'approche israélienne qui recherche la destruction du potentiel iranien. Les USA semblent avoir conclu que la situation au Moyen-Orient doit être stabilisée par un arrangement et non plus par des pressions de menace d'usage de la force. Cela implique effectivement un arrangement avec l'Iran, une intégration de l'Iran dans un nouvel équilibre dans la région, éventuellement avec l'idée d'une zone dénucléarisée impliquant la "mise au pas" d'Israël dans ce domaine fondamental. Tout cela se fait au détriment des "relations spéciales" avec Israël, qui deviennent secondaires et doivent se soumettre à la logique de la première démarche. Le problème palestinien doit alors être réglé, moins pour lui-même que pour permettre ce réarrangement général, et les intérêts d'Israël deviennent eux-mêmes secondaires.
Dedefensa

Chaque jour qui passe confirme le durcissement spectaculaire dans sa substance de la politique US. Comme on pu le lire, Arnaud de Borchgrave juge que c'est la plus grave crise entre les USA et Israël depuis 1956 (Suez). Disons-le autrement et plus justement, c'est la plus grave crise tout court entre les USA et Israël, parce que cette gravité existe aujourd'hui alors que les liens USA-Israël étaient, il y a quelques mois encore, resserrés comme ils n'avaient jamais été auparavant, et surtout pas en 1956, lorsque les liens USA-Israël n'avaient absolument aucun rapport avec ceux de la période GW Bush. (Tout a basculé, dans la connivence USA-Israël, à partir de 1967, avec accélération irrésistible à partir du début des années 1980, lorsque le Pentagone est devenu le principal inspirateur de la politique militarisée d'Israël.)

[...]

Ce "regard gaulliste" tient dans le fait d'élargir le problème d'Israël à tous les composants de la sécurité de la région, au lieu de s'en tenir à la seule sécurité d'Israël, dont la présentation est faite selon des facteurs répartis en général et à parts à peu près égales entre des dissimulations, des obsessions, des actions terroristes de relations publiques et de lobbying, et ce qu'il y a d'arrangeant dans la réalité pour la cause présentée. "Regard gaulliste", ou disons plutôt, pour être plus précis, "possibilité d'un regard gaulliste", – et la restriction montre bien que, pour autant, rien n'est dit, et surtout pas la messe.

Un premier point essentiel est le climat nouveau installé autour du problème israélo-palestinien qui tient à cette question de linkage entre ce problème israélo-palestinien réduit aux chicaneries dont les Israéliens sont experts des implantations, et la question iranienne. [...]

La question de la divergence des "intérêts stratégiques" entre USA et Israël implique que l'administration Obama n'accepte plus la division dramatique et habile que les Israéliens ont toujours fait. D'une part, la question israélo-palestinienne, avec les chicaneries sans fin des implantations, qui est un marais où se perd l'énorme importance de la situation générale du Moyen-Orient avec la question nucléaire iranienne, où Israël peut arguer sans fin et embrouiller le cas dans les arcanes de discussions byzantines, d'où il sortira toujours vainqueur face aux Palestiniens, grâce à la puissance de sa pression et de sa politique brutale. D'autre part la question de l'Iran nucléaire isolée de son contexte, où Israël peut arguer dramatiquement de la "menace existentielle" contre lui, où le sentiment exacerbé et entretenu dans son exacerbation comme l'on sait, écarte la fermeté de la raison. En liant les deux (linkage), on éclaire l'aspect irresponsable et partisan de la politique israélo-palestinienne des implantations et on relative l'argument iranien, aussi bien le soi disant destin tragique d'Israël ("menace existentielle") que les véritables intentions iraniennes qui sont dégagées des incantations extrémistes. En d'autres mots, on élargit la question de la sécurité d'Israël à la question de la sécurité collective de la région, où est naturellement incluse la question de la sécurité d'Israël.

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C'est le point décisif, concernant la détermination d'Obama, qui, pour l'instant, semble chaque jour se confirmer. Obama tiendra-t-il dans sa campagne publique vis-à-vis d'Israël? A partir d'un certain point dans le cas d'une réponse positive, lorsque tout aura été mis publiquement sur la table des intentions de BHO, si ces intentions sont bien ce qu'on en a dit ci-dessus, on se trouvera au point de non-retour. Les masques tomberont. Chacun sera ce qu'il est, dans la vraie position qui est la sienne. Alors, la solution sera là, et la paix enfin atteinte? Pas du tout, car il y a bien autre chose que l'enjeu de la situation au Moyen-Orient. Le véritable affrontement commencera, notamment avec l'exposition publique des véritables liens d'influence d'Israël aux USA, qui constituent une scandaleuse situation d'influence empiétant sur la souveraineté en matière de sécurité nationale de la première puissance du monde; avec, à l'inverse, l'exposition des liens d'influence du Pentagone et du complexe militaro-industriel sur la direction israélienne. Seront mis en évidence le caractère de gouvernement militariste qui mène Israël et l'action déstabilisante et militariste des milieux du CMI américaniste qui inspirent et soutiennent cette direction israélienne. C'est là l'épreuve suprême et on jugera BHO sur le fond du fond.

Alors, la question pour conclure est finalement assez simple: est-ce dans cette politique israélo-iranienne des USA avec toutes les implications qu'on a dites que va se manifester ce que certains attendent de révolutionnaire chez BHO, cette hypothèse de l'"American Gorbatchev"? Comme disait, entre autres analystes, Depardieu dialogué par Labro, "c'est une putain de bonne question". On ne peut, pour l'instant, rien dire de plus, sinon éventuellement n'en penser pas moins, – et constater qu'on en a déjà dit pas mal pour quatre mois de présidence.
Dedefensa

Dernière remarque sur les changements en cours : alors que les États-Unis s'éloignent d'Israël, la Russie s'en rapprochent...
La Russie et Israël ont des chances uniques de se rapprocher politiquement et économiquement, a estimé mercredi le président du Comité pour les Affaires internationales du Conseil de la Fédération (chambre haute du parlement russe) Mikhaïl Marguelov.

"Nos positions sur les problèmes clés régionaux et mondiaux sont très proches, ce qui nous incite à rendre stratégique notre coopération bilatérale, en lui conférant un nouveau format", a déclaré le sénateur devant les journalistes à l'issue d'un entretien à Moscou avec le vice-premier ministre et ministre israélien des Affaires étrangères Avigdor Lieberman.

Le parlementaire russe a exhorté les deux pays à promouvoir de nouveaux schémas de coopération dans toutes les sphères, d'autant que les "points douloureux" deviennent de plus en plus nombreux dans le monde, qu'il s'agisse des Territoires palestiniens, de la Corée du Nord, de l'Iran, du Soudan ou d'autres régions.
RIA Novosti

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