30 novembre 2008

Le terrorisme, une arme de propagande (4)



Bombay : clés du massacre

Les attaques terroristes, perpétrées il ya deux jours à Bombay et attribuées par le gouvernement indien à des militants du Pakistan, sont sans aucun doute un acte barbare qui a causé plus d'une centaine de morts et plus de 300 blessés parmi les civils innocents et qui, quelle que soit la cause politique, religieuse ou nationale des agresseurs, a suscité une condamnation justifiée dans le monde entier.

Au-delà de la condamnation, il est cependant nécessaire d'analyser les contextes dans lesquels l'attaque sanglante a eu lieu. Il est nécessaire de rappeler que les sources d'activité terroriste en Inde se situent principalement dans les conflits ethniques, religieux et territoriaux hérités du colonialisme anglais [1] à la frontière indo-pakistanaise : le Cachemire, peuplé principalement de musulmans, et le Pendjab, où l'ethnie Sikh est majoritaire, est artificiellement divisé entre les deux pays.

Cet héritage n'a pas seulement conduit à quatre guerres désastreuses entre l'Inde et le Pakistan et une dangereuse course aux armements - les deux pays ont développé des armes atomiques -, il a également été la toile de fond de l'assassinat du Mahatma Gandhi et Indira Gandhi, et a provoqué une violence acharnée et cyclique dans le pays. Le précédent le plus proche est celui de Juillet 2006, lorsque les trains de banlieue à Bombay même ont été attaqués avec des bombes, ce qui a fait environ 190 morts.

D'un autre point de vue, il est significatif que le massacre perpétré à Bombay se produise sept ans après que le gouvernement des États-Unis ait appelé à la «guerre contre le terrorisme international», engagement qui signe plutôt le pillage néo-colonial et qui, en termes de de sécurité, ne s'est traduit par aucun résultat significatif.

Certes, les groupes qui ont recours au terrorisme en Inde ne sont pas nécessairement liées aux secteurs du fondamentalisme islamique qui ont organisé les attentats du 11 septembre 2001 à New York et Washington, mais il est vraiment paradoxal que une opération terroriste à grande échelle secoue le monde juste dans les derniers jours de la présidence de George W. Bush, qui s'est posé comme le grand croisé contre le terrorisme dans le monde, qui a ordonné l'invasion, la dévastation et l'occupation des deux pays - l'Afghanistan et l'Irak -, qui a piétiné les droits de l'homme aux États-Unis et à l'étranger, qui a construit des centres de tortures et des réseaux de séquestration, et a encouragé, par conséquent, une grave régression des avancées la civilisation dans le monde.

Pour ces raisons, le phénomène qu'on prétend combattre est encore en vie en Irak, en Afghanistan, en Inde et au sein de beaucoup d'autres nations - avec ou sans les troupes d'invasion américaines - et il est clair qu'on ne pourra pas y mettre fin avec des bombardements [2].

Editorial
28/11/2008
Publié par La Jornada.
Traduction Serge LEFORT pour Monde en Question.



[1] Le colonialisme anglais divisa pour régner en soutenant la Muslim League de Muhammad Ali Jinnah contre l'India National Congress de Jawarhartal Nehru dès 1906 et en partitionnant le pays en 1947. La partition entraîna de gigantesques déplacements, plus ou moins forcé, de population : 7 millions de musulmans vers le Pakistan et 10 millions d'hindous vers l'Inde sur fond de violences et de massacres qui ont fait plus de 500 000 morts.
Source : BIARNÈS Pierre, Pour l'empire du monde - Les Américains aux frontières de la Russie et de la Chine, Ellipses, 2003 in Dossier Géopolitique.
[2] C'est pourtant ce que va faire Barack Obama qui veut gagner la guerre à tout prix, en bombardant l'Afghanistan et le Pakistan et en massacrant comme de vulgaires terroristes la population civile.

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