Le Mexique célèbre le même jour le bicentenaire de l'Indépendance et le centenaire de la Révolution. Les célébrations hollywoodiennes de ces deux événements et le pont exceptionnel de quatre jours, dont bénéficie les fonctionnaires, masquent les enjeux historiques [1].
La Jornada (centre gauche) fait sa Une sur les mesures de sécurité dans la capitale. Signe des temps où les questions sociales, au Mexique comme en France, sont occultées au profit de l'instrumentalisation des questions sécuritaires.
L'éditorial de La Jornada [2] revendique une souveraineté nationale que "le modèle néolibéral dicté par Washington" aurait balayé. Or ce n'est pas Felipe Calderón (PAN) qui a introduit le néolibéralisme au Mexique, mais Miguel de la Madrid (PRI) entre 1982 et 1988 - politique consolidée par Carlos Salinas entre 1988 et 1994 notamment par les accords de l'ALENA (Accord de libre-échange nord-américain).
De même en France, c'est le gouvernement Pierre Maurois, soutenu par le Parti socialiste et le Parti communiste, qui introduisit le néolibéralisme par le biais du "tournant de la rigueur".
Un article de La Jornada [3] rappelle opportunément que, 200 ans après l'Indépendance (contres les Espagnols) et 100 ans après la Révolution (sociale), les peuples autochtones restent "marginalisés, exclus, exploités et victimes du racisme". Or, Felipe Calderón n'est pas l'initiateur mais l'héritier d'une politique menée par "les pères fondateurs", semblable à celle menée aux États-Unis contre les Amérindiens, et l'hériter de 72 ans de gouvernement du parti unique (PRI) qui avait acheté la paix sociale par la corruption des élites syndicales et politiques.
De même en France, Nicolas Sarkozy poursuit ouvertement une politique contre les émigrés - Arabes hier et Roms aujourd'hui, qui fut celle de tous les gouvernements depuis 1830 (date de la conquête de l'Algérie). Il est symptomatique que Éric Besson, ancien directeur de campagne de Marie-Ségolène Royal, et Bernard Kouchner, ancien ministre socialiste (colonialisme humanitaire), soient les promoteurs - actif pour l'un et à l'insu de son plein gré pour l'autre - d'une politique initiée par l'Empire français.
Au Mexique, Felipe Calderón est fustigé par une gauche qui partage les mêmes valeurs, mais qui est en pleine déroute (perte de 7 789 277 voix entre 2006 et 2009).
De même en France, Nicolas Sarkozy est devenu le symbole de tous les maux alors qu'il ne fait qu'appliquer une politique partagée par une gauche qui n'offre pas d'alternative.
16/09/2010
Serge LEFORT
Citoyen du Monde
[1] La celebración, show de Disney e infomercial del gobierno: especialistas, La Jornada.
[2] Bicentenario: festejo fallido, La Jornada.
[3] ¿Qué tenemos que celebrar?, La Jornada.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire