Extraits de la Revue de presse :
• C’est finalement le 10 janvier 2013 que la
France est entrée en guerre au Mali. La communication du gouvernement
français, reprise sans questionnement par les principaux médias, tend
aujourd’hui à légitimer par tous les moyens et tous les arguments cette
nouvelle intervention militaire française sur le sol africain et son
rôle de « gendarme de l’Afrique ». Pour Survie, association qui dénonce
depuis longtemps l’ingérence et la domination de la France envers ses
anciennes colonies africaines, il est important de rappeler quelques
éléments de contexte et d’analyse critique sur cette intervention
française, sans minimiser l’ampleur de la crise que connait le Mali.
[...]
En conclusion, la crise malienne et cette nouvelle intervention militaire française en Afrique révèlent l’échec de 50 années de « coopération » avec l’Afrique : armées incapables de protéger leurs populations, chefs d’État médiateurs de crises eux-mêmes putschistes, accords de défense et bases militaires qui ont perpétué le rôle de gendarme de l’Afrique que la France s’est historiquement octroyé. On ne peut que constater l’incapacité des institutions africaines et multilatérales à organiser la moindre opération de sécurisation dans la région sans avoir recours au poids lourd français, qui a tout fait pour se rendre incontournable. Ces événements appellent une fois de plus à une remise en cause de l’ensemble du cadre des relations franco-africaines.
Survie
[...]
En conclusion, la crise malienne et cette nouvelle intervention militaire française en Afrique révèlent l’échec de 50 années de « coopération » avec l’Afrique : armées incapables de protéger leurs populations, chefs d’État médiateurs de crises eux-mêmes putschistes, accords de défense et bases militaires qui ont perpétué le rôle de gendarme de l’Afrique que la France s’est historiquement octroyé. On ne peut que constater l’incapacité des institutions africaines et multilatérales à organiser la moindre opération de sécurisation dans la région sans avoir recours au poids lourd français, qui a tout fait pour se rendre incontournable. Ces événements appellent une fois de plus à une remise en cause de l’ensemble du cadre des relations franco-africaines.
Survie
• The « war on terror » is a
self-perpetuating war precisely because it endlessly engenders its own
enemies and provides the fuel to ensure that the fire rages without end.
But the sloganeering propaganda used to justify this is so cheap and
easy – we must kill the Terrorists! – that it’s hard to see what
will finally cause this to end. The blinding fear – not just of
violence, but of Otherness – that has been successfully implanted in the
minds of many western citizens is such that this single, empty word
(Terrorists), standing alone, is sufficient to generate unquestioning
support for whatever their governments do in its name, no matter how secret or unaccompanied by evidence it may be.
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La « guerre contre le terrorisme » est une guerre qui se perpétue indéfiniment, précisément parce qu’elle engendre sans cesse ses propres ennemis et fournit le carburant pour que les incendies fassent rage sans fin. Malgré les slogans de la propagande utilisés pour justifier que ce n’est pas cher et facile – il faut tuer les terroristes ! – il est difficile de savoir ce qui va finalement provoquer la fin. La crainte aveugle – et pas seulement de la violence, mais de l’altérité – qui a été implanté avec succès dans les esprits de nombreux citoyens occidentaux est telle que ce seul mot vide (terroristes), à lui seul, suffit à générer un soutien inconditionnel à ce que font les gouvernements en leur nom, que ce soit en secret ou sans preuves.
Glenn GREENWALD, The Bombing of Mali Highlights all the Lessons of Western Intervention, The Guardian
• Aujourd’hui, la France qui prétendait tout d’abord n’intervenir que pour bloquer les groupes armés au Nord, a revu ses buts de guerre et continue une phase offensive de sa guerre au Mali. Divers motifs militaires et politiques à l’opération Serval rendent cette opération critiquable.
Conformément aux objectifs de l’association Survie, ce document se concentre sur le rôle de la France au Mali et aborde de façon moins approfondie le rôle des autres acteurs clé de la crise. Il ne s’agit pas de les dédouaner ou de faire porter à la France l’entière responsabilité de la crise au Mali. Il s’agit de décrypter le rôle qu’a joué la France dans la genèse de cette crise et le jeu diplomatique qu’elle a mené pour une intervention militaire dont elle est aujourd’hui la principale force, à la lumière des enjeux français dans la zone. Notre analyse nous conduit à de très vives inquiétudes concernant l’évolution de l’intervention militaire française au Nord du Mali et ses conséquences. Nous avons rassemblé ces points de contexte et inquiétudes à travers le développement d’arguments détaillés ci-dessous.
Depuis le mois de juillet 2012, la France a promu une intervention militaire au Nord du Mali contre les groupes armés se revendiquant d’un islam radical qui l’occupent actuellement, afin de recouvrer l’intégrité du territoire malien, de lutter contre le terrorisme et du fait de la situation humanitaire catastrophique pour les personnes sur place et pour celles qui ont fui la zone. Les autorités françaises ont assuré pendant des mois qu’elles n’assumeraient qu’un « soutien logistique » à l’intervention africaine qui serait mise en œuvre. Pour ce faire, la France a participé à la marginalisation du rôle des acteurs maliens et a joué de son influence auprès des instances régionales (comme la CEDEAO, utilisée comme un faire-valoir) et internationales, alors qu’un certain nombre d’États de la zone et d’autres puissances internationales étaient très mitigés sur une intervention.
Survie considère que l’intervention de la France est contestable et inquiétante, du fait de son histoire et de sa posture de domination vis-à-vis de ses anciennes colonies dont le Mali, de ses accointances avec les pires régimes de la région, des désastres liés à ses interventions militaires en Afrique qui ont toujours visé à soutenir des dictateurs ou ses propres intérêts contre la volonté des peuples, et de son incapacité manifeste à prendre en compte les risques d’une intervention pour les Maliens et la région.
En réalité, pour Survie, la guerre que conduit actuellement la France au Mali s’inscrit dans la droite ligne de la politique qu’elle mène en Afrique depuis cinquante ans – une ingérence diplomatique, économique et financière et un interventionnisme militaire au service d’intérêts français, pour laquelle les décisions sont prises, comme à son habitude, sans réel débat entre l’exécutif et le Parlement et encore moins avec la population de la France.
Dossier Survie
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La « guerre contre le terrorisme » est une guerre qui se perpétue indéfiniment, précisément parce qu’elle engendre sans cesse ses propres ennemis et fournit le carburant pour que les incendies fassent rage sans fin. Malgré les slogans de la propagande utilisés pour justifier que ce n’est pas cher et facile – il faut tuer les terroristes ! – il est difficile de savoir ce qui va finalement provoquer la fin. La crainte aveugle – et pas seulement de la violence, mais de l’altérité – qui a été implanté avec succès dans les esprits de nombreux citoyens occidentaux est telle que ce seul mot vide (terroristes), à lui seul, suffit à générer un soutien inconditionnel à ce que font les gouvernements en leur nom, que ce soit en secret ou sans preuves.
Glenn GREENWALD, The Bombing of Mali Highlights all the Lessons of Western Intervention, The Guardian
• Aujourd’hui, la France qui prétendait tout d’abord n’intervenir que pour bloquer les groupes armés au Nord, a revu ses buts de guerre et continue une phase offensive de sa guerre au Mali. Divers motifs militaires et politiques à l’opération Serval rendent cette opération critiquable.
Conformément aux objectifs de l’association Survie, ce document se concentre sur le rôle de la France au Mali et aborde de façon moins approfondie le rôle des autres acteurs clé de la crise. Il ne s’agit pas de les dédouaner ou de faire porter à la France l’entière responsabilité de la crise au Mali. Il s’agit de décrypter le rôle qu’a joué la France dans la genèse de cette crise et le jeu diplomatique qu’elle a mené pour une intervention militaire dont elle est aujourd’hui la principale force, à la lumière des enjeux français dans la zone. Notre analyse nous conduit à de très vives inquiétudes concernant l’évolution de l’intervention militaire française au Nord du Mali et ses conséquences. Nous avons rassemblé ces points de contexte et inquiétudes à travers le développement d’arguments détaillés ci-dessous.
Depuis le mois de juillet 2012, la France a promu une intervention militaire au Nord du Mali contre les groupes armés se revendiquant d’un islam radical qui l’occupent actuellement, afin de recouvrer l’intégrité du territoire malien, de lutter contre le terrorisme et du fait de la situation humanitaire catastrophique pour les personnes sur place et pour celles qui ont fui la zone. Les autorités françaises ont assuré pendant des mois qu’elles n’assumeraient qu’un « soutien logistique » à l’intervention africaine qui serait mise en œuvre. Pour ce faire, la France a participé à la marginalisation du rôle des acteurs maliens et a joué de son influence auprès des instances régionales (comme la CEDEAO, utilisée comme un faire-valoir) et internationales, alors qu’un certain nombre d’États de la zone et d’autres puissances internationales étaient très mitigés sur une intervention.
Survie considère que l’intervention de la France est contestable et inquiétante, du fait de son histoire et de sa posture de domination vis-à-vis de ses anciennes colonies dont le Mali, de ses accointances avec les pires régimes de la région, des désastres liés à ses interventions militaires en Afrique qui ont toujours visé à soutenir des dictateurs ou ses propres intérêts contre la volonté des peuples, et de son incapacité manifeste à prendre en compte les risques d’une intervention pour les Maliens et la région.
En réalité, pour Survie, la guerre que conduit actuellement la France au Mali s’inscrit dans la droite ligne de la politique qu’elle mène en Afrique depuis cinquante ans – une ingérence diplomatique, économique et financière et un interventionnisme militaire au service d’intérêts français, pour laquelle les décisions sont prises, comme à son habitude, sans réel débat entre l’exécutif et le Parlement et encore moins avec la population de la France.
Dossier Survie
Lire :
• Revue de presse Mali 2013, sélection d’articles (Français – Anglais – Espagnol), Monde en Question.
• Dossier documentaire Colonialisme, Monde en Question.
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