En 1940, le village de Katyń (Катынь en russe), situé près de Smolensk, fut le théâtre du massacre d’officiers et de plusieurs milliers de civils polonais par le NKVD (police politique de l’URSS). En 1990, Mikhaïl Gorbatchev reconnut la responsabilité de l’URSS.
Ces deux massacres sont le sujet respectivement du film Idi i smotri d’Elem Klimov (1984), adapté de la nouvelle d’Ales Adamovitch (Le récit de Khatyne) et Katyń d’Andrzej Wajda (2007), adapté du roman d’Andrzej Mularczyk (Post mortem – Le roman de Katyń).
Le film d’Elem Klimov est un chef-d’œuvre cinématographique, mais trop politiquement correct. Celui d’Andrzej Wajda est un très conventionnel et trop national-catholique. Katyń est aujourd’hui plus connu que Khatyn comme si la mémoire d’un massacre devait effacer un autre.
Idi i smotri – Requiem pour un massacre
La mise en scène relève d’un réalisme naturaliste qui décrit la guerre vécue par le jeune Florya et, en contrepoint, d’un réalisme poétique incarné par le personnage de Glasha. Deux scènes illustrent le style d’Elem Klimov.
•
Florya et Glasha errent dans la forêt quand explosent des bombes
larguées par des avions. L’image paraît banale tant nous sommes habitués
à voir ce type de scène dans les films hollywoodiens. La bande son,
construite à partir de cris d’animaux et d’effets électroniques, nous
fait vivre avec brio le trouble de Florya qui est littéralement sonné.
•
À la fin du film, Florya tire sur un portrait de Hitler tombé dans la
boue pendant que défilent des images d’archives en remontant le cours du
temps. La caméra s’arrête sur une photo d’Hitler encore enfant sur
laquelle Florya ne tire pas. "Parce qu’un enfant est si précieux qu’il
ne faut pas le tuer, même s’il s’agit d’Hitler", explique Elem Klimov.
Ambiguïté de cet arrêt sur image alors que tout le film fait le jeu de la doxa selon laquelle seul Hitler serait le seul responsable de la guerre. Si le régime tsariste sombra au cours de la première Guerre mondiale, la bureaucratie stalinienne se renforça après la Seconde en colonisant une partie de l’Europe. Les États-Unis accrurent leur puissance économique en colonisant l’autre partie, la plus riche, via le plan Marshall. La lutte contre la nazisme fut donc l’alibi d’un nouveau partage du monde.
Fiche : AlloCiné
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Critiques : DVD Classik
Katyń
Wajda est le cinéaste polonais officiel, avant comme après l’ère communiste. En 1972, il devint président de l’Union des cinéastes polonais et diriga l’ensemble X, organisme chargé de produire les films polonais. Il apparait donc comme un opportuniste qui s’est compromis avec avec le pouvoir qu’il a dénoncé après que le vent de l’Histoire ait tourné. Dans son livre publié en 1987 (Polskie, arcypolskie), Andrzej Werner, un critique littéraire et cinématographique respecté, accusait Wajda d’opportunisme idéologique, et de s’être prêté à un compromis esthétique et politique.
Fiche : AlloCiné
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Critiques : La Cinémathèque française
• Khatyn — Another hoax, The Journal of Historical Review, 1980.
• Katyn: A difficult road to the truth, RIA Novosti, 12/04/2010.
• 1 article sur Khatyn RIA Novosti.
• 208 articles sur Katyń RIA Novosti.
• Wajda par Wajda : une leçon de cinéma, Canal-U.
23/08/2013
Serge LEFORT
Citoyen du Monde
Lire aussi :
• Revue de presse Cinéma 2013, Monde en Question.
• Dossier documentaire Réalisme au cinéma, Monde en Question.
• Dossier documentaire Cinéma, Monde en Question.
• Veille informationnelle Cinéma, Monde en Question.
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