Élaborée juste après la première guerre mondiale, la Pédagogie Freinet nouait ensemble les tendances de l’Éducation nouvelle, l’ambition d’une Éducation populaire nourrie des idéologies du XIXe siècle et la volonté de changement social portée par la génération d’anciens combattants progressistes et pacifistes. Comment cette pédagogie peut-elle être encore d’actualité, près d’un siècle plus tard, malgré les mutations sociales et culturelles qu’a connu la période ? L’auteur montre comment Célestin Freinet, le fondateur charismatique de cette pédagogie, a aussi créé les bases d’un mouvement coopératif d’instituteurs, un “intellectuel collectif” qui, génération après génération, réélabore et met en œuvre la pensée et les pratiques de l’émancipation à l’école (coopération, expression libre, éducation du travail, tâtonnement expérimental, personnalisation des apprentissages…). Avec la même approche empruntant à la sociologie et à la sociologie historique, Henri Peyronie interroge un autre enjeu important – trop peu étudié – des pratiques éducatives, et ignoré de la culture dominante de l’évaluation : quels sont les effets sociaux et humains de cette pratique éducative alternative portée par le mouvement Freinet de l’École moderne ?
Henri PEYRONIE, Le mouvement Freinet : du fondateur charismatique à l’intellectuel collectif, Presses universitaires de Caen, 2013 [Texte en ligne].
L’originalité de ce travail est d’avoir voulu appréhender la pédagogie Freinet à partir des méthodes d’observation et d’investigation de l’anthropologie et plus particulièrement dans une de ses pratiques les plus significatives : le texte libre. Les outils théoriques mobilisés par l’auteur sont principalement ceux de la génétique textuelle, mais l’essentiel réside en ceci : adopter ce que les anthropologues appellent le « point de vue de l’indigène », soit qu’est-ce qui se passe quand un enfant écrit un texte, pourquoi tel texte, à quel moment, qu’en attend-il, comment le commence-t-il, le finit-il ? Au cours des différents chapitres, Pierre Clanché évoque aussi Tolstoï, Münch, précurseurs du texte libre, ou Wittgenstein et étudie des situations d’écriture qui vont de l’école primaire à la classe de seconde.
Pierre CLANCHÉ, Anthropologie de l’écriture et pédagogie Freinet, Presses universitaires de Caen, 2009 [Texte en ligne].
Lire aussi : Dossier documentaire Sciences sociales, Monde en Question.
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