Marie-Ségolène Royal, qui est de droite [1], expérimente ces jours-ci que la presse (qui ment) l'est aussi, mais qu'elle serait, finalement, d'un droite ouvertement sarkozyste, plutôt que timidement royaliste.
Et ça, manifestement, ça la fait chier d'abondance, Marie-Ségolène Royal.
Lapidée ces jours-ci par les mêmes journaleux serviles qui l'avaient habituée au contact apaisant de leur langues sucrées, Marie-Ségolène Royal, ulcérée soudain par leur versatilité moutonnière, découvre du coup la critique radicale des médias - et cela fait naturellement, pour lesdits, un nouveau sujet de papotage fat et grinçant.
Car les journalistes, il est temps de l'énoncer posément, sont bien souvent de tristes crétin(e)s.
Marie-Ségolène Royal, soudain, stigmatise, en substance, une-presse-constamment-occupée-à-lécher-le-postérieur-avantageux-de-Monsieur-Nicolas-Sarkozy, et le diagnostic n'est certes pas faux, mais pour autant, que je vous dise : Marie-Ségolène Royal me fait (décidément) rigoler - qui va bientôt faire semblant de se rendre compte aussi, au train où va son éveil aux réalités, que l'eau mouille, et que, en règle générale, après l'automne vient l'hiver.
Faudrait maintenant que tu cesses, on te l'a déjà plus d'une fois demandé, de nous prendre pour des buses oublieuses, camarade Marie-Ségolène, si je peux me permettre.
Parce qu'enfin, le rouleau compresseur médiatique dont Nicolas Sarkozy tient aujourd'hui les commandes est le même, exactement, qui a fait campagne, il y a deux ans, pour un "oui" franc, massif, et furieusement novateur à l'Europe des marchés, telle que voulue, notamment, par l'excellent monsieur Estaing.
A l'époque, cet effroyable ministère journalistique de la Propagande avait, que l'on sache, grandement ravi Marie-Ségolène Royal, qui, étant de droite, se trouvait, pour l'occasion, dans le même pack et le même élan que les ami(e)s politiques de Nicolas Sarkozy : et je n'ai pas le souvenir qu'on l'ait vue, à l'époque, agiter ses petits poings - ou qu'elle ait réclamé, pour ne citer que lui, le prompt bannissement de Jean-Pierre Elkabbach, qui, faisant campagne pour son camp, faisait campagne pour le sien.
Mêmes intérêts, même grossièreté : Marie-Ségolène Royal s'accommodait fort bien, alors, d'une entreprise politico-médiatique de décervelage qui forçait même l'admiration de retraités de feue la Pravda, et du défunt Politburo.
Plus récemment, je crois me rappeler que Marie-Ségolène Royal, une fois posé qu'elle aurait désormais son rond de serviette à TF1, ne s'est que fort peu manifestée, lorsque François Bayrou a dénoncé l'affolant privilège médiatique dont elle bénéficiait pour sa campagne présidentielle, à égalité (ou presque) avec Nicolas Sarkozy.
Vous l'avez entendue pester, Marie-Ségolène Royal, contre les cire-pompes à cartes de presse qui lui humectaient de salive, pas plus tard que le mois dernier encore, la petite-robe-noire-toute-simple ?
Ben non !
Pensez-vous !
Marie-Ségolène Royal se faisait facilement à la nulllité crasse de nos médias partisans, quand elle en était la principale bénéficiaire.
Elle s'arrangeait tout à fait bien du tombereau de conneries que déversait la presse (qui ment), sitôt qu'un sondage pronostiquait, mettons, l'écrasement royaliste de la vermine bolchevique - aka Laurent Fabius.
Etc.
Ne pas se laisser prendre, surtout, à ses nouvelles palinodies crypto-sergehalimiesques : Marie-Ségolène Royal découvre que sa presse domestique, si adorable quand elle ne dépeçait que les "petits" candidats, peut aussi la griffer - et ça la fait trépigner de rage.
Mais franchement, qui va la plaindre ?
Sébastien Fontenelle
3 Février 2007
Le Monde Citoyen
[1] Du moins était-ce l'avis, autorisé, de Pierre Bourdieu.
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