Introduction
La coopération d’Israël avec les régimes racistes et dictatoriaux d’Afrique et d’Amérique latine ne date pas d’hier. Il existe des documents dévoilant le rôle de ce pays comme agent des États-Unis, grâce auquel, en contournant les décisions de l’Organisation des Nations Unies et bien souvent sa propre législation, Washington approvisionne en armes les régimes antipopulaires, les aidant ainsi à réprimer leurs peuples.
La question de l’alliance entre la République d’Afrique du Sud et Israël a été examinée lors de la Conférence internationale de Vienne en juillet 1983, en conformité avec une résolution adoptée par l’Assemblée générale de l’O.N.U. Cette conférence, organisée par le Comité spécial des Nations Unies contre l’apartheid en collaboration avec l’Organisation de la solidarité des peuples afro-asiatiques l’Organisation de l’unité syndicale africaine et le Conseil Mondial de la Paix, a écouté de nombreux rapports contenant tous des faits irréfutables, prouvant cette alliance criminelle. Tous les orateurs ont souligné que si les grands pays occidentaux sont les principaux coupables du main- tien de l’apartheid en Afrique du Sud, il ne faut pas oublier la « responsabilité particulière » d’Israël qui, au mépris des nombreuses résolutions de l’O.N.U., développe sa coopération avec le régime raciste de R.A.S., particulièrement dans les domaines militaire et nucléaire, et entretient avec lui une alliance objective. Les participants à la conférence ont également vivement critiqué la coopération d’Israël avec les régimes dictatoriaux d’Amérique latine.
Comme on peut le constater, la politique expansionniste d’Israël au Proche-Orient est complétée par une vaste activité militariste au-delà des limites de cette région. Lors d’une allocution au Centre des études stratégiques à Tel-Aviv, Ariel Sharon, ministre israélien de la Défense à l’époque, a déclaré sans détours que « les intérêts d’Israël ne se limitent pas aux pays arabes du Proche- et du Moyen-Orient, des régions de la Méditerranée et de la mer Rouge ». « Pour assurer la sécurité dans les années 80, a-t-il dit, ils doivent s’étendre à la Turquie, à l’Iran et à l’Afrique, notamment aux pays d’Afrique du Nord et d’Afrique centrale. »
Quelle foi accorder, à la lumière de telles déclarations, à la propagande israélienne officielle qui veut faire croire qu’Israël est une « petite puissance » et que son rôle dans les affaires internationales est « injustement exagéré » ? Il est vrai que Tel-Aviv a longtemps masqué son activité impérialiste sur la scène internationale, en s’affublant l’étiquette de « petit Etat ». Mais l’agression perpétrée contre les Arabes en juin 1967, suivie de l’occupation des terres arabes, a montré que les sionistes israéliens sont les ennemis de la paix et du progrès. Le monde entier a frémis devant le sourire rapace de cet Etat effectivement « petit », mais d’une agressivité extrême et bénéficiant de l’aide illimitée et de la protection des États-Unis.
L’accord de coopération « stratégique » entre Israël et les États-Unis a montré que les propos d’Ariel Sharon ne reflètent qu’imparfaitement les appétits des sionistes israéliens. En réalité, les tâches que leur ont confiées les États-Unis sont bien plus vastes. Israël exécute les ordres de ses maîtres partout où ceux-ci orientent son activité, il agit en qualité de force de choc dans la lutte contre les mouvements de libération nationale, les forces de la paix, du progrès et du socialisme.
Depuis longtemps déjà, les sionistes au pouvoir en Israël cherchent aussi à se faire passer pour des champions de « la démocratie et de la paix ».
De ce point de vue également, l’agression d’Israël contre les Arabes a contraint le sionisme à jeter le masque. Les peuples du monde entier ont vu à l’évidence qu’une plate-forme idéologique commune unissait les sionistes coopérant étroitement avec les racistes sud-africains. L’Assemblée générale de l’O.N.U. a en effet défini le sionisme comme une forme de racisme et de discrimination raciale.
Le rôle d’Israël en Amérique latine en qualité d’allié des régimes dictatoriaux et de promoteur de la politique des États-Unis, qui cherchent à maintenir leurs positions dans cette partie du continent américain au détriment des intérêts de ses peuples devient lui aussi de plus en plus clair. Israël est l’exécutant de la politique américaine au Chili, au Nicaragua, au Salvador, partout en somme où les États-Unis soutiennent les forces qui tentent de noyer dans le sang les mouvements populaires anti- impérialistes.
Le rôle d’Israël comme agent des États-Unis s’est tellement accru ces dernières années, particulièrement sous l’administration Reagan, que ce pays, pourtant situé à une distance considérable du continent américain, est entré à l’Organisation des États Américains en qualité… d’observateur, alors que Cuba, pays latino-américain, en a été exclu depuis longtemps sur instruction de Washington. En aidant Washington à faire couler le sang des Latino-Américains au Salvador et sur les frontières du Nicaragua, Israël rembourse en quelque sorte le sang (les soldats américains tombés au Liban. En demandant à Tel-Aviv de fournir les régimes dictatoriaux latino-américains en armes payées avec les milliards de dollars attribués à ces fins, l’administration Reagan peut ainsi étendre son intervention en Amérique centrale sans se soucier de l’opinion et du Congrès américains, et pas seulement d’eux.
La position d’Israël qui prétend au rôle de pays « en voie de développement » proposant son expérience à d’autres peuples ne résiste pas, elle non plus, à la critique. L’existence même d’Israël n’est possible que par le soutien et l’aide illimités des États-Unis. Les pays africains ne peuvent que rêver aux moyens financiers octroyés par les États-Unis à Israi1. Le développement de l’industrie de guerre, la production des armes destinées à satisfaire les besoins militaristes des États-Unis dans les pays du Proche-Orient, d’Afrique et d’Amérique latine sont un poste primordial de l’économie israélienne.
La vente des armes et des services afférents rapporte à Tel-Aviv plus d’un milliard de dollars par an. Mais ce n’est pas seulement une affaire juteuse, c’est aussi une politique bien définie, concertée avec les États-Unis, ce dont on se convainc facilement en consultant la liste des clients. On trouve, en effet, parmi eux le Salvador, le Chili, le Paraguay, le Guatemala, le Honduras et la R.A.S. Soucieux de l’opinion publique, les protecteurs américains s’efforcent de dissimuler leur coopération militaire avec ces pays. C’est donc Israël qui est chargé de ce « sale travail ».
Cela étant, le volume et la destination des fournitures militaires dans les régions que vise tout particulièrement Washington sont également concertés. Les États-Unis condamnent verbalement te terrorisme d’Etat, mais cela ne les empêche nullement de le pratiquer dans les relations internationales, en s’immisçant dans les affaires d’États souverains ou en soutenant les dictatures les plus odieuses. Les exportations israéliennes d’équipements militaires jouent alors un rôle tout particulier.
Créée avec l’aide de l’Occident, la machine militariste de l’Etat sioniste est principalement destinée à servir l’application d’une politique agressive vis-à-vis des peuples arabes. Mais les armes portant le label « Made in Israël » ne sèment pas seulement la mort et la destruction au Proche-Orient. Les patriotes chiliens sont abattus avec des mitraillettes israéliennes Uzi, les insurgés salvadoriens sont bombardés par des avions israéliens, le soi de la Namibie est labouré par les chars israéliens des tueurs sud-africains. Partout où une lutte est menée coutre les forces du progrès et de la liberté, Tel-Aviv arme la réaction comme un serviteur zélé de l’impérialisme.
A l’occasion de pourparlers menés à Washington par David Kimche, directeur général du ministère israélien des Affaires étrangères, la question de la création d’un fonds commun pour le financement de "l’assistance technique » israélienne à l’Amérique centrale a été abordée. Mais la discussion a porté en réalité sur l’accroissement du rôle d’Israël dans les « guerres secrètes » menées par les États-Unis dans la région.
La discrète « carte israélienne » est commode pour les Américains. Washington l’a déjà utilisée dans le passé lorsque les États-Unis ont été contraints de suspendre leurs livraisons d’armes aux régimes fantoches. Ainsi, au Nicaragua, l’armée de Somoza avait reçu d’Israël, au cours des derniers mois de la dictature, 100% de ses approvisionnements en armes et en munitions. Tel-Aviv a aussi fourni des armes d’infanterie à l’armée guatémaltèque et il livre du matériel militaire au Salvador. Au Honduras, ainsi que l’a écrit le journal israélien Haaretz, il constitue, avec les États-Unis, des stocks d’armes pour les « contras » nicaraguayens. Israël arme aussi l’organisation antisandiniste de Pastora qui opère à partir du Costa Rica.
Washington et Tel-Aviv sont satisfaits l’un de l’autre. Le premier se débarrasse du « sale travail » et la seconde tire un profit substantiel du commerce des armes. Et ce sont les peuples d’Amérique centrale qui font les frais de cette « division du travail ».
Dénonçant le caractère fallacieux des propagandes israélienne et sud-africaine, la Conférence internationale de Vienne a souligné la nécessité de diffuser une information véridique sur la véritable attitude de ces États et sur leur coopération. Elle a invité à « préparer, réaliser et publier » des ouvrages relatifs aux problèmes abordés clans cette brochure.
Conclusion
Le premier président des États-Unis, George Washington, avait prévenu que le plus grand danger qui puisse menacer l’Amérique est non pas extérieur mais intérieur. Ce danger est la « haine permanente » envers les autres peuples. Il est tout à fait justifié d’étendre ces propos du président américain aux plus proches amis des États-Unis de nos jours, Israël et la R.A.S., pays dans lesquels la haine des autres peuples est érigée en politique d’Etat. La coopération des U.S.A., d’Israël et de la R.A.S. constitue aujourd’hui un danger pour la paix et la sécurité et pas seulement au Proche-Orient et en Afrique. Etant donné que, partout dans le monde, les États-Unis mènent une politique de militarisme effréné, de terrorisme et d’exacerbation de la tension internationale, cette alliance dangereuse menace gravement la paix universelle. Et il est très important de souligner ici le danger que présentent aussi les tentatives d’Israël et de la R.A.S., qui appliquent une politique agressive à l’égard de leurs voisins, d’accession à l’armement nucléaire. C’est dans cette optique qu’il faut considérer la violation de la résolution du Conseil de sécurité de l’O.N.U. sur l’octroi de l’indépendance à la Namibie, pays dans les entrailles duquel le régime raciste de R.A.S. puise l’uranium qui lui permet de réaliser son ambitieux programme. C’est dans ce sens qu’il faut aussi considérer la coopération de Pretoria et de Tel-Aviv qui est le promoteur et l’exécutant des plans militaristes secrets des États-Unis et des monopoles impérialistes. Ce rôle d’Israël apparaît clairement dans la politique qu’il poursuit au Proche-Orient, en Afrique et en Amérique latine, une politique visant la consolidation des positions de l’impérialisme américain et l’affermissement de sa présence militaire.
Aujourd’hui, c’est l’aspect militaro-stratégique qui est primordial dans la consolidation de l’alliance d’Israël avec les régimes racistes et dictatoriaux. La conclusion de l’accord de coopération « stratégique » entre Israël et les États-Unis en atteste. En atteste également l’activité déployée par Pretoria en vue de constituer l’Organisation du Traité de l’Atlantique Sud (SATO) et aussi l’octroi aux forces navales américaines du droit d’utiliser une importante base navale à Simonstown. La politique de « partnership étroit » des États-Unis avec le régime raciste de R.A.S. en Afrique, les plans et l’assistance accordée secrètement par les U.S.A. à Israël pour que celui-ci aide les régimes dictatoriaux du Chili, du Salvador, du Honduras, du Guatemala ainsi que les contre-révolutionnaires nicaraguayens, montrent que l’impérialisme cherche partout la confrontation avec les forces de libération nationale, de la paix et du progrès. Personne aujourd’hui ne peut rester à l’écart parce que la lutte pour l’indépendance nationale, la liberté et le progrès, ainsi que la lutte contre ces phénomènes monstrueux de l’impérialisme que sont le racisme et l’apartheid, se rejoignent pour former sur tous les continents un mouvement en faveur de la paix et du désarmement nucléaire, pour l’élimination du danger de guerre.
De nos jours, les peuples du monde ne peuvent plus se fier uniquement aux paroles de paix de ceux qui éprouvent une « haine constante » pour autrui, des « élus de Dieu » qui prônent la discrimination raciale, l’apartheid et le génocide, de ceux qui minent les ports nicaraguayens, agressent comme des pirates la Grenade et mènent une guerre non déclarée contre les peuples du Salvador et de l’Angola. On ne peut défendre aujourd’hui l’indépendance et la paix, garantir le développement ultérieur qu’en opposant aux impérialistes la cohésion, la volonté de lutte et la vigilance, qu’en solidarité avec les forces de la paix, du progrès et du socialisme.
L’élimination des régimes racistes, la garantie de conditions pour un développement libre et indépendant du Nicaragua, la cessation de l’aide accordée à la junte antipopulaire du Salvador et de la coopération d’Israël avec les régimes racistes et dictatoriaux sont la condition sine qua non d’une paix solide et durable, de la sécurité de tous les peuples et États.
Anatoli Agarychev
1985
Publié par Le Grand Soir.
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