Les Israéliens qui partent s'installer en Cisjordanie représentent plus du tiers de la croissance démographique des implantations juives dans le territoire palestinien: les statistiques affaiblissent l'argument de la "croissance naturelle" avancé par le gouvernement de l'Etat hébreu pour justifier la poursuite de la construction dans les colonies.
La colonisation est l'une des principales pommes de discorde entre Israël et les Etats-Unis. Le gouvernement israélien a reporté un entretien initialement prévu jeudi à Paris entre le Premier ministre Benyamin Nétanyahou et l'émissaire américain pour le Proche-Orient, George Mitchell, en raison de divergences sur le dossier, a reconnu mercredi un responsable israélien.
Israël affirme que la "croissance naturelle" des colonies juives existantes doit être autorisée, alors que l'administration Obama s'oppose à la poursuite de la colonisation. Le dossier a fait apparaître au grand jour des tensions entre l'Etat hébreu et Washington. Et il devrait être au coeur des entretiens prévus la semaine prochaine à Washington entre le ministre israélien de la Défense Ehoud Barak et George Mitchell, un détracteur de longue date de la colonisation.
Les opposants à la "croissance naturelle" expliquent qu'Israël s'en sert comme prétexte pour poursuivre la colonisation en Cisjordanie: Yasser Abed Rabbo, collaborateur du président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, qualifie cet argument de "tromperie".
Les chiffres du Bureau central des statistiques israélien viennent étayer ces critiques: ils montrent qu'en 2007, 36% de l'ensemble des nouveaux colons venaient d'Israël ou de l'étranger. Des données plus récentes, notamment depuis l'installation du gouvernement Nétanyahou en mars dernier, ne sont pas encore disponibles, mais il y a peu de raisons de penser que les choses ont changé, souligne Hagit Ofran, un spécialiste du dossier auprès de l'organisation La Paix maintenant.
La migration de gens attirés par des logements meilleur marché, et pas seulement la croissance démographique, constitue ainsi un moteur important de l'accroissement du nombre d'habitants dans les colonies. Les migrants en provenance d'Israël et de l'étranger ont représenté 5.300 des 14.500 nouveaux colons recensés en 2007.
Et il s'agit d'une tendance lourde. Chaque année entre 1999 et 2007, ce flux migratoire a représenté entre un tiers et la moitié de la croissance du nombre de colons. La seule exception a été 2005, mais les chiffres pour cette année-là ont été faussés par l'évacuation des 8.500 colons israéliens de la bande de Gaza.
Entre 2006 et 2008, Israël a achevé la construction 5.503 appartements en Cisjordanie et en a mis en chantier 5.125 autres, selon le Bureau des statistiques. En vertu de la feuille de route pour la paix au Proche-Orient de 2003, Israël s'était engagé à geler les activités de construction dans les colonies, y compris celles liées à la croissance naturelle. Mais sur le terrain, les constructions se sont poursuivies.
La semaine dernière, Benyamin Nétanyahou a cédé au président américain Barack Obama qui lui demandait d'accepter le principe d'un Etat palestinien, mais a posé ses conditions, affirmant notamment que cet Etat devrait être démilitarisé. Il a en revanche rejeté l'idée d'un gel de la construction dans les colonies.
"Nous n'avons pas l'intention de construire de nouvelles colonies", a-t-il expliqué. "Mais il est nécessaire de permettre aux habitants de vivre une vie normale", a-t-il ajouté en référence à la notion de "croissance naturelle".
Près de 300.000 Israéliens vivent aujourd'hui en Cisjordanie et 180.000 à Jérusalem-est, dont l'annexion en 1967 par Israël n'a pas été reconnue par la communauté internationale.
AP-Yahoo! Actualités
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