14 décembre 2009

L'identité française est soluble dans l'alcool

Un Comité de défense du beaujolais a été créé vendredi 11 décembre à Fleurie dans le département du Rhône à l'initiative de deux journalistes, Bernard Pivot, membre de l'Académie Goncourt, et Périco Légasse, chroniqueur gastronomique à Marianne, pour protéger un "symbole de l'identité française".
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"On est quand même sur la terre des Bituriges (tribu gauloise), d'où le mot biture", concluait Périco Légasse après la dernière dégustation. Plus sérieusement, ajoutait-t-il plus tard, "ce comité veut dénoncer le lynchage dont le beaujolais, vin du peuple, vin des ouvriers, vin festif, est victime alors qu'il est un symbole de l'identité française. Ici, les viticulteurs ont l'impression d'être abandonnés par le marché, par l'opinion publique, par certains journalistes… A Paris, il est de bon ton de dire que le beaujolais ne vaut rien, alors que c'est un grand vin de France".
Le Monde

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Ils ont été quatre millions de Marcel qui, durant les deux ou trois premières années de leur vie de citoyen, firent la guerre en Algérie, au nom de la république, entre 1954 et 1962 : brûlant les villages, séquestrant les familles, massacrant les hameaux, torturant des millions de personnes, méthodiquement, administrativement, déportant des millions d'autres ou les mêmes, faisant dans ce qui s'appelait alors les départements français d'Algérie près d'un million de morts et plus de deux millions d'estropiés ou rendus fous à vie. Quatre millions de jeunes hommes qui furent obligés à faire en Algérie exactement ce que les Allemands avaient fait, à peine dix ans auparavant, dans l'Europe occupée, sauf bien sûr l'extermination des Juifs.
Quatre millions qui ensuite devinrent des pères de familles. Tous les pères des Français qui ont entre, disons, 35 et 48 ans, ont servi en Algérie. La guerre d'Algérie est le grand silence des familles françaises. Le trauma indicible. Les Français sont un peuple dont l'histoire contemporaine est jalonnée de grandes guerres, et les souvenirs de guerre font partie des rituels familiaux des anciens. Dans les familles, à table ou le soir, l'aïeul racontait «sa» guerre de 14-18 ; le grand père racontait «sa» guerre de 39-45, pas forcément glorieuse mais enfin, racontable ; et le père ? «Papa, raconte nous comment c'était ta guerre en Algérie ?». - Silence, pesant. Le silence des pères, l'alcoolisme dans les familles, la violence familiale névrotique ont presque toujours pour arrière fond le crime inconfessable et douloureusement refoulé de l'Algérie.

• Dossier documentaire & Bibliographie Nationalisme, Monde en Question.

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