16 janvier 2013

"Les Mille et Une Nuits" rêvées de l'Occident


Tous les arts, tous les genres ont sacrifié la passion des Mille et Une Nuits, du théâtre à la mode, de la musique au cinéma, de la peinture à l’opéra, de la photographie à la littérature… générant plus d’images qu’aucune autre œuvre de l’esprit serait-on tenté de penser, n’a jamais généré. Haroun al-Rachid, Shahriyâr et Shéhérazade, Sindbâd et Aladin : on retrouve là tous les personnages des Nuits et les villes qui leur ont servi de décor, dans des évocations qui empruntent à toutes les disciplines artistiques.

Exposition du 27 novembre au 28 avril 2013
Institut du monde arabeFrance Inter

Lire aussi :
• François POUILLON et Jean-Claude VATIN (sous la direction de), Après l’orientalisme – L’Orient créé par l’Orient, Karthala, 2011.
Venant à la suite de Dictionnaire des orientalistes de langue française (Karthala, 2008), ce recueil de textes, issus d’un colloque réuni à l’EHESS et à l’IMA en juin 2011, en constitue tout à la fois la conclusion synthétique, l’épilogue et le complément. Après avoir tenté, à travers un millier de notices biographiques, de cartographier le vaste territoire de l’orientalisme par une approche dispersée de ses acteurs, de ses institutions et de ses réseaux, il nous fallait élaborer un bilan historique des débats qu’il a suscités, mais aussi inventorier les traces qu’il a laissées dans les sociétés actuelles.
Pour statuer sur les mises en cause et les déconstructions dont il a fait l’objet, de la décolonisation aux postcolonial studies, nous sommes allés chercher des pièces à conviction aussi bien dans l’orientalisme classique que dans ses métamorphoses les plus récentes. Il convenait également de procéder à un décentrement de la question ; à ce titre, l’examen des diverses formes qu’a prises l’orientalisme intérieur propre aux divers empires orientaux – ottoman, sociétique ou chinois par exemple – offre d’un renouvellement suggestif des approches. Il en va de même de l’analyse des réappropriations de l’orientalisme opérées par les « Orientaux », dont il nous importait de montrer qu’ils ont été, et sont encore, des acteurs dont les contributions ne sont pas seulement de l’ordre de la récusation mais procèdent aussi de logiques d’acclimatation ou de patrimonialisation.
• Edward SAÏD, L’orientalisme – L’Orient créé par l’Occident, Seuil, 1980.
D’Eschyle à Kissinger, de Marx à Barrès, l’Occident a tenu un discours sur l’Orient. Mais, puisque «l’Orient» n’existe pas, d’où vient ce discours et comment expliquer son étonnante stabilité à travers les âges et les idéologies? «L’Orient» est une création de l’Occident, son double, son contraire, l’incarnation de ses craintes et de son sentiment de supériorité tout à la fois, la chair d’un corps dont il ne voudrait être que l’esprit.
À étudier l’orientalisme, présent en politique et en littérature, dans les récits de voyage et dans la science, on apprend donc peu de choses sur l’Orient, et beaucoup sur l’Occident. Le portrait que nous prétendons faire de l’Autre est, en réalité, tantôt une caricature, tantôt un complément de notre propre image.

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