Enquête : Israël a bien utilisé dans la bande de Gaza des armes à Uranium Appauvri, Action des Citoyens pour le Désarmement Nucléaire.
L’Action des Citoyens pour le Désarmement Nucléaire (ACDN) a poursuivi son enquête sur les 1000 bombes guidées GBU-39 livrées à Israël par les États-Unis quelques semaines avant l’opération « Plomb durci » contre Gaza. Cette enquête confirme l’essentiel des allégations initiales de l’association.
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A ce jour (12 février 2009), l’AIEA n’a pas encore remis de rapport. Il est vrai qu’avant même la venue des enquêteurs sur le terrain, le porte-parole du gouvernement israélien a assuré qu’ils ne trouveraient rien. Précédemment, le chef d’état-major de Tsahal avait commencé par nier, le 13 janvier, l’usage de bombes au phosphore blanc avant d’être obligé de le reconnaître le 20 janvier, en se repliant sur une deuxième ligne de défense : "ce sont des armes autorisées". Oui, tout juste tolérées, mais pas sur des civils.
Sans attendre les résultats d’expertise de l’AIEA, ACDN a poursuivi son enquête sur les GBU-39, et abouti à rassembler les précisions suivantes.
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Ces nouveaux matériaux composites, les autres caractéristiques des GBU déjà décrites dans nos articles précédents, et l’ensemble du dispositif de mise en œuvre, assurent aux GBU un "service multiple" de destruction et de morbidité : - pénétration en profondeur des cibles les mieux protégées (bétons à hautes, très hautes ou ultra hautes performances ; blindages épais en acier, ou en acier renforcé à l’UA) ; explosion différée jusqu’à la profondeur voulue et programmée ; explosion ultérieure et autodestruction de l’engin, dans le cas où le dispositif primaire de mise à feu a échoué ; destruction « classique », par effet de souffle, de la cible, depuis l’intérieur même ; projection d’échardes métalliques dans les corps inertes ou vivants situés à l’intérieur ou à la périphérie de la cible, avec effet de « décapitation » ou d’ « amputation » sur les corps humains ; crémation externe et interne des corps, les échardes métalliques devenant elles-mêmes des brandons ; chez les blessés survivants, impossibilité de distinguer les éclats métalliques et de les extraire par une opération chirurgicale ; réduction de la durée de survie des blessés et des brûlés, par empoisonnement interne, radiotoxique et chimique, dû à l’uranium appauvri ou à ses descendants ; contamination radioactive de l’environnement naturel par dispersion, sur les lieux mêmes des explosions et au-delà, de nanoparticules d’uranium appauvri et d’autres radionucléides issus de l’uranium ; atteintes au génome de la population cible. L’innovation meurtrière des marchands d’armes défie l’imagination. Tout comme leur capacité à faire disparaître l’uranium appauvri de leurs nomenclatures, à esquiver les questions embarrassantes, voire à se trouver des alliés inattendus.
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Phosphore blanc, DIME, tungstène, uranium appauvri... Les médecins pensent différemment des militaires et de leurs donneurs d’ordres. Seulement soucieux d’humanité, les chirurgiens présents à Gaza ont décrit les effets sur les victimes des "nouveaux types d’armes" employés : « A 2 mètres, le corps est coupé en deux ; à 8 mètres, les jambes sont coupées, brûlées comme par des milliers de piqûres d’aiguilles. » Les blessés survivants « n’ont aucune trace de métal dans le corps, mais des hémorragies internes étranges. Une matière brûle leurs vaisseaux et provoque la mort, nous ne pouvons rien faire. » (Dr Mads Gilbert, Le Monde, 12 janvier) « Quand on commence à opérer, tout semble en ordre... Mais ensuite on découvre des dizaines de minuscules particules dans tous leurs organes. On dirait qu’un certain type d’explosif ou d’obus les a dispersées partout, et ces blessures miniatures, impossible de les opérer. » (Dr. Jam Brommundt, médecin allemand travaillant à Kham Younis, au sud de la bande de Gaza)
Comment ne pas se demander avec le Dr Gilbert : « Se peut-il que cette guerre soit le laboratoire des fabricants de mort ? Se peut-il qu’au XXIe siècle on puisse enfermer un million et demi de personnes et en faire tout ce qu’on veut en les appelant terroristes ? »
Et comment qualifier cette "guerre" qui fait d’un côté 14 tués (11 soldats israéliens, dont 4 victimes d’un "tir ami", et 3 civils, victimes d’un tir de roquette) et 50 blessés, et de l’autre côté, au moins 1330 tués et 5450 blessés, pour la plupart des civils, dont une moitié d’enfants ? (Source : Foreign Policy In Focus)
A un contre cent, est-ce encore un combat, ou un jeu de massacre ? Une collection de crimes de guerre ? Le début d’un génocide qui n’ose pas dire son nom et se cache derrière la mémoire d’un autre génocide ?
Un crime contre l’humanité, donc ? Israël, en tout cas, est allé trop loin.
Commentaires : En baptisant la guerre contre Gaza "Plomb durci", les responsables israéliens avouaient implicitement l’emploi de bombes GBU-39 contenant de l’uranium appauvri - métal utilisé pour durcir les munitions.
Les brûlures des blessés de Gaza correspondent aux descriptions des atteintes au phosphore blanc [données par les documents de l'armée israélienne], AFPS.
Des médecins palestiniens de plusieurs hôpitaux de la Bande de Gaza ont parlé à des médecins étrangers dont la venue a été rendue possible ces deux dernières semaines, d’une détérioration inattendue de l’état de nombreux blessés atteints de brûlures.
Les descriptions se ressemblaient : des brûlures relativement peu étendues ne présentant pas de signes d’amélioration après deux semaines mais au contraire, s’aggravant et s’approfondissant au point de nécessiter une greffe de peau à l’étranger. Dans d’autres cas, des tissus internes ont été atteints. Plusieurs blessés qui souffraient de brûlures non étendues sont même décédés après une semaine ou dix jours : il était apparu que leur foie puis leurs reins étaient rongés, dégénéraient. On ne connaît pas encore le nombre total de brûlés ni combien sont décédés des suites de leurs brûlures.
Prudemment, les médecins disent que tant que les examens de laboratoires nécessaires n’auront pas été réalisés, ils ne sont pas en mesure d’établir avec certitude qu’il s’agit de brûlures occasionnées par les nombreuses bombes au phosphore dont les soldats de l’armée israélienne ont fait usage au cours des deux semaines de l’offensive terrestre. En outre, ils ne peuvent établir si la dégradation et la propagation de l’infection chez les brûlés découlent directement de l’atteinte par le phosphore. Néanmoins, deux organisations de droits de l’homme, Amnesty International et Human Rights Watch, ont établi que des bombes au phosphore ont touché des quartiers résidentiels. Des débris d’enveloppes verdâtres d’obus au phosphore et même des enveloppes entières ont été retrouvés et collectés dans des zones d’habitation de la Bande de Gaza.
Le traitement habituel des blessures – apportés dans les premiers jours de l’offensive, alors que les médecins de Gaza ne soupçonnaient pas encore qu’il s’agissait de phosphore blanc – était inefficace. « De notre vie nous n’avions vu de telles brûlures », a déclaré à « Haaretz » un chirurgien expérimenté venu de l’étranger. « La littérature parle de brûlures causées expérimentalement dans des conditions de laboratoire ou dans des bases militaires, peut-être à l’occasion d’accidents ».
Mais dans les trois documents israéliens qui sont parvenus à la rédaction de « Haaretz » et qui ont été rédigés au moment de l’opération « Plomb durci », les descriptions de brûlures occasionnées par une atteinte au phosphore correspondent aux descriptions des médecins de Gaza. Il s’agit de documents du premier médecin officier, du Q.G. médical de campagne et de Magen David Adom.
Dans le premier document, signé par le Dr Zvi Feigenberg, directeur du département médical du Magen David Adom, et Rami Miller, auxiliaire médical en chef au Magen David Adom, on peut lire que « le phosphore blanc contenu dans la bombe ou le missile prend feu quand il entre en contact avec de l’oxygène… Le phosphore qui entre en contact avec la peau occasionne des brûlures graves et profondes ». Le document indique encore qu’un des moyens d’identification d’une atteinte au phosphore, ce sont les vives douleurs ressenties dans la région atteinte, sans commune mesure avec son étendue.
Dans un autre document, qui porte la signature du Dr lieutenant colonel Gil Hirschorn, directeur du département de traumatologie du quartier général médical en chef, on peut lire : « Dans le cours de l’opération "Plomb durci", une mise en garde a été reçue à propos de l’utilisation par le Hamas de matériel de guerre comprenant du phosphore. Le phosphore est une matière toxique, d’un blanc jaunâtre, ressemblant à de la cire et qui est employé dans des obus de mortier et des grenades à main. Quand le phosphore entre en contact avec les tissus cellulaires, il occasionne des dommages par combustion des tissus. Les caractéristiques d’une atteinte au phosphore sont : des brûlures chimiques accompagnées d’une douleur vive, une destruction tissulaire… Le phosphore est susceptible de pénétrer dans le corps et de causer des lésions à des organes internes. A long terme, une insuffisance rénale et des infections sont caractéristiques… En résumé : les munitions contenant du phosphore explosif impliquent forcément un risque potentiel d’une importante destruction de tissus. »
Dans le document intitulé « Exposition au phosphore blanc » du Q.G. de la santé, qui a été envoyé par le Ministère de la Santé, on souligne que « l’essentiel de l’information sur les atteintes du phosphore prend sa source dans la recherche animale et dans des descriptions de cas d’accidents… L’exposition au phosphore blanc est significative par la gravité de la toxicité… D’après de nombreuses recherches faites en laboratoire, des brûlures sur une surface du corps relativement petite – 12 à 15% chez l’animal de laboratoire et moins de 10% chez l’homme – sont susceptibles d’être mortelles du fait des incidences essentiellement sur le foie, le coeur et les reins ».
Amira Hass
05/02/2009
Ha’aretz
Dossier Résistance à la colonisation de la Palestine, Monde en Question.
Bibliographie Palestine/Israël, Monde en Question.
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