3 juillet 2009

Amnesty International accuse Israël de crimes de guerre à Gaza


Les forces israéliennes ont tué des centaines de civils palestiniens et détruit des milliers de maisons de la Bande de Gaza dans des actes qu'Amnesty International assimile à des crimes de guerre dans le premier rapport détaillé publié jeudi de l'organisation de défense des droits de l'homme sur le conflit de janvier dernier.

Amnesty avait exhorté l'Etat hébreu à s'engager publiquement à ne pas faire usage de son artillerie ou encore de projectiles au phosphore blanc sur les secteurs à forte densité de population. Amnesty avait également demandé aux dirigeants du Hamas d'ordonner l'arrêt des tirs de roquettes sur les civils israéliens, attaques que l'organisation qualifie également de crimes de guerre.

Amnesty -qui avait accusé Israël de crimes de guerre dès la fin du conflit le 18 janvier dernier- souligne qu'il reste des "questions perturbantes" notamment de celle de savoir pourquoi les armes de précision utilisées par Tsahal telles que des obus de char ou encore des missiles ont "tué autant d'enfants et d'autres civils".

Amnesty accuse également Tsahal d'avoir utilisé des armes au phosphore, de s'être servi de Palestiniens comme "boucliers humains" et d'avoir fréquemment empêcher des civils de recevoir des soins et de l'aide humanitaire.

Le mode des attaques israéliennes et le nombre élevé de pertes civiles "indiquent un comportement dangereux, un mépris pour la vie des civils et leurs biens et une incapacité permanente pour distinguer les cibles militaires des populations civiles", accuse notamment Amnesty International.

Selon les responsables sanitaires à Gaza et les organisations de défense de droits de l'homme, plus de 1.400 Palestiniens dont plus de 900 civils ont été tués au cours des trois semaines de l'offensive israélienne "Plomb durci". Israël fait état d'un bilan plus proche de 1.100 morts et affirme que l'immense majorité de ces morts étaient des militants mais refuse d'en fournir la liste.

Amnesty précise que quelque 300 enfants et des centaines d'autres civils non armés figurent parmi les morts. Treize Israéliens ont également perdu la vie dont trois civils tués dans un tir de roquette.

L'armée israélienne s'est refusée à tout commentaire sur ce rapport d'Amnesty International.

AP-Yahoo! Actualités

L'armée israélienne s'est livrée à des actes de "destructions gratuites", visant des civils Palestiniens, lors de son offensive dans la bande de Gaza en décembre et janvier, affirme Amnesty International.

Dans un rapport de 117 pages consacré aux 22 jours de combats, l'organisation humanitaire précise également que les tirs de roquettes des militants du Hamas contre Israël constituaient des "crimes de guerre".

Amnesty affirme n'avoir trouvé aucune preuve que des civils ont été volontairement utilisés par les combattants du Hamas comme des boucliers humains, comme l'affirmait l'armée israélienne.

Au total, ce conflit a entraîné la mort de 1.400 Palestiniens, dont 300 enfants et des centaines de civils, des chiffres en accord avec ceux avancés par le ministère de la Santé à Gaza et le Centre palestinien des droits de l'homme.

L'armée israélienne avait évalué à 1.196 les pertes palestiniennes dont 295 civils. Au cours de cette intervention, 13 Israéliens ont été tués dont trois civils.

"La plupart des destructions étaient gratuites et délibérées", estime Amnesty dans son rapport. "Elles ont été conduites dans des circonstances qui confirment qu'elles n'étaient pas justifiées par des impératifs militaires."

L'état-major israélien a réagi en disant que l'armée avait agi conformément aux règlements internationaux. Il a accusé les auteurs du rapport d'ignorer "les efforts fournis par les forces de défense israéliennes pour limiter autant que possible les dommages aux non-combattants".

"PRUDENCE"

"Dans de nombreux cas, les forces de défense israéliennes ont fait preuve de prudence, notamment en avertissant la population civile avant une attaque", ajoute Tsahal.

"Les forces israéliennes ont dirigé leurs attaques uniquement contre des cibles militaires", affirme l'état-major.

Une enquête ouverte par l'état-major israélien avait conclu à l'absence de crimes tandis que l'Etat hébreu a refusé de coopérer avec une enquête diligentée par les Nations unies.

Amnesty précise que les roquettes tirées par les combattants du Hamas ont rarement fait des victimes et ont surtout provoqué des mouvements de panique parmi les populations.

Ils n'en restaient pas moins des actes "aveugles et illégaux au regard du droit international".

Amnesty accuse le Hamas et d'autres groupes armés d'avoir mis en danger la vie des civils palestiniens en tirant des roquettes et en cachant des armes à proximité d'habitations.

L'organisation humanitaire affirme n'avoir recueilli aucune preuve montrant que "le Hamas et les autres groupes armés obligeaient des civils à demeurer à l'intérieur ou à proximité de bâtiments utilisés par leurs combattants."

Aucune preuve n'a été trouvée que ces civils étaient retenus contre leur gré dans des immeubles ou dans des quartiers sous le contrôles des insurgés.

Un porte-parole du Hamas a estimé que le rapport d'Amnesty ne mettait pas suffisamment l'accent sur les "crimes" commis par Israël.

"Ce rapport met sur un pied d'égalité l'agresseur et la victime et ne tient pas compte du droit international, qui consacre la résistance à une occupation", a-t-il dit.

Le rapport affirme en revanche qu'en plusieurs occasions des soldats israéliens se sont servis de civils palestiniens, y compris d'enfants comme de "boucliers humains" en les contraignant à rester à proximité de "maisons qu'ils utilisaient comme positions militaires".

Reuters-Yahoo! Actualités

Lire aussi :
• L'impunité pour les crimes de guerre commis à Gaza et dans le sud d'Israël annonce de nouvelles souffrances pour les civils, Amnesty International
• Israël et territoires palestiniens occupés, Amnesty International
• Occupation, Colonialism, Apartheid?, PDF par Conseil pour la Recherche en Sciences Humaines (HSRC)

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