Les premières estimations sont tombées à 22 heures mardi soir en Israël à la fermeture des bureaux de vote. Près de 5,2 millions d’électeurs israéliens étaient appelés aux urnes pour élire leur nouveau gouvernement au terme d’une campagne dominée par la guerre menée contre les Palestiniens à Gaza, la surenchère militaire et un climat de racisme anti-arabes.
Élections législatives israéliennes : En avant pour la guerre, El Watan.
En tout état de cause, l’électorat israélien, certainement le plus conditionné de la planète, a fait son choix. Par réflexe, dira-t-on, un réflexe inculqué au plus profond d’une population par ses propres dirigeants et idéologues. Ce même électorat a été jusqu’à rendre un immense service à l’opinion internationale en balayant de la scène le Parti travailliste tiraillé entre une volonté de rester au pouvoir et celle de montrer au monde une image différente. L’exercice est inutile, quand ce parti a comme dirigeants Shimon Peres, connu pour être l’architecte de la colonisation israélienne, et Ehud Barak, qui croyait pouvoir mettre fin à l’intifadha palestinienne en brisant le bras des lanceurs de pierres. Les Israéliens ont donc choisi ceux qui tiennent le discours le plus cohérent à l’égard des Palestiniens, c’est-à-dire la guerre et rien d’autre.
Leur programme est essentiellement le même : tuer, coloniser, confisquer les terres et raser les maisons.
Hafez Barghouti, rédacteur du quotidien palestinien al-Hayat al-Jadida, Ynetnews.
L’extrême droite raciste en arbitre en Israël, Info-Palestine.
Qu’il soit dirigé par Tzipi Livni, la chef du parti du Centre droit, Kadima, ou par Benjmain Netanyahu, qui est celui du Likoud plus à droite, le futur gouvernement Israëlien sera sous influence déterminante de l’extrême droite qui, tous partis confondus, a fait une spectaculaire percée électorale aux législatives et se place ainsi en arbitre décisif des orientations des futures politiques de l’Etat hébreu.
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Toute combinaison politique qui verra le jour en Israël suite à ces élections législatives sera indubitablement marquée par le poids qu’aura l’extrême droite dans la conduite de la politique du pays. Une extrême droite au discours et au programme racistes et fascites sans équivoque. Ce qui ne semble pas déranger ou interpeller les « consciences » en Europe et aux Etats-Unis. Elles qui, par ailleurs, ont été promptes à dénoncer et à ostraciser des gouvernements d’autres pays où des situations semblables se sont produites.
Il faut rappeler pour l’exemple la levée de boucliers de ces milieux contre l’Autriche quand la droite et l’extrême droite, celle-ci représentée par le parti populiste de Heider, s’étaient alliées pour former leur coalition gouvernementale : Liberman et son parti « Israël beiteinu » a fait campagne sur le thème de l’épuration ethnique visant à chasser d’Israël la minorité arabe qui en a la nationalité. Les juifs ultra orthodoxes réunis dans l’autre parti d’extrême droite « le shass » ont fait la leur sur celui que « le seul bon Arabe est un Arabe mort ».
Et ces deux partis sont entendus puisqu’ils ont obtenu des scores électoraux qui leur donnent la capacité d’infléchir la politique de l’Etat hébreu. Cela ne pose pas problème à l’évidence aux démocraties occidentales qui fermeront les yeux sur la dérive qui s’est produite en Israël et continueront à « marchandiser » l’impeccabilité de la démocratie en ce pays.
L'impasse d'une politique guerrière, Lutte Ouvrière.
Les premiers résultats des élections israéliennes du 10 février donnaient 28 sièges au parti du centre Kadima, un siège d'avance sur la droite du Likoud (27 sièges). Le parti d'extrême droite Israël Beteinou de Lieberman obtenait 15 sièges, soit moins que ce que les sondages lui prédisaient. Le Parti Travailliste de Barak, lui, n'obtenait que 15 sièges. En perdant 6 sièges, il réalise le plus mauvais résultat de son histoire.
Vu le faible écart entre les deux partis arrivés en tête, aussi bien la dirigeante de Kadima, Tzipi Livni, que le chef du Likoud, Benyamin Netanyahou, revendiquent le droit de prendre la tête du prochain gouvernement de coalition.
Même si Kadima arrive en tête, c'est le Likoud de Netanyahou qui pourrait être en meilleure position pour bâtir une coalition. La coalition sortante Kadima-Parti Travailliste avait choisi encore une fois de faire étalage de la force militaire d'Israël en menant pendant trois semaines une guerre meurtrière aux Palestiniens de la bande de Gaza. Il y avait dans cette offensive une grande part de calcul électoral. Mais cette concurrence entre partis à qui serait le plus va-t-en-guerre ne pouvait que favoriser les plus à droite. Et Netanyahou, même arrivé en second, est en position d'arbitrer car il peut choisir de s'allier avec l'extrême droite si Kadima n'accepte pas ses exigences.
Cependant on ne peut exclure qu'une autre coalition voie le jour, si les deux partis arrivés en tête choisissaient d'écarter l'extrême droite. Cela n'empêcherait cependant pas celle-ci de peser sur la politique israélienne.
Il est vrai que, dans tous les cas, les dirigeants des quatre partis arrivés en tête ne montrent pas de grosses différences quand il s'agit de faire la guerre aux Palestiniens ou de poursuivre la colonisation de la Cisjordanie. Mais les électeurs israéliens qui ont choisi de donner leur voix à l'extrême droite parce qu'ils veulent « faire peur aux Arabes », comme ils disent, n'ont fait que s'enfermer eux-mêmes un peu plus dans l'impasse où ils sont déjà plongés par le refus de leurs dirigeants de rechercher un règlement politique avec les Palestiniens. Au fil de ces dernières années, les dirigeants israéliens, qui ont tout fait pour bloquer les différentes tentatives de règlement, ont réussi à en rejeter la responsabilité, aux yeux de leur opinion publique, sur les seuls Palestiniens.
La fuite en avant vers des guerres successives, l'idée que seul un continuel étalage de force et une politique terroriste contre ses voisins pourront amener la paix à la population israélienne ne font pas qu'enfoncer la société dans une militarisation permanente. Cela a aussi des conséquences terribles pour la vie quotidienne de la population.
Un quart des Israéliens, soit 1,6 million de personnes, vivent actuellement en-dessous du seuil de pauvreté et connaissent même des problèmes de sous-alimentation. Mais, en se focalisant sur la guerre, sur le rejet des Arabes que l'extrême droite a largement étendu aux Arabes israéliens, c'est-à-dire aux Palestiniens ayant la nationalité israélienne, la campagne électorale a totalement évacué les problèmes sociaux d'Israël. À ceux-ci s'ajoutent aussi les conséquences de la crise capitaliste actuelle, puisqu'en décembre dernier 17 500 personnes ont perdu leur emploi. Mais seul le Hadash, coalition conduite par le Parti Communiste qui organise aussi bien des Juifs que des Arabes israéliens et a fait campagne sur le thème « Juifs et Arabes refusent d'être ennemis », a évoqué ces problèmes, bien réels, pendant les élections. Cette coalition conduite par le PC semble avoir augmenté ses voix et pourrait obtenir quatre ou cinq sièges contre trois auparavant.
Les tractations vont maintenant commencer pour former le prochain gouvernement. On ne peut prévoir la configuration qui sortira de ces grandes manœuvres politiciennes ; en revanche, il est évident qu'aucun des principaux dirigeants ne propose à la société israélienne de sortir de cette impasse où elle s'enfonce. Car il n'y a pas d'issue, y compris pour la population israélienne, si elle ne rompt pas avec la politique de guerre et de colonisation à outrance préconisée par ses dirigeants, pour rechercher une coexistence et une coopération avec ses voisins palestiniens, et arabes en général.
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