10 mars 2009

Pourquoi faut-il critiquer le Meretz et la Paix Maintenant ?

Plusieurs lecteurs du site du Centre d’information alternative ont demandé pourquoi, durant le massacre israélien de la bande de Gaza le mois dernier, je n’avais pas réservé mes accusations au gouvernement et aux partis politiques de ce gouvernement, mais que j’avais ajouté le mouvement de la Paix Maintenant et le parti Meretz à ceux qu’il fallait critiquer et blâmer.
La réponse est malheureusement toute simple : parce qu’ils ont ouvertement et inconditionnellement soutenu l’agression, et qu’ainsi ils ont défendu la logique du gouvernement.

Selon la Paix Maintenant et le Meretz, l’agression contre le peuple de Gaza était justifiée, voire nécessaire. Répétant comme des perroquets les arguments du gouvernement, que « Gaza » était une menace pour la sécurité d’Israël et qu’une attaque préventive représentait la seule façon de protéger l’existence même d’Israël. A l’instar de la droite, la gauche sioniste n’a guère fait de distinction entre la population gazaouie, le gouvernement Hamas et les groupes marginaux qui tiraient de pathétiques roquettes sur Sderot. « Gaza » est une entité terroriste et doit être éradiquée, ou au moins sévèrement punie. «Gaza delenda est» (Gaza doit être détruite).

Ce n’est que le 15 janvier que le secrétaire général de la Paix Maintenant, Yariv Openheimer, a publié une déclaration appelant le gouvernement à «cesser immédiatement l’attaque contre le centre de Gaza [...]. Les conditions sont maintenant réunies pour un cessez-le-feu et toute journée supplémentaire de combat est moralement illégitime.» Trois jours plus tard, après le cessez-le-feu, la Paix Maintenant publiait une nouvelle déclaration. «Nous devons utiliser le choc subi par le Hamas et le mettre hors d’état de nuire en signant un accord avec Abu Mazen». La même semaine, la Paix Maintenant payait une annonce dans Haaretz titrée : «Maintenant il est temps de parler». Autrement dit : le massacre de Gaza était totalement justifié, mais il fallait le faire suivre de négociations avec Mahmoud Abbas.

Dans un article publié sur le site du Meretz, Daniel Caletti, ancien militant de la Paix Maintenant/Meretz, écrit : «Le pire fut, bien sûr, la trahison ultime du Meretz [...] quand il a soutenu la dernière guerre contre Gaza et les massacres d’enfants. Le député Haim Oron a même interdit à ses collègues de la Knesset de manifester contre cette guerre sanglante.» Pendant les débats sur l’effondrement du Meretz aux dernières élections, Caletti a expliqué : «Les vrais électeurs de gauche ont quitté le Meretz pour voter Hadash, alors que les pseudos électeurs de gauche ont déserté pour aller vers le Kadima pour ‘renforcer Tzipi’ ».

Il faut ajouter que cette nouvelle trahison de la gauche sioniste n’a pas été approuvée par toute la direction du Meretz et que des dirigeants comme Mossi Raz et Galia Golan ont participé à des manifestations contre le massacre de Gaza et n’ont pas caché à quel point ils avaient honte de la position de leur mouvement.

Le fiasco électoral du Meretz confirme que la gauche sioniste est arrivée à sa fin. La gauche non sioniste a désormais la responsabilité historique de construire un nouveau foyer politique pour les milliers d’orphelins de la Paix Maintenant/Meretz qui n’ont pas choisi de rejoindre le Kadima sous le prétexte que ce serait le moindre mal. Et nous le devons sans renoncer en rien aux principes, mais aussi sans sectarisme irresponsable.

Michel Warschawski
27 février 2009
Publié par Info-Palestine.

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