YALOM Marilyn, Le sein - Une histoire, Galaade, 2010 [A plus d'un titre - CNL].
Quoi de plus immuable que le sein féminin ? N'a-t-il pas toujours eu pour fonction de contenter l'homme et le bébé ? L'histoire qu'en trace Marilyn Yalom, de la préhistoire à nos jours, est infiniment plus complexe et subtile. Partant de la question : "À qui appartiennent les seins ?" elle donne à voir, selon les époques et les pays, de multiples "propriétaires" qui décident de leur fonction, de leur statut et même de leur forme.BAYART Jean-François, L'Islam républicain - Ankara, Téhéran, Dakar, Albin Michel , 2010 [CNL].
Du sein divin du Moyen âge au sein érotique d'Agnès Sorel, du sein domestique du XVIIe siècle au sein politique de Marianne torse nu, du sein commercialisé par l'industrie du corset et du soutien-gorge au sein rongé par le cancer ou torturé par le piercing du XXe siècle, Marilyn Yalom montre que le pauvre sein de la femme a appartenu successivement à l'enfant, à l'homme, à la famille, au politique, au psychanalyste, aux commerçants, au pornographe, au médecin, au chirurgien esthétique, avant que les féministes n'en reprennent le contrôle à la fin du siècle dernier.
L'expression « islam républicain » sonne comme une provocation. Néanmoins, pourquoi douter de la compatibilité de l'islam avec la République quand des centaines de millions de musulmans vivent sous ce régime ? En République, ce qui ne veut pas forcément dire en démocratie, mais ne l'exclut pas pour autant. On sait par ailleurs que la laïcité a souvent légitimé l'autoritarisme. Sur la base de ces constats dérangeants, Jean-François Bayart nous conduit en Turquie, en Iran, au Sénégal. Chacun de ces pays vit en République, et chacune de ces Républiques est singulière. L'islam, en soi, n'explique rien, notamment pas cette diversité des trajectoires républicaines dans les pays musulmans. Son interprétation et sa pratique divisent les croyants autant qu'elles les réunissent. L'islam républicain résulte de son interaction avec l'État et le marché, bref de l'histoire générale plutôt que de la seule religion. Cette remarquable leçon de choses politique nous ramène au pragmatisme principiel des fondateurs de la iiie République française, « opportuniste » et « transactionnelle ». L'islam est soluble dans la République, pourvu qu'on lui en laisse le temps et que l'on retrouve le sens des proportions.CORDILLOT Michel, Aux origines du socialisme moderne - La première Internationale, la Commune de Paris, l'Exil, L'Atelier, 2010 [CNL].
Au Panthéon de l'histoire sociale, la fondation en 1864 de l'Association Internationale des Travailleurs occupe une place de choix. La Première Internationale, forte de l'orientation collectiviste impulsée par Marx et Engels, serait aux origines du socialisme moderne. Elle aurait battu à plate couture les tendances fouriéristes et proudhoniennes plus libertaires, fomenté la Commune de Paris de 1871, première révolution ouvrière, pour resurgir en tirant les leçons de la défaite. Cette représentation résiste-t-elle à l'examen minutieux des faits ?ROSA Hartmut, Accélération - Une critique sociale du temps, La Découverte, 2010 [CNL].
Comme le montre Michel Cordillot dans cet ouvrage, fruit de trente années de recherches, la réalité de la naissance de la Première Internationale est bien plus complexe. Plus disparate dans ses composantes, à l'image de la trajectoire d'Eugène Varlin, l'Organisation Internationale des Travailleurs se greffe sur un mouvement social préexistant plus qu'elle ne joue un rôle d'avant-garde. Les débats sur la légitimité de la grève comme moyen d'action, l'agitation révolutionnaire qui précède la Commune, l'itinéraire de proscrits comme Camélinat mettent en évidence la diversité des pensées et des inspirations des membres de l'Internationale.
Durant les vingt années que couvrent les travaux exposés dans ce recueil, se joue une part essentielle du sort d'un mouvement dont les prolongements vont bouleverser le XXe siècle. Loin des catéchismes visant à légitimer un scénario écrit d'avance, ce livre met en lumière l'irréductible part des hommes dans la fabrication de l'histoire.
L'expérience majeure de la modernité est celle de l'accélération. Nous le savons et l'éprouvons chaque jour : dans la société moderne, « tout devient toujours plus rapide ». Or le temps a longtemps été négligé dans les analyses des sciences sociales sur la modernité au profit des processus de rationalisation ou d'individualisation. C'est pourtant le temps et son accélération qui, aux yeux de Hartmut Rosa, permet de comprendre la dynamique de la modernité
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