Mein Kampf, c’était écrit
Le titre annonce une fatalité : ça devait se réaliser parce que c’était écrit. Cette expression, en référence à la Bible, signifie c’est la volonté de Dieu.
Dès les premières minutes, le ton de la voix-off du narrateur signe un documentaire de propagande qui, comme beaucoup d’autres, attribue au seul Adolf Hitler la responsabilité de la Deuxième Guerre mondiale : "Cette barbarie avait une origine : la volonté et l’imagination d’un seul homme".
L’intervention militaire des États-Unis est présenté en termes grandiloquents : "La nuit nazie prendra fin. La lumière viendra d’Outre- Atlantique quand l’Amérique entrera en guerre". Il ne dit rien sur les intérêts économique et stratégique en jeu dans cette guerre.
En Allemagne, reproduire intégralement Mein Kampf, même dans un cadre scientifique, est illégal. Si Raphaël Seligmann, Israélien vivant en Allemagne, milite pour une publication intégrale et sans commentaires : "Nous sommes suffisamment mûrs pour ne pas avoir une édition commentée". Antoine Vitkine lance, en conclusion, son offensive :
"En principe l’État de Bavière, détenteur du copyright, interdit la publication du livre à l’étranger. Cela n’empêche pas Mein Kampf de se vendre à travers la planète partout où ce symbole du Mal fascine."
"Dans ces conditions, faut-il s’étonner qu’en Egypte, au Liban, en Syrie ou en Palestine Mein Kampf se vendent depuis longtemps ? Loin de la vieille Europe, aujourd’hui démocratique, le poison agit encore."
Ainsi, la publication de Mein Kampf dans les pays arabes est forcément un acte antisémite contre Israël. CQFD. Antoine Vitkine ne dit pas que Mein Kampf est publié à Jérusalem depuis 1992 (New York Times – Seattle Times Newspaper).
En Israël, la figure d’Hitler est instrumentalisé par l’extrême droite pour tuer dans l’œuf toute tentative de reconnaissance des droits des Palestiniens. Ainsi, Yitzhak Rabin fut l’objet d’une violente campagne l’assimilant à Hitler avant d’être assassiné "au nom de Dieu" par un sioniste religieux parce qu’il avait serré la main de Yasser Arafat.
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En 2009, un graffiti inscrivant "Itzhak Rabin = Hitler" fut découvert sur un mur près du mémorial de l’ancien Premier ministre assassiné à Tel-Aviv (Ynetnews).
Autres documentaires
En France, le commissariat à l’Information demande au réalisateur Alexandre Ryder de tourner un film à charge contre Hitler. Après Mein Kampf, mes crimes, un film de propagande plutôt risible, sorti quelques mois avant la défaite française de juin 1940.
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En Bavière, fut réalisé par un anglais Das leben von Adolf Hitler (1961). Les trente cinq premières minutes ne sont pas inintéressantes car on rappelle que Hitler n’était pas seul, mais entouré d’une cohorte de partisans : Ernst Röhm, Hermann Göring, Rudolf Hess, Alfred Rosenberg, Julius Streicher, Heinrich Himmler, Joseph Goebbels, Gregor Strasser, etc. ; le fait que la social-démocratie n’apporta pas de réponse aux crises économiques de 1923 et 1929 ; et qui ceux qui donnèrent le pouvoir à Hitler pensaient pouvoir le contrôler. La suite est un portrait d’Hitler qui n’explique rien, mais verse dans la propagande : "Le peuple allemand, dont la plupart est politiquement immature et endormi hypnotisé par les informations de propagande et les mouvements de foule répétitif, s’en remet à son chef adoré comme des moutons à leur berger".
En Bavière, fut réalisé par un anglais Das leben von Adolf Hitler (1961). Les trente cinq premières minutes ne sont pas inintéressantes car on rappelle que Hitler n’était pas seul, mais entouré d’une cohorte de partisans : Ernst Röhm, Hermann Göring, Rudolf Hess, Alfred Rosenberg, Julius Streicher, Heinrich Himmler, Joseph Goebbels, Gregor Strasser, etc. ; le fait que la social-démocratie n’apporta pas de réponse aux crises économiques de 1923 et 1929 ; et qui ceux qui donnèrent le pouvoir à Hitler pensaient pouvoir le contrôler. La suite est un portrait d’Hitler qui n’explique rien, mais verse dans la propagande : "Le peuple allemand, dont la plupart est politiquement immature et endormi hypnotisé par les informations de propagande et les mouvements de foule répétitif, s’en remet à son chef adoré comme des moutons à leur berger".
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En Bavière, Hitler, eine Karriere (1977) attribue classiquement à Hitler toute la responsabilité de la guerre : "À cause de lui, l’Allemagne d’abord puis l’Europe toute entière en sont arrivés à une fin catastrophique". Un seul détail est intéressant. En 1933, quelques jours après sa nomination au poste de Chancelier, Hitler prononce un discours au Palais des Sports de Berlin. Un panoramique balaie la salle dont une banderole sur laquelle est écrit Macht Deutschland vom Marxismus frei ! (Puissante Allemagne libéré du marxisme !).
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En Bavière, Hitler, eine Karriere (1977) attribue classiquement à Hitler toute la responsabilité de la guerre : "À cause de lui, l’Allemagne d’abord puis l’Europe toute entière en sont arrivés à une fin catastrophique". Un seul détail est intéressant. En 1933, quelques jours après sa nomination au poste de Chancelier, Hitler prononce un discours au Palais des Sports de Berlin. Un panoramique balaie la salle dont une banderole sur laquelle est écrit Macht Deutschland vom Marxismus frei ! (Puissante Allemagne libéré du marxisme !).
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Apocalypse – Hitler
Ce téléfilm est le moins mauvais de la longue série des documentaires consacrés à Adolf Hitler car il montre que :
• Le dictat de Versailles, imposé par Clemenceau en 1918, est dénoncé par tous les opposants à la République de Weimar comme un coup de poignard dans le dos.
• L'anticommunisme et l'antisémite (judéo-bolchévisme) n'était pas l'apanage de l'Allemagne, mais un ressentiment partagé dans toutes les démocraties européennes par la gauche, la droite et l'extrême droite qui craignaient la contagion de la Révolution russe.
• L’occupation de la Ruhr par l’armée
française en 1923 provoque une crise économique (inflation et chômage)
qui fut le terreau de l’extrême droite, notamment le NDSAP (Parti
national-socialiste des travailleurs allemands).
• La crise économique de 1929 frappe
encore plus durement l’Allemagne (6 millions de chômeurs) et provoque
une compétition acharnée entre communistes et nazis. Hitler, en
dénonçant la peste rouge, se rallie les commerçants et les paysans.
• En 1932, Hindenburg, bien que
réactionnaire et monarchiste, est soutenu par la gauche. Hitler, qui
veut abattre le Parti communiste avec les SA (100 morts et 1000 blessés)
est récompensé par l’élection de 230 députés nazis.
• Contrairement à une légende bien tenace,
Hitler n’a pas pris le pouvoir le 30 janvier 1933, mais Hindenburg,
incapable de gouverner, l’a nommé Chancelier avec le soutien du Zentrum,
de la droite et de l’extrême droite.
• L’incendie du Reichstag fut le prétexte pour arrêter 4000 communistes et les envoyer dans les premiers camps de concentration.
• Le 23 mars 1933, la République de Weimar, combattue par les nazis, se suicide en accordant les pleins pouvoirs à Hitler.
• Entre le 30 juin et le 2 juillet 1934, Hitler élimine les SA pour obtenir le soutien de la Wehrmacht.
La fin est plus contestable. Les auteurs présente Hitler comme un homme seul. Certes il a l’essentiel du pouvoir, mais ne l’assume pas seul loin de là.
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À trop se focaliser sur la figure d’Hitler, beaucoup d’auteurs perdent de vue la perspective historique qui seule permet de comprendre l’histoire de l’Allemagne entre 1918 et 1945.
12/12/2013
Serge LEFORT
Citoyen du Monde
Sélection bibliographique :
• William ALLEN, Une petite ville nazie [1965], Laffont 10/18, 1967.
• Karl Dietrich BRACHER, La dictature allemande – Naissance, structure et conséquences du National-Socialisme [1969], Complexe, 1995.
• Martin BROSZAT, L’État hitlérien – L’origine et l’évolution des structures du Troisième Reich [1970], Fayard, 1985.
• Louis DUPEUX (sous la direction de), La "révolution conservatrice" dans l’Allemagne de Weimar, Kimé, 1992.
• Joseph GOEBBELS, Journal 1923-1933, Tallandier, 2006 [L’Allemagne selon Goebbels].
• Sebastian HAFFNER, Allemagne 1918 – Une révolution trahie [1979], Complexe, 2001.
• Sebastian HAFFNER, , Histoire d’un Allemand – Souvenirs 1914-1933 [2000], Actes Sud, 2002.
• Adolf HITLER, Mein Kampf [1924-1926], Nouvelles Éditions latines, 1934 Texte en ligne.
Contrairement à la légende, créée par ses partisans et entretenue par ses adversaires, Hitler n’a pas écrit Mein Kampf, mais il l’a dicté notamment à Rudolf Hess entre 1924 et 1925. Ces notes dactylographiées furent remaniées à plus reprises pour la première édition et les suivantes. Il n’existe pas à ce jour d’édition critique qui mentionnerait les différentes étapes du texte et des variante ni les multiples publications d’extraits, commentés ou non. Ce livre est davantage l’œuvre collective du NSDAP que celle d’un seul homme. Sa diffusion, confidentielle jusqu’en 1933, devint l’ouvrage de référence du régime nazi. Les millions d’exemplaires, donnés (aux jeunes mariés, aux ouvriers ou militants "méritants") ou vendus, ne furent pas pour autant lus car le contenu est indigeste.
• Hans MOMMSEN, Le national-socialisme et la société allemande [1991], Maison des Sciences de l’Homme, 1997.
• George MOSSE, Les racines intellectuelles du Troisième Reich [1964], Calmann-Lévy, 2006.
• Detlev PEUKERT, La république de Weimar – Années de crise de la modernité [1987], Aubier, 1995.
• Lionel RICHARD, D’où vient Hitler ? – Tentative de démystification, Autrement, 2000.
• Henry Ashby TURNER, Hitler janvier 1933 – Les trente jours qui ébranlèrent le monde, , Calmann-Lévy, 1996.
• Edmond VERMEIL, Doctrinaires de la révolution allemande 1918-1938, Nouvelles Editions Latines, 1948.
Lire aussi :
• Dossier documentaire Propagande, Monde en Question.
• Revue de presse Cinéma 2013, Monde en Question.
• Dossier documentaire Cinéma, Monde en Question.
• Veille informationnelle Cinéma, Monde en Question.
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