Vous n’avez qu’à aller regarder à Rome la statue du Bernin pour comprendre tout de suite qu’elle jouit, sainte Thérèse, ça ne fait pas de doute. Et de quoi jouit-elle ? Il est clair que le témoignage essentiel des mystiques, c’est justement de dire qu’ils l’éprouvent, mais qu’ils n’en savent rien.
Ces jaculations mystiques, ce n’est ni du bavardage, ni du verbiage, c’est en somme ce qu’on peut lire de mieux. Ce qui se tentait à la fin du siècle dernier, au temps de Freud, ce qu’ils cherchaient, toutes sortes de braves gens dans l’entourage de Charcot et des autres, c’était de ramener la mystique à des affaires de foutre. Si vous y regardez de près, ce n’est pas ça du tout. Cette jouissance qu’on éprouve et dont on ne sait rien, n’est-ce-pas ce qui nous met sur la voie de l’ex-sistence ? Et pourquoi ne pas interpréter une face de l’Autre, la face de Dieu, comme supportée par la jouissance féminine ?
Jacques LACAN, Séminaire XX – Encore, Le Seuil, 1972-1973 [Texte en ligne].
Lire aussi :
• François REGNAULT, Introduction à la lecture du Séminaire XX, ECF.
• Jacques LACAN, Le Séminaire, Le Seuil, 1950-1980 [Sténotypies ELP – Transcriptions Gaogoa – Wikipédia].
• Paul-Laurent ASSOUN, Lacan, QSJ PUF, 2015 [Texte en ligne].
• Alain VANIER, Lacan, Les Belles Lettres, 1998 [Texte en ligne].
• Dossier documentaire Philosophie, Monde en Question.
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