16 février 2007

Démagogie nationale-socialiste

Le discours-programme de Marie-Ségolène Royal est peu commenté et encore moins analysé, excepté le sempiternel chiffrage dont personne ne peut vérifier la pertinence. Il semble que sa réception, pour le moins mitigée, ne réponde pas aux attentes de ses promoteurs.

Marie-Ségolène Royal a suscité une certaine curiosité par le biais des "débats participatifs". En fait, il s'agissait plus de groupes de parole que de débats c'est-à-dire la confrontation de propositions. Elle écoutait, en mère bienveillante, les plaintes de "vrais gens" des difficultés de leur vie quotidienne. Cette énarque, qui paye l'ISF, a certainement eu ainsi l'occasion de se rendre compte de la violence d'une réalité que les chiffres et la novlangue contournent.

La mise en scène de son discours-programme a révélé l'écart entre la candidate de l'appareil du PS et les espoirs de changement qu'elle avait suscités. L'omniprésence dans les premiers rangs de tous les responsables et des anciens ministres PS, excepté celui qui s'est retiré dans l'île de Ré après sa défaite du 21 avril 2002, et le long exposé d'un catalogue de 100 propositions mitterrandiennes ont remisé au placard le gadget des fameux "débats participatifs".

Marie-Ségolène Royal pleurniche aujourd'hui sur le désastre social du néolibéralisme sans dire que les socialistes en furent les ardents promoteurs en 1982-83. En rupture complète avec les promesses électorales de 1981, le PS et le PCF ont fait le lit de la précarité de l'emploi, le recours aux bas salaires, l'exclusion des plus de cinquante-cinq ans et la mise sous tutelle des jeunes par le biais des emplois aidés.

Avec la famille centrée sur la mère, MSR décline le thème national-socialiste de l'embrigadement éducatif de la jeunesse dans l'armée ou le sport : «Le sport est un combat. Pour une société meilleure», explique-t-elle dans Libération.

Ségolène Royal, poing sur le ventre et regard humide : « Je veux, en tant que mère, pour tous les enfants qui naissent et grandissent en France, ce que j'ai voulu pour mes propres enfants. » Aux jeunes, elle annonce 500 000 « emplois tremplins », des prêts gratuits de 10 000 euros, des allocations d'autonomie, des programmes de logement, des permis de conduire pour les diplômés du CAP, la gratuité des soins pour les moins de 16 ans, la contraception offerte. Une berceuse, en somme.

C'est un monde infantilisé, pantouflard, égoïste qu'exalte la candidate, en usant des ficelles du jeunisme : une flatterie qui a conduit Royal à édulcorer, dans la 78e proposition de son pacte, le choix du projet socialiste pour un service civique obligatoire de six mois. Les Jeunes Socialistes ayant refusé son aspect contraignant, ce dernier n'apparaît plus. Quand la gauche vante la « jeunesse fiévreuse », c'est pour lui distribuer des bouillottes.

En arrivant à Airaines, dans la Somme, hier, Ségolène Royal a balayé d'un revers de main les questions des journalistes sur la démission d'Éric Besson de son poste de secrétaire national du PS à l'économie. Venue visiter une usine, Royal a pris les salariés à témoin : « Mais qui connaît M. Besson, ici ? Moi, je m'occupe des vrais problèmes : de l'emploi, du maintien des entreprises, de la politique industrielle ! »
« Dans tous les domaines, il faut que tout le monde ait un peu de discipline », a ajouté la candidate, avant de risquer : « Il faut de l'ordre juste dans le domaine du Parti socialiste comme dans le domaine du développement économique »...

Serge LEFORT
16/02/2007

Lire aussi :
• Le Gadgetogramme, AgoraVox
• La pragmatitude de Démagolène, AgoraVox
• Programme de Ségolène Royal : vœux pieux et contraintes du réel, AgoraVox
• Le programme Royal couronne une stratégie générale de vide politique, AgoraVox

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