La crise financière avec ses répercussions budgétaires commence à faire admettre que les répercussions sur le budget du Pentagone seront réelles et peut-être profondes. Les conséquences envisagées porteraient sur les missions et les engagements US, selon divers experts.
La réduction des engagements pour répondre à ces restrictions budgétaires probables pourrait effectivement impliquer la recherche d’un retrait très rapide d’Afghanistan, — et des négociations avec les talibans seraient une approche évidente de la question.
GONTCHAROV Piotr, La crise, la Géorgie et l'Afghanistan : les trois fronts de l'OTAN, RIA Novosti
Le problème afghan se pose quelque peu autrement. En effet, il s'agit de l'avenir de l'OTAN dans ce pays, c'est pourquoi Robert Gates avait une mission difficile à accomplir dans la capitale hongroise. Il fallait, d'une part, dissiper les humeurs défaitistes des "compagnons d'armes" et, de l'autre, les persuader de façon adéquate de la nécessité de revoir non pas la tactique des actions, mais toute la stratégie de l'opération antiterroriste.
On peut comprendre l'inquiétude du Pentagone. Presque tout le monde ces jours-ci parle de l'impossibilité de remporter une victoire en Afghanistan. C'est même le général Mark Carleton-Smith, commandant des forces britanniques sur place, qui a ouvert la discussion sur ce thème, bientôt rejoint par le général Richard Blanchette, porte-parole de l'OTAN en Afghanistan, qui a exprimé presque mot à mot la même position: "nous savons que nous ne pouvons pas vaincre militairement". Ils ont été appuyés par le général français Jean-Louis Georgelin, chef d'état-major des armées, qui a jugé la réconciliation entre Afghans nécessaire.
Le quotidien britannique The Guardian a cité vendredi certains détails intéressants d'un rapport du renseignement américain. D'après ces fuites, ce rapport contient une proposition destinée aux autorités américaines leur demandant de revoir immédiatement la stratégie des actions en Afghanistan. Les auteurs du rapport estiment désormais que le règlement du conflit passe par la voie politique, et non pas militaire.
MAULNY Jean-Pierre, Afghanistan : la communauté occidentale en échec, iris
Aujourd’hui, dans une Afghanistan à l’équation extrêmement complexe, la situation peut pourtant se résumer de manière simple : ceux que l’on appelle les « insurgés » recrutent des combattants, notamment dans les villages des tribus pachtounes au Sud du pays, parce que la population, après près de 7 ans de gouvernement Karzaï, ne voit toujours pas le décollage économique. La communauté internationale est ressentie comme complice de cette situation, puisque la logique de « la guerre contre le terrorisme » conduit les coalisés réunis dans l’Otan à être perçus comme des soutiens inconditionnels à un pouvoir jugé bien souvent comme défaillant et corrompu. S’ajoute à cela les bombardements aériens inconsidérés des Américains ou de l’OTAN faisant des victimes civiles, ce que les Talibans exploitent grâce à une communication remarquablement adaptée.
Aucune autre solution qu’une négociation avec les talibans n’apparaît aujourd’hui possible : c’est d’ailleurs ce qu’a commencé à entreprendre le président Karzaï, qui voit dans cette négociation la possibilité d’assurer sa survie politique. Les Britanniques eux aussi se rendent bien compte que l’espoir d’une victoire militaire relève de l’illusion et ils l’ont fait savoir de manière officieuse. Pour les Américains, approuver la perspective d’une négociation avec les Talibans constituerait une volte-face et les propos martiaux des deux candidats à la présidence des Etats-Unis ne facilitent certainement pas cette démarche. L’implication de l’Iran, mais surtout du Pakistan, dans un règlement politique apparaît nécessaire.
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