16 février 2010

Ko Siu Lan

L'Ecole des Beaux-arts a décroché mercredi de sa façade l'œuvre d'une artiste chinoise détournant le slogan du candidat Nicolas Sarkozy "travailler plus pour gagner plus", estimant que cela pouvait porter "atteinte à la neutralité du service public".

"Je viens de Chine. Je ne peux pas croire que cela m'est arrivé en France. C'est une censure très brutale, sans discussion", a déclaré Ko Siu Lan.

Le directeur Henry-Claude Cousseau "m'a dit que ton travail était trop explosif pour rester in situ et que certains membres de l'école et des personnes du ministère de l'Education s'en offusquaient déjà", écrit Clare Carolin à l'artiste. La direction "m'a dit aussi que le moment était délicat car l'école est en train de renouveler sa convention de financement avec le ministère", a-t-elle ajouté.

AFP-Google Actualités

En France, il est interdit d'accrocher les mots "travailler", "gagner" "plus" et "moins", sur une façade. Comme a pu le constater, effarée, une jeune artiste chinoise, Siu Lan Ko, censurée alors qu'elle exposait ses slogans sur l'immeuble de l'école des Beaux-Arts, à Paris. C'est une blague ? Non.

C'est ironique, quand on est un artiste chinois, d'être censuré en France pour subversion politique. Critiquer Hu Jintao à Pékin, c'est possible. Mais Nicolas Sarkozy à Paris, ça non, c'est interdit.

Télérama
La censure sévirait à Paris ? Impossible ! Paris est la capitale des "droits de l'homme" et Pékin celle de la "dictature communiste". Tous les médias dominants vous le disent et le redisent. Rue89, après Libération, publie une rubrique entièrement consacrée à ce schéma idéologique.

Ainsi, comme le titrent L'Express et Le Point, les médias "débattent sur la censure d'une œuvre sur un slogan de Sarkozy" sans pour autant hurler à la dictature. La nuance, qui est de taille, échappe aux propagandistes pavloviens.

Le plus comique de l'histoire est la prétention de Rue89 et Le Monde d'avoir "réveillé Mitterrand" comme le prétendent Arrêt sur images et Rue89 :
Elle remercie tous ceux qui l'ont soutenue, « sans qui ce n'aurait pas été possible ». Parmi eux, Agnès Tricoire, son avocate, qui dès que la censure a été révélée par Rue89, s'est mobilisée et a envoyé une mise en demeure aux Beaux-Arts [...].
Rapportant les propos d'un manifestant en faveur de Ko Siu Lan «Une Chinoise qui nous donne des leçons de démocratie, c'est le comble», Rue89 note "ignorant sans doute que l'artiste était originaire de Hong-Kong". Ce qui laisse entendre que Hong-Kong n'est pas une ville chinoise, mais serait toujours la colonie anglaise qu'elle fut de 1842 à 1997, car une Chinoise n'est pas qualifiée pour donner "des leçons de démocratie" !

13/02/2010
Serge LEFORT
Citoyen du Monde

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Dossier documentaire & Bibliographie Chine Tibet Xinjiang, Monde en Question.

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