Parmi les médias dominants, Le Monde emporte la palme de l'odieux. Ce quotidien, créé en 1944 par le général de Gaulle pour être «la voix de la France» c'est-à-dire l'instrument journaliste de sa politique étrangère, est aujourd'hui l'im-Monde [1] instrument journaliste non seulement de la politique étrangère du Président de la République, notamment contre le peuple afghan, mais aussi de sa politique intérieure, notamment en matière de sécurité.
Cet éditorial en est un exemple parmi beaucoup d'autres :
L'école agresséeLe langage utilisé par ce média est symptomatique d'un mépris de classe. Ainsi, il utilise l'expression politiquement correct «quartiers "sensibles" de la banlieue» pour parler des quartiers pauvres laissés à l'abandon depuis plus de trente ans - c'est-à-dire par les politiques de droite comme de gauche.
Cela ressemble à une litanie de faits divers, dans les quartiers "sensibles" de la banlieue parisienne. 8 janvier : un élève de 18 ans meurt poignardé dans un couloir du lycée Darius-Milhaud du Kremlin-Bicêtre. 2 février : un élève de 14 ans est passé à tabac par sept personnes à l'intérieur du lycée Adolphe-Chérioux de Vitry-sur-Seine. 11 février : un élève de 12 ans est roué de coups à la sortie de son collège de Stains et hospitalisé. 16 février : un élève du lycée Guillaume-Apollinaire de Thiais est agressé au cutter par six personnes, pendant un cours de gymnastique.
Ce feuilleton d'une violence ordinaire n'est pas nouveau. Depuis des années, des décennies même, la chronique des lycées et collèges relate des histoires de règlements de comptes plus ou moins dramatiques, de viols, de rackets et parfois de meurtres, contre des élèves ou des enseignants. Depuis une vingtaine d'années, pas moins de dix plans gouvernementaux ont été annoncés. A chaque fois, sous le coup de l'indignation après un incident grave, l'intention était la même : "sanctuariser" l'école.
Peine perdue, à l'évidence. Car l'école reste le sismographe le plus sensible des fractures de la société française. Globalement, le nombre de ces agressions dans le cadre scolaire n'a pas explosé ces dernières années, si l'on en croit les statistiques du ministère de l'éducation nationale. Mais le phénomène se concentre dans quelques centaines de lycées et collèges (sur les 11 200 que compte la France) des banlieues les plus "difficiles" ; et il touche de plus en plus souvent des enseignants et des personnels de surveillance. Tout se passe comme si, après avoir longtemps été le creuset républicain de la promotion sociale par le savoir, l'école était devenue le symbole du rejet de la société, aux yeux d'une partie de la jeunesse la plus déshéritée.
Le ministre de l'éducation nationale, Luc Chatel, a annoncé des "états généraux" sur le sujet, en avril. Pourquoi pas ? Mais les solutions sont connues : suivi local et prévention sur mesure, renforcement de l'encadrement par des adultes (enseignants et surveillants). Elles réclament autant de patience que de détermination. Elles sont difficilement compatibles avec la diminution des personnels de l'éducation et la suppression de la police de proximité. Enfin, elles n'auraient d'effet durable que dans le cadre d'un effort de grande ampleur pour sortir les zones urbaines sensibles de leur misère. Un "plan Marshall" pour les banlieues avait été promis en 2007. Il a été oublié depuis. Hélas !
L'im-Monde
Titrer «L'école agressée» relève de la pure démagogie car ni l'institution ni les bâtiments ne sont attaqués, mais bien des personnes - le plus souvent des élèves. L'im-Monde se délecte de tous les clichés sur les banlieues : «Tout se passe comme si, après avoir longtemps été le creuset républicain de la promotion sociale par le savoir, l'école était devenue le symbole du rejet de la société, aux yeux d'une partie de la jeunesse la plus déshéritée.»
L'éditorial politique de Thomas Legrand, lui, dit crûment que «si l'école est violente c'est que la société est violente».
La violence à l'école !La violence à l'école est le produit du racisme social. Point barre.
Et faut il entrer dans ce débat absurde de la «sanctuarisation» de l'école, comme si l'école devait être un havre, plus que la famille, plus que l'hôpital, que le stade, que le bureau, l'usine, les administrations, les commerces, les maisons de retraite, les maternités, plus que les salles de cinéma, plus que la cité ? Si l'école est violente c'est que la société est violente et cette drôle d'idée de vouloir sanctuariser l'école revient à accepter la violence ailleurs. Et puis que veut dire «l'école est violente» ? Est-elle plus violente qu'il y a 20 ans, personne ne peut l'affirmer, on ne sait pas mesurer la violence quotidienne, les insultes, les crachats, les incivilités. On ne savait mesurer avant les brimades, les racismes sociaux, les coups de règles sur les doigts, les effets parfois d'une pédagogie du dressage. La question de savoir si l'école est plus violente qu'avant est vaine puisque la société a fondamentalement changé, le taux de scolarisation d'une classe d'âge au lycée aussi. La question serait plutôt de savoir où l'école est elle la plus violente ? Dans quelle ville ? Dans quel quartier la violence atteint elle l'inadmissible ? L'école est de plus en plus violente, à l'évidence, dans les quartiers que l'on dit «difficiles» (on dit «difficile» pour ne pas dire «pauvre»)… plus, évidement que dans la plupart des villes moyennes, dans les quartiers «faciles» (tiens vous avez remarqué, on ne dit pas «faciles» pour les quartiers riches). Inversons le vocabulaire, juste pour voir. Quand c'est «riche», on dira «facile» et quand c'est «difficile», on dira «pauvre»…histoire de changer de lunettes!… un acte de violence dans une école de quartier «facile» c'est un fait divers, un acte de violence dans une école d'un quartier pauvre c'est un signe des temps, une plaie de la société, un drame social. On remarque que plus de 50% des violences constatées se déroulent dans moins de 10% des établissements. Ces 10% sont dans des cités pauvres… alors la vie scolaire est relativement calme dans les villes «faciles». Moralité ce n'est pas tant une question d'éducation, ce n'est pas tant une question de perte de je ne sais quelle valeur, qu'une question d'urbanisme et d'aménagement du territoire !
He bien, si la loi SRU était respectée il y aurait au moins 20% de logement sociaux dans chaque grande ville. De quoi largement raser les cités, les ghettos sociaux, les zones de non-droits. Les villes faciles (ça fait drôle, «les villes faciles») donc les villes faciles préfèrent payer l'amende qui leur permet de ne pas respecter la loi. C'est assez savoureux de constater qu'une partie de la raison de l'émergence de zones de non droit est dûe au non respect de la loi par beaucoup de villes bien sages et bien calmes. Donc la loi SRU n'est pas respectée. quand on en parle aux élus, on a l'impression que tendre vers 20% de logements sociaux partout c'est plus compliqué que d'installer une station balnéaire sur Mars. Ça ne se fera pas, dont acte. Nicolas Sarkozy avait proposé une autre solution, un plan Marshall pour les banlieues. Et là nous sommes au cœur de la question du rapport entre les mots et les faits en politique. Le plan Marshall n'est pas venu ! Quand on oppose cette vérité à certains ministres (nous l'avons fait récemment ici même face à Eric Besson) il vous répondent, en globalisant toutes sortes de crédit que 40 milliard ont été dépensés ou sont prévus pour la rénovation urbaine au sens large. C'est-à-dire qu'un plan Marshall a eu lieu ou est en cours et personne ne s'en rend compte. Plus généralement on nous répond quelque chose comme «entre l'annonce du plan Marshall et aujourd'hui, il y a eu la crise, il n'y a plus d'argent». En gros on ne fait pas de plan Marshall en temps de crise, c'est un peu comme si un médecin vous répondait, «je ne peux pas vous opérer pendant que vous êtes malade»… c'est assez inaudible pour ceux qui vivent dans les quartiers pauvres… surtout que le plan Marshall est au programme d'histoire au lycée…
France Inter
18/02/2010
Serge LEFORT
Citoyen du Monde
Lire aussi :
• GOUTEUX Jean-Paul, Le Monde, un contre-pouvoir ? Désinformation et manipulation sur le génocide rwandais, L'esprit frappeur, 1999.
Dossier documentaire & Bibliographie Crise sociale des banlieues, Monde en Question.
[1] D'une immoralité extrême ; d'une bassesse ignoble et révoltante CNRTL.
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